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Le lobby cubain aux USA ( 1 ) : interview de Robert Menard

Titre : "LE LOBBY CUBAIN AUX ETATS-UNIS DE 1959 A NOS JOURS"

par Salim LAMRANI

- Travail effectué dans le cadre d’un DEA CIVILISATION NORD-AMERICAINE ET LITTERATURES POST-COLONIALES EN
ANGLAIS.

Avec son autorisation, quelques extraits seront envoyés avant
publication de l’intégrale sur le site de CSP.

* * * *

INTERVIEW DE ROBERT MENARD

1. Pourriez-vous nous rappeler quelle est la mission de Reporters Sans
Frontières ?

Ecoutez, nous on s’occupe de défendre les journalistes emprisonnés
dans le monde et on lutte contre les atteintes à la liberté de la presse. On
le fait dans tous les pays du monde. Le dernier rapport de Reporters Sans
Frontières traite 156 pays. Alors des fois ça va des choses qui paraissent,
qui sont anodines ou pas très importantes jusqu’à des pays où il n’y a
aucune liberté de la presse. Donc on fait ce travail de dénonciation. On
fait pression sur les gouvernements qui se rendent responsables de ces
exactions. On fait pression sur les instances internationales qui sont
susceptibles, elles aussi, de faire pression sur ces gouvernements qui
violent la liberté de la presse et, deuxième volet de l’action de Reporters
Sans Frontières, on apporte une assistance matérielle aux journalistes et
aux médias victimes de cette répression. Voilà en gros ce qu’on fait.

1. Quelle est la priorité de Reporters Sans Frontières en Amérique
latine ?

Les priorités de Reporters Sans Frontières en Amérique latine, ce sont
les pays où il y a le plus de problèmes. Un des pays les plus dangereux du
monde, les deux pays où il y à le plus de journalistes tués sont l’URS., la
Russie et la Colombie. Donc évidemment, une de nos priorités c’est la
Colombie avec comment faire en sorte qu’il y ait moins de journalistes tués.
Ecoutez, il y en a eu une centaine en une dizaine d’années. Donc, c’est une
de nos priorités. La deuxième priorité, c’est évidemment Cuba. Aujourd’hui,
Cuba a le triste privilège d’être le pays du monde où il y a le plus de
journalistes emprisonnés puisqu’il y en a trente à l’heure qu’il est. Donc
on est mobilisés et puis c’est le pays d’Amérique latine où il n’y a aucune
liberté de la presse puisque dans la Constitution, il est précisé qu’il faut
être au service, et la communication avec elle, au service du socialisme. C’
est un pays où, pour avoir un ordinateur, il faut une autorisation de l’
Etat, où il n’y a aucun média indépendant. Les seuls médias qui tentent d’
être indépendants, c’est la presse catholique avec les aléas que vous
connaissez plus ou moins. Ca dépend des périodes d’ouverture. Après la venue
du pape, il y a eu une période plus ouverte. Ca l’est d’autant plus cette
priorité qu’il y a aujourd’hui une période de répression. On a l’impression
que depuis deux, trois mois, il y a une période de glaciation.

2. Et comment expliquez-vous cela ?

Ecoutez, j’en sais rien. Comment j’explique. c’est une dictature
vieillissante avec quelqu’un qui vieillit aussi, qui vit sur le mode
paranoïaque. La situation économique est catastrophique. Alors est-ce que
pour ressouder les gens on a besoin de retrouver les boucs émissaires ? Mais
c’est vrai qu’on retrouve dans la rhétorique de M. Fidel Castro aujourd’hui
des propos qu’on ne trouvait pas il y a un an. Expliquer que les Etats-Unis
menacent d’envahir de nouveau l’île, qu’il faut re-défendre le socialisme,
le socialisme et la mort et tout ça. Il faudrait qu’il demande aux Cubains
si vraiment ils préfèrent la mort ou le socialisme, qu’ils préfèrent mourir
que de ne pas adopter le socialisme. Je ne suis pas sûr qu’on leur ait
demandé leur avis. Et puis le projet. comment il s’appelle.la liste Vale.

