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Les civilisations, les religions et la science en face du temps. Le temps du monde et le temps des hommes

Le passage à la nouvelle année 2011 a été vécu par la plupart des pays comme un événement planétaire que d’aucuns dans les pays du Sud attribuent à une hégémonie scientifique, culturelle. Certes le néolibéralisme impose un magister à des victimes consentantes qui développent une véritable addiction pour tout ce qui est occidental devant le vide sidéral de leur condition et devant les injonctions d’un autre siècle ou les morales à l’ancienne qui ne tiennent plus.

« Je ne prendrai pas de calendrier cette année, car j’ai été très mécontent de celui de l’année dernière ! »
Alphonse Allais

A titre d’exemple, quand on voit comment les jeunes algériens communient, comment l’indigence de notre télé invite à fêter ce veau d’or que l’on pourrait appeler le « money-theisme » sans aucune critique sur la symbolique du passage d’une année à une autre. On comprend que cette contagion formate, à l’échelle planétaire, l’homme nouveau , qui ne doit pas penser , mais qui doit dépenser selon le juste mot du philosophe Dany Robert Dufour. Il n’y a donc pas lieu de rechercher à tout prix un choc de civilisation là où il y en a pas, la Saint Sylvestre est devenue au fil du temps une religion qui lamine les autres, celle du money-théisme. Ce passage d’une saison à une autre n’est pas l’apanage d’une ère civilisationnelle, encore moins d’une religion mais, sédimenté par les traditions humaines depuis que l’homme a commencé à mesurer les pulsations du temps.

Justement, le temps n’en finit pas de nous interpeller. Le temps, pour les auteurs bibliques, est une création de Dieu. Il leur importe de communiquer cette vérité fondamentale : Dieu a créé le temps, et c’est dans le temps et par le temps dont il dispose souverainement qu’il crée tout son ouvrage, c’est-à -dire l’Univers et, en particulier, l’homme. D’où l’importance accordée dans le récit de la Genèse au temps de la création, émergeant d’un monde chaotique, le tohu bohu. Pour saint Augustin, les événements sont les filins tissés de l’étoffe du temps. « Je le dis néanmoins en toute confiance, je sais qu’il n’y aurait ni, si rien ne passait, temps passé, ni, si rien n’advenait, temps futur, ni, si rien n’existait, temps présent. » [1]

Dieu a créé le temps

Le professeur Mohamed Arkoun s’interrogeait à juste titre sur le rapport de la vérité au temps dans le Coran, il écrit : « ...Mais au temps coranique constitué par le temps fini de la vie terrestre totalement articulé au temps infini de la vie éternelle, le temps céleste servant ainsi de cadre et de référent obligé au temps terrestre en tant que durée vécue et non pas seulement concept théologique ou philosophique. Le temps coranique est un temps plein : chaque instant de la durée vécue est remplie par la présence de Dieu actualisé dans le culte, la méditation, la remémoration de l’Histoire du Salut, la récitation de la Parole révélée, la conduite éthique et légale conforme aux « ahkam. » [2]

Comment est mesuré le temps ? La perception du déroulement temporel est fondée sur l’expérience du vécu. On en retrouve les modalités dans les langues, l’art, les croyances religieuses, les rites et dans bien d’autres domaines de la vie sociale. Les rythmes naturels et biologiques furent les premiers points de repère pour l’élaboration d’une gestion du temps. Le spectacle du ciel étoilé, que l’on remarque par exemple chez les Sumériens et les Mayas, à travers des observations astronomiques, amena les premières compilations du temps. La nature a ses propres rythmes, les saisons, les jours et les nuits, que l’être humain a observés et a pris en compte dans l’élaboration d’un calcul temporel.

