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15 commentaires

Cinq questions/réponses sur les élections présidentielles à Cuba

1. Qui est le nouveau Président cubain et comment a-t-il été élu ?

Il s’agit de Miguel Díaz-Canel, né le 20 avril 1960, soit un an après l’avènement de la Révolution cubaine, et il est âgé de 58 ans. Après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur, il a enseigné à l’Université central de Las Villas à partir de 1985. En 1994, il est élu Premier secrétaire du Comité provincial du Parti communiste de la province de Villa Clara. Il y acquière rapidement une réputation de cadre modeste, travailleur et intègre. Dix années plus tard, en 2003, il occupe la même fonction dans la province d’Holguín. Son bilan positif et la reconnaissance des habitants de la région lui permettent d’intégrer également le Bureau politique du Parti communiste cubain en 2003. De 2009 à 2012, il occupe la fonction de Ministre de l’Enseignement supérieur. En 2012, il fait son entrée au Conseil des Ministres au poste de Vice-président en charge de l’éducation, la science, le sport et la culture. En 2013, il est élu par le Parlement cubain Premier Vice-président des Conseils d’Etat et des Ministres, qui est la plus haute fonction après la Présidence de la République.

Miguel Díaz-Canel est Président de la République de Cuba depuis le 19 avril 2018. Il a été élu, au suffrage indirect, par les 605 députés du Parlement cubain, Président du Conseil d’Etat et Président du Conseil des Ministres pour un mandat de 5 ans. Il cumule à la fois les fonctions de Président de la République et de Chef du gouvernement. Il succède ainsi à Raúl Castro, au pouvoir de 2006 à 2018, et devient le premier dirigeant né après le triomphe de la Révolution à occuper la plus haute fonction du pays.

2. Pourquoi les élections présidentielles sont-elles indirectes à Cuba ?

Pour arriver au pouvoir, Miguel Díaz Canel a d’abord dû être élu au suffrage direct, universel et secret comme député du Parlement cubain. Il a ensuite été élu par le Parlement à la tête du Conseil d’Etat et du Conseil des Ministres, c’est-à-dire à la Présidence de la République.

Les Cubains sont convaincus que, pour ce qui est des élections présidentielles, le suffrage indirect est plus démocratique. En effet, il est matériellement impossible pour un Président de la République élu au suffrage direct de rendre des comptes aux électeurs, si ce n’est de façon symbolique. En revanche, si le Président est élu par le Parlement, comme c’est le cas dans de nombreux pays occidentaux comme l’Espagne ou le Royaume-Uni, celui-ci peut exercer un contrôle sur le chef du pouvoir exécutif. Il est ainsi beaucoup plus aisé d’exiger des comptes au Chef d’Etat, qui se présente devant le Parlement pour défendre son action et répondre aux questions de la représentation nationale. En outre, un Président élu au suffrage indirect sera moins sujet au sentiment d’omnipotence qui caractérise parfois ceux qui revendiquent une légitimité directe de tout le peuple. Un Président élu par un Parlement dispose de moins de pouvoir qu’un Président élu directement par le peuple.

3. Fidel Castro et Raúl Castro ont-ils dirigé le pays depuis 1959 ?

Contrairement à une idée reçue, la Cuba révolutionnaire, c’est-à-dire post-1959, a connu pas moins de cinq présidents de la République. Manuel Urrutia a été le premier à occuper cette fonction de janvier à juillet 1959. Osvaldo Dorticós a pris la relève de juillet 1959 à décembre 1976. Ensuite, après l’adoption de la nouvelle Constitution de 1976, Fidel Castro a occupé le poste de Président de la République de 1976 à 2006, se soumettant au suffrage tous les cinq ans. Suite à son retrait de la vie politique en 2006 pour des raisons de santé, soit deux ans avant la fin de son mandat, Raúl Castro, alors Vice-président du Conseil d’Etat et du Conseil des Ministres, a pris la relève jusqu’en 2008, comme le prévoit la Constitution. De 2008 à 2018, Raúl Castro a été élu Président de la République et a effectué deux mandats successifs. Durant son second mandat, il avait fait part de sa volonté de ne pas se représenter, souhaitant limiter la durée des mandats exécutifs à dix ans maximum. Cette mesure devrait être intégréé dans la prochaine réforme constitutionnelle. Ainsi, Miguel Díaz-Canel est élu Président de la République jusqu’en 2023, avec la possibilité d’effectuer un nouveau mandat jusqu’en 2028.

