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Le défilé des prophètes laïcs

« Le monde a besoin de plus de Canada. Le monde a besoin de plus de pays comme le Canada ! » Bono 

« La pauvreté est sexiste ». Justin Trudeau

« Je l’admets, je suis un peu obsédé par les engrais. À vrai dire, c’est leur rôle qui me fascine, pas leur utilisation. J’assiste à des réunions où les engrais constituent un sujet de conversation des plus sérieux. » Bill Gates 

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Les secouristes du monde 

La philanthropie ne date pas d’hier. Mais elle est bouillante et bouillonnante aujourd’hui, grâce... aux nouveaux riches, ce 1% qui détient d’immenses fortunes. Et ils sont "actifs"... Ainsi a-t-on vu passer à Montréal Bono et Bill Gates louangeant la grandeur et la générosité du Canada. On aurait dû dire, du gouvernement canadien. En réalité, ce sont les classes moyennes canadiennes qui paient pour cette générosité bémolement volontaire. Au Canada , il faut six mois de travail pour payer ses impôts et ses taxes sous toutes les formes. J’ai calculé : bientôt il faudra un an. Il arrive alors des penseurs qui pansent les trous des budgets. On "ramassera des fonds", on donnera. "C’est à 30 ans que j’ai décidé de rendre à la société ce qu’elle m’a donné", dira Gates. Pourquoi pas ? Même la pollution planétaire se règle par une taxe... Tous au théâtre de la vie et le mot de carbone ! ( oublions Cambronne,

Béni bonnet Bono 

« Je suis fan de [Justin Trudeau]. Je suis fan du Canada ! », a lancé en français le chanteur et philanthrope Bono ce matin à la conférence du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui se conclut aujourd’hui au centre-ville de Montréal. « Le monde a besoin de plus de Canada. Le monde a besoin de plus de pays comme le Canada ! », a-t-il répété, sous les applaudissements. Bono, La Presse

Éradiquer la pauvreté et les maladies

Bill Gates a des ambitions qui pourraient occuper toute une armée de "spécialistes" du monde : éradiquer la pauvreté, éradiquer les maladies, pour un monde meilleur.(1). Le programme est plus grand que l’homme. Au XXe siècle on a éradiqué un bon nombre de maladies du XIXe siècle. Mais il en est apparu d’autres au XXe siècle. Et voilà qu’il en apparaît de fort étranges au XXe siècle. Ce qui nous rappelle une vieille recette de l’ONU des années 80 et 90 de l’autre siècle : celui où à peu près tout le monde est né : éradiquer la pauvreté. Nous en sommes, avec tout ce programme chargé, à éradiquer les pauvres, mais pas la pauvreté.

Pour éradiquer la pauvreté, il ne suffit pas de donner de l’argent, mais de trouver ce qui crée cette pauvreté et en dissoudre la racine.

Capitalisme ? Mister Gates doit en savoir un bon bout... Depuis quand le capitalisme règle-t-il la pauvreté ?

Mais le capitalisme ne peut pas à lui seul résoudre tous les problèmes des plus pauvres. Conséquence : l’innovation née de ce système peut en fait creuser le fossé qui sépare riches et pauvres. J’ai vu de mes yeux à quel point cet écart était important lorsque j’ai visité un bidonville à Durban en Afrique du Sud en 2009. Voir les latrines à ciel ouvert a été un brutal rappel à la réalité : non, la plomberie moderne ne va pas de soi. Et pendant ce temps, 2,5 milliards de personnes à travers le monde n’ont pas accès à des installations sanitaires dignes de ce nom, problème en lien direct avec les 1,5 millions d’enfants qui meurent chaque année. ( Mon programme pour un monde meilleur, Bill Gates ) (1)

Le Nicolas Flamel de la merde 

Bill Gates va jusqu’à tester une machine qui transforme les excréments en eau potable et en électricité. Certains politiciens pourraient bien être avalés par la machine. Ou les féculents flatulents de Wall Street. Ça soulagerait la misère humaine. Pour voir la vidéo et Mister Gates , ou Water Gates, tester la machine, cliquez ICI.

C’est fort intéressant tous ces gadgets pour améliorer le sort de l’humanité. J’ignore le nombre d’inventeurs qui ont créé des machines énergie-libre, mais les machines ne sont toujours pas en fonction. Souvent, les inventeurs disparaissent dans des accidents de voiture. Il faudrait interdite aux inventeurs de conduire... Ce sont des cerveaux "dans la lune" qui ne se rendent pas compte que le volant est le voleur. Plusieurs se seraient même auto-assassinés... C’est des menteries de conspirationnistes.