3. Varela.

Le projet Varela, je pense que ça a été comme une espèce de coup de
tonnerre dans un ciel. Quand même, qu’il y ait plus de 10 000 personnes qui
signent un texte. Ce n’était pas rien, il voyait que la dissidence était
peut-être moins marginale qu’il n’y parait. Et puis je crois. je ne sais
pas, il y a une partie d’irrationnel qui tient à ce que.je ne sais pas, nous
on l’a dit mais je ne sais plus trop si vrai. Moi, j’ai pensé au début que
Fidel Castro. vous savez, qu’il pouvait faire. vous savez 78 personnes
arrêtées d’ un coup et condamnées à des peines de prisons comme ça, c’est la
première fois qu’une vague de répression importante arrive depuis des
années. Est-ce qu’il a cru qu’au moment où tout le monde avait les yeux
tournés vers l’ Irak, il pouvait faire un mauvais coup comme ça ?

4. Je crois savoir que les procès avaient débuté avant la guerre en
Irak et .

Oui un peu avant et tout ça. Les arrestations ont eu lieu juste un peu
avant mais attendez, j’aurais dit oui s’il n’y avait pas eu les trois
condamnation à mort et les exécutions. Parce que l’a il s’est foutu à dos
des gens y compris des intellectuels qui étaient des amis du régime cubain.
Et donc je ne sais pas, je pense qu’il y a un raidissement mais vous savez,
il y a une part d’irrationnel dans la conduite des Etats.

5. Vous ne pensez pas qu’il y a une hostilité des Etats-Unis qui fait
que le régime cubain prend de telles dispositions ?

Pffff. Une hostilité aujourd’hui des Etats-Unis plus qu’il y a
quelques années, je ne suis pas sûr. Honnêtement, je ne crois pas que le
souci des Etats-Unis aujourd’hui soit Cuba. L’arrivée de M. Bush à la tête
de l’Etat, évidemment, dans l’absolu, c’est un raidissement. Mais je ne
crois pas., je crois que c’est de la rhétorique de croire qu’aujourd’hui une
des cibles de M. Bush pourrait être Cuba. Honnêtement, je crois que ce n’est
pas le souci.

6. Il y a eu récemment une déclaration de Jeb Bush, le frère de
l’actuel président, qui disait qu’après l’Irak, Cuba serait la prochaine
cible.

Ecoutez, si on prend les propos de tous les responsables américains,
il y en a qui aurait.

7. Il s’agit quand même du frère du président.

Oui mais enfin, je ne crois pas que., je crois que c’est de l’ordre du
fantasme. Aujourd’hui, on n’en est pas là .

8. Laissez-moi vous rappelez que la seule manifestation en faveur de
la guerre en Irak a eu lieu à Miami et a été organisée par les exilés.
Etaient présents notamment les deux congressistes très influents Ileana
Ros-Lehtinen et Lincoln Diaz-Balart et le slogan était le suivant : « l’Irak
aujourd’hui et Cuba demain ».

Attendez, que la communauté de Miami rêve de se débarrasser de Fidel
Castro, un, ça ne vous étonnera ni vous, ni moi. Deux, je dirai même que
c’est leur rôle. Au contraire, il me semble paradoxalement cette dernière
année, dans cette communauté qui est - plus jusque-boutiste on a du mal à 
trouver - quand même il y avait, en ce qui concerne l’embargo, une position
plus assouplie. C’est-à -dire, moi j’ai vu - enfin je ne suis pas spécialiste
de Cuba - mais j’ai entendu tout un tas d’amis cubains qui vont de temps en
temps à Miami et qui m’ont fait état de « Tiens, on a l’impression qu’ils
réfléchissent un peu mieux, qu’ils se rendent compte à quel point l’embargo
c’est l’aubaine de Fidel Castro ». Si les Américains avaient voulu trouver
le plus grand service qu’ils voulaient rendre à Fidel Castro, c’est l’
embargo. L’embargo ça fonctionne comme, vous savez, un espèce d’épouvantail.

9. Attendez, il y a eu quand même des répercussions sur l’économie
cubaine !

Oui mais enfin, attendez, on peut vivre sans faire du commerce.
Attendez quarante ans après c’est pas l’explication du désastre économique
que représente aujourd’hui M. Fidel Castro. Ce n’est pas l’embargo !

