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A Oloron, François Mazou

L’ancrage du pacifisme de la petite enfance à la guerre d’Espagne

dessin : Dessins d’enfants de la Guerre d’Espagne Université de Columbia, USA

(François Mazou :) Je suis un béarnais qui a été transporté. Je suis né en 1914 dans le département du Rhône, dans un petit patelin qui s’appelle Chambort-Allieres , mais je suis Oloronais parce que j’ai été conçu à Oloron. De parents et d’arrière-grands-parents béarnais. Père militaire. Mon père était officier en garnison dans le village où je suis né et c’est là que ma mère le rejoignit pour accoucher. Mon père a fini sa carrière militaire comme commandant à 51 ans quand il est mort des suites de mauvaises blessures. J’ai eu une éducation rigoureuse, chez moi les tableaux étaient des représentations de bataille. J’étais espiègle, insoumis, c’est normal, j’étais fils de militaire. Ce père, je ne l’ai pas tellement connu. J’ai été éloigné de lui par les guerres coloniales. Je suis revenu à Oloron avec ma mère en 1914 quelques mois après ma naissance. A Oloron, dans ma famille, comme dans beaucoup d’autres situations identiques, les femmes se sont regroupées pour mieux supporter la séparation des maris partis sur le front en 14/18. Nous vivions, mon frère aîné et moi, avec notre mère, la tante Anna et notre grand-mère. Ma soeur naîtra plus tard. J’ai été élevé dans le respect de tout ce qui était militaire, religieux et fils de patriote. Quand mon père revient de temps à autres à Oloron, il nous raconte les périodes difficiles de la guerre, les combats, les acharnements, et comment il a bien dirigé ses troupes, mais rien de précis. Il repart en Indochine en mission et nous sommes restés sans père pendant des années. Les trois dames étaient à nouveau seules.

Saloperie de guerre.

Ma tante, qui a perdu son mari à la guerre de 14 disait : "saloperie de guerre ". Elle avait la haine de chaque instant et dès que l’on parlait de guerre, elle trouvait toujours quelque chose à dire contre. Tout cela m’a formé, j’avais dix ans. Ma mère très béarnaise était très attachée à la ville d’Oloron elle aussi. Elle n’a pas voulu, pour cela, suivre son mari. Mon père était originaire d’Accous, avec son père et son grand-père ils ont vécu dans la maison familiale qui jouxtait la cour de l’école communale. Quand il est revenu après deux années d’absence, il meurt des suites d’une mauvaise blessure en 1925. J’avais onze ans. Je pense que même si je l’ai très peu connu, j’avais pour lui une admiration non déguisée. Il avait voyagé partout dans le monde et il revenait d’Indochine pour mourir à Oloron. C’était un évènement, pour moi il m’apparaissait comme un homme surnaturel. J’en ai voulu à la société de faire la guerre qui m’a enlevé mon père. J’avais alors des impressions puissantes dans mon esprit qui ont fait que je me suis mis à détester la guerre.

Détester la guerre

Tout comme ma tante. Ma mère ne disait rien, pas un mot. J’avais onze ans. Nous sommes à une époque où faire des études dans le secondaire était très important. On était des petits messieurs. J’étais un élève assez correct mais dans des matières qui me plaisaient comme le français. A Oloron les anciens combattants s’occupent de tout, de l’harmonie et de la fête etc., ça nous irritait, nous, les jeunes. Nous étions devenus pacifistes, nous nous intéressions à la littérature comme "Les Croix de bois" de Roland Dorgelès, A l’ouest, rien de nouveau". Oui ! C’était un peu subversif pour les tricolores obsédés par le super patriotisme. Le collectif de camarades que nous formions s’intéressait à une idéologie commune, informelle, qu’il nous paraissait évident d’être contre la guerre. Dans certaines familles cela provoqua des réactions, ma mère n’a pas réagi et ma tante Anne me soutenait. De parler, d’agir, de regarder, de nous procurer de la lecture, de lire le Canard enchaîné, cela suffisait pour subir la pression des bourgeois Bleu Blanc Rouge et un jour on me pria d’évacuer le collège (après une action de solidarité en direction des travailleurs).

Interdit de collège.

