Après la guerre, deux choix s’offraient à moi : finir ma vie comme député, ou la finir comme alcoolique. Je remercie Dieu d’avoir si bien guidé mon choix : je ne suis plus député ! Winston Churchill.
Monsieur Tebboune est président de République et le sera pour les cinq années prochaines. Je suis de Sougueur, willaya de Tiaret. Le président Tebboune connait bien les réflexions des habitants de cette willaya. Je continu mon texte par les paroles d’un grand homme révolutionnaire que j’ai connu quand j’étais élevé au lycée Ibn Rostoum de Tiaret. A l’occasion de la « ouaâda » de Sidi Belgacem dans la capitale des Rustumides Tiaret en 1976, le commandant Slimane disait : En Algérie, les applaudissements et le couscous bien roulé ne certifient pas nécessairement une bonne nouvelle ou un succès politique durant une campagne électorale. Les youyous de nos femmes n’annoncent pas souvent la joie. Ils peuvent parfois traduire un grand chagrin ou graver une perte ou une déception. Chez nous les maghrébins, quand le corps d’un décédé se dirige vers sa dernière demeure, il est accompagné de youyous. Méfiez-vous des youyous pendant la fête politique. L’ironie du commandant Kaïd Ahmed traduisait la réalité de son temps, mais ses manières étaient douces et ses paroles demandaient réflexions. Kaïd Ahmed était une figure symbolique du nationalisme algérien et de la lutte de Libération nationale. Il est parti du parti FLN sans laisser ni châteaux en Espagne et ni bijoux à Montreux.
Permettez-moi de vous dire que les députés ne sont pas tous des démons comme tous les Algériens ne sont pas des anges exemplaires. Les députés sont tout simplement des Algériens comme vous et moi. Ils n’ont ni la magie qui fait tourner le sable d’un Hassi Messaoud asséché en or brillant ni la sorcellerie qui transforme les cendres d’une terre brûlée pendant la décennie rouge en argent luisant. Nous leur demandons tout simplement d’être conscients de leur rôle et d’être fidèles à la Nation. Ce rôle est bien décrit dans la Constitution. Ils ne doivent pas mentir au peuple. Le respect des limites de leur statut limite leur compétence. Au-delà des limites même les élus les plus doués deviennent incompétents pour ne pas dire d’experts menteurs. La suite du texte image le jeu politique des gens qui applaudissent le président et vote pour un autre.
A Force de voir et d’écouter, le citoyen constate que c’est la faiblesse du bavardage politique et l’incompétence qui ont conduit la majorité des candidats à se démouler du discours sérieux. L’absence d’un programme clair pousse certains candidats au comique pour draguer quelques jeunes électeurs et de réévaluer le prétendu désintéressement des algériens. Un désintéressement marqué par un abstentionnisme massif, par une indifférence remarquable et surtout par la défiance vis‑à‑vis de la représentation politique. Cet état de désintéressement a ses explications. Il faut noter que le phénomène de désertion n’est pas propre à l’Algérie. Depuis plusieurs années, la plupart des démocraties occidentales sont traversées par une crise de confiance politique qui se traduit par un désintéressement aux suffrages.
Chez nous, les discours politiques monotones distribués sous forme de bouillie indigeste qui ne satisfait ni la faim ni l’appétence des électeurs. Toutes les tendances politiques sont caractérisées par la crise des partis, le recul des valeurs morales et l’absence d’une nouvelle économie politique de la citoyenneté. Inutile de signaler que certains candidats donnent des maux de tête à la rue.
D’Abdelkader Bengrina à Abu El Fadhl Baadji, au-delà des conséquences de la politique-spectacle gratuite, le changement des termes du débat politique démontre les dysfonctionnements d’un processus électoral qui fait de moins en moins un écho dans les cours de algériens.
Aujourd’hui, les discours politiques des secrétaires généraux des partis ne reflètent ni révolution ni honneur. En outre, les zaouïas comme les Belkaidia et les Habria qui étaient des relais par lesquels passent certains aspirants à des postes clés dans les institutions de l’État sont absentes du paysage électoral. C’est est le bon retour de la raison après son assassinat par des démagogues corrompus. La suite du texte image le jeu politique des opportunistes.
Quarante-cinq ans après la « ouaâda » de Sidi Belgacem les youyous inondent les meetings des partis en campagne électorale. Le couscous bien roulé étale sa vapeur mais le changement est très en absent. Cette absence illustre la déception d’un peuple avide de changement. Essayons de faire un tour dans les lieus de meeting pour avoir une idée du niveau politique desdits élus.
