En ce 5 juin 2025, alors que la nomination d’Annalena Baerbock à la présidence de l’ONU déclenche un scandale insupportable et attise une revanche idéologique, je prends la plume, sous le pseudonyme de Cassandre G., pour donner voix à un émoi profond, face à des actualités bouleversantes. Dans un Occident où dire la vérité expose au rejet, à la disqualification, à l’étiquette infamante de complotiste, j’accuse un virus insidieux – le “ mémoirel ” – qui manipule les souvenirs collectifs pour servir des intérêts idéologiques. Propagé par l’intelligence artificielle, les flux d’images et l’abrutissement consumériste, il nous rend à la fois complices et victimes. Je m’élève aujourd’hui contre l’effacement du 9 mai 1945, jour où l’Armée rouge et les Alliés brisèrent le nazisme. Je défends l’Histoire. Et la paix.
Un cri face à l’indicible
J’ai publié il y a peu un article intitulé « Le Naufrage mémoirel de l’Europe » sur une plateforme d’édition participative, un texte repéré, traduit et diffusé en Russie, mais dont le titre – et plus encore le terme mémoirel – a, semble-t-il, suscité davantage d’interrogations sur sa forme que de réflexion sur son fond.
Le mémoirel : un mot pour nommer la trahison
Certains ont tiqué sur ce mot rare, inventé pour nommer l’innommable. Il est vrai que mémoirel n’existe dans aucun dictionnaire. Mais ce n’est pas un caprice stylistique. Ce terme désigne un système pervers, un champ trouble où se croisent souvenirs collectifs embarrassants, creusés tantôt profondément, tantôt de manière superficielle ; oublis stratégiques pour disculper ou réconcilier les peuples ; réécritures organisées et glorifications douteuses. Tel un virus insidieux, amplifié par l’intelligence artificielle, les écrans et la saturation consumériste, le mémoirel agit, tantôt subliminal, tantôt brutal, enrôlant chacun – élites, citoyens, médias – dans une complicité inconsciente. Nous sommes tous victimes et acteurs d’un récit modelé par des intérêts complexes. Et peut-être est-ce justement là ce qui dérange.
Les angles morts de l’Histoire
Car parler de mémoirel, c’est éclairer les angles morts. C’est braquer un projecteur sans détour sur les silences arrangeants, les non-dits diplomatiques, les inversions historiques remisées dans le soft power occidental et les manuels scolaires édulcorés. Cela révèle, avec une netteté glaçante, les désirs de revanche, les nostalgies perverses qui suintent dans les curriculums occultés de certains aïeux compromis, les postures faussement modernes masquant le retour de vieilles haines. Sous prétexte que « l’eau a coulé sous les ponts », on nous intime d’oublier. Mais oublier quoi ? Et au profit de qui ?
La peste brune rôde encore
Ce que l’on feint d’ignorer, sous couvert d’équilibre, de réconciliation ou de « mémoire partagée », revient à réhabiliter les racines mêmes de la violence. Oui, la peste brune – qu’on croyait reléguée aux marges délirantes de l’Histoire – rôde, décomplexée, revancharde, parfois drapée dans les oripeaux du Bien, sous la bannière bleue et étoilée de l’Union européenne.
Que reste-t-il du 9 mai ?
L’article précédent posait une question simple : que devient la mémoire historique dans l’Europe contemporaine ? Que fait-on, aujourd’hui, du rôle déterminant de l’Armée rouge dans la défaite du nazisme, du sacrifice des 27 millions de morts soviétiques, dont une majorité de civils ? Quelle place donne-t-on encore à cette mémoire, ce 9 mai 2025 – et surtout, que signifie son effacement ?
Un triomphe manipulé
Aujourd’hui, le 9 mai 2025, triomphalement fêté à Moscou et partout dans la Fédération de Russie et de nombreuses ex-républiques soviétiques, aurait dû unir le monde dans un hommage universel. Pourtant, quatre-vingts ans après la victoire de 1945, ce jour est détourné en terrain d’affrontement idéologique. Les menaces de Kaja Kallas, commissaire aux affaires étrangères de l’UE, contre les dirigeants présents à Moscou, et la nomination d’Annalena Baerbock, avec ses déclarations belliqueuses (« nous ferons la guerre à la Russie », 2023), marquent un point de bascule [1, 2]. Derrière les hommages réécrits et les silences concertés, une volonté de réorganiser le récit se dessine. Les déclarations de Kallas, révisant sans détour les responsabilités historiques, et l’ascension de Baerbock, avec son « virage à 360 degrés » moqué mondialement, le montrent cruellement : on ne se contente plus d’oublier, on inverse [1].