10. Ca explique beaucoup quand même, d’éminents organismes.

Ca, c’est la rhétorique castriste. Je crois que ça explique peu et que
c’est marginal. Je crois surtout que c’est un très bon argument pour M.
Fidel Castro. Moi, - ce n’est pas le problème dont on va discuter mais -
quand on me demande à titre personnel ce que je pense, je dis évidemment il
faut supprimer l’embargo. Non, car sur le principe, je suis contre les
embargos car je ne crois pas que c’est la bonne solution, et surtout, de ce
point de vue là . mais on l’a vu en Irak comment c’est utilisé par des
régimes autoritaires pour expliquer leur gabegie, pour. cela ne les touche
pas eux. Je ne crois pas que M. Fidel Castro et son entourage soient
vraiment touchés par l’embargo, je crois que c’est le peuple cubain qui est
touché par l’ embargo

11. Quelle est la situation de la presse indépendante à Cuba ?
Est-elle substantielle et vraiment indépendante ? Ou n’est-elle qu’un outil
de la FNCA et de Washington ?

Ecoutez, d’abord la presse indépendante à Cuba, elle n’existe pas. Il
existe des agences de presse mais il n’y a pas de presse indépendante à 
Cuba. Il y a une centaine de journalistes.non, non, non attendez.
indépendants à Cuba qui font de l’information qu’on retrouve ensuite sur des
sites Internet, ou à Miami ou dans d’autres médias. Voilà ce que c’est. Y’a
pas de presse indépendante à Cuba parce que c’est impossible. Aujourd’hui on
ne peut pas faire un journal. y’a De Cuba qui est sorti il y a quelques
mois - c’était la première fois - un numéro est sorti et malheureusement son
initiateur a été condamné à vingt ans de prison. Je vous ferai remarquer que
même en URSS, durant les temps les plus durs de l’URSS, il y avait des
journaux indépendants qui circulaient sous le manteau. Il n’y en a jamais eu
à Cuba. Pour vous dire à quel point c’est un régime policier. La deuxième
chose, attendez, oui, qu’il y ait eu à l’intérieur de ces journalistes
indépendants, comme dans tout régime totalitaire qui se respecte, des
mouchards, des taupes et des indicateurs de police, évidemment ! Et que le
régime cubain où il y a un délateur par maison, soit capable d’investir des
organes et des agences de presses indépendants, cela ne fait pas l’ombre d’
un doute. C’est une presse qui fait son travail dans des conditions
difficiles. C’est une presse qui d’abord, comme dans tous les pays
autoritaires et tota., totalitaire, Cuba est un pays totalitaire. Dans un
régime totalitaire, la presse est très liée à la position. Vous avez
beaucoup de mal à expliquer à des gens qui vivent dans des régimes comme ça
qu’il faut faire du journalisme indépendant et pas du journalisme d’
opposition. Depuis un an, un an et demi, il y a eu une amélioration de la
qualité journalistique, ce qui est reconnu. Ecoutez, le nombre d’articles
qui sont repris dans la presse internationale, ces gens de la presse
indépendante cubaine qui sont cités par la presse internationale, ce qui
traduit que cette presse internationale , qui ne serait pas intéressée par
des articles signés que par des opposants. Le fait qu’ils les reprennent
marque une amélioration. Quant à dire qu’elle est manipulée par les uns et
les autres, c’est une absurdité. Nous avons plus de liens avec la presse
indépendante cubaine que le gouvernement des Etats-Unis.

12. Que s’est-il passé à Cuba durant les mois de mars et avril ?
Pourriez-vous nous rappeler les faits ?

Vous le savez. Donc l’arrestation de dissidents dont 26 journalistes.
Des condamnations après des procès invraisemblables où les avocats ont été
saisis la veille, où le jour du procès, ni les diplomates internationaux, ni
les étrangers, ni la presse internationale n’ont pu assister au procès. Le
quartier où se déroulait le procès était quadrillé. Comme argument, comme je
vous disais tout à l’heure, on avait comme arguments les flics qui avaient
investi. qui avaient été investis dans les milieux de la presse d’opposition
et tout ça. Des procès iniques qui ne respectent aucune règle du Droit
international que Cuba s’était engagée à respecter mais qu’elle ne respecte
pas. Donc, des procès iniques et des condamnations d’une lourdeur
invraisemblable. A partir de là , je pense que, malheureusement pour Fidel
Castro et heureusement pour la démocratie à Cuba, je crois que cela est en
train de faire réfléchir un certain nombre de gens, y compris d’
intellectuels latino-américains qui étaient des amis du régime cubain, qui
sont en train de prendre des distances parce que là je crois que c’est la
goutte d’eau qui fait déborder le vase.

13. Vous faites allusion à Eduardo Galeano et José Saramago.

Oui, voilà Saramago et un bon nombre de gens qui étaient vraiment des
compagnons de route, au sens large du terme, de Fidel Castro et qui, aujourd
’hui, ne comprennent pas et ne veulent pas accepter ça.

