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Les révélations de la démission de Ratzinger

Actualité : pour la première fois depuis la naissance du catholicisme, un pape démissionne, trop fatigué, trop vieux, selon ses dires.
Personnellement, je ne le regretterai pas, et athée comme pas deux, sa démission ne m’intéresse pas plus que de savoir qui sera son successeur.

Par contre, ce que je trouve intéressant, c’est justement l’intérêt que porte ENFIN la presse aux causes et raisons de cette démission, révélant tout à coup au grand public, ce que tous les anti-vatican, connaissaient depuis toujours, leur donnant tout à coup l’occasion de passer de critiqueurs complotistes, à révélateurs avant-gardistes.
Et là , je vous avoue, que je kiffe grave ! !

Je commence par un article, qui vous fera comprendre d’emblée, pourquoi je ne le regretterai pas :

Comment Ratzinger a anéanti l’église du peuple en Amérique latine

Joseph Ratzinger est essentiellement connu comme pape, mais ses principaux faits d’armes, il faut les chercher durant la période où il était Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. En cette qualité il fut en effet l’architecte d’une des plus vastes campagnes idéologiques et politiques de l’après-guerre, ce qu’on a appelé la « Restauration ».

Néoconservatisme

En 1978 Karol Wojtila (nom du pape Jean-Paul II, ndlr) est appelé à diriger la plus grande communauté religieuse du monde. Il se trouve devant une église post-conciliaire en état de crise profonde : assistance à la messe et vocations en chute libre, nombre élevé de divorces entre catholiques, rejet de l’autorité papale en matière de contrôle des naissances ; un monde plein d’hérésie.

Il veut un virage radical. Plus de risques, plus d’expériences, c’en est fini des réflexions et des interventions. On garde sans doute les textes du Concile mais on en enterre l’esprit. Le pape se prépare à une politique ecclésiale centralisée et orthodoxe, accompagnée d’un réarmement moral et spirituel.

Pour ce faire il joue habilement du climat de cette époque qui présente d’ailleurs bien des ressemblances avec le nôtre. Au milieu des années 1970 commence une profonde crise économique. Le climat mental optimiste des années 1960 bascule et se caractérise par une aspiration à la sécurité et à la protection, le recours à une autorité - de préférence charismatique -, un réveil éthique, la fuite dans le domaine privé et l’irrationnel, etc.

C’est sur cet arrière-plan que se développe le « néoconservatisme ». Ce nouveau conservatisme ne se cantonne plus sur la défensive mais lance au contraire une offensive politique et idéologique. Ce courant est porté par de « fortes » personnalités, comme Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Jouant habilement des massmedia, ils traduisent une tendance mondiale à accueillir un sauveur, la développent avec des représentations du monde simplistes, rayonnent d’assurance et d’optimisme, etc.


Le rottweiler de dieu

Un casse-tête encore plus important pour le pape, c’est la montée d’une église populaire progressiste en Amérique Latine. Wojtyla est polonais et anticommuniste jusqu’à la moelle ; combattre marxisme et communisme dans le monde est un des buts de sa vie. Comme l’influence du marxisme est indéniable dans l’église de la base et dans la théologie de la libération, il mettra tout en oeuvre pour ramener le continent dans le droit chemin.

Pour ce faire, il compte sur Ratzinger qui a été nommé en 1981 Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, en quelque sorte le Ministère de l’idéologie et de l’information du Vatican. Il exerce ces fonctions pendant un quart de siècle et il en fera le meilleur usage pour imprimer sa marque sur les événements.

Ratzinger devient l’architecte d’une offensive pastorale et ecclésiale d’envergure à laquelle il donne lui-même le nom de « Restauration ». Le but est le renforcement de l’appareil de direction central et la dislocation de toute forme de dissidence à l’intérieur de l’église. Ratzinger se révèle bientôt un véritable grand-inquisiteur, ce qui lui vaudra le nom de « rottweiler de dieu ».

