RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

L’Etat de Droit et le Droit de l’Etat

L’état de droit est une situation juridique, ou un système institutionnel, dans lequel chacun est soumis au respect du droit, du simple individu jusqu’à la puissance publique.

Deux poids deux mesures ?

La grâce présidentielle pourrait profiter à Jean-Charles Marchiani titre Le Monde [1]. Marchiani, c’est l’Angolagate, un trafic d’arme juteux vers l’Angola au début des années 1990. L’Angolagate, c’est Marchiani et 42 autres "prévenus" du gratin de la finance, de l’armement et de la politique. Au centre du scandale Pierre Falcone, homme d’affaires français, sulfureux dirigeant de la société de vente d’armes Brenco International, et Arcadi Gaydamak, un milliardaire israélien d’origine russe. Gravitent autour, Jean-Christophe Mitterrand, Charles Pasqua, l’ancien préfet Jean-Charles Marchiani., Jacques Attali, l’écrivain à succès Paul-Loup Sulitzer. Tout cela sous la muette attention du Président Mitterrand et de ses colocataires d’alors, Edouard Balladur, Alain Juppé et François Léotard. Depuis, tout ce beau monde ou presque est en liberté et viendra peut-être, ou peut-être pas, au procès qui s’ouvre le 6 octobre après 10 ans de procédures [2].

Ah j’oubliais un détail, l’Angolagate c’est aussi "quelque" 500 000 Angolais qui ont péri durant ce conflit grâce à "quelques" 170 000 mines anti-personnelles fournies par nos sympathiques trafiquants. Mais cela est plus difficile à trouver dans la presse.

Un peu avant, en 1987, Jean-Marc Rouillan est arrêté avec d’autres membres du groupe Action Directe. En 1989, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de dix-huit ans, pour l’assassinat de l’ingénieur général de l’armement René Audran en 1985 et de celui du PDG de Renault Georges Besse en 1986. Après 19 années de détention dont cinq à l’isolement total, il bénéficie en décembre 2007 d’un régime de semi-liberté qui durera huit mois. Le 2 octobre 2008, le juge d’application des peines le fait réincarcérer pour avoir, selon son comité de soutien à Toulouse, déclaré « je n’ai pas le droit de m’exprimer là -dessus… [la lutte armée] Mais le fait que je ne m’exprime pas est une réponse. Car il est évident que si je crachais sur tout ce qu’on avait fait, je pourrais m’exprimer » [3].

Jean-Marc Rouillan a passé 19 années en prison - dont cinq à l’isolement total - je le répète. Les prévenus de l’Angolagate ont continué leurs affaires. Deux hommes ont été tués en France, demi-million en Angola. La vie de deux occidentaux vaut-elle tellement plus que celle de 500.000 Africains [4] ? Dans les deux cas, le principe d’action des prévenus est le même, la défense d’une idéologie. Dans celui de l’Angolagate, on soupçonne en plus un délit d’enrichissement personnel ! Si de tels parallèles étaient faits plus souvent dans notre belle presse nationale, tenue comme par hasard par des marchands de canons, on éviterait d’avoir à lire les inepties telles que celle, édifiante, relevée dans le courrier des lecteurs du blog de LibéToulouse [5].

Si Marchiani peut profiter de la grâce présidentielle pour sa "détermination hors du commun à suivre une formation professionnelle" alors Jean-Marc Rouillan doit en bénéficier aussi puisque durant son incarcération, il a travaillé comme correspondant spécial au pénitencier de Lannemezan pour le journal CQFD [6], et comme écrivain [7] pour Denoël et sa maison d’édition actuelle Agone, sans formation professionnelle préalable.

LIBEREZ JEAN-MARC ROUILLAN

Laurent Emor

Notes

Lire aussi : http://www.betapolitique.fr/En-prison-destins-croises-Rouillan-19300.html

[1] http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/12/11/la-grace-presidentielle-pourrait-profiter-a-jean-charles-marchiani_1130228_3224.html

[2] http://www.rue89.com/2008/10/05/angolagate-le-roman-francais-du-trafic-darmes

[3] http://www.libetoulouse.fr/2007/2008/10/rouillan-rincar.html

[4] http://www.legrandsoir.info/spip.php?article6293

La fabrication du consentement : De la propagande médiatique en démocratie
Noam Chomsky et Edward S. Herman, Edition Agone, Contre feux.

[5] http://www.libetoulouse.fr/2007/2008/10/rouillan-rincar.html

"Comment peut on décemment, en interrogeant sa propre conscience, adhérer à un comité de soutien à un meurtrier, un criminel ... Comment oser prôner la liberté de parole quand on s’est arrogé le droit de supprimer la vie ? Parfois, les gens devraient réfléchir et se demander si le droit à la vie ne devrait pas passer avant une le droit de sortir un bouquin. Le plus attristant est que ces gens qui le soutiennent sont surement les mêmes qui ont milité pour un tibet libre en proclamant haut et fort que des divergences politiques ne donnaient pas le droit de tuer ...."

D’après des sources autorisées, qui préfèrent garder l’anonymat, il semblerait qu’effectivement on puisse affirmer sans vraisemblablement se tromper que Robert Ménard de RSF et Nicolas Sarkosy de l’UMP, deux fervents défenseurs d’un Tibet libre face à l’occupation chinoise, pourraient faire partie des comités de soutien à Jean-Marc Rouillan.

[6] CQFD, journal de critique sociale : http://www.cequilfautdetruire.org/

[7] Livres de Jean-Marc Rouillan écrits durant sa captivité :

* Je hais les matins, Denoël, 2001
* Glucksamschlipszig, le roman du Gluck, L’Esprit frappeur, 2003.
* Lettre à Jules, Agone, 2004.
* La Part des loups, Agone, 2005.
* De mémoire (1), Agone, 2007.
* Le Capital humain, L’arganier, 2007.
* Chroniques carcérales (2003-2007), Agone, 2008.

URL de cet article 7647
  

Même Thème
Michel Boujut : Le jour où Gary Cooper est mort.
Bernard GENSANE
Le jour de la mort de Gary Cooper, Michel Boujut est entré en insoumission comme il est entré dans les films, en devenant un cinéphile authentique, juste avant que naisse sa vocation de critique de cinéma. Chez qui d’autre que lui ces deux états ont-ils pu à ce point s’interpénétrer, se modeler de concert ? Cinéma et dissidence furent, dès lors, à jamais inséparables pour lui. Il s’abreuva d’images « libératrices », alors qu’on sait bien qu’aujourd’hui les images auraient plutôt tendance à nous « cerner ». (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Même les morts ne peuvent reposer en paix dans un pays opprimé.

Fidel Castro

Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.