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Honduras : Negroponte a encore frappé.

JOHN NEGROPONTE est un diplomate US connu. Il a effectué une carrière brillante que l’a conduit aux postes les plus élevés.

S’il n’occupe plus de poste officiel depuis l’arrivée au pouvoir de l’administration OBAMA, il a été au sommet de sa puissance pendant les deux mandats de BUSH II qui a fait de lui successivement :

- Le représentant US à l’ONU en 2001 chargé de manipuler l’institution pour lui faire accepter l’invasion de l’Irak en utilisant les écoutes téléphoniques, le vol et le charcutage de documents en particulier les rapports d’inspection des installations nucléaires de l’Irak

- Le second ambassadeur US dans l’Irak occupé à la tête de la plus grosse « ambassade » du monde, en fait le quartier général de l’armée d’occupation et des bandes de mercenaires annexes

- Le premier directeur national du renseignement poste créé spécialement pour lui par BUSH pour chapeauter toutes les institutions étasuniennes du renseignement et de l’espionnage pour pouvoir à l’occasion interdire la diffusion de vraies nouvelles par la CIA - un service de renseignement est conçu pour fournir des données exactes à son gouvernement - et leur substituer des mensonges d’Etat pour finir au poste de vice-ministre des Affaires Etrangères (Département d’Etat) comme second de CONDOLEEZZA RICE

Mais ce reaganien pur jus, fils d’un riche armateur grec et apparenté par sa femme à la famille royale d’Angleterre s’était fait connaitre comme diplomate meurtrier, adepte de la politique du « gros bâton » appliquée par les USA en Amérique latine depuis deux siècles lorsqu’il a occupé de 1981 à 1985 le poste d’ambassadeur des Etats-Unis au Honduras.

C’est depuis Tegucigalpa, la capitale de ce petit pays, où le pouvoir était occupé par une dictature militaire mise en place par les Etats-Unis qu’il a organisé la contre-révolution au Nicaragua voisin qui devait aboutir à la chute du régime sandiniste à Managua. C’est là également qu’il a mis au point l’IRANGATE opération secrète consistant à fournir clandestinement des armes à l’Iran pour que la République Islamique, ennemi officiel des Etats-Unis, ne perde pas la guerre contre l’Irak, soutenu lui officiellement et à armer avec l’argent touché des iraniens - hors budget officiel bien entendu - les contre révolutionnaires (CONTRAS) nicaraguayens formés, entrainés et stationnés entre deux expéditions sanglantes sur le territoire hondurien où ils sévissaient également.

Autant dire qu’il a laissé un très mauvais souvenir dans la région et la condamnation des Etats-Unis en 1986 par la Cour Internationale de Justice de La Haye pour violation du territoire nicaraguayen concernait directement les activités de JOHN NEGROPONTE. On sait que les Etats-Unis n’ont jamais payé l’amende de 17 millions de dollars qui leur avait été infligée par la CIJ.

Pour la mise au point de l’IRANGATE, NEGROPONTE a négocié secrètement avec le premier ministre iranien de l’époque, un certain MOUSSAVI candidat malheureux aux élections présidentielles iraniennes dont il a été beaucoup parlé ces dernières semaines

JOHN NEGROPONTE a effectué l’an dernier en Juin un voyage officiel sur les lieux de ses crimes et a rendu visite aux dirigeants du Salvador, du Guatemala et du Honduras. Il n’a pas été accueilli au Nicaragua où il est persona non grata depuis le retour au pouvoir du leader sandiniste DANIEL ORTEGA.

Le motif officiel de la visite était la lutte contre la drogue, laquelle on le sait est le nouveau « faux nez » des ingérences étasuniennes en Amérique Centrale et fait écho aux plans « Colombia » et « Merida » mis en oeuvre en Colombie et au Mexique.

NEGROPONTE et le Président Hondurien ZELAYA se sont alors rencontrés mais ce dernier a refusé au dernier moment de tenir une conférence de presse commune et a fait ses propres commentaires sur la visite de l’ancien ambassadeur :

« Ce pays n’est plus celui des années 80 car aujourd’hui nous avons appris une nouvelle tolérance à une ouverture du système démocratique. »

Dans cette phrase ZELAYA homme politique conservateur annonçait un tournant à gauche de sa politique qui allait se concrétiser par une alliance avec le seul parti de gauche organisé au Honduras le parti de l’unification démocratique.