Toute l’église catholique est visée mais les flèches sont surtout dirigées vers l’Amérique Latine et c’est là que l’impact politique est de loin le plus important. Nous nous bornerons donc dans la suite de l’article à ce continent

L’anéantissement de l’église du peuple et de la théologie de la libération

La première démarche est l’établissement d’une base de données reprenant les conférences épiscopales, les théologiens de la libération, les religieux progressistes, les projets pastoraux suspects, etc. Dans presque tous les diocèses sont nommés des évêques et des cardinaux ultra-conservateurs et ouvertement de droite. Rien qu’au Brésil sont nommés une cinquantaine d’évêques conservateurs. A la fin des années 1980, cinq des 51 évêques péruviens sont membres de l’Opus Dei. Le Chili et la Colombie suivent le même chemin. Des évêques dissidents sont mis sous pression, certains reçoivent des lettres d’avertissement ; à d’autres il est interdit de voyager ou on leur demande des comptes.

Cette politique de nominations est d’autant plus grave que l’épiscopat joue un rôle important dans ce continent. Dans bien des cas c’est la seule opposition possible à la répression militaire, à la torture, etc. Si les évêques du Brésil et du Chili s’étaient tus, comme l’ont fait ceux d’Argentine, le nombre de victimes de la répression eût été bien plus élevé.

Aux niveaux inférieurs aussi on a fait le ménage. On retravaille la formation des prêtres en mettant sous pression séminaires et instituts de théologie, en les réorientant ou en les fermant. On tente de mieux contrôler les religieux qui sont souvent protagonistes de l’église de la libération. Une attention spéciale est accordée aux théologiens. Ils sont dorénavant tenus en respect en leur faisant prêter le nouveau serment de fidélité.

En 1984 Ratzinger rédige l’« Instruction de la Sainte Congrégation pour la Doctrine de la foi au sujet de quelques aspects de la théologie de la libération ». Il y attaque de front les théologiens de la libération, surtout ceux d’Amérique Latine. Un an plus tard, il est interdit à Leonardo Boff, une des figures de proue de ce mouvement, de s’exprimer. La mainmise sur les journaux catholiques est renforcée : là où on le juge nécessaire, on les censure, le conseil de rédaction est remplacé ou le journal est mis sous pression financière.

Les projets pastoraux progressistes sont mis sous contrôle, ou même on y met fin. En 1989 le Vatican cesse de reconnaître l’Association internationale de la jeunesse catholique, beaucoup trop progressiste. Elle doit céder la place au CIJOC, confessionnel et opposé à la gauche.

A côté de la destruction de tout ce qui est progressiste, de gigantesques projets sont mis en route pour ramener les croyants dans le droit chemin. Evangélisation 2000 et Lumen 2000 sont des projets à grande échelle visant l’Amérique Latine, qui n’ont pas moins de trois satellites à leur disposition. Les projets sont établis par des personnes et des groupes de droite ultra-conservateurs : Communione e Liberazione, Action Marie, Renouveau catholique charismatique, etc. Les collaborateurs de ces géants de la communication comparent leurs activités à une sorte de nouvelle « puissance de lumière ».

Ceux qui savent lire sont inondés de livres religieux édités à bon marché. Des retraites sont organisées pour les prêtres et les religieuses. Pour ces projets à grand spectacle le sommet de la hiérarchie catholique peut compter sur l’appui financier du monde des affaires.


Croisade anticommuniste

Rien n’est laissé au hasard. Un à un tous les piliers de l’église du peuple d’Amérique Latine sont écartés. Des observateurs parlent du démantèlement d’une église. Nous avons ici affaire à l’une des campagnes idéologiques et politiques les plus importantes de l’après-guerre.

Cette campagne est en phase avec la croisade anticommuniste de la Guerre froide. On peut aussi y voir une revanche des USA après la perte de puissance des années précédentes.

Pendant les années 1960 et 1970 les pays du Tiers Monde ont en effet renforcé leur position sur le marché mondial. Ils ont arraché des prix plus élevés pour les matières premières et ont ainsi amélioré leur pouvoir d" achat sur le marché mondial. Le point culminant est la crise du pétrole de 1973. En 1975 le Vietnam inflige une cinglante défaite aux Etats-Unis. Peu après la Maison Blanche est humiliée par deux fois, d’abord par la révolution des sandinistes dans son arrière-cour (1979), puis par le drame des otages en Iran (1980). Dès son arrivée au pouvoir, Reagan se sent en outre menacé par l’attitude d’indépendance économique de deux États aussi importants que le Mexique et le Brésil.

