C’est pourquoi, après avoir longuement hésité, nous prenons la responsabilité de vous dévoiler ce « secret » éventé.
« Un article plutôt étrange dans The Economist d’aujourd’hui parle de cette structure de pouvoir, et loin de la considérer comme une théorie du complot, réaffirme simplement le fait que « l’élite cosmopolite » se réunit lors de ces rassemblements et clubs secrets pour façonner le monde dans lequel la « superclasse » désire vivre. » (2).
Est-il utile de revenir à la charge contre la manie « conspirationniste » et les thuriféraires des mystérieux Clubs secrets qui, comme chacun sait, dirigent la planète ? Vous connaissez déjà plusieurs de ces organisations « secrètes et mystérieuses » dont les Francs Maçons, l’Opus Dei, la Cosa Nostra, la mafia, la CIA et le Mossad sont des franchisés ?
Vous aviez cru que j’oublierais le lobby sioniste mondial et l’AIPAC, le côté sombre de la force et l’Étoile noire, BILDERBERG, le Council on Foreign Relations, la Commission trilatérale et le Carnegie Endowment ? Vous vous trompiez, je sais que tout origine de là , selon la mystique conspirationniste.
Comprenons-nous bien. Je ne réfute ni ne méprise ici ces gens qui se questionnent à bon droit à propos de l’incohérence des multiples versions officielles de certains faits troublants. L’assassinat extra judiciaire d’Oussama Ben Laden, pour lequel le récit de la Maison Blanche a changé à quelques reprises en moins de quarante huit heures, est certainement un cas d’espèce qui mérite notre suspicion. Qu’avaient-ils donc à cacher pour ainsi mentir de façon répétée (3) ?
En société impérialiste, deux classes sociales internationalistes s’affrontent et forgent l’histoire. La classe du grand capital (et ses hommes politiques à leur solde) gère l’économie et la politique et trace les événements au jour le jour par leurs guerres de rapine, leurs exportations de capital financier, leurs spéculations boursières, leurs délocalisations industrielles et l’exploitation quotidienne des autres classes sociales.
Dans chaque pays impérialiste, de temps à autre la classe capitaliste, divisée entre ses différentes factions concurrentes (financière, services et communication, foncière, commerciale et industrielle) demande à la population de choisir quelle section de leur classe aura le privilège de gérer l’État national, de légiférer, d’administrer la justice, les forces répressives et les immenses budgets et ainsi d’enrichir en priorité son segment particulier par rapport aux autres segments de leur classe ; ce sont les campagnes électorales dites « démocratiques » dont les opportunistes, les gauchistes et les sociaux-démocrates de tout poil sont si friands.
Tout cela concourt à tracer les marques de l’histoire sur le paysage urbain et rural. Chaque jour la classe ouvrière et ses alliés (travailleurs des services et des municipalités, travailleurs des communications, étudiants, retraités, agriculteurs, artisans) marquent l’histoire par ses résistances sur le front économique, ses grèves, ses manifestations, et par moment, par ses batailles sur le front politique, ses révoltes et ses insurrections qui tournent parfois à la révolution avortée ou victorieuse, c’est selon (4).
La petite-bourgeoisie, particulièrement son contingent intellectuel, observe l’action de ces deux classes antagonistes, décrit et analyse ces mouvements mais n’en constitue jamais le moteur, ni même l’acteur principal. De cette praxis passive de la petite-bourgeoisie surgissent ses tendances « conspirationnistes » sur lesquelles je reviendrai dans quelques instants.
Auparavant, j’aimerais présenter davantage cet acteur secondaire de la scène historique et politique. La petite-bourgeoisie, particulièrement son segment intellectuel, renie ses intérêts de classe et vend ses services au grand capital. La petite-bourgeoisie a pour mission soit d’amuser et de distraire le peuple de sa misère ; soit de tout assombrir, de forger des leurres, d’imaginer des contes d’horreur, de mystifier, d’argumenter, de désinformer, d’occulter, de psamoldier des cantiques à la gloire des riches et d’expliquer aux révoltés l’immense puissance de leurs seigneurs invincibles (la super classe - l’élite cosmopolite - les globocrates dont nous discourions auparavant !), omnipuissants et omniscients.
La petite-bourgeoisie culpabilise le peuple aussi pour son ingratitude, sa mesquinerie, son ignorance, sa bâtardise, sa couardise, sa paresse, sa désobéissance civile et ses révoltes injustifiées, et surtout ses soulèvements inutiles et futiles. Voilà le grand objectif de la mystification « conspirationniste ».