(Il a été annoncé que CESAR HAM, leader de ce parti aurait été assassiné par les putschistes le lendemain de l’éviction de ZELAYA, mais aux dernières nouvelles il semblerait que lui et les autres responsables et élus de ce parti se soient cachés pour échapper aux tueurs.)

ZELAYA déclarait également à l’attention de NEGROPONTE : « Cette Amérique Centrale que vous visitez n’est pas la même que celle du temps de la guerre froide, quand des troupes étaient entrainées pour violer les droits du peuple au nom d’une idéologie » et il ajoutait « Aujourd’hui nous mettons l’accent sur la paix et la démocratie et plus du tout sur le business lié à la doctrine sécuritaire »

Ayant ainsi très officiellement et très explicitement desserré le carcan idéologique impérialiste, ZELAYA allait continuer sur le chemin d’une indépendance politique accrue par rapport à Washington. Il y était encouragé par un environnement régional favorable marqué par : le processus bolivarien en cours, l’arrivée au pouvoir des anciens guérilleros du FMLN au Salvador venant après celle des sandinistes au Nicaragua, le développement de l’ALBA, la critique du boycott de Cuba par l’OEA …

C’en était trop pour l’appareil terroriste clandestin des Etats-Unis et NEGROPONTE ne pouvait que rêver de vengeance.

Aujourd’hui NEGROPONTE n’occupe plus de fonctions officielles Il se contente de faire des cours à l’Université de Yale dont il est diplômé (comme GEORGES W. BUSH et JOHN KERRY). Il fait également des conférences et au cours de l’une d’elles il a récemment déclaré que la politique étrangère de l’administration OBAMA lui convenait.

Le putsch hondurien vient donc éclairer très précisément les rapports de force et de pouvoir au sein de la classe dirigeante US.

Les républicains néoconservateurs se sont organisés pour contraindre l’équipe OBAMA à exécuter leur politique extérieure. Pour le contraindre ils utilisent la tactique du bon flic et du mauvais flic.

DICK CHENEY, le mauvais flic, cogne médiatiquement sur OBAMA comme une brute tandis que le bon flic NEGROPONTE trouve lui sa politique étrangère satisfaisante mais tient en même temps dans sa main tous les fils des évènements extérieurs récents (services de renseignement dont il a été le maitre pendant deux ans, anciens élèves de l’ECOLE DES AMERIQUES, dirigeants iraniens corrompus …) qui font partie de la contre-révolution qu’ils ont programmée et que BARACK JANUS OBAMA, l’homme qui parle toujours deux langages doit « couvrir ».

JANUS OBAMA a été choisi par la grande bourgeoisie US pour tenir un discours moins primaire (et volontairement ambigu) sur une politique de domination mondiale qui n’a pas changé mais qui prend des formes de plus en plus caricaturales - le putsch hondurien est la réédition pitoyable d’un scénario déjà joué des dizaines de fois - et qui, heureusement, rencontre des oppositions internationales de plus en plus vives.

Les jours à venir le confirmeront.

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COMMENTAIRES  

30/06/2009 23:10 par Antar

A ceux et celles qui veulent s’informer sur la situation de la presse et des journalistes au Honduras après le putch, ne comptez surtout pas sur RSF ?

La première page du site de l’ONG-mercenaire affiche une vidéo des manifestations en Iran intitulée : " La Presse en Iran : Répression en direct "

Dans la deuxième page, le visiteur aura encore droit à la répression en Iran avec cette fois des "témoiganges en temps rééls ". Dans la deuxième page toujours, parmi les dossiers chauds, la Russie est à l’honneur avec un titre provocateur : " Libertés dans le Caucase ? Rapport d’enquête au Caucase russe - le rideau de fer médiatique. D’autres dossiers sont affichés, entre autres, sur le Sri Lanka.