Dès la plus haute Antiquité, les hommes ont manifesté cette volonté de mesurer le temps. On trouve ainsi le cycle solaire comme premier mouvement régulier auquel les hommes ont manifesté de l’attention eu égard à la mesure du temps. La subdivision de l’année solaire en unités de temps mieux adaptée aux rythmes de l’évolution de l’espèce, que nous connaissons fort bien aujourd’hui, trouve, quant à elle, son origine dans des conventions purement humaines. Les Babyloniens (ancêtres des Irakiens), par exemple, divisaient l’année en 12 mois de 30 jours auxquels ils ajoutaient un mois supplémentaire tous les six ans afin de se « mettre à jour » avec le calendrier solaire.

Le calendrier chinois est un calendrier luni-solaire (en chinois yîn-yáng les mois sont des mois lunaires, c’est-à -dire que le premier jour de chaque mois est la nouvelle lune et que le 15e jour est la pleine lune ; puisque dans une année solaire il y a douze mois lunaires et plus d’une dizaine de jours, on ajoute sept mois intercalaires au cours de dix-neuf ans, pour que l’année reste dans l’ensemble une année solaire. Selon la tradition, le premier système calendaire (cycle sexagésimal) fut créé par l’Empereur Jaune en 2637 avant notre ère et appliqué à partir de son année de naissance -2697. Le calendrier chinois est largement utilisé par les paysans pour mieux gérer l’agriculture, et les fêtes traditionnelles ou religieuses. La légende d’une course entre les animaux permet de mémoriser leur ordre, mais il n’y a en réalité aucune préséance entre les signes : Le premier Bouddha invita tous les animaux au réveillon du Nouvel An afin de leur communiquer ses observations. Arrivèrent dans l’ordre : le rat-le boeuf, le tigre courageux, le lièvre, le dragon, le serpent, le cheval, la chèvre. le singe, le coq, le chien et enfin le cochon qui donnèrent leur nom aux années [3]

Suivant les préceptes de l’hindouisme, le temps est divisé en ères cosmiques qui se succèdent à l’infini. La naissance, la durée et la disparition du monde ne cessent jamais. Seul brahman (l’Absolu) est éternel et immuable. Le calendrier hindou, utilisé depuis des temps immémoriaux, est un calendrier luni-solaire qui a subi des modifications géographiques : le premier jour de l’année zéro du calendrier hindou correspond au 23 janvier avant J.-C.

Le calendrier de l’Égypte antique, était axé sur les fluctuations annuelles du Nil et avait comme but premier la régulation des travaux agricoles au cours de l’année. Le calendrier égyptien était basé sur les cycles lunaires. L’année était divisée en trois saisons en fonction de la crue du Nil et de son impact sur l’environnement : chaque saison comprenait quatre mois de trente jours chacun.

Les Grecs anciens connaissaient tous un calendrier lunaire qui comptait, en principe, 12 mois ; selon les besoins, s’y ajoutait un mois intercalaire. Or, à quelques exceptions près, les mois grecs portaient des noms dérivés de fêtes religieuses. C’est de leur fête principale que les mois ont tiré leur nom - pour nombre d’entre eux, de toute évidence, dès la fin du IIe mill. av. J.-C.

Le calendrier hébreu est utilisé dans le judaïsme pour l’observance des fêtes religieuses. Il est également le calendrier officiel en Israël. Le 25 Tevet 5771 correspond au 1er janvier 2011.Ce calendrier démarre avec la création divine du monde. L’archevêque d’Irlande James Ussher est passé à la postérité pour avoir osé donner en 1650 une date d’une précision indépassable. Il fixait l’instant de la création du monde le 23 octobre 4004 avant J.-C. à 9 heures du matin !!! Le calendrier grégorien est utilisé pour tous les domaines laïcs en Israël.

Les Romains utilisaient le calendrier julien, instauré par Jules César en 46 avant Jésus-Christ pour réformer le calendrier romain, datant des origines de Rome. Le calendrier julien, véritable calendrier solaire, comportait donc 365 jours (366 tous les 4 ans.), et fixait le début de l’année au 1er janvier. Pendant les premiers siècles de notre ère, les Grecs célébraient la naissance de Jésus le 6 janvier, à l’occasion de l’Epiphanie. Cependant, le pape Libère décida en 354 de reporter cette célébration au 25 décembre. En effet, son objectif était de mettre un terme à la fête païenne de Sol Invictus célébrée le 25 décembre. Cette solution du calendrier julien ne s’avéra pas être la meilleure, puisque trop courte, l’année moyenne était devenue trop longue. Plusieurs réformes du calendrier furent ainsi tentées au cours du Moyen Age.