Le paradoxe de Cassandre
Et pourtant, à lire certains commentaires sur la plateforme participative que je mentionnais précédemment, on peine à croire que mon texte ait été lu. Ou alors, il a été lu comme on lit ce que l’on veut réfuter d’avance : à travers les filtres de la haine, du réflexe idéologique, du déni. C’est le paradoxe de Cassandre : dire les faits, les nommer, les démontrer – et n’éveiller que sarcasmes ou silences.
Le joker du pacte germano-soviétique
Par exemple, dans les critiques hostiles de ceux qui s’alignent sur les narratifs occidentaux, on me ressort le pacte germano-soviétique comme un joker historique, un antidote supposé à tout ce que j’avance. Sans contexte, sans nuance, sans honnêteté. Rappelons, encore : ce pacte fut signé après les accords de Munich, dans une Europe trahie par ses élites, où la Tchécoslovaquie fut livrée sans combattre. L’URSS, isolée, tenta en vain un front commun avec la France et la Grande-Bretagne. Ce n’est pas une justification. C’est un fait. L’ignorez-vous ? Ou bien votre vision, trop ethnocentrée, vous empêche-t-elle encore d’en saisir les nuances ?
L’absence de débat véritable
Mais ce qui sidère, ce n’est pas cette réaction pavlovienne des atlantistes, imprégnés de déni, ânonnant les médias de grands chemins : c’est l’absence totale de débat sur le fond. Pas un mot sur les propos de Kallas, pas un frémissement face à la réhabilitation de figures nazies dans les pays baltes ou en Ukraine. L’avenue menant au mémorial de Babi Yar à Kiev porte désormais le nom de Stepan Bandera. Un nazi, génocidaire, érigé en héros ? [3] Un autre nazi, ex-supplétif des SS, fut ovationné au Parlement canadien en 2023, applaudi par tous, salissant la mémoire des Canadiens tombés contre le nazisme. Cherchez l’erreur [4]. Rien ne semble choquer l’Occident collectif.
Un silence qui trahit
Aucune indignation face à l’effacement d’une mémoire résistante, d’un pan entier de l’histoire européenne – comme si les victimes gênaient dès l’origine. Ce silence n’est pas neutre. Il est complice. Il suggère que, pour certains, cette mémoire est une menace, et son effacement, une victoire. Une question, brutale : que protègent ceux qui refusent de voir, d’écouter, de lire ?
Une blessure vive
Ce que je ressens, face aux réactions de nos contemporains proches, n’est pas seulement de la tristesse ou de l’agacement. C’est une blessure plus vive, une inquiétude profonde. Ce texte n’a pas provoqué de débats argumentés, mais des crispations passionnelles, chez celles et ceux imprégnés de haines anciennes, installés dans leurs dissonances cognitives, incapables d’une analyse cohérente – mais prompts à nourrir, sciemment ou non, un climat de revanche anti-russe. Car c’est cela qui se joue : une revanche où le nazisme s’estompe, les responsabilités se diluent, les victimes s’effacent, parfois confondues avec leurs bourreaux.
Défendre la vérité humaine
J’insiste : il ne s’agit pas de défendre le système soviétique. Il s’agit de défendre la vérité historique, la mémoire des résistantes, des rescapés, des victimes – de l’Est comme de l’Ouest. La dignité de millions de martyrs dont le sacrifice a préservé l’Europe et l’Occident. Les peuples soviétiques – Russes, Ukrainiens, Biélorusses, Tatars, Juifs, etc. – furent les premières cibles du nazisme, et c’est leur héroïsme qui sauva l’Europe.
Le sacrifice oublié de l’URSS
Si nous ne parlons pas aujourd’hui allemand, si nos livres, nos écoles, nos libertés n’ont pas été broyées, c’est parce que l’URSS a tenu, au prix du sang, ce front de l’Est abandonné par d’autres. Leur courage ne doit pas sombrer dans l’oubli.
Le mémoirel, un mot de justice
Dans cette lumière crue, mémoirel n’est plus un mot étrange. C’est un mot juste. Il nomme ce qui reste d’une mémoire en ruines, où l’on trie soigneusement les fragments à conserver. Il traduit l’embarras de ceux qui savent mais refusent de se souvenir. Et il incarne le devoir de celles qui nomment les absents, font parler les silences, résistent – là où la mémoire s’effrite.