J’avais seize ans, je fis des petits boulots à Lourdes (avant les autres) et je me mis à vendre des livres d’occasion sur le marché. Je suis donc devenu bouquiniste. C’était assez nouveau à cette époque. Je jouais aussi au rugby. Il y avait à Oloron la personnalité de Jean Maindebout qui avait formé un groupe de combattants républicains. Et il y avait aussi un homme pour qui j’avais une grande considération qui s’appelait Paul Verdier. Il était agrégé d’Université, professeur de Lettres au Lycée de Pau (Louis Barthoue). Les communistes à cette époque venaient faire des conférences à Oloron. Cet homme m’a fait découvrir la Révolution Russe au cours de ses conférences. J’avais seize ans et cette révolution m’a décidé d’adhérer au parti communiste.

Militant au parti communiste.

Il y avait à Oloron un passé de syndicalisme qui avait totalement sombré. En 1934, j’ai formé une cellule du PCF à Oloron. L’emprise de la bourgeoisie d’opinions rétrogrades, le paternalisme religieux, tout cela était très développé. Nos réunions de cellule ne se faisaient pas dans un local mais en extérieur, soit sous le pont du chemin de fer, soit la nuit sur la place St Pierre. Nous étions neuf ou dix, c’était assez éclectique en âge ou socialement, mais presque tous avaient une expérience familiale à influences syndicalistes ou socialistes ou les deux. Un autre est venu au parti après avoir lu "Les mutins de la Mer Noire" d’André Marty (cette mutinerie qui fit capoter l’agression des forces occidentales contre la jeune révolution soviétique). D’autres encore, étaient là pour leurs convictions personnelles conformes à leur volonté de changement révolutionnaire de la société.

Pacifiste convaincu

En 1933 on assiste à la naissance du mouvement Amsterdam Playel qui s’affirmait pacifiste. Contre la guerre et le fascisme, Romain Roland et Henri Barbusse en étaient les fondateurs. Ce mouvement se développa et je deviens militant pour ce mouvement Playel et j’ai propagé le plus possible les écrits. Ce mouvement fut précurseur du front populaire, il a rassemblé les différents courants de la gauche anti fasciste. Il y avait déjà le fascisme mussolinien et il y avait d’autre part la condamnation du Traité de Versailles qui portait en lui, le germe de la Guerre. Nous condamnions la France d’avoir signé ce traité et notamment l’occupation de la Sarre. Ca s’attache à ce fait précis et nous pensions qu’il fallait faire pression en masse sur les gouvernements à venir. La pression était un peu utopique, mais Marxiste.


Pierre Mazou, père de François. Le garçon le plus grand c’est Jean, le frére ainé et le bebé est François, en 1915, habillé en petite fille comme le voulait la coutume. Les deux frères feront la Guerre d’Espagne et la Resistance

Marxiste

L’utopie précède la réalité, s’il n’y a pas d’utopie, il n’y a pas d’avant grade et s’il n’y a pas d’avant garde, il n’y a pas de concrétisation d’idées fortes. Ce texte est la retranscription par l’auteur ( Luis ) des "Cahiers de la mémoire" consacré à François Mazou, d’un commentaire parlé lors des vidéos filmées par Bernard Sanderre et le journaliste de Radio Pays David Grosclaude (Luis sera présent sur tous les tournages).

LA RECONCILIATION AVEC L’ESPAGNE

François avait aimé intensément l’Espagne, alors que moi je m’efforçais de " l’oublier". Dès ma première rencontre avec François je savais qu’il remplirait ce vide qui me maintenait loin d’une histoire que je refoulais inconsciemment. Même si c’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai milité dans les années 70 dans des collectifs contre l’Espagne Franquiste, ses prisons, sa torture, et ces exécutions. Pour moi il y avait "deux" Espagne, mais "une" Espagne finira par avoir raison de mon obstination. Pour aimer l’Espagne à mon tour il me suffisait d’opposer l’Espagne à l’Espagne.

C’est par la mer que j’effectue mon premier retour à Barcelone où je suis né. J’ai 22 ans, 15 années ont passé depuis mon exil familial. Je fais alors mon service militaire dans la marine française. J’ai longtemps pensé que cette ville portuaire avec ses Ramblas qui semble marcher obstinément vers la mer invitait inexorablement à l’exil. Ce jour, j’ai remonté les Ramblas en direction de la place de Catalogne, comme si je remontais le temps, obstiné que j’étais à en découdre avec l’Histoire. J’avais tant de choses enfouies en moi que mon coeur battait à se rompre. Non ! Ces pas dans la ville n’était pas une incartade. J’étais pour moi comme un clandestin. Je décidais alors de me priver d’Espagne tant que Franco souillerait son environnement politique et culturel. Promesse tenue sauf une exception en 1964 pour présenter ma compagne à ma famille espagnole. Comme je l’ai déjà raconté précédemment.