Denys le Petit, (environ 470 - environ 540) est un moine connu pour avoir calculé l’Anno Domini ou ère vulgaire, utilisée comme ère par le calendrier grégorien. De cette manière, il fonda l’usage de compter les années à partir de l’incarnation (25 mars) et la naissance (25 décembre) de Jésus-Christ, qu’il plaça à l’année 753 de Rome (c’est-à -dire l’année -1 du calendrier actuel). Des études historiques - dont celle du règne d’Hérode le Grand - montrent qu’il a commis une erreur d’au moins quatre ans. Le calendrier grégorien commença à remplacer le calendrier julien en 1582. [4]

Année solaire

Le Christ, en somme, devait avoir déjà quatre ou cinq ans au moment où le moine Denis le Petit situe sa naissance, et nous sommes actuellement dans l’année 2015 ou 2016 après la naissance réelle du Christ. Le calendrier grégorien ne commença par ailleurs, à s’imposer vraiment que vers les années 1700. En enlevant 10 jours au mois d’octobre de l’année 1582 (on passa soudainement du 4 au 15 octobre), le pape Grégoire fit coïncider l’année du calendrier avec l’année tropique ou astronomique. L’Allemagne n’adoptera ce calendrier qu’en 1700, la Grande-Bretagne en 1752, la Bulgarie en 1917, la Russie en 1918.

Pour les Musulmans, l’an Ier de ce calendrier a débuté le premier jour de l’hégire, le 1er mouharram (le 15 ou le 16 juillet 622 de l’ère commune. Pour des raisons pratiques, la plupart des musulmans utilisent le calendrier grégorien pour gérer toutes leurs activités, et utilisent le calendrier islamique que pour les évènements religieux. Le Coran n’interdit pas l’usage du calcul astronomique que les ouléma ne recommandent pas. Depuis le début du XXe siècle, de plus en plus de penseurs islamiques, et des ouléma remettent en cause de tels arguments. Ces règles n’avaient, à l’époque, qu’une portée limitée, parce que l’information sur l’observation de la nouvelle lune ne pouvait être véhiculée que sur des zones géographiques restreintes, proches du lieu d’observation. Mais, aujourd’hui, les données de la situation ont changé, avec la multiplication des Etats et des communautés islamiques à travers le monde, et le développement des moyens de communication modernes.

Ainsi, le même début de mois est, parfois, égrené comme un chapelet, en plusieurs jours successifs, dans différents pays. Ce fut le cas de « Eid al fitr » ou 1er chawal 1429, qui fut célébré en 5 jours différents à travers le monde : dans 1 pays le 29 septembre 2008, dans 19 pays le 30 septembre, dans 25 pays le 1er octobre, dans 5 pays le 2 octobre, et dans 1 communauté le 3 octobre 2008. Le cadi Ahmad Muhammad Shakir, juriste éminent, qui fut président de la Cour suprême de la charia d’Égypte a publié, en 1939, une étude importante sous le titre : « Le début des mois arabes... la charia permet-elle de le déterminer en utilisant le calcul astronomique ? »] D’après lui, Mohammed (Qsssl) a tenu compte du fait que la communauté musulmane de son époque était « illettrée, ne sachant ni écrire ni compter », avant d’enjoindre à ses membres de se baser sur l’observation de la nouvelle lune pour accomplir leurs obligations religieuses du jeûne et du hajj. Mais, la communauté musulmane a évolué de manière considérable au cours des siècles suivants. Certains de ses membres sont même devenus des experts et des innovateurs en matière d’astronomie.