Si l’importance de Fidel Castro dans l’Histoire de Cuba est indéniable, parler de la Cuba des frères Castro est inexact sur le plan politique. Fidel Castro a occupé la Présidence de la République pendant 30 ans, après avoir occupé la fonction de Premier Ministre pendant 17 ans. De son côté, Raúl Castro a été Président de la République pendant 12 ans. Aucun autre membre de la fratrie Castro n’a occupé de poste exécutif à Cuba. Fidel Castro a eu sept enfants et Raúl Castro, quatre. Aucun d’entre eux n’a jamais occupé une quelconque fonction au sein du gouvernement.

Pour ce qui est de la longévité au pouvoir, à titre de comparaison, François Mitterrand a été Président de la République française pendant 14 ans. Felipe González a été chef du gouvernement espagnol pendant 14 ans. Angela Merkel, la Chancelière allemande, une fois son quatrième mandat achevé en 2021, aura passé 17 ans à la tête de l’Allemagne.

4. Peut-on parler d’élections démocratiques alors qu’il y a un parti unique ?

A Cuba, contrairement à d’autres pays du monde, le Parti communiste n’est pas un parti électoral. Il ne propose pas de candidats aux élections. La législation cubaine est formelle à cet égard. Seuls les électeurs peuvent proposer les candidats aux élections municipales, provinciales et législatives. Il est donc formellement interdit au PCC de présenter un quelconque postulant à une élection. Le procédé est le suivant : avant les élections, les citoyens se retrouvent lors d’assemblées publiques au sein des circonscriptions pour proposer les candidats. Pour chaque élection, il faut au moins deux candidats et au maximum huit. Une fois choisis par la base, les candidats voient leur CV affichés au sein des circonscriptions. Les campagnes électorales sont strictement interdites. Pour les élections municipales, provinciales et législatives, le suffrage est universel et secret.

Les Cubains sont convaincus que leur système est plus démocratique que ceux de nombreux pays occidentaux. Leur point de vue est le suivant : en France, par exemple, où existe un système multipartite, dans l’immense majorité des cas, quelle que soit les élections, ce sont les partis politiques qui désignent les candidats. Ainsi, les citoyens français ont le choix entre les différents postulants désignés par les divers courants politiques. Or, en France, moins de 5% des citoyens sont membres d’un parti politique et ont donc la possibilité de désigner leur candidat. Ainsi, 95% des électeurs n’ont aucune possibilité de participer à la désignation des candidats pour les différentes élections, leur choix se limitant à opter pour telle ou telle figure désignée par les partis politiques.

5. Quelle est la composition du nouveau Parlement cubain ?

La composition du nouveau Parlement cubain est globalement représentative de la société cubaine et de sa diversité ethnique et sociale. Tout d’abord, la participation électorale a été de 85%. Ainsi, près de 50% des députés (293) ne sont ni membres du Parti communiste ni de l’Union des jeunesses communistes. Contrairement à une idée reçue, n’est pas membre du PCC qui en émet le simple souhait, bien au contraire. Pour intégrer le PCC, il faut être proposé par un membre et passer par un long processus de sélection. L’idée selon laquelle tous les Cubains auraient l’obligation d’être membres du PCC relève du fantasme. Sur les plus de 8 millions d’électeurs à Cuba (sur une population totale de 11,2 millions d’habitants), seuls 800 000 sont membres du PCC, soit à peine 10% des électeurs. Si l’on ajoute les 400 000 membres de l’Union des jeunesses communistes, cela fait un total de 1,2 millions de personnes, soit 15% des électeurs. Ainsi, 85% des électeurs ne sont pas membres du PCC ou de l’UJC.