La Maison Blanche ne baissa pas les bras et déclencha une contre offensive sur plusieurs fronts. La théologie de la libération fut une des cibles les plus importantes. Dès la fin des années 1960 la théologie de la libération, encore à un stade embryonnaire, fut considérée comme une menace pour les intérêts géostratégiques des USA, comme en témoigne le Rapport Rockefeller.

Dans les années 1970 furent créés des centres théologiques qui devaient engager le combat contre la théologie de la libération. Mais c’est surtout à partir des années 1980 que cette contre offensive atteignit sa vitesse de croisière. Les États-Unis versèrent des milliards de dollars pour soutenir la contre-révolution en Amérique Latine. Cette sale guerre a fait des dizaines de milliers de victimes. Escadrons de la mort, paramilitaires, mais aussi l’armée régulière ont fait la sale besogne. Dans les rangs des mouvements chrétiens de libération sont tombés beaucoup de martyrs. Les plus connus sont Mgr Romero et les six jésuites du Salvador.

Pour combattre la théologie de la libération sur son propre terrain, on introduisit des sectes protestantes. Elle reçurent un soutien financier massif des USA. Par des slogans racoleurs et des messages sentimentaux elles devaient essayer d’attirer les croyants. Pour les arracher à l’influence pernicieuse de la théologie de la libération, on a fait usage de moyens électroniques coûteux. La religion se révèle ici opium du peuple sous sa forme la plus pure. L’armée aussi est enrôlée dans cette guerre religieuse. Des officiers supérieurs des armées latino-américaines ont rédigé un document pour donner consistance au « bras théologique » des forces armées.

Mission accomplie

Les efforts combinés de Ratzinger et de la Maison Blanche ont été payants. Dans les années 1990 un coup très dur a été porté à l’église de la base en Amérique Latine. Bien des groupes de base cessent d’exister ou fonctionnent encore à peine par manque de soutien pastoral, par crainte de la répression, parce qu’on ne croit plus à la percée espérée, ou simplement parce qu’ils sont liquidés physiquement. L’optimisme et l’activisme des années 1970 et 1980 font place au doute et à la réflexion. L’analyse de la société perd de son poids au profit de la culture, de l’éthique et de la spiritualité, tout profit pour Ratzinger.

Globalement le centre de gravité passe de la libération à la dévotion, de l’opposition à la consolation, de l’analyse à l’utopie, de la subversion à la survie. Le récit de l’Exode fait place à l’Apocalypse et aux Apôtres.

A la fin du siècle l’église de la base n’est en tout cas plus une menace pour l’establishment. Tant le Vatican et le Pentagone que les élites locales d’Amérique Latine ont pour le moment un souci de moins. Cette trêve prend bientôt fin avec l’élection de Chavez à la présidence du Venezuela, mais ceci est une autre histoire.

En 2005 Rarzinger est récompensé pour le succès de son oeuvre de restauration et élu à la tête de l’église catholique. Mais il est bien moins brillant comme manager que comme inquisiteur. C’est finalement un pape faible. Il laisse une institution affaiblie, menacée par un manque de prêtres et un dessèchement à l’ouest ainsi que par des scandales répétés. Il ne réussit pas à mettre de l’ordre dans les affaires du Vatican, peut-être une des raisons pour lesquelles il abdique.

Ratzinger entrera dans l’histoire avant tout comme celui qui a accompli la restauration de l’église catholique et mis l’église du peuple d’Amérique Latine hors d’état de nuire. Ce ne sont pas des mérites négligeables.

Pour les sources de cet article voir La crise de la Théologie de la libération et le marxisle religieux (en néerlandais).

