RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Le pseudo-patriotisme de Marine Le Pen

A propos du nouvel euro-groupe mis en place par Marine Le Pen dans le cadre du « parlement » supranational européen Fascinés à la fois par le FN et par la « construction » européenne, les médias dominants promeuvent à son de trompe le mariage de Marine Le Pen et de divers groupes étrangers d’ultra-droite en vue de constituer un euro-groupe au parlement européen. Si réellement les pseudo-« traqueurs de FN » des médias voulaient mettre en difficultés le FN, ils n’auraient pourtant que l’embarras du choix :

Tout d’abord, est-il conséquent, pour un parti soi-disant eurosceptique, de se présenter aux européennes et de constituer un groupe au « parlement » supranational de Strasbourg alors que Marine Le Pen prétend critiquer radicalement l’UE ? De manière combien plus conséquente, le PRCF appelle régulièrement à BOYCOTTER le « parlement » européen afin de délégitimer, à travers lui, l’Empire euro-atlantique en construction sur les ruines des nations d’Europe [lire ici : Décevez la Le Pen ! Avec le CNR-RUE, Boycottez l’euro-mascarade du 25 mai ! par Georges Gastaud]. Mais les visiteurs réguliers du site du PRCF et les lecteurs du mensuel Initiative communiste savent déjà depuis longtemps que la patronne du FN n’est pas réellement euro-critique. D’une part, elle subordonne la sortie française de l’euro au bon vouloir de la RFA puisque pour Marine Le Pen (cf son site national), cet acte élémentaire de souveraineté monétaire et budgétaire est impossible sans une « sortie concertée de l’euro » : bref, Marine Le Pen devenue présidente, la France NE sortirait PAS de l’euro puisqu’il lui faudrait pour cela l’accord préalable de... Berlin et des 18 pays de la zone euro. Bref, comme on dit, « c’est pas demain la veille ! ». En outre, bien évidemment, la patronne du FN n’évoque jamais la sortie de l’UE, cette vache sacrée du grand capital « français », MEDEF et CAC-40 confondus. En réalité, le bavardage « bleu marine » sur l’euro n’est rien de plus qu’une... monnaie d’échange politicienne entre la droite classique et le FN : gageons que si Marine Le Pen accédait au second tour des présidentielles, elle lâcherait immédiatement du lest sur l’euro pour obtenir l’adoubement d’une partie du patronat... et les suffrages des électeurs de la « droite forte ».

Mais il y a encore plus grave pour cette « patriote » à géométrie variable. En effet, au Parlement européen, elle va faire groupe commun avec le Vlaams Belang, c’est-à-dire avec l’extrême droite indépendantiste flamande. Non seulement le VB est l’héritier direct de la vision pangermaniste de l’Europe en termes « völkisch » (une Europe des regroupements ethniques dominée par Berlin), non seulement il revendique l’écartèlement de la Belgique, la relégation de la Wallonie francophone, l’annexion de Bruxelles (où les francophones sont majoritaires), non seulement ils participent au courant – que partage largement la NVA dominante à Anvers (droite dure flamande, très liée au patronat) – qui tend à persécuter la langue française et les francophones au nord de la Belgique, mais ce groupe fascisant est clairement anti-français puisqu’il réclame rien moins que le rattachement à la future Flandre indépendante d’extrême droite de la Flandre française de Dunkerque à Lille... Le double langage du FN se marque aussi au fait que l’euro-groupe parlementaire du FN comportera des députés européens de la Lega Nord (Ligue du Nord), le groupe sécessionniste et violemment xénophobe italien (pardon, « padanien ») qui veut faire éclater la République italienne en détachant le Nord riche (Milan, Turin, Venise...) de « Rome la voleuse » et du Midi italien, considéré pratiquement comme « africain ». Or plusieurs groupes indépendantistes niçois ou « savoisiens » courtisent la Lega Nord car ils savent qu’un éclatement de l’Italie remettrait en cause le rattachement de la Savoie et du Pays niçois à la suite du Risorgimento italien. Bien entendu, le Vlaams Belang ne manque jamais une occasion pour encourager les séparatistes bretons et plus généralement, pour pousser au démembrement de la République une et indivisible créée par la Révolution française « jacobine ». C’est la marche à la balkanisation de l’Europe et de la France que choisit en réalité Marine Le Pen.