Les lecteurs qui veulent en savoir plus sur le Honduras doivent défiler l’écran vers le bas et consulter la rubrique des Amériques. Après celle de l’Afrique où il est question du Niger et du Rwanda, le visiteur a droit à deux articles sur le Honduras. Le premier relate quelques actes de repression à l’encontre des journalistes que vous pouvez retrouver facilement sur le site de TelSur et le deuxième et un communiqué de RSF qui reprend à peu près le language de Obama et de l’Union européenne. Pas question pour l’ONG d’utiliser le même ton quand elle crache son venin sur Chavez ou Cuba.

RSF n’a pas jugé bon de dépêcher à Tégucigalpa son correspondant en Amérique Centrale pour relater en "temps réél" la repression des manifestants et des journalistes par l’armée et la police. On devine pourquoi.

01/07/2009 04:29 par Camille Loty MALEBRANCHE

D’après les dernières nouvelles, Zelaya vient d’annoncer qu’il renonce à toute ambition d’un second mandat. On peut imaginer ici la pression étasunienne qui ne veut pas d’un pouvoir de gauche dans ce petit pays que les É.-U. contrôlent et où ils ont des bases militaires. Coup d’État réussi !

01/07/2009 08:44 par maxime vivas

Obama s’est dit « profondément préoccupé » par le coup d’Etat : « le président Zelaya a été démocratiquement élu ».

RSF est « extrêmement préoccupée » et condamne un « coup d’État dirigé contre un président démocratiquement élu ».

La similitude dans le choix des mots est en effet frappante. La similitude dans l’inaction aussi.

RSF sait mobiliser des foules, déployer des banderoles contre la Chine, attaquer des ambassades (comme celle de Cuba à Paris). Ici, elle nous alerte prioritairement sur autre chose.

Il suffirait à Obama de claquer les doigts, de mettre en alerte les troupes de sa base militaire du Honduras pour que les putschistes rentrent dans leurs casernes.

Cela dit, les USA et RSF manoeuvrent en recul. Il est réjouissant de comparer leurs déclarations aujourd’hui avec celles qu’ils firent lors du coup d’Etat du 11 avril 2002 contre Hugo Chavez, coup d’Etat dont RSF à Paris ne se démarqua guère en qualifiant illico de « président »Pedro Carmona, chef des putschistes (Chávez étant rétrogradé au rang d’ « ex président »).

Dans les heures qui ont précédé l’inattendu retour de Chávez au pouvoir, deux pays, peu regardant sur la légalité démocratique des changements politiques intervenus, se sont précipités pour claironner que Chávez avait démissionné et pour parler de lui au passé : l’Espagne de José-Maria Aznar et les USA de George W. Bush.

Deux pays et une ONG : Reporters sans frontières de Robert Ménard.

En effet, de Paris, un communiqué de RSF daté du 12 avril s’adressait aux nouvelles « autorités » (ce qui revenait à reconnaître de facto la dictature militaro-patronale pro-US installé par les armes contre le vote du peuple). Déplorant une imaginaire « répression » dont faisait l’objet l’opposition sous Chávez, RSF s’inquiétait mollement du sort des journalistes « proches de l’ancien (sic) président » et concluait par un mensonge tout droit sorti des organes de propagande des putschistes : « Reclus dans le palais présidentiel, Hugo Chávez a signé sa démission dans la nuit, sous la pression de l’armée » (le même mensonge est utilisé à ce jour contre le président hondurien Zelaya, mais RSF ne le relaie pas).

Les deux correspondants vénézuéliens de RSF avaient-ils cherché à rétablir la vérité ? L’un, Ewald Schwarenberg, est journaliste, à El Nacional, un journal d’opposition dont l’édito du 12 avril 2001 saluait le coup d’Etat comme une « victoire de la démocratie ».

L’autre correspondant de RSF était la politologue Maria José Perez, par coïncidence conseillère de l’opposition. Dans la préface de mon livre « La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone », Thierry Deronne nous livre l’émerveillement inextinguible qu’elle exprima dans El Universal du 22 novembre 2002 « à la vue des militaires insurgés, de ces hommes vertueux qui défilent sous nos couleurs nationales ».

Ce que nous montre la comparaison entre RSF de Robert Ménard et RSF de Jean-François Julliard c’est que le second a hérité d’une « ONG » déconsidérée. Il n’est plus possible d’afficher le même cynisme, même si le cap est inchangé.

On fera la même comparaison entre les USA de Bush et les USA d’Obama.

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