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La francophonie dans les médias : Un combat culturel et économique

Viktor Miskovik

La conférence internationale sur l’avenir des médias francophones qui a eu lieu à Montréal s’est achevée le 10 octobre. Elle conviait une soixantaine de professionnels venant de 18 pays, afin qu’ils s’expriment sur les médias francophones et leurs enjeux. Ces derniers sont à la fois culturels, la langue française ayant besoin d’être appuyée au sein des réseaux numériques à dominante anglophone ; et économiques, l’industrie des médias français trouvant, en Afrique notamment, de substantielles opportunités de développement.

Développer et mettre en place des médias francophones, dans un monde dans lequel l’anglais prend de plus en plus de place, relève d’une nécessité de préserver la diversité dans un monde dont la mondialisation a tendance à diluer les cultures, et avec elles les richesses linguistiques.

« Pour cela, il faut des médias qui reflètent ce pluralisme. Or notre langue est menacée par la mondialisation. Le français perd des parts de marchés. Il court le risque de devenir sur Internet une langue de traduction au lieu d’être une langue de création et de modernité. Pourquoi n’y a-t-il pas de moteur de recherche francophone ? De Netflix francophone ? Nous avons des chances de rebondir si nous prenons conscience de ce risque et si les grands médias savent passer des alliances », faisait valoir Clément Duhaime, Administrateur de l’OIF, qui a présenté les enjeux de la conférence lors d’une conférence de presse le 1er octobre.

La régression n’est pas tant à craindre en termes quantitatifs. Le nombre de locuteurs français est en constante progression, notamment parce que l’Afrique francophone, où la démographie est forte, continue d’utiliser le français dans la scolarisation des enfants. Dans ces conditions, il pourrait bien y avoir 750 millions de parlants français à l’horizon 2050 (contre 220 millions en 2010).

Mais Internet, qui est une invention américaine, est dominé par la langue anglaise. Elle est le siège d’une véritable diversification linguistique significative selon le dernier rapport de Natixis sur la question. Mais cette pluralité est encore insuffisante et doit être encouragée. Les médias ont un rôle crucial à jouer pour faire vivre la langue française et la porter sur la scène numérique.

D’autant que les Chinois tentent également d’investir les réseaux numériques, en Afrique en particulier. Le 18 juin 2014 se tenait à Beijing le 2e forum sur la coopération des médias africains et chinois. « Œuvrer ensemble pour offrir une autre réalité de l’Afrique et de la Chine, mais aussi briser le monopole des médias occidentaux figure aussi parmi notre objectif », avait déclaré le ministre chinois de l’Administration nationale de la Presse, de l’Édition, de la Radiodiffusion, du Cinéma et de la Télévision.

Au-delà de l’enjeu culturel, la lutte est aussi économique. « La perspective que le français devienne l’une des premières langues parlées dans le monde constitue une opportunité majeure pour l’industrie des médias français », selon Jérôme Bodin, analyste chez Natixis. De grands groupes du secteur médiatique français, qui a connu des jours meilleurs, ont commencé à se développer en Afrique. Parmi eux, Canal Plus, Le Point ou encore Le Monde.

Si, sur l’économie numérique, « l’Afrique n’a pas encore la vitesse de croisière nécessaire », reconnaît Mactar Silla, directeur de la société gabonaise de conseils ACC, le dynamisme du secteur est incontestable. Ce constat fait dire à Jean-Paul Philippot, PDG de la RTBF que « Le saut technologique de l’Afrique, la comparera rapidement avec l’Asie ».

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COMMENTAIRES  

17/10/2014 23:10 par erwin

Je n’aime pas être uniquement critique envers les contributeurs du GS, mais là franchement je ne vois pas ce que cet article vient faire ici...
On est vraiment dans l’affirmation identitaire bête et méchante, chauvine et exclusive, face à la mondialisation : il faut faire une place la plus grande possible au français, non seulement face à l’anglais hégémonique, mais aussi face aux autres langues (notamment face au chinois et ses propres véléités dominatrices !)
Nous avons également affaire ici à un discours de la puissance de la France, de l’impérialisme français, de la colonisation culturelle et économique (à commencer par l’Afrique, bien entendu...) : l’avant-dernier paragraphe est à ce titre édifiant de conformisme LeMondiste (jusqu’à la fin de la lecture j’ai d’ailleurs cru qu’il s’agissait d’un article d’un média "main stream" que LGS "donnait à lire" pour mieux le critiquer). Répandons au maximum l’usage du français dans le monde afin que les multinationales de l’"information" de la mère patrie puissent faire exploser leur chiffre d’affaire, et ainsi la France et le français retrouveront les lettres de noblesse qu’ils n’auraient jamais du perdre, et la position dominante qui leur sied si bien !
La première partie de l’article est acceptable en tant que telle, mais elle ne fait en réalisté que préparer le terrain à ce discours de puissance.
Et l’internationalisme dans tout çà ?
"Prolétaires de tous pays", qu’ils disaient...

20/10/2014 22:43 par Yannis

Effectivement, un vrai chantier à lancer ! Le français continue d’être une langue prisée à l’étranger, pour des raisons d’esthétique, de culture, de puissance économique et surtout d’histoire. Je le constate tous les jours au Mexique, où j’enseigne le Français langue étrangère.

Un média réellement francophone qui dépasse le projet pariso-centré de France 24 par exemple, avec des participations de tous les pays concernés et des échanges d’actualité, des points de vue différents, oui c’est nécessaire. Aller consulter les journaux en ligne est assez fastidieux pour le grand public, il faudrait pouvoir proposer un journal en ligne type courrier international, complètement francophone, avec des articles non traduits.

Ce genre d’initiative manque cruellement, également en Europe ; à se demander si les grands groupes de presse ne craignent pas les comparaisons et les rapprochements entre les différents peuples européens.

Un sujet développé dans ce billet de blog : http://lapartmanquante.wordpress.com/2014/10/13/espoirs-grandeurs-et-deceptions-au-pays-des-mediapartiens/

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