14. Lors de votre intervention sur France Inter le vendredi 2 mai
2003, vous aviez déclaré que 26 journalistes avaient été condamnés à des
peines très lourdes allant jusqu’à 20 années de prison. Je crois savoir que
sur les 78 personnes condamnées, desquelles 37 sont considérées comme
journalistes indépendants par la presse internationale, seules 4 personnes
avaient une formation de journalistes.

Et alors ? Le plus grand journaliste chinois était le gardien du zoo
de Pékin. Ca lui enlève ses qualités de journalistes ? Aucunement ! Voilà ,
ma réponse est là . Evidemment que ce ne sont pas des journalistes de la
presse officielle. Il n’y en avait que quelques uns, Raoul Rivero qui a
travaillé dans la presse officielle cubaine. La plupart, ce sont d’autres
gens qui font d’autres choses et qui se reconvertissent au journalisme.

15. Seulement 14 d’entres elles avaient fait des études
universitaires.

Et alors ?

16. Mais peut-on être journaliste sans avoir un niveau universitaire ?

Dieu merci oui ! Je vous rappelle que dans tous les pays démocratiques
que pour être journaliste, il n’y a besoin d’aucun diplôme.

17. Je crois savoir que la présidente de l’association des
journalistes indépendants, une femme âgée de 82 ans, était un agent de la
Sécurité de l’Etat Cubain depuis 1962 et que les preuves étaient flagrantes.
Ont-ils été arrêtés pour avoir violé la loi ou pour leurs idées politiques ?
Comment expliquer vous ces arrestations si ces personnes ne représentaient
pas un danger pour Cuba ?

Ecoutez, ça j’en sais rien. Il faut le demander à Fidel Castro.

18. Je crois savoir que ces « dissidents » ont reçu plus de 280 000
dollars de la part de Cuba Free Press, qui est la vitrine médiatique de
l’extrême droite cubaine qui a financé de nombreux actes terroristes contre
Cuba.

Je ne sais pas ce que c’est la Cuba Free Press.

19. . et 775 000 dollars de la Freedom House qui est la vitrine de la
CIA. Est-ce qu’une personne qui reçoit de l’argent d’un Etat ennemi

Parce que Freedom House, c’est un Etat ennemi ?

20. Non, Freedom house, c’est la vitrine de la CIA

Ce n’est pas vrai, c’est du baratin. Vous connaissez Freedom House ?
Vous les connaissez ? Donc vous ne dites pas la rhétorique cubaine qui dit
que.

21. Ce n’est pas de la rhétorique cubaine, d’éminents.

Vous voulez que j’appelle le patron de Freedom House et que vous lui
disiez qu’il est la vitrine de la CIA ?

22. Attendez, ce n’est un secret pour personne, d’éminents historiens
étasuniens l’ont démontré.

Attendez, attendez. Vous répétez des choses que.ce ne sont pas
forcément mes amis mais je trouve tellement insultant que vous disiez à 
quelqu’un, sans que vous ayez l’ombre d’une preuve. Qui est le patron de
Freedom House ?

23. Je n’en ai aucune idée ?

Qu’est que Freedom House ?

24. C’est une entité créée tout au début de la guerre froide si je ne
m’abuse, et était censé faire de la propagande anticommuniste.

Vous vous trompez, vous ne savez pas ce que c’est et vous faites
attention ! M. Shuchman qui est le président de la Freedom House est un
monsieur respectable qui est attaché aux droits de l’homme. Donc vous
laissez ce genre de propos à la presse cubaine mais ici vous n’êtes pas un
agent cubain et.

25. Mais je ne l’ai pas appris auprès de la presse cubaine, d’
éminents.

Alors vous le laissez aux imbéciles, vous vous renseignez et vous
faîtes votre boulot, vous êtes étudiant. Vous appelez Freedom House, vous
faîtes votre travail sur Freedom House et après vous dîtes. vous ne pouvez
pas dire des choses pareilles. Vous comprenez, je les défends parce que ce
sont des gens avec qui je ne suis pas d’accord. Mais parce que je ne suis
pas d’ accord avec eux, je n’accepte pas qu’on dise des choses infamantes.
C’est infamant de dire ça ! Qu’est ce qui vous permet de dire un truc pareil
 ?