En vertu du principe de droit musulman selon lequel « une règle ne s’applique plus, si le facteur qui la justifie a cessé d’exister », la recommandation de Mahomet ne s’applique plus aux musulmans, une fois qu’ils ont appris « à écrire et à compter » et ont cessé d’être « illettrés ». Shakir souligne, en conclusion, que rien ne s’oppose, au niveau de la chari’a, à l’utilisation du calcul pour déterminer le début des mois lunaires et ce, en toutes circonstances, et non à titre d’exception seulement, comme l’avaient recommandé certains uléma. (...) Cette analyse juridique du cadi Shakir n’a jamais été réfutée par les experts en droit musulman, plus de 70 ans après sa publication. Le professeur Youssef al-Qaradâwî s’est récemment rallié formellement à la thèse du cadi Shakir. Dans une importante étude publiée en 2004, intitulée : « Calcul astronomique et détermination du début des mois », al-Qaradawi prône pour la première fois, l’utilisation du calcul pour l’établissement du calendrier islamique. Il cite à cet effet avec approbation de larges extraits de l’étude de Shakir. [5] [6]

En définitive, la doxa occidentale du Néolibéralisme impose son rythme au temps du monde. Il est vrai comme l’écrivent Louis Hourmant et Fréderic Louveau que « le phénomène de mondialisation touche progressivement le domaine du calendrier faisant d’un calendrier local - celui de l’empire romain dit calendrier julien légèrement amélioré dans sa version « grégorienne » du nom du pape Grégoire II - le calendrier de référence pour une part toujours plus importante de l’humanité, même si le continent asiatique résiste mieux à la pénétration de cette mesure occidentale du temps que d’autres continents (l’Afrique, l’Amérique latine) où les civilisations anté-coloniales se sont plus profondément disloquées devant la colonisation ». [7]

Cette hégémonie est vue de façon religieuse par ceux qui font dans le délire de persécution une façon de mobiliser pour un nouveau djihad dont on sait qu’il est perdu d’avance du fait que le terrain choisi n’est pas le bon, la cause pour laquelle il faut se battre n’étant pas celle-là , mais celle du vrai Ijtihad qui peut faire retrouver à cette Oumma en panne de moteur, un rôle de phare qu’elle a eu dans les lustres passés. L’Histoire retiendra que Haroun Er Rachid offrit à Charlemagne une clepsydre qui mesurait le temps. C’est dire, si ce fut une révolution technologique majeure pour l’époque. Charlemagne envoya comme cadeau au calife de Baghdad des lévriers...Mesurons le temps perdu au lieu de nous lamenter.

«  Quel sera le temps de l’humanité à venir écrit Pierre Boglioni ? Il semble que les calendriers d’origine religieuse ne sont pas près de mourir. Et il est bien qu’il en soit ainsi, car ces calendriers ont su créer et enraciner des fêtes, des coutumes et des valeurs d’une intensité et qualité extraordinaires. Mais en même temps, un immense changement est en cours. Nous assistons à l’émergence d’un nouveau calendrier : un calendrier universel, un temps humain pour tous les humains ».

«  Peut-être, un jour, la fête la plus importante, la plus intense et la plus sacrée, chez tous les peuples et dans tous les calendriers, sera la fête de la paix universelle et irrévocable entre tous les peuples. Cette fête sera la synthèse ultime des valeurs que tous les calendriers ont voulu transmettre, depuis le début du temps humain. L’humanité aura alors la même mesure du temps, celui de l’avènement de la sagesse’. [8]

Pr Chems Eddine CHITOUR

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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COMMENTAIRES  

09/01/2011 11:19 par Abdelkader DEHBI

Tout en le complimentant une fois de plus sur l’excellence de ses écrits, je voudrais cependant faire deux remarques à M. le professeur Chems-Eddine Chitour :

La première remarque est une remarque de forme, concernant la transcription qu’il fait du nom du Prophète en - Mahomet - et qui est une altération sciemment péjorative, communément adoptée depuis des siècles dans le monde chrétien, sous l’influence des orientalistes et qui signifie en fait, exactement le contraire du signifié en langue arabe du nom de Muhammad (slls) - مـحـمٌـد - qui veut dire : « le Loué », alors que Mahomet - مـا ح٠ـم٠ـد - signifie le « Non Loué »

