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Le combat des mères de jeunes partis en Syrie

C’était après les vacances de Pâques 2013. Une enseignante me téléphone, en larmes. Un de ses élèves, de 15 ans, n’est pas revenu à l’école. Il est parti en Syrie avec un autre camarade de l’école, d’un an son aîné. Les deux mamans sont effondrées. Elles cherchent désespérément de l’aide…

Depuis, quatre années ont passé. Pendant les deux premières, beaucoup de mamans ont vécu le même drame. Elles se sont rassemblées pour se soutenir, partager leur souffrance et tenter – souvent en vain – de sensibiliser les responsables politiques, policiers et médiatiques sur les départs de jeunes vers la Syrie. Leurs voix se sont perdues dans un silence assourdissant. Isolées, souvent même au sein de leur propre famille, de leur communauté religieuse ou d’origine, elles se sont battues comme elles le pouvaient, sans aucun moyen, pour empêcher d’autres enfants de partir.

Puis vinrent les attentats de Paris, le 13 novembre 2015. Le dimanche suivant, nous avions prévu de nous réunir avec des mamans pour saluer l’arrivée du premier livre d’une maman « Le bonheur est parti avec toi », de Samira Laakel, la maman de Nora. Nous étions heureuses de ce premier résultat de notre atelier de parole et d’écriture. En même temps, nous ne savions pas très bien comment annoncer ce livre, après les attentats. Nous ne savions pas non plus, douleur suprême, que le fils d’une de nos amies mamans, Fatima, s’était fait exploser ce même soir devant le stade de France. Fatima, qui, à l’exemple de Samira, avait commencé à écrire une longue lettre à son fils Bilal...

Les attentats ont tout changé.

Le boomerang de la guerre nous revenait en pleine face, sur le sol européen, et plus tard, ici à Bruxelles, le 22 mars 2016. Brusquement, tout le monde, dans les hautes sphères, s’est intéressé de près à la problématique des départs vers la Syrie. Tant que les jeunes mouraient là-bas, au loin, personne ne s’en souciait, malgré les appels incessants de leurs mamans. Les aides publiques se sont mises à pleuvoir sur tout qui s’autodéclarait « spécialiste en déradicalisation ». En même temps, nombre de mamans continuaient à subir les perquisitions, les interrogatoires, les tracasseries administratives. Des communes entières du croissant pauvre de Bruxelles ont connu les visites policières, près de 100.000 les deux dernières années ! Toute une communauté a été frappée de fait par la suspicion et le contrôle. La présence des militaires dans les rues est devenue une évidence que plus personne ne conteste...

La semaine passée, le Moniteur belge publiait une nouvelle liste de jeunes partis en Syrie, les désignant comme faisant partie d’une association terroriste, ce qui, d’office, place sur le même pied toute personne qui leur vient en aide, y compris leur famille. Plusieurs mamans, dont le fils est pourtant déjà décédé en Syrie, ont reçu des recommandés du SPF Finances au nom de cet enfant. Cet enfant que la commune a radié de son domicile et qui n’a officiellement plus d’adresse en Belgique, en retrouve subitement une... Une fois de plus, l’État retourne le couteau dans la plaie de ces mères, sans que cela n’ait aucune incidence sur la prévention des attentats.

Malgré toutes les embûches semées sur leur route, les mères continuent courageusement le combat, d’abord pour survivre, ensuite pour assumer l’éducation de leurs autres enfants et veiller au bien-être de la famille sur tous les plans. Souvent aussi pour visiter un autre enfant en prison, car être frère ou sœur d’un jeune parti en Syrie signifie un contrôle accru, des peines plus dures en cas de « bêtise », une surveillance de tous les instants.

Et les mamans continuent à écrire. « Á travers ses larmes », comme Fatima, parce qu’elles veulent envers et contre tout, dire leur amour de leurs enfants et par-dessus tout, mettre tout en œuvre pour que d’autres mères n’aient pas à subir cette épreuve.

Pas un jour ne passe sans que ces mamans se demandent ce qu’elles ont « mal fait » dans l’éducation de leurs enfants. Pour les avoir côtoyées depuis plus de quatre ans, je ne peux que leur répéter qu’elles n’ont rien « fait de mal », que le problème n’est pas à rechercher dans la famille ou l’éducation parentale, mais dans les crises profondes que ce monde traverse. Elles ne sont en rien responsables des attentats, qu’elles condamnent toutes de la même voix. Et au contraire, en menant leur combat incessant et peu apprécié, elles auront sans doute fait bien plus œuvre utile que pas mal de mesures soi-disant antiterroristes. Et elles, elles n’en tirent aucun profit financier, seulement beaucoup de fatigue...

Mettre fin aux guerres sans fin

Quant à nous, qui assistons de l’extérieur à toutes ces souffrances, celles de la guerre, des attentats et de tous leurs dommages collatéraux, ce que nous avons à faire, plus que jamais, est de nous mobiliser contre les guerres que nos pays mènent, depuis plus d’un quart de siècle maintenant, contre le monde arabe et musulman. Car ce terrorisme n’est que le retour de manivelle d’un terrorisme de bien plus grande envergure, celui des États, initié par le premier embargo et la première guerre du Golfe, en 1990-1991. Le début, ont dit certains, d’une guerre de cent ans contre le Tiers Monde. Pouvons-nous faire le pari que cette prévision était trop pessimiste ? Allons-nous trouver les forces pour reconstruire un mouvement de la paix qui mette fin à ces guerres sans fin ?

Au complexe militaro-industriel qui se nourrit de la guerre, s’est ajouté aujourd’hui celui de la sécurité, une nouvelle source infinie de profits exorbitants. Selon Richard Labévière, le secteur de la surveillance humaine en France pourrait d’ici 2021 dépasser en nombre d’hommes celui des policiers et gendarmes réunis, soit 250.000 hommes. Et de conclure : « Ainsi, le terrorisme et ses réponses antiterroristes sont devenus un secteur économique à part entière très porteur. La violence elle-même est devenue une marchandise très rentable » .

Inutile de dire que, face à l’explosion des profits générés par les guerres et les luttes antiterroristes, le combat pour la paix et la justice a encore un long chemin à parcourir. L’exemple de ces mamans est en tout cas une puissante source d’inspiration pour nous y lancer, quoi qu’il en coûte. Si chacune ou chacun qui aura lu leurs paroles s’y engage, leur souffrance recevra enfin une reconnaissance sociale. Et peut-être pourrons-nous aussi un tant soit peu la soulager.

Nadine Rosa-Rosso
16 juillet 2017

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