26. Mais vous le trouvez dans des .

Ce n’est pas parce que vous avez lu des imbécillités qu’il fait les
prendre pour argent comptant. Il faut faire attention. Freedom House, ce
sont des gens qui se battent depuis des années pour la liberté dans le monde
entier ! ! Lisez leur dernier rapport ! Vous avez lu leur dernier rapport ?
Vous voulez que je vous donne leur dernier rapport ?

27. Mais d’éminents historiens ont présenté la Freedom House comme
étant financé par la CIA.

Vous croyez qu’ils épinglent que Cuba ? Vous voulez que je vous dise
ce qu’ ils racontent sur d’autres pays. Il faut arrêter ! Ce n’est pas
possible de dire ça ! Ce n’est pas vrai ! Je ne suis pas d’accord avec eux.
On peut dire qu’on n’est pas d’accord sans en faire immédiatement des agents
de la CIA ! J’ai lu dans Granma, ce grand journal, que j’étais un agent de
la CIA.

28. Pensez-vous que l’hostilité des Etats-Unis et son désir de
renverser à tout prix la révolution cubaine puissent favoriser l’émergence d
’un climat démocratique à Cuba ?

Qu’est ce que cela veut dire. Il faudrait applaudir Cuba pour dire que
cela va favoriser le développement de la démocratie ?

29. Pensez-vous que le gouvernement cubain est en position de tolérer
une presse dissidente à 150 kilomètres de Miami quand l’on sait ce qui est
arrivé au Chili en septembre 1973 avec Salvador Allende et au Venezuela en
avril 2002 avec le coup d’Etat contre Chavez ?

Qu’il ait été organisé, qu’il était soutenu par les médias, cela ne
fait pas l’ombre d’un., par des médias. Il y a un certain nombre de médias
qui sont proches de M. Chavez. Est-ce que.c’est terrible ces jugements à l’
emporte-pièce. Que des médias aient organisé le coup d’Etat contre M. Chavez
contre toutes les règles de déontologie professionnelle, à Reporters Sans
Frontières, on l’écrit, on le dénonce.Attendez, on est raisonnable dans la
vie, vous êtes dans un endroit, ici, où on est raisonnable. On ne peut
condamner les gens sans .comment vous dire..qu’est ce que je peux vous dire.
Je suis en désaccord complet avec la politique de M. Castro, je n’insulte
pas M. Castro.

30. Mais je n’ai insulté personne !

Quand vous dites un certain nombre de choses comme ça, c’est
insultant. Vous ne diriez pas ces choses devant ces gens là . Vous le diriez
 ?

31. Evidemment ! Et je citerai même les historiens qui.

Attendez, il y a plein d’historiens qui disent des bêtises. Lisez des
livres différents et faites attention. Un peu de prudence.

32. Revenons-en aux événements du 24 avril 2003. Que s’est-il passé à 
l’ambassade de Cuba ?

Ecoutez, je l’ai raconté 2 000 fois. Je suppose que vous le savez,
vous avez besoin que je vous le redise ?

33. J’ai la version de l’ambassade et j’aimerais bien avoir la votre.

On est arrivé devant l’ambassade avec une trentaine de personnes de
Reporters Sans Frontières accompagnées d’intellectuels. On a sonné à la
porte, j’ai sonné à la porte en demandant à remettre une lettre à Fidel
Castro à l’ambassadeur. On nous a pas répondu et donc j’ai dit que
symboliquement, on allait fermer l’ambassade pour que les gens ne puisse pas
sortir. On a fermé les portes de l’ambassade avec une chaîne en fer et un
certains nombres de militants de Reporters Sans Frontières se sont accrochés
à la grille. Les gens de l’ambassade sont sortis, ont cassé les chaînes.
Jusque là y’a rien à dire, et là , armés d’un certains nombre d’objets, ont
tapé sur les militants de Reporters Sans Frontières, des cameramen, des
journalistes qui n’étaient pas de Reporters Sans Frontières, comme des
voyous. Et au milieu d’eux, l’ambassadeur en personne. Une plainte a été
déposé parce que le rôle d’un Ambassadeur ce n’est pas d’inciter les gens
autour de lui à taper sur les autres. Je rappelle à l’ambassadeur de Cuba qu
’il n’est pas à Cuba, qu’il est en France, et qu’en France y’a des règles de
droit qui s’applique y compris aux Cubains. Voilà . [Le mardi 20 mai 2003, l’
association Reporters Sans Frontières a été suspendue pour une période d’un
an du Comité des Organisations Non Gouvernementales, organe du ECOSOC chargé
de superviser le travail des ONG qui jouissent de relations consultatives
dans le domaine économique et social des Nations unies, suite aux agressions
qu’elle a perpétrée contre l’ambassade de Cuba en France et contre l’Office
de Tourisme cubain, représentant ainsi un événement sans précédents qui
démontre la gravité des faits]