Pour sa peine cette couche sociale (la petite-bourgeoisie frustrée) reçoit honneur, salaires plantureux, postes prestigieux et gloire médiatique éphémère… jusqu’à ce que la crise économique s’abatte sur elle et qu’elle amorce un processus de paupérisation accélérée, de quoi la terrifier… (vous questionnerez la petite-bourgeoisie d’Argentine). Ce sont les stars des médias, les idéologues patentés des think tanks bien pensants, certains professeurs d’universités, comme la star américaine de « gauche », l’anarchiste Noam Chomsky, les chercheurs et les experts de tout poil qui meublent nos heures d’écoute de leur babillage feutré (5).
Un autre segment de cette classe sociale renie également ses intérêts de classe pour se mettre au service de la classe ouvrière. Ici, pas de salaires indécents, ni de gloire même passagère ; l’adversité est assurée et les week-ends ne se passent jamais sur le voilier de Bolloré.
Pour la première catégorie de ces « bobos », ce ne sont jamais « les classes sociales » (un concept démodé depuis la fin de l’histoire !), ce ne sont jamais les peuples, ni même les nations, encore moins les ouvriers qui forgent l’historicité mais un état major secret, transnational, formé d’une élite, une superclasse « globocrate » immensément riche et puissante, aux intérêts harmonieux, complaisants qui décide bon an mal an de tout ce qui se passe sur la planète. Une révolte éclate en Égypte, le Pentagone avait tout prévu et manipule les blogueurs en sous-main, de même en Tunisie, en Syrie ou en Libye (le porte-avion Abraham Lincoln était parti dans la mauvaise direction vers la Mer D’Oman, qu’à cela ne tienne, la conspiration patentée est tout de même accréditée). Les événements du 9/11 ont été une vaste conspiration pour justifier des guerres de rapine contre l’Irak, l’Afghanistan et voter le Patriot Act. etc.
La revue The Economist adore ces propagandistes qui colportent de telles idées sur la puissance invincible de ces financiers et l’impossibilité pour les peuples du monde de se libérer puisque même les libérateurs font secrètement partie de la conspiration. The Economist les nourrit régulièrement de ragots afin d’alimenter leur fantasme et leur propagande débridée.
« L’article (The Economist) décrit le BILDERBERG comme « une conspiration malfaisante ayant comme objectif la domination du monde », et affirme ensuite que oui effectivement, le groupe maîtrise réellement les événements de ce monde. » (6) (Il ne semble pas contrôler les événements de l’au-delà ! NDLR).
Comprenez-moi bien. A n’en pas douter toutes ces organisations et ces clubs sélects existent réellement et s’activent à poursuivre leurs destinées maléfiques mais ils ne parviennent pas à diriger mécaniquement le monde et à orienter durablement le cours de l’histoire. Pourquoi ? L’histoire de l’humanité est jalonnée de secrets, de complots, de collusions et de conspirations, mais aussi de trahisons, de retournements d’alliances, d’abnégations, d’héroïsme, d’insurrections et de révolutions parfois avortées, parfois victorieuses, mais toujours incontrôlées et incontrôlables par ces protagonistes.
Le système économique impérialiste est un mode anarchique de production et de commercialisation des marchandises et des services et il est totalement faux de prétendre qu’un Club élitiste de « globocrates » aurait planifié la crise financière de 2008, ou qu’il planifiera le prochain Crash boursier.
« Bien entendu, toute personne qui suit de près l’activité de ces groupes d’élite vous dira qu’ils n’ont pas été tout à fait pris au dépourvu et étaient pleinement conscients du fait que la crise était soigneusement préparée en 2006. » (8).
Que des économistes aient prédit dans un avenir quelconque que le système boursier spéculatif érigé sur des prêts hypothécaires - subprimes - non solvables et sur la fraude d’une pyramide boursière à la Ponzi illégale et illégitime allait s’effondrer d’un jour à l’autre, ça oui, c’est totalement véridique.
D’ailleurs, ils furent nombreux à le prédire et ils sont encore nombreux à prédire la prochaine crise puisqu’ils traînent encore 260 000 milliards de dollars de ces produits dérivés (actifs fictifs non adossés à des valeurs réelles) en circulation sur les bourses du monde (9).
Serons-nous accusé d’être associé à BILDERBERG puisque nous annonçons aujourd’hui en primeur, sans l’ombre d’un doute, qu’il y aura une prochaine crise économique mondiale plus sérieuse encore que celle de 2008, qui sera suivie d’une autre crise économique encore plus grave… L’impérialisme c’est la crise, l’impérialisme c’est la guerre. Un révolutionnaire l’a écrit il y a un siècle et chaque jour l’histoire lui donne raison. Cela fait-il de lui le chef des « conspirationnistes » ? Évidemment non.
La prochaine crise économique ne sera pas la conséquence d’une conspiration ourdie et planifiée par BILDERBERG mais le simple résultat des lois capitalistes de la recherche du profit maximum et de la baisse tendancielle des taux de profit qui a toujours réglé le développement de l’économie impérialiste anarchique depuis son origine et il en sera ainsi jusqu’à la déchéance de ce système économique anarchique.
