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Les stratégies de la suprématie

Chaque Etat impérialiste vise à établir sa suprématie planétaire, lui permettant de disposer des richesses mondiales assurant sa prééminence sur les autres pays impérialistes. Les puissances impérialistes sont donc des adversaires inconciliables - ce que le marxisme a appelé « les contradictions internes de l’impérialisme ».

Les rivalités ne peuvent engendrer que l’agressivité. Mais il est primordial pour la puissance visant à imposer sa suprématie de se placer au préalable en position de force, afin de limiter les possibilités de ses rivales à réagir à l’agressivité entreprise. Ses moyens politiques, économiques ou militaires doivent réduire les marges de manœuvre de l’adversaire (ainsi aujourd’hui, les Etats-Unis proclament "assurer la paix à travers la force", faisant du chantage par la menace).

A la fin du 18e siècle, la France combat l’Angleterre sans l’attaquer. A cette époque, la France est une nouvelle puissance industrielle et elle "doit" détrôner la puissance en titre, pour "le bien de la France". Comme moyen pour combattre l’Angleterre, Napoléon choisit le blocus économique, en interdisant le commerce avec l’Angleterre. Le blocus économique n’avait de sens pour lui qu’à condition que toute l’Europe se trouvât sous le pouvoir de Napoléon, car le contrôle rigoureux de l’application complète du "blocus économique continental" de l’Angleterre exigeait la soumission absolue de toute l’Europe et de la Russie à la volonté de Napoléon. Durant vingt ans de guerres en Europe, Napoléon suit sa logique d’imposer le blocus économique de l’Angleterre.

A la fin du 19e siècle, l’Allemagne unifiée par la Prusse - encore sous régime féodal - fait des bonds économiques spectaculaires. Sa tactique pour réduire la puissance de ses concurrents se présente sous deux tendances : 1. - Celle des grands propriétaires terriens qui prônaient une politique d’annexion à grande échelle : annexer des pays avoisinants (la France, la Belgique) pour augmenter le potentiel industriel allemand ; annexer des terres agricoles (des pays baltes et de la Pologne) ; pénétration vers l’Adriatique en annexant la Serbie et le Monténégro, etc. Evidemment, ils veulent aussi s’emparer de certaines colonies françaises et belges, pour unifier l’empire colonial allemand disséminé à travers toute l’Afrique. Ces desseins ne peuvent être réalisés que par la force. 2. - Une autre tactique optait pour une politique mondiale expansionniste, fondée sur le libre commerce, estimant que la force industrielle allemande suffit pour l’emporter par une concurrence ouverte, avec l’avantage d’éviter la riposte que provoqueraient les annexions. Cette tendance, que représentaient les monopoles allemands, était pour une communauté économique européenne, sans l’Angleterre et la Russie (pour ne pas perdre leurs marchés), mais avec la France et la Belgique, qui seraient soumises au contrôle économique allemand… (L’idée d’"Etats-Unis d’Europe" était déjà en l’air depuis un certain temps, considérant cette solution comme un rempart contre les guerres (1). Face aux espoirs que la Première guerre mondiale mènerait à l’unification de l’Europe, Lénine écrira en 1915 que "les Etats-Unis d’Europe n’auront comme but que de s’opposer à la montée économique de l’Amérique et du Japon" ; que "sous le capitalisme, les Etats-Unis d’Europe sont impossibles, ou seront réactionnaires".)

Les Etats-Unis d’Amérique, qui à cette époque développent leur industrie exclusivement sur leur territoire, évitent les conflits majeurs, mais profitent des besoins d’approvisionnement des belligérants.

La Russie tsariste, dont les relations commerciales et productives sont surtout avec l’Allemagne, est la cinquième puissance mondiale. Elle ne vise pas à sortir de sa vaste étendue de la Pologne à la Sibérie, mais elle est confrontée aux appétits de l’Allemagne voisine (2).

Pendant la guerre franco-prussienne Marx fait une analyse très intéressante :

"L’influence prépondérante du tsar (russe) sur l’Europe prend racine dans son autorité traditionnelle sur l’Allemagne. […] Du fait de l’épuisement réciproque de l’Allemagne et de la France (dans la guerre de 1870), Alexandre se flattait qu’il deviendrait l’arbitre suprême de l’Ouest européen. Telle est la loi du système politique vieillissant : le gain de l’un est la perte de l’autre. (Mais) la Russie autocratique doit se considérer en péril du fait d’un empire allemand sous direction prussienne […], au moment où en Russie-même des forces sociales volcaniques menacent de secouer les bases les plus profondes de l’autocratie. Le tsar pourrait-il supporter une telle perte de prestige à l’étranger ? (3) […] Si l’arrogance de l’Allemagne du succès (sur la France) et les intrigues dynastiques la conduisent à une spoliation de territoires français (l’Alsace et la Lorraine), il ne lui restera alors que deux partis possibles. Ou bien elle doit, à tout risque, devenir l’instrument direct de l’expansion russe, ou bien, après un court répit, elle devra se préparer à nouveau à une autre guerre "défensive", non pas une de ces guerres "localisées" d’invention nouvelle, mais une guerre de races, une guerre contre les races latines et slaves coalisées." (le souligné est dans le texte original : "Seconde adresse du Conseil Général de l’Association Internationale des Travailleurs /la I Internationale/ sur la guerre franco-allemande", aux membres en Europe et aux USA – Londres, le 9 sept. 1870 – texte écrit par Marx)