Ensuite deux articles, bien plus que "seulement crédibles ", que je vous laisse savourer :

Les véritables raisons de la démission de Benoît XVI

Les experts du Vatican expliquent que le pape Benoît XVI avait décidé de démissionner dès le mois de mars de l’année dernière, après un retour de voyage au Mexique et à Cuba. A cette période, le pape, qui incarne ce que le spécialiste et universitaire français Philippe Portier appelle une « lourde continuité » avec son prédécesseur Jean Paul II, découvre la première partie d’un rapport élaboré par les cardinaux Julián Herranz, Jozef Tomko et Salvatore De Giorgi. Dans ce document sont résumés les abîmes, en rien spirituels, dans lesquels l’Église est tombée : corruption, finances occultes, guerres fratricides pour le pouvoir, vol massif de documents secrets, luttes entre factions et blanchiment d’argent. Le résumé final insistait sur la « résistance au changement de la part de la curie et des nombreux obstacles posés aux actions demandées par le pape pour promouvoir la transparence ».

Le Vatican est un nid de hyènes enragées, un pugilat sans limites ni morale où la curie assoiffée de pouvoir fomente les dénonciations, les trahisons, les traquenards, le blanchiment d’argent, des opérations secrètes pour préserver ses prérogatives et privilèges face aux institutions religieuses et financières. Très loin du Ciel et très proche des péchés terrestres. Sous le mandat de Benoît XVI, le Vatican a été l’un des État les plus opaques du monde. Si Josef Ratzinger a soulevé le voile du silence sur les curés pédophiles, il n’a en rien modernisé l’Église, ni tourné la page de l’héritage d’affaires troubles léguées par son prédécesseur Jean Paul II.

Ce premier rapport des trois cardinaux a conduit, en août de l’année dernière, à la nomination du Suisse René Brülhart, un spécialiste en blanchiment d’argent qui a dirigé pendant huit ans la Financial Intelligence Unit (FIU) du Liechtenstein, autrement dit l’agence nationale chargée d’analyser les opérations financières douteuses. Brülhart avait pour mission de mettre la Banque du Vatican en syntonie avec les normes européennes dictées par le GAFI, le groupe d’action financière. Bien entendu, il n’y est pas parvenu.

Benoît XVI fut, comme le souligne Philippe Portier, un continuateur de l’oeuvre de Jean Paul II : « Depuis 1981, il a suivi les pas de son prédécesseur, co-rédigeant plusieurs de ses textes tels que la Condamnation des théologies de la libération dans les années 1984-1986, l’Evangelium Vitae de 1995 sur la doctrine de l’Église par rapports aux questions de la vie, ou encore Splendor Veritas, un texte fondamental rédigé à quatre mains avec Wojtyla ». Ces deux derniers textes cités par l’expert français constituent un résumé pratique de la vision réactionnaire de l’Église sur les questions politiques, sociales et scientifiques du monde moderne.

La seconde partie du rapport des trois cardinaux fut présentée au pape en décembre dernier. Depuis lors, la démission s’est posée d’une manière irrévocable. En plein marasme et avec une quantité de couloirs qui conduisent à l’enfer, la curie romaine a agi comme n’importe quel autre État. Elle a cherché à imposer une vérité officielle avec des méthodes modernes. Elle a contracté pour ce faire les services du journaliste nord-américain Greg Burke, membro de l’Opus Dei et ex membre de l’agence Reuters, du périodique Time et de la chaîne Fox. Burke avait comme mission d’améliorer l’image détériorée de l’Église. « Mon idée est d’apporter de la clarté » avait-il déclaré en assumant son poste. Trop tard. Il n’y a plus rien de clair dans le sommet de l’Église catholique.

La divulgation des documents secrets du Vatican orchestrée par le majordome du pape, Paolo Gabriele, et bon nombre d’autres mains invisibles, fut une opération savamment montée dont les ressorts restent toujours mystérieux : une opération menée contre le puissant secrétaire d’État Tarcisio Bertone, une conspiration destinée à pousser Benoît XVI à la démission et à placer un Italien à sa place, ou encore une tentative de freiner la purge interne en cours ? En tous les cas l’avalanche de secrets révélés, les « vatileaks », ont submergé la tâche de nettoyage qui incombait à Burke. Un enfer avec des anges peints sur les murs n’est pas facile à redessiner.