Troubler les esprits formatés
On dira que ce texte dérange, qu’il ose défier les récits où le Bien et le Mal sont assignés d’avance, selon les besoins du moment. Peut-être qu’il trouble les certitudes. Mais il ne relativise rien – il rappelle que l’Histoire ne tolère pas les amputations volontaires, et que l’oubli organisé est une trahison.
Un peuple effacé, une blessure
Ce ne sont pas « les soviétiques » qu’on efface : ce sont des peuples, des ouvriers, des paysans, des mères, des soldats – des millions de femmes et d’hommes qui, par patriotisme et dignité, ont brisé le nazisme. On les insulte en déboulonnant leurs statues, en débaptisant leurs rues, en raturant leurs noms. On somme leurs descendants de s’excuser d’avoir vaincu. Leur douleur est la nôtre.
La réhabilitation des bourreaux
La réhabilitation des bourreaux n’est pas seulement une insulte à l’Histoire : elle est un symptôme. Celui d’un monde malade de sa mémoire, prêt à maquiller les cicatrices pour mieux exhiber sa puissance. Celui d’une Europe qui, à force de nier ses vérités profondes, s’apprête à ressusciter ses pires démons.
Je parle ici pour ceux qu’on ne veut plus entendre. Pour ceux qu’on somme de se taire, ou de se repentir d’avoir survécu.
Je parle pour que l’on se souvienne. Et que jamais la paix ne soit trahie.
Les fureurs des atlantistes belliqueux
Alors, quelles réactions ? Prévisibles, surtout chez les hostiles, alignés sur un atlantisme belliqueux, ethnocentré, convaincus que la vérité s’écrit sur les plateaux des médias mainstream. Les cyniques détournent les yeux. Les alignés crient au scandaleux, comme si les faits étaient des crimes. Les bornés, croyant que l’Histoire doit plier aux exigences de l’OTAN ou aux caprices de Bruxelles, hurlent leur haine sans répondre au fond.
Ne plus fuir la vérité
Ce texte ne leur demande pas d’aimer la vérité – mais qu’ils ne puissent plus la contourner. S’ils choisissent l’imposture, ils s’allient à la Bête. Le crime n’est pas d’avoir été soviétique : c’est d’effacer celles qui ont sauvé le monde. Le 9 mai n’est pas qu’un souvenir. C’est un test moral, politique, intellectuel. Et beaucoup, hélas, s’en excluent.
Un naufrage orchestré
Vingt-quatre jours après le 9 mai, la nomination de Baerbock, avec son bellicisme affiché et ses contradictions stratégiques, aggrave ce naufrage mémoirel, un affront insoutenable à la mémoire résistante [1]. Chomsky l’écrivait : « Les institutions sont les outils des élites pour leur domination » [6]. Baerbock et Kallas, liées au Forum économique mondial et à l’Atlantic Council, mènent cette revanche, reléguant la paix, comme lors de l’échec des pourparlers d’Istanbul [5]. Un témoin l’a noté (Le Grand Soir, 5 juin 2025) : la Russie est un exutoire, détournant les peuples de leurs désillusions [7]. Face à ce mémoirel pervers, ma voix, attristée mais obstinée, clame : se souvenir, c’est résister.
Conclusion
Il faudra du courage, un jour, pour regarder l’Histoire en face. Pour honorer les morts sans trier, sans trahir. Pour désarmer les récits partiaux, les revanches mal digérées, les propagandes en boucle. Ce jour viendra peut-être trop tard. Mais il viendra.
Et ce jour-là, on comprendra peut-être que Cassandre ne criait pas contre le vent, mais contre l’amnésie organisée.
Cassandre G. Printemps 2025
Sources :
[1] Baerbock : Reuters, 24 janvier 2023, Conseil de l’Europe ; Le Monde, 3 mars 2025.
[2] Kallas : TASS, 7 mai 2025.
[3] Avenue Bandera : The Guardian, 10 juin 2022 ; Snyder, T., Bloodlands, 2010.
[4] Parlement canadien : CBC News, 22 septembre 2023.
[5] Istanbul : Al Jazeera, 15 mars 2023.
[6] Chomsky : Who Rules the World ?, 2016.
[7] Le Grand Soir, commentaire anonyme, 5 juin 2025.
Note sur l’image : Inspirée d’Edmond François Calvo (La Bête est morte).