Aissa Belhadi, le président du Front de la bonne gouvernance (FBG), avec ses « fraises sélectionnées » reflète le niveau décevant d’une classe politique sans éternitaire politique et montre la voie de sa bonne gouvernance. C’est par cette voie que la carence s’invite officiellement en politique. Un autre chef de parti, Tayeb Zitouni, le secrétaire général du RND lance ses délires politiques sous les feux de caméras. Il prend les habitants de Biskra pour des canards sauvages quand il déclare que cette ville est la « la troisième ville sainte de l’islam » et oublie la place de Jérusalem. Les applaudissements et les youyous inondèrent la salle où se tenait le rassemblement après cette divulgation démagogique hautement insensée. Les youyous de déceptions et mésaventures politiques font preuve du niveau politique de cette campagne. Abdelkader Bengrina, chef du parti islamiste El Bina, aime bien faire vibrer les sentiments des tlemcéniens. Il signe une carte de moudjahid pour l’international algérien Riyad Mahrez. Dans sa transparence trop claire, Bengrina va jusqu’à crier le nom de sa femme Dalila et ses origines nobles et révolutionnaires. Ce nom me rappelle mademoiselle Dalila du célèbre Athmane Ariouet dans son génie carnaval fi-dachra. Même si Bengrina aime la musique, il n’a pas le temps d’écouter les chansons douces car il est très préoccupé par les problèmes du quotidien qui pèsent sur le dos du citoyen. A Bechar, entre les dunes de sable et les petites maisons en brique de terre de la cité, des dizaines de personnes se rassemblent autour de Bengrina. Les flashes crépitent, les youyous résonnent, les drapeaux flottent au vent. Nulle trace de bendir ni de guembri ou de derbouka. L’énergie et les rythmes de crainte que Hasna El-Becharia porte en elle, ne l’empêchent pas de continuer sa compagne.
Pour Abu El Fadhl Baadji, le nombre sept du FLN est divin. Baadji a oublié que l‘enfer a sept portes pour accueillir les malfaiteurs de ce parti qui ont défiguré le pays par la corruption et l’esprit de clanisme. Un zoom dans le passé récent met en relief la rencontre de Baadji et l’ambassadeur de France en Algérie.
Ce zoom témoigne son amour pour le septième Régiment de marche de Tirailleurs algériens avec ses officiers et ses sous-officiers qui ont donné leur vie pour la France. Le nouveau secrétaire général du FLN ne se rend pas compte que l’honnêteté et l’intégrité sont deux valeurs essentielles pour assurer le succès d’un parti politique à long terme.
Son prédécesseur, l’ancien SG du FLN, Abdelaziz Belkadem a prédit la situation actuelle du parti numéro sept quand il a vu des ministres membres du parti, « des universitaires et des docteurs » applaudir aux « bassesses » de Saadani au lieu de réagir. Certaines bouches dans la rue rappellent à Baadji Abou-El-Fadhl que plusieurs membres du comité central contestent sa légitimité. Son mandat à la tête du parti devait expirer en novembre dernier.
Hélas ! Les militants de ce parti ne se rappellent plus de l’axiome politique du feu Abdelhamid Mehri : Nous sommes au temps de la médiocrité et la médiocrité possède ses détenteurs. Dieu merci, le rejet de la candidature de Baadji Abou-El-Fadhl et de plusieurs candidatures des gens gravitant autour de Baadji est un rappel des paroles de Mehri. Les rejets étaient justifiés par des poursuites judiciaires visant les postulants.
Mokri, avec ses gestes et ses paroles, ressemble plus à l’Égyptien Mohamed Morsi qu’au Tunisien Rachid Ghannouchi. Une rumeur circule dans les réseaux sociaux. Les Chinois vivants en Algérie vont plier bagage si le nombre quatre du parti de Mokri emporte la majorité. En Chine, le nombre quatre est le plus malchanceux car il rime avec le mot qui signifie “mort” en chinois. Les chinois ne veulent pas mourir sous le règne des moqueries.
Abdelaziz Belaïd, président du Front El Moustakbal, nous informe que durant le règne du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, il était dans la confusion. Comme tous les démagogues en campagne électorale, il affirme qu’il était difficile pour lui de distinguer entre « la légalité » et « l’illégalité » durant ce règne. Il prétend être victime d’un système corrompu et oublie qu’il a dirigé l’Union nationale des étudiants algériens (UNEA) pendant vingt et un ans (de 1986 à 2007) et qu’il a été député pendant 6 ans dans ce système. Le plus naïf des Algériens sait que l’UNEA de Belaïd et UGTA de Sidi Saïd étaient des instruments de propagande pour le système qu’il qualifie aujourd’hui de système corrompu.
Conclusion : J’ai voté Tebboune car je crois à la nouvelle Algérie. La nouvelle Algérie est notre espérance parce qu’elle est notre seul abri. Pour préserver cet abri sous l’ordre et la loi et aller vers le chemin recherché, la sagesse doit chasser du théâtre politique les corrompus qui incarnent la démence. Quel que soit le taux de participation et quel que soit le résultat des urnes nous resterons fidèles à l’Algérie républicaine et nous respecterons ses principes