Plus de 53% (322) des députés sont des femmes. Plus de 56% (338) des députés intègrent le Parlement pour la première fois. L’âge moyen du Parlement est de 49 ans et 13% des élus (80 députés) ont entre 18 et 35 ans. Près de 90% des députés sont nés après 1959. Plus de 40% sont noirs ou métis. Le Président du Parlement cubain, Esteban Lazo, est noir. Ana Maria Mari Machado, une femme, occupe la Vice-présidence. Le secrétariat du Parlement est également dirigé par une femme, Miriam Brito.

Salim LAMRANI

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

 https://www.humanite.fr/cinq-questionsreponses-sur-les-elections-presidentielles-cuba-654219
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COMMENTAIRES  

25/04/2018 10:44 par CN46400

605 députés soit un pour 18 000hab (1/100000 hab en France) qui, hors élection de l’exécutif, siègent à tour de rôle et conservent donc leur emploi (à temps partiel).. (vrai ou faux ?)

25/04/2018 12:18 par Ellilou

Merci pour tous ces éclaircissements qui ne sont jamais donnés par aucun "grand média". Je rentre d’un séjour de 15 jours à Cuba où, de La Havane à Santiago de Cuba, j’ai pu voir la beauté du pays, des paysages et du peuple. Viva Cuba !

25/04/2018 14:18 par Jean-Sébastien L.

Cinq questions/réponses, ça nous change des « 50 choses à savoir… », procédé par lequel cet auteur découpe habituellement en tranchesdes informations basiques pour des articles saccadés tuant toute réflexion et analyse.
L’auteur est aussi le seul qui fait systématiquement suivre sa signature de ses titres. Au risque parfois de faire rougir son directeur de thèse et de dévaluer l’université. D’autant plus qu’on pourrait attendre d’un docteur de la Sorbonne moins de fautes de français : « l’Université central … Il y acquière … quelle que soit les élections…. ». Passons sur le pléonasme : « il cumule à la fois… » et arrêtons-nous sur une information erronée : En France, « 5% des citoyens sont membres d’un parti politique et ont donc la possibilité de désigner leur candidat. Ainsi, 95% des électeurs n’ont aucune possibilité de participer à la désignation des candidats pour les différentes élections, leur choix se limitant à opter pour telle ou telle figure désignée par les partis politiques ». C’est évidemment faux pour les présidentielles puisqu’il existe (existait) des primaires auxquelles pouvait participer qui voulait, primaires organisées par les partis dominants sur le plan électoral. 100% des électeurs avaient donc la possibilité de désigner un candidat. Certains électeurs de droite ont d’ailleurs voté à des primaires "de gauche" (et vice versa) pour en influencer le résultat dans un sens qui leur paraissait utile pour le candidat de leur coeur.

25/04/2018 14:38 par Maxime Vivas

Je confirme ce qui a été dit sur : quote>« 5% des citoyens sont membres d’un parti politique et ont donc la possibilité de désigner leur candidat. Ainsi, 95% des électeurs n’ont aucune possibilité de participer à la désignation des candidats pour les différentes élections… »
Cette information est discutable. Il y a les primaires (PS, LR), même si ce n’est pas une panacée, comme on l’a vu. Quant aux autres partis, qui ne se prêtent pas au jeu des primaires, il est dangereux de réduire leur influence et leur légitimité à leur nombre d’adhérents sans tenir compte de leur poids électoral, de leur nombre d’élus, de leur influence sur les esprits, de leur capacité à susciter de grands mouvements de masse. Donc, le raisonnement qui oppose inorganisés et membres d’une organisation est bien trop proche des attaques d’une droite qui dit, par exemple, que les syndicalistes, minoritaires, ne sont pas représentatifs. Si l’on compare le nombre d’adhérents de la CGT au nombre de travailleurs et si l’on tient ce critère comme déterminant, la CGT n’a aucune légitimité à négocier, à signer des accords… A la limite, un pouvoir fort à la Le Pen la qualifierait de « groupuscule » qui prend le pays en otage à chaque grève.
Ces remarques n’infirment pas une réalité : le système électoral cubain est celui qui convient à Cuba. Il leur a été imposé par l’Histoire. Cuba, qui est le seul pays au monde à subir la présence d’une base militaire ennemie sur son territoire, est contrainte à l’unité sans faille.