Benoît XVI a donc été écrasé par les contradictions qu’il a lui-même suscitées. Ces dernières sont telles que, dès que sa démission fut rendue publique, les traditionnalistes de la Fraternité de Saint Pie X fondée par Monseigneur Lefebvre ont salué la figure du pape. Ce qui n’est pas étonnant : l’une des premières tâches menées par Ratzinger a consisté à supprimer les sanctions canoniques adoptées contre les partisans néofascistes et ultra-réactionnaires de Monseigneur Lefebvre et, par conséquent, à légitimer au sein de l’Eglise ce courant rétrograde qui, de Pinochet à Videla, a toujours soutenu presque toutes les dictatures d’extrême droite du monde.

Philippe Portier souligne que le pape « s’est laissé dépasser par l’opacité qui s’est installée sous son règne ». Et la première cause n’est pas doctrinale mais financière. Le Vatican est un gestionnaire d’argent opaque et de nombreuses querelles qui ont été mises en lumière depuis un an ont à voir avec les finances, les comptes maquillés et les opérations illicites. Tel est l’héritage financier légué par Jean Paul II et qui, pour de nombreux spécialistes, explique la crise actuelle. L’Institut pour les Å’uvres de la Religion (IOR), autrement dit la banque du Vatican, fondé en 1942 par Pie XII, fonctionne dans une opacité totale. En janvier, à la demande de l’organisme européen de lutte contre le blanchiment d’argent, Moneyval, la Banque d’Italie a bloqué l’utilisation des cartes de crédit au sein du Vatican à cause du manque de transparence et des failles manifestes dans le contrôle du blanchiment d’argent. En 2011, les cinq millions de touristes qui ont visité le Vatican ont laissé 93,5 millions d’euros dans ses caisses via des paiements par cartes. Ils devront maintenant payer en liquide. L’IOR gère plus de 33.000 comptes par lesquels circulent plus de 6 milliards d’euros. Son opacité est telle qu’il ne figure pas dans la « liste blanche » des Etats qui participent au combat contre les transactions illégales.

En septembre 2009, Ratzinger avait nommé le banquier Ettore Gotti Tedeschi à la tête de la banque du Vatican. Proche de l’Opus Dei, représentant du Banco de Santander en Italie depuis 1992, Gotti Tedeschi a participé à la préparation de l’encyclique sociale et économique Caritas in veritate, publiée par le pape en juillet 2012. L’encyclique demande plus de justice sociale et des règles plus transparentes pour le système financier mondial. Tedeschi avait comme objectif de remettre de l’ordre dans les eaux troubles des finances vaticanes. Les comptes du Saint-Siège sont labyrinthe de corruption et de blanchiment d’argent dont les origines connues remontent à la fin des années 1980, quand la justice italienne émit un ordre d’arrestation contre l’archevêque nord-américain Paul Marcinkus, surnommé « le banquier de Dieu », président de l’Institut pour les Å’uvres de la Religion et principal responsable des investissements du Vatican à l’époque.

Marcinkus était un adepte des paradis fiscaux et était très ami avec les mafias. Jean Paul II utilisa l’argument de la souveraineté territoriale pour éviter sa détention et le sauver de la prison. Ce qui n’est pas étonnant car il lui devait beaucoup : dans les années 1970 et 1980, Marcinkus avait utilisé la Banque du Vatican pour financer secrètement le syndicat polonais Solidarnosc soutenu par Wojtyla. Marcinkus a terminé ses jours en jouant au golf dans l’Arizona, et en laissant un gigantesque trou noir de pertes (3,5 milliards de dollars), d’investissements mafieux et aussi quelques cadavres.

Le 18 juin 1982 apparu un corps pendu sous le pont de Blackfriars à Londres. Il s’agissait de Roberto Calvi, présidente de la Banque Ambrosiano et principal partenaire de l’IOR. Son suicide apparent révélait une immense trame de corruption qui incluait, outre la Banque Ambrosiano, la loge maçonique Propaganda 2 (plus connue comme P-2), dirigée par Licio Gelli, et la Banque du Vatican dirigée par Marcinkus. Gelli s’est réfugié à temps en Argentine, où il avait déjà opéré aux temps du général Lanusse dans une opération appelée « Gianoglio » afin de faciliter le retour de Perón.