Nous voyons là l’engrenage qui mènera l’Allemagne aux deux guerres mondiales où elle vise à détrôner l’Angleterre, sa position de force préalable étant sa puissance militaire.

Au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis arrivent à s’imposer sur les autres pays impérialistes, ravagés et affaiblis par la guerre. Ils imposeront un dictat époustouflant, qui s’appuie sur la position du dollar comme monnaie internationale, qu’ils ont pu obtenir face à la proposition anglaise de monnaie internationale fictive, présentée par John Meynard Keynes à la conférence de Bretton Woods (USA) en 1944, à laquelle ont participé quarante-quatre pays.

Mais, comme le dit si bien Samir Amin, "le capitalisme engendrant en permanence une tendance à la surproduction, la crise est alors, la forme normale de son état, tandis que la prospérité est, elle, l’exception"(4).

Aux Etats-Unis, la crise économique commence dès les années 1960.

Mais s’étant assuré leur suprématie sur les autres puissances impérialistes par le dollar-monnaie internationale, ils s’engagent dans des guerres en Asie et dans des interventions en Afrique, dont le but est de déloger les anciennes puissances. Le coût de leurs efforts militaires aggrave leurs crises économiques… qu’ils font payer au monde entier, ayant supprimé la convertibilité du dollar en 1971.

Un demi-siècle de répit s’était imposé après la Deuxième guerre mondiale avec la victoire de l’URSS sur le fascisme, suivie des révolutions socialistes des pays de l’Europe de l’Est et de la Chine et des luttes de libération nationale des pays colonisés, qui a pu nourrir l’illusion qu’enfin le capitalisme, contraint de s’y ajuster, parvenait à se civiliser. Mais, se trouvant sans contrepoids politique depuis la désagrégation de l’URSS en 1991, l’offensive des Etats-Unis s’est amplifiée.

Les Américains sont moins convaincus que ne le sont en apparence leurs alliés européens, des vertus de la concurrence. Dans la conjoncture actuelle de crise générale - économique, politique et militaire - ils ont repris l’offensive, pour organiser leur hégémonie planétaire en système mondial dans toutes ses dimensions.

Les médias sont, sans doute, suffisamment contrôlés pour que les objectifs stratégiques du pouvoir américain ne soient jamais objet de débat. Ce qui est plus étonnant, c’est le silence des pouvoirs européens, qui ne souhaitent pas même évoquer l’existence d’une stratégie globale américaine. Orchestrant la manipulation médiatique, d’une efficacité redoutable, les forces impérialistes ont provoqué une véritable crise de l’idée et de la pratique démocratiques. Le système néolibéral exclut toute avancée de la démocratie.

La notion de "démocratie" est mobilisée de façon cynique pour abattre un adversaire socialiste ou populaire, qui défend une démocratie authentique allant au-delà des simples élections pluralistes, mais plutôt une démocratie de justice sociale, défendant son indépendance - avec une dimension anti-impérialiste qui ne soit pas alignée sur la stratégie régionale ou mondiale des Etats-Unis.

L’offensive de l’impérialisme américain est déployée dans toutes les directions : - dénigrement des grands combats portant sur les choix de société ; - émiettement maximal des forces potentielles anti-impérialistes ; - éclatement des formes étatiques d’organisation de la société (dénommé "démolition contrôlée") ; - impuissance de l’Etat capitaliste, voulue et organisée par la bourgeoisie monopoliste qui a instauré l’hégémonie des monopoles ; - limiter au maximum la démocratie dans des pays souverains à soumettre, en alliance avec les forces réactionnaires locales.

L’offensive ciblée pays par pays, vise à imposer ou à conserver des systèmes non démocratiques, parce qu’ils sont la condition de leur soumission aux exigences économiques de la mondialisation impérialiste. Le "grand bandit" - l’impérialisme - ne peut se passer des services terroristes de "voyous" (fascistes en politique et extrémistes en religion) qu’il a excités et exaltés sur des thèmes qui font naître le fanatisme religieux et le chauvinisme national. Et… des armes modernes leur sont fournies ! Les puissances occidentales ne veulent pas de la démocratie. L’impérialisme n’est pas démocratique, par nature.