25/04/2018 18:19 par depassage

Je ne suis pas un fan des analyses de Salim Lamrani comme je n’aime pas les analyses chiffrées. Les analyses chiffrées sont très exigeantes pour ne pas les voir comme une arnaque qui sert à convaincre sans rien démontrer. C’est du même ordre à peu près que celui des prix des marchandises. Quand on affiche sur une marchandise un prix de 2,99 euros, il y a de quoi rester perplexe parce qu’une telle précision paraît comme une évaluation précise au centième près, alors qu’il est impossible de faire une évaluation précise de n’importe quelle marchandise tellement le nombre de facteurs qui interviennent dans son évaluation sont nombreux et subjectifs pour une grande part.

Le fait même d’essayer de comparer le pouvoir cubain à des régimes (c’est intentionnel) européens est en soi un défi, tellement les différences sont criardes. Le faire, c’est faire le jeu des propagandistes occidentaux qui jugent le monde à la hauteur de leurs nombrils, c’est-à-dire à la hauteur de leurs intérêts bien compris et seulement de cela. Et tout ce qui ne rentre pas dans cette optique est nécessairement mauvais. C’est pour cette raison qu’il existe des gens qui ne se préoccupent jamais du sort de leurs voisins, mais se préoccupent du sort des enfants syriens* par exemple et les pleurent à chaudes larmes sans les connaitre ni d’Ève ni d’Adam.

Comme tout le monde fait dans la fantaisie, je ne vais pas m’en priver. Il faut savoir que, dans tous les pays, il existe des minorités agissantes et des masses plus préoccupées par leur quotidien que par le reste, minorités qui sont toutes animées par des idéologies. Certaines idéologies sont basées sur l’intérêt général plus ou moins affirmé. Certaines, sur des idéologies d’emprunts par l’aspiration d’être l’autre en enviant la vie des Américains par exemple. Certaines encore, sur l’intérêt particulier, mais comme l’intérêt particulier dépend des autres, il faut aliéner les autres pour les aligner sur son intérêt, idéologies multimillénaires.

Ce sont ces dernières idéologies (au pluriel parce qu’elles sont d’inspirations diverses et non pas parce qu’elles sont différentes dans leurs contenus) qui sont dominantes en Occidents. Pour qu’elles se maintiennent et maintiennent les systèmes en place qui sont très bénéfiques d’ailleurs à leurs adeptes, on élève des politiciens comme on élève des poules dans un poulailler, et le tour est joué. Après toutes libertés est donné à un discours balisé qui est beaucoup plus bas que le discours du pouvoir cubain pour le moment parce que l’appel des sirènes risque de le détourner de sa trajectoire, en plus des contraintes qui le poussent à abdiquer.

*C’est une insulte qui frôle la démence.

25/04/2018 19:44 par Assimbonanga

Le MEDEF est un groupuscule. Pernicieux.

26/04/2018 00:39 par act

« Cuba, qui est le seul pays au monde à subir la présence d’une base militaire ennemie sur son territoire, »
La base US de Guantánamo est un des sommet de l’arrogance (et de la puissance) capitaliste, la situation est unique particulièrement en "temps de paix" mais il y a aussi l’Argentine ou la Chine. Sans oublier la Syrie, la Palestine, la République Arabe Sahraouie Démocratique et j’en oublie probablement.
BàV.

28/04/2018 12:13 par Dominique

@ depassage

Je ne pense pas que ce soit faire le jeu de l’ennemi que de décrire une partie importante du système politique cubain. Par exemple peu de gens savent que la PC cubain, le seul parti politique de l’île, n’a pas le droit de nommer des candidats ni même celui de prendre parti pour tel ou tel candidat. Par contre savoir cela ne permet pas de comprendre à quoi sert le PC cubain et cet article ne le dit pas.