Je vous rassure tout de suite, le 11 septembre a bien eu lieu et trois gratte-ciel se sont effectivement effondrés à New-York ! L’enquête gouvernementale américaine sur ces événements a été bâclée et c’est troublant de constater que ceux qui devaient éclairer les Américains sur ces événements ne l’ont pas fait. Nous ne savons pas pourquoi ils ont manqué à leur devoir, et nous savons aussi que les autorités américaines ont assassiné Ben Laden récemment afin de s’assurer que nous ne saurions jamais « la vérité vraie » sur ces événements. De là à penser que Georges W. Bush a été assez malin pour exterminer quelques milliers d’Américains pour ensuite se retourner et imposer le Patriot Act et se lancer en guerre au Moyen-Orient, voilà un pas que nous refusons de franchir.
Pour deux raisons ; la première étant qu’un tel complot avec tout ce que cela suppose de complicités, de témoins, de faux-coucheurs, de parasites trop heureux de faire du fric en racontant tout de la conspiration nous détermine à penser que même Bush savait qu’un tel complot serait vite éventé. La deuxième raison en est, et n’en déplaise aux « conspirationnistes », Georges W. Bush et l’Amérique des riches n’avaient absolument pas besoin des événements du 9/11 pour se lancer en guerre contre l’Afghanistan. Ils l’ont prouvé lors des deux attaques contre l’Irak de Saddam Hussein ; dans l’attaque contre la Libye et un président américain le prouvera éventuellement lors d’une guerre contre l’Iran.
Les États-Unis ont envahi vingt sept (27) pays depuis les années cinquante environ et n’ont pas pour autant détruit une partie de leurs infrastructures civiles pour justifier chacune de ces agressions. Les « conspirationnistes » mettent l’accent uniquement sur un versant de la contradiction inter-impérialistes et de la contradiction capital contre travail et nient qu’une contradiction dialectique se nourrit de la convergence de nombreuses forces divergentes (vieilles puissances impérialistes vis-à -vis puissances impérialistes montantes, repartage des marchés et des sources de matières premières, collusion pour réprimer les révoltes populaires, et ouvrières, etc.).
Les riches qui financent ou dirigent ces comités, organisations et officines pseudo secrètes sont à la fois complices entre eux, et en cela ils tentent de se coordonner pour agresser les peuples, leurs ennemis, mais ils sont tout aussi puissamment adversaires, et en cela ils s’entretuent ou se trahissent chaque fois que l’un d’entre eux espère gagner du pouvoir, de la puissance et du capital, arracher des marchés à son concurrent ou s’approprier de nouvelles sources de matières premières.
Les classes sociales, les peuples et les nations ne suivent pas docilement le scénario qu’on leur assigne et les penseurs des think tanks de la superclasse des « globocrates » de BILDERBERG savent très bien que l’on ne peut prédire ce que fera une foule d’ouvriers ou de va-nu-pieds une fois lancée contre la citadelle du pouvoir.
La guerre civile au Liban a entraîné la création du Hezbollah armé, la trahison d’Oslo a amené la création du Hamas armé, la guerre civile au Népal a renforcé le parti communiste révolutionnaire armé, la révolution en Iran a chassé le Shah et arraché un grand pays armé de la sphère d’influence américaine, les soulèvements arabes ont bouleversé la donne au Moyen-Orient et obligé les États-uniens à repenser leurs alliances. L’Amérique du Sud, leur chasse gardée depuis la doctrine Monroe, leur glisse d’entre les mains, les Talibans armés sont en train de les chasser du sol afghan. L’Irak, la Somalie et Haïti sont ingouvernables. Le Pakistan dérive dangereusement et pourrait à tout moment quitter la sphère d’influence américaine. Le peuple islandais semble déterminé à nationaliser tout ce que les gouvernements précédents avaient privatisé. Le peuple cubain armé résiste depuis 60 ans aux complots des Kennedy et suivants. La Chine, la puissance impérialiste montante, érige l’Alliance de Shanghai en collaboration avec la Russie, et ensemble ils se préparent à affronter la première puissance mondiale déclinante et son bloc transatlantique. Une troisième guerre mondiale, atomique, pourrait en résulter. BILDERBERG l’aura-t-il planifié, souhaité, désiré ?
Tant d’exemples prouvent que ni l’AIPAC, ni BILDERBERG, ni la superclasse globocrate, cosmopolite, super élite, ne contrôlent la marche du temps ni celle de l’histoire, pas plus que le tic tac de l’horloge n’en constitue le ressort, ou que la mouche du coche ne fait avancer l’attelage. Plus souvent qu’autrement ces gens mènent des batailles d’arrière-garde pour limiter les dégâts là où et quand ils le peuvent et très souvent ils ne le peuvent pas (10).
Robert Bibeau