 Les friandises des pauvres 

On peut maintenant éteindre la lumière de sa lampe de chevet en applaudissant des mains. Clip ! Fermé. Clip ! Ouvert. Le technologie des appareils intelligents, c’est la friandise du pauvre. Le pauvre pas trop pauvre... Tout de même ! Mais il peut maintenant acquérir ses bonbons en empruntant. El crédit est là ! (sic).

Après les chrétiens qui ont semé Jésus en Amérique du Sud, au Canada, partout où les soutanés pouvaient se rendre, on l’a fait. Maintenant on sème une laïcité électronique du Big, de l’électronique qui prend place sur tous les appareils ménagers. Bientôt, on aura une puce intégrée à notre animal de compagnie pour contrôler ses humeurs selon nos désirs. Le chat veut sortir ? Tout le programme à distance pour qu’ils sorte à 00h30 ou à 13h40. Un chat sans problème... La super pavlovation. On dirait qu’on se dirige ( manière de parler...) vers un mode de savoir commun pour le bienfait de l’humanité. À en croire le programme de M. Gates, un militant de Daesh pourrait comprendre un hyper capitaliste qui s’enrichit au Canada, qui avoue avoir être obsédé par les engrais (4).

 On peut être riche et philanthrope sans vraiment ne rien comprendre à la dynamique du monde qui nous a mené à ce Grand Canyon de la pauvreté et du 1% qui "décide" ce que nous serons demain par un programme éducation du Socle commun de compétences et de connaissances que veut mondialiser Bill Gates. Ça ressemble étrangement à un gouvernement mondial aux citoyens zombies, monoculturés. Le citoyen est déjà un consommateur, dans un monde dans lequel on aura plus d’écrans que d’amis réels.

Le parler des deux miroirs 

Fascinés par le Canada ? On notera que le Canada est le pays qui a le plus encouragé les investissements offshore. 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Canada favorise de mille manières les détenteurs de fortune et les entreprises cherchant à contourner son système fiscal et ses lois. Pour ce faire, il a largement contribué à créer les paradis fiscaux des Caraïbes à partir des années 1950. Sous l’impulsion de banquiers, juristes et hommes politiques canadiens, ces législations se sont converties en des États de complaisance dont certaines comptent aujourd’hui parmi les plus redoutables du monde. Un ancien ministre canadien des Finances a développé le modèle offshore des Bahamas. Un avocat de Calgary, ancien bonze du parti conservateur, a structuré aux Îles Caïmans des lois rendant opaque le secret bancaire. Le gouvernement du Canada a fait de la Barbade le havre fiscal de prédilection des entreprises canadiennes. Aujourd’hui, le Canada partage son siège dans les instances de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international avec un collectif de paradis fiscaux de la Caraïbe britannique. Inévitablement, le Canada s’est trouvé dominé par ses propres créatures. Le voici à Halifax ou à Toronto liant ses destinés avec des institutions des Bermudes, quand le gouvernement fédéral n’en est pas à signer un accord de libre-échange avec le Panama, repaire mondial des narcotrafiquants. Cela, sur fond de rumeur persistante d’une annexion directe au territoire canadien de législations de complaisance telles que les Îles Turques-et-Caciques. Les échappatoires qu’il prévoit au profit des sociétés justifient à l’étranger des délocalisations vers chez lui, exactement comme s’il s’agissait du Luxembourg ou de Belize. Ce livre porte sur ces dérives qui, de la fin du XIXe siècle à aujourd’hui, font structurellement du Canada un paradis fiscal. (3) La médiocratie, Alain Deneault.

On dirait maintenant que les miroirs se regardent entre eux. Ça dépasse le Frankenstein de Mary Shelley : on veut créer une créature mono-penseuse à la limite de la robotique qui a l’avantage d’être guérie à grands coûts... par des laboratoires pharmaceutiques qui vendent à coûts grands. On se miroite narcissiquement jusqu’à la moelle.

Sauver les peuples par les aspirateurs à richesses 

Cette trilogie pays-affaires-philo, est une fable ajoutée au problème complexe de la mondialisation par la libéralisation des marchés. Mais c’est aussi une imbécillité navrante : le roi engage un "non" Robin des Bois pour soulager la misère des pauvres qu’il a volés ou empoisonnés. On peut aller plus loin en disant que la magie de la chimie va éradiquer les maladies d’ici 2030, ainsi que la richesse concentrée va finir par ruisseler sur les peuples. (Ruisseler est l’expression de M. Deneault).