Le rôle du parti communiste cubain est de provoquer et d’organiser des débats d’idées. Ainsi, les réformes économiques adoptées lors de son dernier congrès furent le fruit d’intenses discussions qui durèrent plus d’une année. Le PC fit un ensemble de propositions qui furent discutées lors d’assemblées publiques au sein des circonscriptions. Tout citoyens pouvait participer à ces discussions, faire des propositions ou proposer de modifier les propositions existentes. Les résultats de ces discussions remontèrent au parti communiste qui en fit une synthèse et un deuxième tour de discussions dans les circonscriptions fut organisé. Ce processus a continué pendant une année et demi (si mon souvenir est bon) entre les circonscriptions et le parti. Ce n’est qu’après que ce processus de discussion et de mise au point des réformes que celles-ci furent proposées au congrès du parti où elles furent plebiscitées.

Après il y a une foule d’autres choses qui pourrait être dites. Par exemple quand le comité de la sécurité d’une entreprise découvre un problème, les travailleurs concernés sont mis immédiatement au chômage technique. Cela permet de régler rapidement le problème car il est alors dans l’intérêt de l’entreprise de le régler. Faudra dire ça aux cheminots. Où si une association locale de taxidermistes découvre un problème environnemental, elle dispose du pouvoir de prendre des décisions et des mesures pour le régler.

29/04/2018 00:41 par depassage

Non, je ne suis pas en désaccord avec vous . Et c’est même pour les raisons que vous évoquez que j’ai écrit : le fait même d’essayer de comparer le pouvoir cubain à des régimes (c’est intentionnel) Européens est en soi un défi, tellement les différences sont criardes.

29/04/2018 17:37 par Dominique

En Suisse nous avons un mécanisme un peu similaire pour nommer l’exécutif fédéral c’est-à-dire le conseil fédéral. C’est le parlement qui élit en son sein ses 7 membres. Les différences sont qu’une fois élus au parlement comme au conseil fédéral, personne ne peut les limoger quelques soient les décisions qu’ils prennent, que le parlement suisse n’est qu’un organe législatif et que donc le conseil fédéral jouit de plus de pouvoir que les ministres, vices-président et président cubain, et que ce sont les partis qui choisissent leurs candidats. Une des conséquences est que le premier parti de chaque élection est, comme en France et beaucoup d’autres démocraties, celui des abstentionnistes.

Après nous avons, comme en France, une banque nationale qui est plus préoccupée par la santé des banques que par celle du pays et de ses institutions. Le taux d’intérêt négatif qu’elle prélève est un gigantesque aspirateur de toute l’épargne du pays, à commencer par les retraites. La gauche propose des réformes qui ne serviront jamais à rien car elle n’ose pas s’en prendre à la cause, la politique financière de la BNS et ses taux d’intérêts négatifs. Elle participe donc à l’enfumage général. Les riches s’en fichent, ils n’ont pas d’épargne mais des actions en bourse et dans l’immobilier, actions qui ne sont pas touchées par ces taux d’intérêts négatifs. J’ai une chanson qui parle entre autre de ça et les réactions qu’elle suscite me montre que bien des gens ont mieux compris ce problème que la gauche.

Pour comprendre cette collaboration de la gauche tous partis confondus, sans remonter aux internationales et leurs divisions, il suffit de dire que la gauche, après une année et demi de battage médiatique de la droite et de la presse, a signé son arrêt de mort médiatique et donc son arrêt de mort idéologique à la fin des années 70 en acceptant d’interdire l’extrême-gauche. Or il y avait la LMR qui avait un journal, la brèche, dans lequel elle dénonçait systématiquement les sales magouilles de la droite. Et comme même les socialistes le lisait, la presse mainstream ne pouvait pas faire autrement que d’en parler.