Il suffit donc d’un peu de conscience mathématique élémentaire (quel est le dénominateur commun objectif de l’euro-groupe lepéniste ?) pour prouver que le rassemblement européen fondé par Marine Le Pen n’est nullement construit sur des bases patriotiques françaises, fussent-elles réactionnaires, pas davantage sur la base de la défense de notre langue si menacée (tout-anglais « transatlantique », Charte européenne des langues régionales dont le Vlaams Belang et la Lega Nord, ces partis antinationaux et « ethniciseurs » sont des partisans déclarés), mais sur la base de la xénophobie blanche et de la nostalgie pour l’Europe germano-impériale (la Lega Nord regrette ouvertement la domination des Habsburg d’Autriche sur Milan et Venise). Et l’arrière-plan de ce mariage n’est nullement « l’Europe des nations » dont parle Marine Le Pen, mais l’Europe fédérale des régions, avec à l’arrière-plan, la domination accrue de Berlin qui a tout intérêt à ce qu’explosent les nations déjà constituées (France, Italie), ou les Etats multinationaux légués par l’histoire (Belgique, Espagne, après la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie, dans l’éclatement desquelles Berlin a eu un rôle central).

Bref, Marine Le Pen ne nous ferait – en apparence – sortir de l’Europe de Maastricht que pour nous renvoyer à celle de... Metternich, l’instigateur principal du Traité de Vienne qui résulta de la victoire de l’Europe contre-révolutionnaire et de la Restauration monarchique ultraréactionnaire. Bref, rassemblement bleu marine ou rassemblement bleu tsarine ?

Les patriotes républicains véritables (rien à voir avec la contrefaçon sarkozyste !) ne doivent donc pas seulement, même si c’est indispensable, dénoncer le caractère ultra-droitier, raciste et brunâtre du nouvel euro-groupe, ils doivent AUSSI démasquer le « patriotisme » de la Le Pen et de ses acolytes. Répétons-le, pour des communistes, pour des progressistes, c’est une faute politique suicidaire que d’abandonner à l’ultra-droite le drapeau de la nation et l’opposition... frontale à l’UE atlantique.

Face au front ANTInational des Le Pen père et fille, retrouvons les vertus du véritable Front National pour la Liberté et pour l’Indépendance de la France que mit en place, avec d’autres patriotes et résistants démocrates, le Parti communiste français clandestin durant l’Occupation. Non pour enterrer l’objectif stratégique du socialisme pour la France, mais pour le rendre à nouveau possible en mettant la classe ouvrière au cœur de la reconquête de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Georges Gastaud, fils de Résistant,
le 17 juin 2015, 75ème anniversaire de l’Appel à la Résistance anti-hitlérienne lancé par Charles Tillon (membre du B.P. du P.C.F. clandestin) depuis le Territoire national.

source : www.initiative-communiste.fr - site web du PRCF

»» http://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/le-pseudo-patriotism...
URL de cet article 28843
  

Même Thème
« Marine Le Pen amène le pire » (*)
Maxime VIVAS, Frédéric VIVAS
(*) Anagramme imparfaite cueillie sur Internet. Ce livre (publié par les éditions Golias) est une compilation de documents révélateurs de l’analogie entre le FN d’hier et celui d’aujourd’hui. Y sont démontrées la difficulté pour Marine Le Pen, malgré les habiletés tribuniciennes, à se dépouiller des oripeaux paternels les plus exécrables, la distorsion entre le discours du FN ripoliné et son programme, entre son programme et ses objectifs. Sont mis en relief le fiasco du FN dans les villes qu’il a (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je n’accepte plus ce que je ne peux pas changer. Je change ce que je ne peux pas accepter.

Angela Davis

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.