Le projet structuré de domination mondiale, que les Etats-Unis ont développé, est appelé "gouvernance globale". Il est construit sur deux volets :

 volet économique : en marginalisant l’ONU, transférer le pouvoir de décision aux "institutions économiques internationales", directement à la botte des Etats-Unis et de leurs transnationales ; et

 volet militaire : substituer l’OTAN à direction américaine, à toute autre organisation internationale, s’inscrivant dans le cadre de l’ONU. La force est érigée en principe suprême, en dépit du droit international, auquel le discours officiel fait référence. La réalisation des objectifs de domination mondiale s’appuie sur l’intervention militaire, dont la force est fondée sur - d’une part, l’alignement de l’Union européenne sur les objectifs stratégiques des Etats-Unis ; et - d’autre part, sur le choix américain de leurs méthodes militaires, renforçant leur suprématie : bombardements américains sans risque, et utilisation de troupes européennes supplétives pour l’intervention sur le terrain.

Quels sont les pays impérialistes qui risquent d’entrainer les peuples dans une nouvelle guerre mondiale ? Dès l’entrée définitive du capitalisme dans sa phase monopoliste/impérialiste au début du 20e s., les pays qui se sont affirmés comme impérialistes sont quatre : l’Angleterre, la France, l’Allemagne et les Etats-Unis d’Amérique. D’autres puissances capitalistes (comme le Japon ou l’Italie) ont eu des visées de domination et ont mené des agressions militaires d’envergure. Mais, à chaque fois, leurs conquêtes sont accaparées par une des quatre premières. Quelle est la raison de l’incapacité des autres puissances capitalistes à s’imposer comme puissances impérialistes ? Même si elle n’est pas formulée explicitement, Lénine en donne la réponse ("L’impérialisme, stade suprême du capitalisme") dans la grille de classification qu’il dresse concernant les avoirs bancaires des principaux pays capitalistes. On constate que les avoirs des quatre pays impérialistes indiqués ci-dessus sont de trois à quatre fois supérieurs à ceux des pays qui les suivent, et ensemble ils possèdent 80% des réserves d’argent dans le monde. Ils se détachent des autres pays par la puissance de leurs banques !

Dans le langage écrit, les puissances impérialistes sont désignées par : "Nord/Sud" (opposition évidente) ; chez certains auteurs : "le Centre" - "la périphérie" (comme le "Sud") étant le reste du monde ; ou bien "l’Occident". Ces "géographismes" permettent de ne pas mettre en avant la principale caractéristique qui leur est commune : la possibilité de leurs banques d’enfermer les pays faibles dans le système du crédit, s’assurant ainsi leur soumission financière. Ce sont aussi leurs banques qui décident des firmes à privilégier ou à saboter, des pays à sanctionner ou à favoriser, gérant ainsi leurs décisions politiques.

Tout au long de l’histoire de l’accumulation du capital - entamée sous le féodalisme - les centres du capital en expansion ont été les pouvoirs hégémoniques du système mondial (au 15e s. – la ville-Etat de Gênes, aux 16e et 17e s. – les Pays-Bas, aux 18e et 19e s. – l’Angleterre, au 20e s. – les Etats-Unis). Durant la dernière étape du cycle, les capitalistes transfèrent leurs capitaux dans d’autres endroits, et finalement, dans le nouveau centre qui s’est affirmé comme capital en expansion. Dès le début du 21e s., le centre de l’argent est sur le point de sortir des Etats-Unis. La Russie et la Chine sont les endroits privilégiés du transfert. Or, la Chine n’a pas utilisé la dette extérieure américaine pour dévaster l’économie des Etats-Unis… Une telle chute aurait provoqué la riposte nucléaire américaine.

Etant en voie d’affaiblissement, les Etats-Unis essaient de maintenir leur position de centre du système mondial par la force brutale, en impliquant leurs alliés et vassaux dans leurs opérations impérialistes. Les Américains vont de plus en plus déléguer leurs missions à d’autres pays, comme déjà à la France - en Libye et au Mali (5). C’est une décentralisation visant à renforcer l’hégémonie du système mondial et à maintenir l’Empire américain par délégation. La France et l’Allemagne feront des compromis. Mais déjà, leurs classes politiques (de gauche et de droite) se battent pour mieux servir le centre impérialiste américain, parce qu’elles profitent du système mondial corrompu : l’élite de l’Europe occidentale a ses intérêts propres dans ce système.

En cas d’attaque américaine, les Etats-Unis privilégient les armes nucléaires tactiques. Les ennemis potentiels ne croyant pas à la menace nucléaire avec les armes actuelles - trop destructrices pour être employées -, il est donc plus concevable "l’usage de mini-bombes nucléaires, comme instrument de paix" (6). Néanmoins, celles-ci possèdent une capacité d’explosion dépassant de trois à six fois la bombe d’Hiroshima. Les analystes de l’OTAN ne prennent pas en compte les retombées radioactives et la contamination, qui seraient dévastatrices sur une très vaste zone, entraînant un nombre extrêmement élevé de victimes civiles.