L’extrême-droite fut interdite en même temps, mais vu ses moyens financiers et ses relais dans les médias (Blocher, après avoir fait fortune en coulant Alusuisse, s’est diversifié entre autre dans les médias), elle s’en est sorti beaucoup mieux que la droite. Pour preuve, le premier parti de Suisse est l’UDC. En pratique c’est le parti des pires des industriels et surtout des plus spéculatives des banques, son discour anti-immigration ne sert qu’à camoufler cela tout en s’assurant que tous les racistes du pays vont voter pour eux. De plus, après des décennies de flou artistique sur l’entité sioniste, l’UDC ne se gêne plus aujourd’hui pour être à l’avant-garde des soutiens de la colonisation de la Palestine. Quand à la gauche, mise à part la grande majorité des anarchistes et une partie des communistes, personne n’y soutien le peuple palestinien, je pourrais même dire les peuples en général, ceci car l’internationalisme tout comme l’anti-impérialisme ne sont le plus souvent dans leur programme qu’une coquille vide sans répercussion pratique gênante pour le système. Bref, c’est pas mieux qu’en France, peut-être même pire car le consensus propre au système suisse ne favorise pas les discussions sans à-priori. Comme en France de plus en plus de gens sont laissés de côté (3% de chômage mais plus de 18% de pauvres) ou même s’ils ne le sont pas, ont de plus en plus de peine à boucler les fins de mois et considèrent que la politique n’a aucun intérêt car elle est dévoyée.

30/04/2018 17:16 par depassage

J’ai beaucoup de sympathie et d’admiration pour le peuple de la Suisse. C’est un peuple des montagnes et des plateaux, qui a su s’adapter à son milieu, mais en même temps l’Europe, par sa situation géographique et son relief, l’avait confiné dans un rôle qu’il n’avait pas demandé ou voulu. L’Europe a fait de la Suisse son coffre-fort qui est devenu le coffre-fort du monde entier ou presque sans que le peuple Suisse puisse s’en mêler. La suisse est bien un cas particulier.

01/05/2018 23:03 par Dominique

Je suis d’accord sur le rôle de coffre fort de la Suisse. Mais les principaux paradis fiscaux bancaires aujourd’hui sont anglo-saxons et étasuniens. Par contre la Suisse est un paradis fiscal pour les riches qui y résident où qui y font des affaires, par exemple Monsanto qui a sont siège à Morges est simplement exonéré d’impôts.

Quand au peuple suisse, Victor Hugo disait qu’il trayait paisiblement ses vaches. à voir car la Suisse était alors un des pays les plus pauvres d’Europe. Pendant des siècles beaucoup de paysans suisses servirent comme mercenaires dans les armées étrangères. Ils ne le faisaient pas par conviction politique mais pour pouvoir nourrir leurs familles. Aussi nous n’avons pas eu de révolutions en Suisse, les nobles se sont fait bourgeois. On prend les mêmes et on recommencent. C’est toujours vrai aujourd’hui, la Suisse est une vieille histoire de famille. C’est bien quand l’économie va bien car il y a assez de miettes pour tout le monde, mais aujourd’hui ce n’est plus vrai, il y a 18 % de pauvres en Suisse, c’est-à-dire de gens qui même s’ils travaillent, doivent avoir recours aux services sociaux. La Suisse suit la même tendance que les autres pays riches : une offensive tout azimut de la droite et une gauche qui est l’ombre d’elle-même. Ce qui donne les mêmes résultats, pauvreté grandissante, gentrification des villes, inégalités croissantes, un système de plus en plus totalitaire, le tout rythmé par la pub omniprésente. Je dirai plutôt que le peuple suisse est un peuple de moutons. Après il faut se méfier des généralités car partout on trouve des gens biens et des cons, le problème est de savoir qui est au pouvoir, et en Suisse comme dans beaucoup de pays ce sont les cons.