C’est vrai que les héros de ma jeunesse avaient tous fait la guerre d’Espagne contre l’immonde Franco. Il a fallu que je me reconstruise autrement avec un passé de substitution qui en fait s’est imposé naturellement à moi dans ce qui fut mon choix militant. Aussi étonnant que cela puisse paraître mes repères historiques je les puisais dans les révoltes paysannes, "les jacqueries" du 17éme siècle, la révolution de 1789, la révolte des canuts 1831/ 1836, la révolution de 1948, la commune de Paris 1871. La résistance. Cette transposition me permit de me projeter comme un français qui a fait souche. En 1996 j’ai eu l’occasion d’être l’accompagnateur de François aux commémorations du 60 ème anniversaire de 1936.

Ces journées à Madrid et à Barcelone furent celles d’une réconciliation intérieure avec l’Espagne, celle avec ce passé exceptionnel à l’exemple de l’initiative qui avait donné rendez-vous à tous les vétérans des Brigades Internationales pour un baroud d’honneur pour commémorer un passé qui se conclura un jour de novembre 1996 par la nationalité espagnole offerte à tous les combattants de la liberté. La promesse de la Pasionaria aux combattants des brigades internationales au moment de leur départ en octobre 1938 était enfin tenue. Il y avait là près de 500 vétérans, ils étaient parmi les plus jeunes volontaires en 1936 aujourd’hui devenus des octogénaires avec des belles gueules requinquées par une montée d’adrénaline.

Comme hier en 1936 étaient présents aussi ceux qui avaient fait le voyage venus des coins les plus reculés du monde. Durant le séjour, deux brigadistes sont morts. Etait-ce les émotions cumulées avec la fatigue, la nostalgie partagée avec les amis retrouvés, l’évocation des camarades tombés au combat sur cette terre d’Espagne ? Aussi le sentiment d’une injustice à penser pourquoi sont-ils morts et pas nous ? L’instantané d’une culpabilité, incongrue mais réellement présente dans les têtes de ces octogénaires peut êtres trop singuliers et à la fois attachés par un fil de vie qui les relie non seulement les uns avec les autres, mais aussi avec une mémoire indescriptible. Tourmentés par leur pensée qui à force de tours, de détours et de contours, à force de retourner les questions affairant aux nombreux obstacles que les hommes font aux idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, pour lesquelles ils ont "joué" leurs vies.

Mourir au cours de ce "fabuleux" retour aux sources de leur post adolescence au seuil de leur précocité à devenir des Hommes. François quant à lui, il prolongea cette situation exceptionnelle, oubliant toute fatigue, mais vraiment mal en point dans un hôpital à Barcelone. Il y resta un mois, sa chambre devint vite un lieu de visite transformé en local de rendez vous politique pour des anciens combattants républicains, étudiants, militants communistes anarchistes, des journalistes… La chambre d’hôpital tenait lieu : de permanence de réunion de libre parole où il recevait entre autre son ami écrivain et journaliste Gabriel Jackson, ainsi que la famille Luis et Jane, sans oublier David et Marc les enfants de ses amis qui l’accueillait à Barcelone comme un familier. Les étudiants attirés par ce curieux français l’invitèrent à la fac. Ce fut alors un franc succès mais aussi la goutte qui fit déborder le vase.

L’hôpital s’en informa, François avait dérogé à une règle, on ne sort pas d’un hôpital en soins ou en surveillance sans risquer son renvoi. C’est ce qui arriva, je reçus un appel téléphonique de l’hôpital m’annonçant l’arrivée imminente de François en s’excusant de ne plus pouvoir le garder. Trop de responsabilités sur un sujet en soins et incontrôlable. François fit le voyage retour en ambulance espagnole. Ce qui l’enchanta.

Quelques années après, l’Espagne donnait la possibilité aux réfugiés et à leurs descendances de reprendre la nationalité espagnole. Aussi j’ai fait des démarches pour récupérer ma nationalité espagnole et c’est aujourd’hui une affaire entendue : quand je suis en Espagne je suis Espagnol comme mon passeport espagnol l’atteste et quand je suis en France je reste totalement français ! et je ne suis pas espagnol.