Dans le scénario de la guerre contre l’Iran, il est prévu l’emploi combiné d’armes nucléaires tactiques et de bombes conventionnelles (7), provoquant des nuages en champignon (!). D’autres armes pourraient être également utilisées, comme les systèmes électromagnétiques permettant de déstabiliser les infrastructures gouvernementales, les systèmes de communication, le commandement, etc.

Les techniques de modification de l’environnement (guerre météorologique), développées dans le cadre du programme HAARP, sont totalement opérationnelles et pourraient également être employées comme "élément de la sécurité intérieure et internationale". Leurs applications pourraient être offensives, défensives ou dissuasives. La capacité de générer des précipitations, du brouillard, des tempêtes ou de modifier les conditions climatiques, produisant des conditions climatiques artificielles (comme la pluie diluvienne avec éclairage éblouissant sur Bruxelles en août 2011, au décollage de nuit des bombardiers partant pour la Libye) ; le rayonnement électromagnétique permettant de "détériorer la santé à distance" ; les armes biologiques capables de "cibler des génotypes spécifiques" provoquant la terreur, font partie d’un ensemble de technologies intégrées pour augmenter la portée de la puissance américaine, ou diminuer celle d’un adversaire. Les demandes du Département de la Défense des Etats-Unis sont approuvées par le Commandement du Pacifique (responsable de la Corée du Nord) et le Commandement central (responsable de l’Iran), coordonnés par le Commandement Stratégique des Etats-Unis.

La stratégie de suprématie de l’impérialisme américain est aujourd’hui la principale menace pour le progrès social, la démocratie et la paix.

Et le ralliement des gouvernements européens, de l’opinion publique et des forces de gauche occidentales au projet américain de suprématie mondiale et au sentiment de "supériorité de l’Occident" vis-à-vis des peuples de "la périphérie", constitue une grave entrave aux luttes pour le progrès, dont les conséquences ne peuvent être que tragiques.

Mais les arguments idéologiques médiatiques, utilisés pour camoufler les objectifs du capital monopoliste de contrôle et de pillage des ressources naturelles de la planète et de surexploitation de la main-d’œuvre des pays dominés, ne rallient que l’opinion occidentale (ravie de la bonne conscience qu’ils lui donnent).

Déjà l’Amérique Latine relève un défi à la suprématie. L’association de coopération latino-américaine, l’ALBA, ainsi que le mouvement bolivarien de Hugo Chavez, constituent un pôle de résistance qui peut se développer. Une nouvelle société, celle des classes travailleuses, perce le jour.

Face à une classe bourgeoise qui s’était formée en trois siècles d’activités marchandes et d’accumulation du capital, quand les classes dirigeantes aristocratiques n’avaient plus d’argent, les révolutions bourgeoises qui éclatèrent dans les centres de l’accumulation capitalistique purent réussir à renverser le féodalisme, pour asseoir la domination de la bourgeoisie dans le nouveau système sociopolitique capitaliste !... Nous sommes en train d’assister à son essoufflement.

Lênsta Petit

Paris, avril-mai 2013

»» http://www.michelcollon.info/Les-strategies-de-la-suprematie.html

Notes :

(1) La notion d’"Etats-Unis d’Europe" est formulée par Victor Hugo à la conférence internationale pour la paix qu’il organise à Paris en août 1849, suite aux révolutions de 1848 en Europe.

(2) Il est à remarquer que la Russie n’a jamais pratiqué la colonisation, ni l’esclavagisme. Enfin, en 1899, la Russie convie à la Haye les Etats du monde entier et propose (et fait adopter) d’interdire dans les guerres les gaz asphyxiants, les balles explosives, les bombardements aériens et l’agression des populations civiles… C’est exactement l’inverse que pratiquent les USA depuis leurs bombardements de cibles civiles en Europe durant la Deuxième guerre mondiale. Depuis 1944… et jusqu’à nos jours.

(3) Dans les nouvelles versions de l’Histoire, on lit que Marx n’avait pas vu les luttes en Russie, et qu’il était en général, méprisant pour les Russes !

(4) S. Amin – L’hégémonisme des Etats-Unis et l’effacement du projet européen – Paris, 2002

(5) Mahdi Darius Nazemroaya – The globalisation of NATO – Canada, 2012, in "L’Etoile du Nord" – Montréal, févr.-mars 2013

(6) Michel Chossudovsky (site électronique) – Le rôle du Commandement Stratégique des Etats-Unis (USSTRATCOM).

(7) La MOAB, "l’arme monstre, la plus puissante jamais conçue", testée en 2003 et utilisée en Irak.


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Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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