02/05/2018 16:10 par Romain

Synthèse intéressante de Salim Lamrani mais qui comporte quand même quelques inexactitudes :
1) Si les électeurs cubains nomment bien leurs candidats lors d’assemblées de nomination au niveau local, cela ne vaut que pour les élections municipales ; pour les élections provinciales et nationales, c’est un système un peu plus complexe des "commissions de candidatures" ( commissions composées de représentants des organisations sociales) qui "pré-sélectionnent" les candidats et soumettent leur présélection aux assemblées municipales fraichement élues, celles-ci arrêtant une sélection définitive à raison d’UN candidat par siège à pourvoir ( chaque municipalité envoyant au minimum deux députés à l’Assemblée nationale). C’est une nuance de taille, même si je ne considère pas cela comme forcément moins démocratique qu’une élection "compétitive" biaisée comme chez nous.
2) Même si le PCC ne présente pas de candidats, un des critères de sélection pour être sélectionné comme candidat est quand même d’appartenir au Parti, si bien qu’environ 90% des membres de l’AN sont membres du PCC ou de l’UJC. Salim Lamrani confond le pourcentage de députés membres du PCC et celui de députés issus directement des assemblées municipales ( 293, soit 47,4% des députés). A noter que ces chiffres sont disponibles sur Granma.

Je précise que je ne poste pas pour polémiquer stérilement mais je pense qu’une solidarité efficace avec Cuba commence par une bonne compréhension du système cubain, qui est à mon sens perfectible comme l’a dit Raul, mais qui est pour l’instant marqué par une forme de "démocratie consensuelle" ; le but n’étant pas de désigner des démagogues au parlement, mais des militants révolutionnaires consciencieux.

02/05/2018 16:24 par juan

je vous invite tous à lire dans l’humanité dimanche du 19 au 25 avril page 34 et 35 un entretien entre une journaliste de HD et Christophe Ventura conseiller de JLM chercheur faisant parti de mémoire des luttes , 2 pages
je cite mot pour mot C V : quels sont les freins au bon développement de ces réformes économiques ? CV il existe plusieurs facteurs conjugués. D’abord , les pesanteurs administratives, les lenteurs bureaucratiques qui font que l’octroi de licences n’a pas été aussi vite que la planification l’avait prévu
l’évolution de la politique de Washington sera déterminante sur la politique intérieur cubaine, y compris sur les questions liées au pluralisme et aux droits de l’homme , chères aux opposants du régime !!!
HD nos es facil ce n’est pas facile catte phrase conclut toutes les conservations à Cuba . le peuple n’est il pas désespéré , à force de carences ?
CV je ne sais pas s’ils sont si désespérés . Ce qu’ils sont prêts à laisser de côté ou non .
pas un mot sur les conséquences du blocus , pas un mot sur le blocus , à la lecture de l’entretien c’est l’économie cubaine qui n’est éficiente , plus fort encore la journaliste de HD ajoute du piment à l’entretien aujourd’hui , le fossé se creuse entre ceux qui ont accès au CUC, la monnaie des touristes
je pense que CV a besoin de découvrir , de connaître Cuba on a le droit de ne pas savoir ça coûte rien de le dire !
j’ai téléphoné bien sûr à l’humanité ce matin à travers une conversation courtoise
j’ai expliqué que CV aurait pu dire qu’il manquait au environ 1 million de logements , qu’il manque un nombre très important de bus pour les travailleurs pour se rendre au travail chaque jour , conséquence du blocus
la CUC est une monnaie qui permet d’établir monsieur Ventura la balance des paiements de Cuba ce qui entre et ce que sort du pays en matière de devise ,
CV aurait pu dire que nombre d’entreprises étrangères ne peuvent faire des échanges commerciaux avec Cuba et bien non camarade ce sont les droits des opposants qu’il faut parler ( mon nombril à moi)
oui ça me fait chier ce type d’entretien provocateur , peut être que CV ne sait pas que la bureaucratie permet de freiner des flibustiers en affaire qui tentent d’arriver à Cuba avec des projets lucratifs que pour eux ! oui je sais je ne suis pas chercheur ...
que doit penser des lecteurs qui n’ont pas pu aller à Cuba faute de temps ou de moyen financier

21/06/2018 09:43 par Danael

correction : varient

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