Gotti Tedeschi fut donc investit d’une mission quasi impossible et il n’est resté que trois années à la tête de l’Institut pour les Å’uvres de la Religion. Il fut licencié de manière brutale en 2012 pour « irrégularités dans sa gestion ». Entre autres irrégularités, la justice de Rome a découvert un versement suspect de 30 millions de dollars entre la Banque du Vatican et le Crédit Artigiano. Le transfert s’est fait à partir d’un compte ouvert au Crédit Credito Artigiano mais fut bloqué par la Justice à cause de son manque de transparence. Tedeschi quitta donc la banque quelques heures après l’arrestation du majordome du pape et juste au moment où le Vatican était sous enquête pour violation des normes contre le blanchiment de capitaux. En réalité, son expulsion constitue un autre épisode de la guerre entre factions. Quand il prit ses fonctions, Tedeschi commenca à élaborer un rapport secret où il consigna ses découvertes : comptes chiffrés où l’ont cachait de l’argent sale de « politiciens, d’intermédiaires, de constructeurs immobiliers et de hauts fonctionnaires de l’Etat ». Même Matteo Messina Denaro, le nouveau chef de la Cosa Nostra, avait son argent placé dans l’IOR. C’est là que commenca le malheur de Tedeschi. Ceux qui connaissent bien le Vatican allèguent que ce banquier fut victime d’un complot monté par des conseillers de la banque avec le soutien du secrétaire d’Etat, Monseigneur Bertone, un ennemi personnel de Tedeschi, et responsable de la commission de cardinaux qui surveille le fonctionnement de la banque. La destitution de Tedeschi s’est accompagnée par la diffusion d’un « document » qui le mêle à la fuite des documents volés au pape.

Bien plus que les querelles théologiques, c’est l’argent et les comptes occultes de la Banque du Vatican qui semblent composer la trame de la démission inédite du pape. Un nid de corbeaux pédophiles, de comploteurs réactionnaires et de voleurs assoiffés de pouvoirs et capables de tout afin de défendre leur faction : telle est la terrible image de décomposition morale laissée par la hiérarchie catholique. Rien de bien différent du monde dans lequel nous vivons. Corruption, capitalisme assassin, protection des privilégiés, circuit de pouvoir qui s’auto-alimente et se protège, le Vatican n’est rien d’autre que le reflet de la décadence du système lui-même.

Eduardo Febbro

Publié dans le journal argentin « Pagina 12 » :
http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-213961-2013-02-1...

Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera http://www.avanti4.be/analyses/article/les-veritables
Vatican : le livre noir qui révélerait un "lobby gay"

Révélation de l’existence d’un réseau gay au Vatican relance l’hypothèse selon laquelle Benoît XVI n’a pas démissionné pour des raisons de santé.

Benoît XVI, coiffé d’un chapeau rouge, le 22 juin 2011 à Rome. C’est un dossier de 600 pages relié d’une couverture de cuir rouge. Un dossier qui raconte en détail toutes les bassesses de la curie romaine et qui donne un nouvel éclairage sur la démission de Benoît XVI.

Il faut, pour bien comprendre, remonter aux heures noires de l’affaire Vaticaleaks. La publication par la presse italienne de documents volés dans le bureau du pape lève un premier voile sur les moeurs des hommes qui sont censés porter la parole de Dieu et seconder le souverain pontife. Clans opposés les uns aux autres, querelles de personnes, scandales financiers et sexuels : le tableau est édifiant. Ce n’est pourtant qu’une infime partie de la "saleté" de l’Église, pour employer une expression de Benoît XVI.

Livre noir

Le pape convoque alors une commission de trois cardinaux : Juan Herranz, Josef Tomko et Salvatore De Giorgi. A ces trois proches auxquels il fait entière confiance, il confie la mission de découvrir l’origine des fuites. Et Benoît XVI investit la commission de son autorité pontificale. Aucun prêtre, aucun prélat, aucun laïc qui fréquente le Vatican ne pourra se soustraire aux interrogatoires. Mais les trois limiers ne se limitent pas à chercher le corbeau. Aux cours de leurs interrogatoires, ils recueillent des aveux et des accusations sur la vie cachée du Vatican, les petites et les grandes fautes des uns et des autres. Ils recoupent les témoignages pour arriver au plus près de la vérité.