« « En vertu du principe de droit musulman selon lequel « une règle ne s’applique plus, si le facteur qui la justifie a cessé d’exister », la recommandation de Mahomet ne s’applique plus aux musulmans,… » »


La seconde remarque concerne le fond, pour rappeler que le texte coranique ne laisse aucune ambigüité sur la licéité du calcul astronomique pour la détermination du Temps : Deux Versets essentiels l’indiquent formellement :

1°) - « « C’est Lui qui a fait du soleil une clarté et de la lune une lumière et Il en a déterminé les phases - ou cycles - afin que vous sachiez le nombre des années et le calcul [du temps]. Allah n’a créé cela qu’en toute vérité. Il expose les signes pour les gens doués de savoir. » » (Verset n°5, Sourate 10 Jonas)

2°) - « « Le Soleil et la Lune avec [soumis à ] calculation [comput] » » (Verset 5 Sourate 55 Ar-Rahmane).

Coté Hadith, sur la mesure du temps - lunaisons - le Prophète a dit en particulier :

« « Nous autres [arabes] sommes gens qui ne savons ni lire ni écrire [en parlant du commun du peuple], les mois lunaires sont successivement ceci et cela en faisant avec la main les signes anciens, indiquant respectivement les valeurs de 29 et 30 [jours] » »

Sur un tout autre registre, je voudrais mentionner ici un Hadith d’ordre éminemment philosophique sacralise formellement le Temps comme étant consubstantiel à Dieu :

« « N’insultez pas au Temps, parce que le Temps c’est Dieu » ».
C’est d’ailleurs sur cette consubstantialité du Temps à Dieu que se fondent beaucoup d’oulémas des différentes écoles théologiques musulmanes pour expliquer la compatibilité du Libre Arbitre avec la Prédestination. En effet, Dieu l’Omnipotent, connait « par avance » la valeur des choix - justes ou injustes, bons ou mauvais, etc.. - opérés par les hommes agissant librement et conséquemment, juge « par avance » ses créatures.

09/01/2011 12:40 par Manant2

Il manque à cet exposé, qui aborde un vaste domaine, un éclairage philosophique, indépendant de toute perception religieuse, politique ou géopolitique.
La façon dont nous déterminons la matière (c’est-à -dire le réel) se fait à partir de données de la conscience connues a priori qui sont le temps et l’espace. Ce sont des formes données par l’intellect et qui n’ont pas d’existence en soi en dehors de lui. Elles ne peuvent être créées. Autrement dit, il n’existe pas dans le monde en soi quelque chose qui s’appelle « avant » et « après », ni « maintenant » ; pas plus qu’il n’existe de « haut » et de « bas », de « gauche » ou de « droite », de « pôles », etc…. Ces concepts sont présents dans le cerveau, y compris animal. C’est ce qui a bouleversé la perception moderne du temps et de l’espace (grâce à Kant) et qui a introduit une vision historique (humaine ) du temps basée sur le progrès (et non sur les cycles naturels). C’est un temps chronologique (opposé à celui de la tradition) qui évoluerait vers une supposée « fin de l’histoire » (Hegel). Tout cela n’est que « représentation », selon Shopenhauer. Comment en serait-il autrement ?

10/01/2011 07:21 par EW

En dehors de la conception humaine il n’existe rien qui se nomme "un cerf" ou "un faisan", cela n’empêche en rien ces animaux sans noms de gambader ; nous découvrons régulièrement de nouveaux animaux et nous leur donnons des noms mais ils existaient à priori déjà avant qu’on les découvrent et qu’on les nomment.