34. Pourquoi le point de vue cubain est-il censuré par les médias
français. Aucun journal n’a publié une seule ligne de la conférence de
presse du ministre des affaires étrangères cubain Felipe Perez Roque donné
le 14 avril 2002. Pas une ligne on plus n’a été publiée suite à la
conférence de presse donné par l’ambassadeur de Cuba en France, Eumilio
Caballero Rodriguez le 18 avril 2002. N’est-ce pas là aussi une atteinte à 
la liberté d’expression ?

Parce que ça peut être d’aucun intérêt.

35. Mais là cela concernait les événements à Cuba quand même !

S’il n’a rien à dire, si ça n’intéresse personne, les médias n’en
parlent pas. Il y a des dizaines de conférences de presse à Paris dont
personne ne parle.

36. Mais il s’agissait quand même du point de vue des Cubains sur les
arrestations. Ou est-ce que les Cubains n’ont pas le droit à la parole. Il
me semble que tout le monde peut parler des événements à Cuba sauf les
Cubains.

Un communiqué a été envoyé à la presse, j’en ai eu un. Peut-être que
les gens estimaient que ça suffisait.y’a pas de censure. On est dans un Etat
démocratique. On n’est pas à Cuba où dès que le pouvoir parle, la presse
écrit tout ce que le pouvoir dit. Ici, les journalistes sont libres de
parler ou de ne pas parler. Il y a des amis dans la presse, des gens proches
de Cuba. Il faut demander au Monde Diplomatique. Peut-être que ce n’était
même pas intéressant pour les amis de Cuba, plutôt les amis du régime
castriste.

37. Pourquoi à votre avis, la presse occidentale est-elle restée
complètement silencieuse sur l’affaire des cinq prisonniers cubains
condamnés à de très lourdes peines aux Etats-Unis, après un procès dénoncé
par la International Association of Democratic Lawyers, le National Jury
Project et le National Lawyers Guild et par 31 membres du Parlement
Britannique, pour avoir infiltré des groupuscules terroristes de Floride ?

Je ne connais pas cette affaire.

38. Peut-on dire à un paysan colombien ou mexicain qu’il vit dans une
démocratie et à un paysan cubain qui vit sous un régime tyrannique si l’ on
prend en compte la problématique économique et sociale de l’Amérique latine
 ?

Absolument ! En termes de droits, exactement ! Ce qui ne veut pas dire
que le paysan colombien ou mexicain n’a pas de problème de pauvreté. C’est
autre chose. En terme de droit, ils peuvent s’exprimer comme les Cubains ne
peuvent pas.

39. Attendez, prenons le cas du Guatemala où 50% de la population est
analphabète. N’est-il pas hypocrite de parler de liberté d’expression dans
ce cas.

Ils ont des handicaps pour s’exprimer mais légalement ils ont plus de
liberté que les Cubains. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute.

40. Les opposants parlent de « transition » du régime cubain ; Ne
serait-ce pas un euphémisme pour « renversement » du gouvernement cubain ?

Ca, il faut leur demander. Moi, je ne suis pas un opposant cubain

41. Un dernier message peut-être ?

Oui, à vous. Moi je n’ai rien à dire sur Cuba. Aujourd’hui, pour
Reporters Sans Frontières, le problème n’est pas le régime. Cuba a pris des
engagements en termes de droits de l’homme et Cuba ne les respecte pas.
Nous, on s’occupe d’un droit de l’homme qui est la liberté d’expression. On
ne se prononce jamais sur la situation générale à Cuba. Ca ne nous regarde
pas. Sur ce terrain là , c’est le pays au monde où il y a le plus de
journalistes emprisonnés, et c’est un pays du monde où il y a le moins de
liberté de la presse. C’est la seule chose que je constate et à partir de
là , on essaye de faire évoluer cette situation dans le bon sens.

42. Merci beaucoup.

Source : CUBA SOLIDARITY PROJECT

http://cubasolidarite.fr.st

"Lorsque les Etats-Unis sont venus chercher Cuba, nous n’avons rien
dit, nous n’étions pas Cubains."

- Reporters Sans Frontières & Cuba : Voir le dossier de Cuba Solidarity Project

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