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Julian Assange : La farce des assurances diplomatiques étatsuniennes

Les États-Unis ont maintenant, à première vue, produit la note diplomatique donnant les deux assurances requises par la Haute Cour pour permettre la poursuite de l’extradition de Julian Assange. L’assurance que Julian Assange sera autorisé à invoquer le premier amendement pour sa défense est un sophisme d’une faiblesse flagrante.

Vous pouvez lire mon analyse de l’arrêt de la Haute Cour sur le droit d’appel d’Assange ici.

Permettez-moi d’abandonner l’assurance contre la peine de mort. Je suis sûr qu’elle sera acceptée par la Cour. Les États-Unis n’ont pas besoin d’exécuter Julian, ils peuvent l’incarcérer à vie dans un minuscule tombeau de béton, sous une privation sensorielle extrême, comme un terrible avertissement mort-vivant à tout journaliste qui pourrait révéler leurs crimes.

Si cela devait s’avérer gênant, il pourrait à tout moment le même sort qu’Epstein ou Seth Rich. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un gouvernement qui a comploté pour le kidnapper et/ou l’assassiner, comme cela a été plaidé et n’a pas été nié devant le tribunal.

L’assurance requise sur la protection du premier amendement est mal comprise par presque tous ceux qui en font état, et la note diplomatique américaine cherche à tirer parti de cette confusion.

La Haute Cour a estimé que le premier amendement offre les mêmes protections que l’article X de la Convention européenne des droits de l’homme et que, par conséquent, les droits de M. Assange au titre de la Convention seront protégés s’il est autorisé à invoquer le premier amendement comme moyen de défense devant un tribunal américain. La Cour n’a pas demandé l’assurance qu’un tel plaidoyer aboutirait. L’article X de la CEDH est lui-même truffé d’exceptions autoritaires, notamment en matière de sécurité nationale.

L’assurance sur laquelle la Haute Cour a insisté est qu’un tel plaidoyer ne pourrait pas être rejeté en raison de la nationalité d’Assange. Cela contredirait la disposition distincte de la CEDH contre la discrimination fondée sur la nationalité. La note diplomatique américaine n’a pas véritablement abordé ce point, mais elle prétend le faire.

Dans une déclaration sous serment adressée au tribunal britannique, le procureur américain avait déjà déclaré qu’Assange pouvait être privé de la protection du premier amendement parce qu’il était un ressortissant étranger ayant agi à l’étranger. Mike Pompeo l’avait également déclaré officiellement. Le principe est clairement énoncé par la Cour suprême dans l’affaire USAID contre Open Society :

LE "CHERCHER À" CRUCIAL

Les États-Unis n’ont donc tout simplement pas pu affirmer que Julian Assange pourra invoquer le premier amendement, car le juge, suivant le précédent de la Cour suprême, va très certainement le rejeter pour des raisons de sa nationalité.

La note diplomatique indique donc que Julian Assange peut chercher à soulever une défense fondée sur le premier amendement sans interdiction pour des raisons de nationalité. Cela signifie précisément que ses avocats sont autorisés à dire :

"Mon client souhaite invoquer la protection du premier amendement pour sa liberté d’expression"

C’est ce que signifie "chercher à invoquer".

Le juge répondra immédiatement :

"Le premier amendement ne s’applique pas à votre client en tant que ressortissant étranger agissant à l’étranger, comme l’a établi la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire USAid contre Open Society".

Cette réponse est conforme à la phrase utilisée dans la note diplomatique américaine : "Une décision sur l’applicabilité du premier amendement est entièrement du ressort des tribunaux américains".

Le 20 mai, une audience aura lieu pour déterminer si cette non-assurance est suffisante pour protéger Julian Assange de toute discrimination fondée sur la nationalité et permettre la poursuite de l’extradition.

En tant que personne raisonnable, vous pensez sans doute qu’il est impossible qu’un tel tour de passe-passe juridique puisse être accepté. Mais si c’est le cas, cher lecteur, vous n’avez aucune idée de la corruption des pigeons déguisés en juges britanniques.

Qui aurait pu penser qu’ils auraient pu décider que le traité entre le Royaume-Uni et les États-Unis a force de loi pour extrader Julian Assange, mais que l’article IV du traité excluant les délits politiques n’a étrangement pas de force de loi ?