De par la recette de ces nouveaux Jésus, on dirait que l’inventeur de l’aspirateur veut sauver la poussière... Devinez-en la raison !

Il y a là une contradiction vicieuse : les ignorants riches ne savent vraiment rien de la source de la pauvreté de ce monde, ni de la complexité de son TRONC. Dès les débuts de l’humanité, les marchands avaient une influence si énorme sur les dirigeants qu’ils ont modifié et structuré l’histoire de l’occident. (6) Il est apparu par la suite les premiers mégalomanes qui se sont depuis tricoté des idées pour continuer de tricoter le destin de l’humanité.

Dupont et Dupond : le cerveau atrophié monolithique 

Dans ce cheptel de gargarisés, de prétentieux, de prétendus ouverts d’esprit, avez-vous noté que personne n’a remarqué qu’il manquait des pièces à ce "monde à sauver" ? On ne parle pas trop des pays asiatiques ou de l’Islam, ni de l’Amérique du Sud. On en parle, mais en terme de guerre, ou d’une pauvreté "continue". Comme si c’était la sauvagerie actuelle qui pique l’Occident comme une guêpe. Ainsi parlait Muhammad Ali... L’exclusion ou l’amnésie, ou l’ignorance de la complexité et de l’hautainisme occidental montre l’ignorance même de la tête que devrait recouvrir le chapeau de Mister Gates. Sorte de mister Chance qui se veut le jardinier de la Terre.(8)

Il est écrit dans la bible, lévitique 26:1 : " Vous ne vous ferez point d’idoles, vous ne vous élèverez ni image taillée ni statue, et vous ne placerez dans votre pays aucune pierre ornée de figures, pour vous prosterner devant elle ; car je suis l’Eternel, votre Dieu."

Peu importe les écrits de la bible ou de tout autres textes se présentant comme vérité" La vrairité est que nous sommes pris sur cette planète avec 7 milliards d’habitants et des armées de libres-échangistes prêts à nous piller des doigts de pied jusqu’à l’âme. Gourous, prophètes, ou preachers barbouillés de la cervelle jusqu’à vouloir piloter l’Air Force One. Pauvres nous ! C’est nous les sauveurs ! Nous avons le droit de marcher dans les rues avec des pancartes, mais nous payons pour nous nous faire matraquer.

Le dollar ne pourra jamais réparer les dommages du dollar. La permanente avidité aura cancérigéné la matière, le vivant et la soi-disant intelligence supérieure dont nous nous targuons de posséder. Nous consommons maintenant des dieux laïcs. Puisque nous sommes ce que nous mangeons, nous nous sombrons dans un ultime cannibalisme planétaire.

Bon appétit !

Gaëtan Pelletier

 

  1. Mon programme pour un monde meilleur, Bill Gates.
  2. Teach Common Sense not Common Core, Dr Dr. Ileana Johnson Paugh
  3. La médiocratie, Alain Deneault, LUX, Lettres libres, 224 p, 2015. 
  4. Le socle commun de connaissances et de compétences.gouv.fr
  5. ALAIN DENEAULT, PARADIS FISCAUX : LA FILIÈRE CANADIENNE. BARBADE, CAÏMANS, BAHAMAS, NOUVELLE- ÉCOSSE, ONTARIO..., MONTRÉAL, ÉCOSOCIÉTÉ, 2014, PDF, Pascale Cornut Saint-Pierre.
  6. Une brève histoire de l’humanité, Chris Harman, La découverte, 2011, 736 p.
  7. Quarante milliardaires américains s’érigent en grands philanthropes, Le Monde 
  8. Bienvenue mister Chance.  Pour rappeler que Chance prend part à l’entretien ( avec le président des États-Unis) et ce avec un tel naturel que ses phrases, distillées comme des proverbes de sagesse mais, en réalité, orientées « jardinage », vont être prises pour de véritables oracles ; il va ainsi devenir la coqueluche du pouvoir et des médias.

 

 

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Abrégé du Capital de Karl Marx
CAFIERO, Carlo
« Le capitalisme n’est et ne sera pas là de toute éternité. » Cet Abrégé, rédigé en 1878, nous livre l’essentiel de l’analyse contenue dans le Livre I du Capital de Karl Marx. Ce compendium de la critique du système capitaliste - « où ce ne sont pas les moyens de production qui sont au service du travailleur, mais bien le travailleur qui se trouve au service des moyens de production » - a été rédigé à destination d’un public populaire. Écrit dans un style simple et sans l’appareil (…)
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