LA POSSIBLE SURPRISE DES ELECTIONS EUROPEENNES.
En février 2009, le NPA était crédité de 10 % d’intentions de vote tandis que le Front de Gauche stagnait entre 3 et 5 %. Après des mois d’intense médiatisation de son leader, le NPA recule au profit du Front de Gauche. Selon un sondage Ifop du 11 mai, le NPA est désormais réduit à 7 %, à peine devant le Front de Gauche crédité de 6,5 %.
Cette évolution est probablement due au discours unitaire du Front de Gauche, contrastant avec le repliement du NPA dont l’électorat potentiel a perçu qu’il voulait, quoi qu’il en coûte, compter ses voix. Avec un socle de 10% au démarrage et des milliers d’adhésions, le rêve était permis. Et qu’importe si aucune espèce de majorité possible n’en résulterait. J’ai lu quelque part que le NPA préfère le dessin d’une mitraillette à un gros bâton.
C’est alors que le Front de Gauche a dit au NPA : « Venez tels que vous êtes, ne vous changez pas, c’est pour une urgence ». En réponse, le NPA a posé des conditions bloquantes, sans faire davantage la route avec L.O. qui fut naguère son alliée électoral et dont on serait surpris d’apprendre qu’elle est devenue social-démocrate.
Après le départ d’un de ses dirigeants qui fut de tous les combats (Christian Piquet) et qui a rejoint le Front de Gauche, on observe aujourd’hui de nouveaux remous à l’intérieur du NPA avec la création d’un courant autour d’un autre dirigeant (Yann Cochin) oeuvrant pour l’unité. En début d’année, dans l’euphorie née du désir d’un parti qui n’aurait plus rien de commun avec la LCR, le NPA a (dit-il) engrangé près de 10 000 adhérents. Lesquels ont rencontré un parti très parisien, masqué par son chef, replié sur lui-même : une LCR ripolinée qu’ils désertent désormais en masse.
La presse rapporte le soutien de Ken Loach à Olivier Besancenot. Elle devrait insister sur le fait que le cinéaste ajoute que « la création d’un petit parti d’extrême gauche aura le même effet que tous les autres, c’est-à -dire un effet nul » et qu’il précise « je ne veux pas être sectaire » et « Nous devons nous unir ». On croirait entendre Mélenchon, Piquet et Buffet appelant à voter pour un Front de Gauche incluant le NPA et LO.
Dans un sondage en ligne, 3863 lecteurs du Nouvel-Observateur ont donné leur avis
: Front national : 3 % - MPF-Libertas : 1 % - Debout la République : 3 % - UMP : 10 % - Modem : 10 % - Europe écologie : 10 % - PS : 19 % - Front de Gauche : 24 % - NPA : 8 % - L.O : 1 % - Abstention : 9 %.
Ce sondage n’a évidemment pas valeur de vote. Mais il montre que ce lectorat-électorat de gauche plébiscite les comportements unitaires. Il est clair que le Front de Gauche suscite des réponses à une attente et que, son déficit de notoriété s’amenuisant grâce à la campagne électorale, il rallie de plus en plus de citoyens sur son programme et sur la perspective qu’il ouvre : permettre au corps électoral de désavouer l’UMP et le PS.
S’il parvient à convaincre les électeurs déçus par le PS et ceux qui s’apprêtent à choisir l’abstention que le vote utile est le vote pour le Front de Gauche, il est possible qu’il provoque la surprise au soir du 7 juin et ouvre des portes pour l’avenir.
Le coup de tonnerre escompté (« renverser la table ») a vraisemblablement foiré dans la désunion d’une vraie gauche qui pouvait espérer au moins talonner le PS, voire plus avec les effets imprévisibles de la dynamique de l’union. Mais il est raisonnable d’espérer que le peuple de gauche enverra un message clair aux organisations qui prétendent parler en son nom, un message d’unité dans le respect des différences et de l’identité de chacune.
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Thomas Perrat