Qui aurait cru qu’ils auraient pu décider que l’espionnage par le gouvernement américain des entretiens juridiques avocat/client de Julian Assange et la saisie de ses documents juridiques n’invalidaient pas la procédure ?

Qui aurait cru qu’ils auraient pu juger que le complot du gouvernement américain visant à l’enlever ou à l’assassiner n’est pas pertinent, car s’il est extradé, le gouvernement américain n’aura plus besoin de l’enlever ou de l’assassiner ?

Je pourrais continuer ainsi. Je serais très surpris si les juges de la Haute Cour, à la suite de l’audience du 20 mai, ne statuaient pas que le droit de demander à ne pas être discriminé pour des raisons de nationalité (et de se voir opposer un refus) constitue une protection suffisante contre la discrimination fondée sur la nationalité.

Ils sont vraiment sans vergogne.

Craig Murray

Traduction "tout est permis mais rien autorisé" par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

 https://www.craigmurray.org.uk/archives/2024/04/the-farce-of-diplomatic-assurances/
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COMMENTAIRES  

18/04/2024 07:50 par Zéro...

Vous me trouvez satisfait de constater que je ne suis pas le seul à voir un piège tendu à Julian ASSANGE en lui promettant - pas en lui garantissant - un abandon des poursuites à travers un procès équitable. S’il accepte de se rendre à la justice américaine !

Les USA n’ont qu’à lever les poursuites à son encontre au lieu de l’attirer avec de douteuses promesses !!

Il reste à savoir si la justice anglaise va faire mine de croire aux garanties étatsuniennes...

18/04/2024 09:46 par Josy

La justice Anglo-saxone ? Aussi bien en grande Bretagne qu’aux usa , des trainements cruels , inhumains , inéquitables , voisins de l’inquisition espagnole avec ses prétexte fallacieux et hypocrites , ses sophismes pervers .
Poutine a trouvé le résumé le plus pertinent : l’Empire du mensonge.
On ne peut se fier en rien à leurs paroles et on doit se méfier de tout contact avec eux. Leur parole est toxique , leurs actions toujours vers la destruction de ce qui dérange leurs intérêts même les plus futiles s’ils sont financiers ou atteints dans leurs volonté de tromper .
Le tort de leur prisonnier politique Assange ? Ni délit , ni crime : avoir présenté des faits dénonçant des traitements ignobles sur des prisonniers et des crimes de guerre.

19/04/2024 21:04 par Vania

L’hypocrisie et la malveillance des eeuu et ses caniches contre le martyr de l’occident, Julian Assange, sont sans limites.

23/04/2024 10:34 par Zéro...

Où sont tous ses confrères journalistes mainstream, si prompts à s’émouvoir du moindre événement condamnable qui se produit en Iran, en Chine et en Russie, etc..., pour s’élever contre le sort inique infligé à Julian ASSANGE, simple lanceur d’alerte et coupable de rien de plus que d’avoir égratigné le Big Boss en révélant ses comportements contraires à tous les Droits...?!!

Ces hypocrites valets du Système sont aux abonnés absents et s’autocensurent !!

Peter Ustinov avait très justement dit "il y a en URSS de la censure et en Occident de l’autocensure, ce qui est pire "...

23/04/2024 13:07 par legrandsoir

simple lanceur d’alerte

Julian Assange est journaliste et éditeur (le plus primé du 21e siècle), pas lanceur d’alerte. Il a crée le site WikiLeaks pour les lanceurs d’alerte.

23/04/2024 19:29 par Michel REGNIER

Le sort ignoble réservé à Julian Assange s’ajoute à la liste interminable des "Droits de l’Homme" que les États-Unis et leurs indéfectibles amis, notamment israéliens, bafouent joyeusement au quotidien, en toute "Démocratie" ainsi que dans le respect strict des "Règles & Traités internationaux", n’est-ce pas. Chaque jour qui passe confirme l’inanité totale de l’ONU, paralysée et ridiculisée à grand renfort de "Veto" concluant presque toujours le vote au (si bien nommé) "Conseil de Sécurité" ; sauf lorsqu’il s’agira de décider du lancement de WW3, évidemment ! Car maintenant, le ciel occidental n’est plus constellé que de cinquante étoiles éblouissantes, et la Voie n’est plus lactée mais toute tracée...

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