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La lutte dégueulasse

Ce sont les grands historiens bourgeois du XIXe siècle qui ont mis au jour le concept de "lutte des classes" ; Marx et Engels n’en revendiquèrent nullement la paternité, seulement ils mirent en oeuvre ce concept de manière méthodique et éclatante dès « Le Manifeste » pour expliquer l’histoire "jusqu’à nos jours".
Ce que le marxisme, et à sa suite le léninisme, apportèrent de vraiment nouveau sur ce terrain, c’est le concept de la dictature du prolétariat, un sujet devenu tabou bien que nous vivions celle du capital.

Reconnaître la lutte des classes aujourd’hui n’a en soi rien de révolutionnaire, ni même de progressiste.
Les constats d’huissier appuyés sur des sondages d’opinion ne suffisent pas, même si les militants les plus résolus les agrémentent d’une saine agitation.

Parenthèse à propos de la petite phrase de M. J. Cahuzac ... et de la lutte des classes qui n’existerait pas et qui n’a pour lui jamais existé.

Ou les deux façons possibles de la prendre au sérieux .

Primo. Il s’agit pour cet éminent théoricien, placé devant "un spectre qui hante l’Europe" ("Le Manifeste" rappelons-le commence aussi par la fameuse phrase : "L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes"), d’exorciser ce spectre maudit : "le communisme".

Deuxième explication possible. La finance dont il est un larbin de deuxième classe a objectivement gagné la partie, elle a terrassé le travail, en grande partie grâce à la construction de l’UE . Comme ce sont toujours les vainqueurs qui réécrivent l’histoire, pour eux le vaincu n’existe évidemment plus. "Vae victis", Malheur aux vaincus ! Jules César.

Il s’agit bien pour nous de choisir entre ces deux interprétations, tout en nous rappelant que se réjouir de l’existence, voire de l’exacerbation de la lutte des classes pour essayer de garder le moral envers et contre tout ne suffit absolument pas.

Une lutte doit se gagner... Sinon cette fameuse lutte des classes est tout au plus un combat de catch dans lequel des compères amusent le public, quand ils ne font pas appel à un baron pour pimenter le spectacle.

Une lutte sans jamais de victoire à l’horizon ! C’est là que le bât commence à blesser, pardon aux camarades si ces mots donnent l’impression de les prendre pour des ânes.

Et la victoire éventuellement acquise quand même (par le vote sinon par l’opération de l’Esprit-Saint) et qu’il faudrait ensuite bec et ongles défendre, après le rêve on tombe en plein cauchemar...

Le passé et la théorie livrent quelques enseignements sur la question or, sur ce point, il ne s’agit plus du bât, mais carrément des oeillères : il est tellement plus confortable de ne pas vouloir savoir ou l’on va... pour ne pas avoir à y aller !

Ceci déclaré avec déférence à un parti résolument "moderne" et pétri de "démocratie interne", mais qui a fait table rase de tout le passé (hors son nom et sa commémoration non moins respectable de la mort de L. Aragon, paix à ses cendres), et de toute théorie.

Certes, il peut continuer à préférer avec la Marie-Rose la mort parfumée des poux (Robert Desnos), et par conséquent ne rien avoir à reprocher à ce titre : La lutte dégueulasse.

URL de cet article 18900
   
Roger Faligot. La rose et l’edelweiss. Ces ados qui combattaient le nazisme, 1933-1945. Paris : La Découverte, 2009.
Bernard GENSANE
Les guerres exacerbent, révèlent. La Deuxième Guerre mondiale fut, à bien des égards, un ensemble de guerres civiles. Les guerres civiles exacerbent et révèlent atrocement. Ceux qui militent, qui défendent des causes, tombent toujours du côté où ils penchent. Ainsi, le 11 novembre 1940, des lycées parisiens font le coup de poing avec des jeunes fascistes et saccagent les locaux de leur mouvement, Jeune Front et la Garde française. Quelques mois plus tôt, les nervis de Jeune Front avaient (…)
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Dans toute idée, il faut chercher à qui elle s’adresse et de qui elle vient ; alors seulement on comprend son efficacité.

Bertolt Brecht

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