56 ANS APRES MADRID, MOURIR A SARAJEVO

Sarajevo assiégée : à Pau une place SARAJEVO officiellement inaugurée. C’est une marque de respect et de solidarité constructive à l’égard de Sarajevo qu’adopte le premier magistrat de la ville André Labarrère. Quand il accepte, à la demande du collectif de la coordination paloise contre la purification ethnique en ex-Yougoslavie, de rebaptiser la plus belle place de Pau avec trois panneaux munis de leurs supports indépendants sur lesquels figurait l’inscription : Place SARAJEVO. Cohabitant en assez bonne intelligence avec les panneaux officiels : Place CLEMENCEAU la population paloise a semblé les adopter ; la preuve, ils ne furent jamais vandalisés, ils y restèrent de 1994 à 2003.

Quelques années auparavant avec François Mazou, c’est la Bosnie qui nous a unis, l’Espagne a fait le reste. Comme l’écrivain Juan Goytisolo l’a commenté dans son livre "Cahier de Sarajevo" en dernière de couverture. François aimait à nous entretenir de la réciprocité de Sarajevo avec Madrid, même désinvolture vis à vis du drame qui se déroulait en tant réel presque sous nos yeux.

François, comme aux premiers jours de la guerre civile espagnole, a rejoint les rassemblements et les manifestations qui avaient pris quartier entre la place Clemenceau et la Préfecture, la place avait été rebaptisée pour la circonstance "Place Sarajevo" (dix ans maintenus dans un acte devenu un usage officialisé).

Trois années durant tous les vendredis en fin d’après midi "une résistance" s’organisa contre la désinformation. Dénonçant par des communiqués de presse, lettres, pétitions, tracts, manifestations "performances" contre l’épuration ethnique, pratiquée par les Serbes de Bosnie comme Karadzic et l’attitude criminelle de Milosevic planqué dans la Serbie voisine et tirant les ficelles.

Plusieurs fois François prit le micro pour dénoncer cette odieuse manigance qui prévalait alors pour isoler les victimes en leur infligeant le masque des bourreaux. Il a suffi à quelques individus relayés par certains médias de lancer l’anathème pour que dans cette guerre on renvoie dos à dos les agresseurs et les agressés, les violeurs et leurs victimes, les criminels de guerre et les résistants, sans parler des camps sordides avec des détenus squelettiques le regard creusé par la faim qui semblaient eux venus d’un autre âge.

Que faisait l’ONU qui tout au long des trois années de guerre, sinon de "légiférer" face aux exactions des milices barbares ? Cette situation était la preuve que le laissé faire constituait bel et bien une aide aux agresseurs. Au plus fort de la guerre que faisaient les pacificateurs ? Désarmer les Bosniaques et fermer les yeux quand les milices serbes continuaient à s’armer même aux dépends des casques bleus, utilisant la méthode la plus invraisemblable, s’approvisionnant entre autre par le vol de l’armement des forces du conseil de sécurité. La politique française d’alors ressemblait à si m’éprendre avec celle de la "non intervention" de Blum. Mitterrand l’a d’ailleurs fort bien imité, avec comme toile de fond le soucis de ces hommes "d’honneur" pétris d’humanité de travailler sans relâche à "la pacification de la guerre."

Le philosophe Jean Luc Nancy dit alors (en 1993) que désormais "l’imbrication du monde et de l’immonde ne peut être dissimulée".

Sarajevo assiégée, pratiquement sans défense, sous la surveillance des francs-tireurs postés sur les hauteurs des collines qui ceinturent la ville. Des tireurs d’élites font des cartons sur tout ce qui bouge, adultes comme enfants. A Sarajevo le point le plus sensible est celui où, pour se ravitailler en eau, des personnes de tous âges et même des enfants, attendent leur tour pour s’élancer au risque de leur vie, afin d’atteindre la citerne. Ils ont quelques mètres à parcourir à découvert, c’est à ce moment précis que le sniper choisi de faire feu sur la cible mouvante. C’est du "grand art". Une sorte de jeu de rôles comme la "roulette russe" en quelque sorte et le paradoxe quand tu réchappes à la mort du fond de ta pensée tu dis merci aux tueurs de ne pas t’avoir choisi, aujourd’hui. On se souviendra longtemps de la monstrueuse machination qui désignait les snipers qui assiégeaient la ville, comme les vraies victimes, parce que serbes civilisés et chrétiens. Juan Goytisolo écrit à ce sujet  : "La terreur et les massacres auxquels se livrent les disciples doués de Goebbels et de Millan Astray". Ce dernier a à son actif les incantations qui font de lui un fasciste intégral comme "viva la muerté" et "mort à l’intelligence", Milan Astray Géneral franquiste, héros de combat, sert de modèle de vertus aux fascistes ; il est borgne, amputé d’un bras et d’une jambe, il incarne la fierté pour les uns et la bestialité pour les autres.