Le 9 octobre dernier, les trois cardinaux confient ce "livre noir" du Vatican à Benoît XVI. Selon la presse italienne, au cours de cette audience tragique, les enquêteurs font un résumé oral au pape. Et ils évoquent l’existence dans les rangs de la curie de factions, dont un très influent lobby gay. Des lieux de rencontres homosexuelles fréquentés par des ecclésiastiques sont signalés. Il est fait référence à des prélats soumis à des chantages pour leur non-respect du voeu de chasteté.

Selon le quotidien La Repubblica, devant ce déballage, Benoît XVI prend conscience de son impuissance face à une curie en pleine anarchie et sur laquelle il n’a plus d’autorité. Il forge au cours de ces heures la décision de renoncer au trône de Pierre.
Descendre de la croix

Affabulation de la presse italienne ? Peut-être. Mais Benoît XVI a bien reçu avant de démissionner les trois cardinaux de la commission. Une audience hautement symbolique qui souligne aux yeux du monde l’importance qu’il attache à leurs travaux. Le document restera secret, mais Benoît XVI le transmettra à son successeur, tels les codes de la bombe atomique que se transmettent les chefs d’État lors d’une alternance.

La démission de Benoît XVI apparaît donc chaque jour davantage comme un acte politique plutôt que l’aveu d’une déchéance physique. Un geste de rupture face à un système qu’il désavoue avec l’unique arme qu’il lui reste : descendre de la croix. Depuis son renoncement, à chacune de ses apparitions publiques, Benoît XVI dénonce les péchés des serviteurs de Dieu. "Le visage de l’Église est défiguré. Je pense en particulier aux fautes contre l’unité de l’Église, aux divisions dans le corps ecclésial", dit-il au cours de la messe d’entrée en carême. Lors de l’Angélus, il invite l’Église à "se rénover dans son esprit", à "renier l’égoïsme et l’instrumentalisation de Dieu pour le succès, les biens matériels, le pouvoir".

Des paroles qui résonneront aux oreilles des cardinaux lorsqu’ils se réuniront dans la chapelle Sixtine pour élire le successeur de Benoît XVI.

http://www.lepoint.fr/monde/vatican-un-lobby-gay-a-t-il-fait-fuir-beno...

Avec la fameuse source principale (italophiles, je suis preneur pour une traduction littérale) :

http://www.repubblica.it/esteri/2013/02/21/news/ricatti_vaticano-53080655/

Pioché ailleurs, j’aime aussi beaucoup ces passages :

« Plus qu’aucun autre pape, Joseph Ratzinger s’est engagé dans un grand nettoyage de l’Église, touchée par les scandales sexuels et pédophiles. Sur les scandales de pédophilie, qui ont éclaté sous son pontificat, l’ancien procureur chargé du dossier, monseigneur Charles Scicluna, et d’autres voix de l’Église ont soutenu que Joseph Ratzinger a pleinement soutenu le combat contre les abus, la "tolérance zéro" et la collaboration avec les autorités judiciaires. Il aurait été l’un des premiers à vouloir réagir alors qu’il était encore cardinal, mais il aurait été freiné par d’autres prélats. »

Source : http://www.lepoint.fr/monde/benoit-xvi-un-pape-qui-a-fait-le-menage-da...

Un document secret du Vatican explique comment procéder dans les cas de scandales de pédophilie au sein de l’Eglise Catholique. Il enseigne aux évêques sur la manière de procéder en cas d’allégations de crimes pédophiles contre des prêtres.
Ce document se nomme « Crimen Solicitationis », et il est l’instruction d’une politique mondiale sur le secret et le contrôle absolu de tous les cas d’abus sexuels du clergé.

Il a été rédigé en 1962 par Alfredo Ottaviani et Joseph Alois Ratzinger (devenu Benoit XVI, après son élection).

La démission du pape serait donc un repentit 50 ans après… ?

L’article chez lui : Les révélations de la démission de Ratzinger

URL de cet article 19561
  

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