Le temps est ainsi une chose qui existe sans même qu’il soit besoin de la nommer mais qui se peut être nommée sans que cela lui porte atteinte en aucune manière, il peut ainsi être mesuré, calculé, observé ou défini ; enfin qui existe, il faut le dire vite, dans l’absolu ce qui a été n’est plus et ce qui sera n’est pas encore, en essence si temps il y a c’est celui de l’éternel présent et le temps au sens de "période qui s’écoule" n’existe pas autrement qu’en concept, concept précieux s’il en est puisque nous ne sommes pas dans l’absolu mais dans une conception subjective de l’univers dont nous pouvons percevoir -de temps en temps- l’absolu.

Les entorses cérébrales ne viennent pas tant avec les conceptions religieuses ou pseudo-religieuses du temps qu’avec la relativité ou pire : la physique quantique.
Relégué au rang de simple paramètre voilà notre précieux temps, comprimé ou dilaté au gré des autres paramètres, changez la vitesse ou l’altitude et notre perception subjective du temps changera elle aussi, rien d’alarmant certes mais pour l’esprit profane largement de quoi rester bouche bée, c’est que la subjectivité a ceci d’insidieux qu’elle se pose comme vérité absolue là où elle n’est que le pâle reflet de l’objectivité.

Si effectivement une conception strictement occidentale du temps existe (ce dont je ne débattrais pas puisque cela m’indiffère au plus haut point) et qu’elle se répand sur le monde c’est que pour une raison ou une autre le monde la laisse se répandre et que cette raison intéresse donc beaucoup de monde, dites moi alors que cette raison est strictement vénale et je vous confirmerai que nous parlons effectivement de l’occident.

10/01/2011 22:56 par Abdelkader DEHBI

Décidément, cet article du Pr Chitour sur le Temps aura réveillé en moi, le vieux démon des cours de philo de ma jeunesse, quand il existait encore parmi les enseignants, cette espèce rare qu’on appelait avec un grand respect dans les lycées franco-musulmans, les profs de philo. Des profs à qui il arrivait de papillonner dans le même cours, entre Descartes et Hegel en passant par Ibn Rushd ou Spinoza, tout en s’exprimant indifféremment dans la langue de Vaugelas ou dans celle d’’Imru’Al-Qays, au gré des lectures.
Je me souviens particulièrement d’un cours où le grand Descartes - soi-même - fut passé à la moulinette à l’occasion d’un passage particulièrement sujet à polémique, tiré des « Å’uvres philosophiques », je cite :

""ainsi si nous jugeons que Dieu ne peut pas faire ce que nous concevons pourtant être possible, nous ne concevons pas de la même manière qu’il puisse se faire que ce qui a été fait ne le soit pas.""

Passage qui avait eu pour effet de susciter la colère du prof qui considérait ce genre de spéculation philosophique non seulement contraire à la théodicée, mais surtout, contraire à la logique : ""Comment voulez-vous s’écriait le prof, que l’on se gargarise des attributs essentiels de Dieu en reconnaissant en Lui, l’Omnipotent, l’Omniprésent et l’Omniscient, tout en posant comme impossibilité pour Lui, de faire qu’un fait qui a eu lieu dans le passé, soit annihilé ? Où serait donc passée cette Omniscience d’un Dieu qui se serait laissé surprendre dans sa capacité de tout prévoir, dans les moindres détails, non pas en tant qu’Acteur unique de tous les évènements des Hommes et de la Nature, mais en tant qu’Omniscient, disposant Seul, des prérogatives de la précognition sur tous les faits à venir, qu’il s’agisse de pensées ou de paroles, d’actes ou d’évènements…etc ?""

18/06/2011 18:28 par Aster

Je viens seulement de prendre connaissance de cet article. L’auteur y a repris textuellement de nombreux paragraphes publiés par un autre auteur, sur un autre site, au sujet du calendrier musulman, sans faire aucune référence à l’autre article. Je trouve le procédé lamentable, en particulier quand c’est le fait d’un professeur de l’école polytechnique.

18/06/2011 21:01 par legrandsoir

M. Chitour cite abondamment, et c’est peut-être de notre faute si la mise en page n’est pas explicite...

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