François Mazou était enchanté que des jeunes puissent dire non ! Il était persuadé que seule la jeunesse pouvait échapper à l’apathie et aux attitudes désinvoltes devant les drames contemporains. Madrid1936, Sarajevo1993, deux guerres civiles qui ont fascinés intellectuels, philosophes, écrivains, le metteur en scène de Théâtre, Suzanne Sontag monta la pièce de Samuel Beckett "En attendant Godot" alors que la mort était partout présente et s’invitait quotidiennement chez ceux qui refusaient de partir. Le Cinéma de Godard (sans raconter d’histoire) y fera plusieurs fois référence dans une des sempiternelles tentatives de mettre cet art au service de l’imagination. C’est a travers un concept qui tient dans peu de mots qu’il dira "la fiction est plus réelle que la réalité", toute une vie à crier à qui veux bien l’entendre que le cinéma perdra la vie à la raconter, alors que nous aurions tous à gagner à l’inventer. Déja les cubiste au tout début du 20ieme siècles parlaient de "tuer sans cesse la réalité pour en inventer toujours une autre". C’est ainsi qu’une partie de la jeunesse, lycéens collégiens, étudiants , travailleurs se sont engagés dans une solidarité qui a eu le mérite de sa persistance. C’est sans relâche que l’imagination a fait face et a contribué à démonter la propagande pernicieuse qui en France considérait avant tout ce conflit comme une guerre de religion (dixit) les chroniqueurs politiques à la télé désignaient les Bosniaques par leur religion sans oublier de les présenter comme agresseurs reprenant les idées qu’agitaient les milices Chrétiennes avec le spectre de l’infamie contre les musulmans Madame Daniele Mitterrand venue faire une conférence à la faculté de Pau qui faute de prendre son temps pour faire une analyse politique des conflits à devanture religieuse, a trouvé plus aisé de parler de guerres de religions, dans un discours où s’entremêlaient pèle mêle la Bosnie-Herzégovine, l’Irlande et la Palestine…

L’Europe est morte à Sarajevo… ?

Que dire de François Mitterrand et son ami Elie Wiesel prêchant la modération dans les deux camps ? Tous coupables, tous innocents, "Sarajevo ne peut pas être comparée au ghetto de Varsovie", "ni les camps où étaient maintenus les Bosniaques à Auschwitz". Des références mais à mille lieux d’une réelle objectivité ni une solidarité effective pour le moins dire qu’il est urgent que ça s’arrête. Mais combien de signes forts pouvaient comme à Srebrenica, Tuzla, Zenica, Zepa, Bihac, Gorazde, Sarajevo, montrer au monde ces villes assiégées livrées à la soldatesque.

La fascisation de la guerre.

Il y avait alors suffisamment de concordances pour nous faire penser à une similitude de l’Europe de 1993 et de 1936 avec l’abandon définitif et total de l’Espagne Républicaine aux forces fascistes de l’Axe. Les accords de Munich sonnèrent le glas de la capitulation Franco/Britannique qui acquiesce devant la demande d’Hitler le démembrement de notre allier la Tchécoslovaquie convoitée par le IIIeme Reich. Afin d’apaiser les exigences du monstre, je pense à Karadjic le psychopathe psychiatre fou et à ses tueurs embusqués. Peut-on oublier Mladic, le chef de guerre, qui n’était rien d’autre qu’un monstre à qui Milosevic faisait confiance, comment ne pas penser au Fascisme dans la spirale du Nazisme ? Ce n’est pas seulement un balbutiement de l’Histoire qui se déroulait en Bosnie, mais le constat de l’impuissance des instances internationales à faire respecter le droit international dont elles sont les garants (dixit). Et l’Espagne avec la société des nations en 1936.

" Le viol pratique de guerre "

En Bosnie dans les camps, le viol y était systématique, des bâtiments étaient affectés à cette activité. Il y a des guerres où le viol est une institution. A quand le jour où ? Où le viol fera la une des témoignages de guerre ! A quand un signe fort ? Contre l’absurdité des guerres. Peut-on espérer voir disparaître cette pratique qui représentait jadis le tribut des armées barbares, coutume expiatoire qui reste un crime encore banalisé. A quand une conférence internationale sur "le viol pratique de guerre depuis quand ? Jusqu’à quand ?"

Le droit est-il seulement à l’usage des puissants ? … Oui ! Surtout quand on prête ou on donne à l’agresseur les droits des victimes.

Luis Lera


texte de promesse de naturalisation pour les brigades

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