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Le pain des autres

« Dans mon village, en Provence, pour la nouvelle année, le 1er janvier, tout le monde offrait toujours un cadeau à tout le monde. Devine un peu ce que cela pouvait être ?

Rémi cherche :
— Acheter des cadeaux pour tout un village... Il faut beaucoup d’argent. Les gens étaient donc riches ?

Mamé dit en riant :
— Mais non, en ce temps-là, nous avions bien peu d’argent et personne dans le village n’achetait de cadeaux. Il n’y avait même pas de magasins, comme aujourd’hui.
— Alors vous les fabriquiez, les cadeaux ?
— Pas vraiment !
— Alors, comment faisiez-vous ?
— C’était très simple. Écoute... Autrefois chaque famille faisait son pain. Il n’y avait pas l’eau courante dans les maisons. Alors on allait en chercher à la fontaine sur la place du village.

Et le 1er janvier, tôt le matin, à peine la nuit finie, la première personne qui sortait de chez elle posait un pain frais sur le rebord de la fontaine, pendant que sa cruche se remplissait d’eau. Celle qui arrivait après prenait le pain et en déposait un autre à la place pour la suivante et ainsi de suite...

Comme cela, dans chaque maison, on mangeait un pain offert par quelqu’un d’autre. On ne savait pas toujours par qui, mais je t’assure que le pain nous semblait bien bon parce que c’était comme un cadeau de l’amitié. Les gens qui étaient fâchés pensaient qu’ils mangeaient peut-être le pain de leur ennemi et c’était un peu comme une réconciliation. »

Extrait de Le pain des autres de Michèle Lochak, avec des images de Monique Touvay, paru en 1980 au Père Castor. Une chouette histoire pour les gosses à partir de cinq-six ans. Qui enseigne une fraternité toute simple. Qui te rend heureux pour le reste de la semaine.

L’équipe du Père Castor s’est réfugiée à Meuzac durant la seconde guerre mondiale et y a laissé de belles traces pendant les décennies suivantes comme Lois dau Lemosin, pitit paisan dau secle XIX, un album de la collection Enfants du monde.

La Médiathèque du Père Castor est en pleine campagne à quelques kilomètres de l’autoroute Orléans-Toulouse. Elle dispose, outre ce qui est commun à toutes les bonnes bibliothèques, du fond et des archives de cet éditeur. Un bel arrêt sur le chemin des vacances. Pendant que Partageux junior fouille dans les bacs de bandes dessinées, je plonge dans les rayons d’albums du Père Castor et découvre des pépites qui ne sont plus éditées comme Le pain des autres. On partage les piles de livres avec une dame, qui, comme nous, n’est pas du coin et est venue tout exprès pour ce rayon.

Dans notre société qui accorde tant de place à la course au profit, au bénéfice, à la cupidité, il reste des îlots de gratuité. Pas de « retour direct sur investissement » pour une médiathèque, qu’elle surplombe le lac de Meuzac aux confins de la Haute-Vienne et de la Corrèze ou qu’elle soit sise au centre d’une grande ville ! Et on ne trouve même pas d’esprit chagrin pour râler que c’est de la charité. Que c’est une dépense, dont on se passerait bien, pour ces salauds de pauvres. Que le partageux, ce salopard, c’est mes sous à moi qu’il veut partager !

Non, tout le monde sait que la médiathèque sert à tout le monde, riche ou pauvre, fin lettré ou lecteur occasionnel, écouteur de musique ou regardeur de vidéo, retraité lisant le journal en blaguant avec ses copains ou écolier à la recherche de documents pour préparer un exposé, dévoreur de bandes dessinées ou intéressé par une œuvre ne se trouvant plus qu’en bibliothèque. Une médiathèque, c’est un bien commun financé par tous au bénéfice de tous dont personne ne remet l’existence en cause.

Partageux

Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom ni sa ville pour qu’on ne puisse les reconnaître. Partageux, c’est une définition personnelle de la gauche. Simple. La gauche, c’est toujours se soucier d’abord des plus pauvres, des plus faibles, des plus délaissés, des plus oubliés, des plus méprisés.

»» http://partageux.blogspot.fr/2012/08/le-pain-des-autres-les-jours-heureux-1.html
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Personnellement, je n’ai jamais très bien compris ce qu’est le féminisme. Je sais par contre que les gens me qualifient de féministe chaque fois que j’exprime une idée qui me différencie d’un paillasson ou d’une prostituée.

Rebecca West

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