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Lettre ouverte à Jean-Luc Mélenchon.


Camarade Sénateur,

Tu me fais de la peine, aujourd’hui. Tu me fais de la peine car tu m’es sympathique. Toujours, sans détour, tu affirmes tes idées, tu trempes ta liquette dans d’innombrables meetings avec Marie-George et Olivier pour la victoire du Non, tu ne fais pas de concession à la presse télévisée le soir du 29 mai quand on t’empêche de parler et tu quittes le plateau en signe de protestation, tu sais prendre des positions courageuses à contre-courant de la majorité de ton parti. Bref, tu sais t’affirmer et tu sais dire tout haut ce que d’autres pensent peut-être tout bas mais n’émettent pas par souci de préserver leur avenir politique, un siège garanti à l’Assemblée Nationale ou au Sénat ou bien un portefeuille ministériel.

Je n’ai pas été surpris quand tu t’es prononcé pour la candidature de Laurent Fabius. Logique. Mais il y a quand même une question que je me pose depuis longtemps. Je te l’ai d’ailleurs posée sur ton blog mais tu ne m’as pas fait l’honneur d’y répondre. Oh, non pas que je pense que ce soit pas dédain ou par mépris. Je te sais trop respectueux des autres pour le concevoir. Ca pourrait être par manque de temps, très occupé que tu es, mais, je ne le crois pas non plus. Je pense tout simplement que tu ne savais pas comment répondre.

Cette même question, je l’ai aussi posé à quelques-uns de tes proches qui sont à PRS. Car nous avons des amis communs. Il se trouve que certains dans ton entourage appartiennent, comme moi, à une drôle d’association nommée Cactus Républicain, rebaptisée La Gauche ! qui édite un curieux mensuel appelé Réchauffer la Banquise, le bulletin pour tropicaliser la gauche congelée, où on parle de politique mais d’une autre façon, souvent en essayant d’y mêler l’humour, avec quelquefois des allures de galopin-bouffon. Tu vois, peut-être alors, à qui je fais référence. Mais, le plus cocasse est qu’ils ne m’ont pas répondu non plus. Sans doute, parce qu’ils étaient aussi gênés que toi aux entournures.

En amont, il y a bientôt un an, ( tu vas penser que, pour des amis, je ne les vois pas souvent, mais comme ils habitent Paris et moi, Santiago du Chili, ça nous est un peu difficile de nous réunir tous les dimanches devant un barbecue...), j’avais déjà demandé pourquoi ils étaient, avec PRS, encore au Parti Socialiste, étant entendu que la divergence profonde sur la question du TCE était telle que je ne comprenais pas comment accorder les deux courants. Ils m’ont répondu que l’idée était de faire bouger le PS de l’intérieur en l’inclinant à gauche. Idée généreuse mais qui me laissait toutefois perplexe puisqu’à l’évidence, la majorité était, et est plus que jamais, d’obédience libérale. J’avais déjà alors en tête que faire le grand écart est un exercice très difficile et exige un satané entraînement sous peine de se claquer un adducteur. Mais nous en restâmes là .

Puis vint l’épopée de la synthèse au PS. J’y perdais de plus en plus le peu de latin qui me restait de mes chères études quand j’ai vu que tout ce joli monde réussissait, malgré tout, à se mettre d’accord. Il faut quand même avoir un sacré goût pour l’unité pour réussir ce tour de force. Mais, bon, admettons. C’est quand même à ce moment que je m’interroge de nouveau sur la présence de PRS, et aussi de Montebourg d’ailleurs, au PS.

Arrive enfin la candidature à la candidature de Fabius, qui reçoit ton soutien, ce qui n’étonne personne. Alors, comme je n’avais toujours pas de réponse à ma première question, je me suis décidé à poser la seconde. Comme je ne veux pas te faire languir plus longtemps, Camarade Sénateur, c’est donc celle que j’ai posé à nos amis communs et à toi, sur ton blog, il y a déjà plusieurs mois : « Que vas-tu faire si Fabius n’est pas élu candidat du PS ? ».

Je ne doute pas une seule seconde que, si tu t’es battu comme un beau diable pour Fabius, tu pensais qu’il finirait par l’emporter. C’était, à mon sens, exagérément optimiste étant donné les rapports de force au PS, mais là encore, la force de la conviction l’a emporté et c’est tout à ton honneur.

Mais la question s’avère encore plus aiguë aujourd’hui avec le choix de Ségolène Royal. Comment pourrais-tu soutenir une candidate qui ne raconte que des âneries à chaque fois qu’elle prend la parole sur un sujet sérieux, ce qui est d’ailleurs rare ? Elle n’est au courant d’aucun grand dossier. Elle n’excelle que dans le médiatique avec son sourire en balançoire. Le populisme est son registre. Alors, c’est vrai, ça marche. Mais jusqu’à quand ? Pas longtemps, j’en suis persuadé. A chaque fois qu’elle s’exprime vraiment, elle perd des voix. En admettant qu’elle soit qualifiée pour le deuxième tour, ce qui me paraît fort peu probable, combien de temps tiendrait-elle dans un débat devant Sarkozy ou le Pen ? Trois minutes ? A moins qu’elle ne le refuse comme elle a été à deux doigts de le faire lors de la campagne interne au PS. El les Français n’aimeraient pas ça. Comment pourrais-tu faire cause commune avec quelqu’un qui voudrait faire appel aux militaires pour encadrer les jeunes délinquants plutôt que de s’attacher aux vrais causes de la délinquance ? Cycle infernal de la répression au détriment de l’Éducation. De l’Éducation, parlons-en : les profs à 35 heures dans les collèges, un réquisitoire en règle contre les enseignants qui font du fric. Le discours bien-pensant du beauf qui ne connaît rien à la fonction enseignante, qui pense que les profs sont tous des planqués et des fainéants. Quelle méconnaissance du sujet ! Elle ne sait même pas que les titulaires du CAPES font 18 h et pas 17 ! Et en plus, il ne faut pas le dire ! Ah ben non, il faut d’abord qu’ils votent pour elle et ils apprendront la bonne nouvelle après. Quel mépris ! Quelle suffisance ! Quelle lâcheté ! Et l’histoire du porte-avion, MAM n’a pas manqué de l’épingler. Ben oui, le porte-avion britannique n’est pas équipé pour recevoir les avions français ! Et le nucléaire civil iranien ! D’ailleurs, je t’ai vu très amusé avec Nicolas Dupont-Aignan lorsqu’elle racontait ses fadaises ! Il est évident que cette dame n’a absolument pas la stature d’un chef d’État. Elle est tellement inepte qu’elle serait capable de nous déclencher une guerre sans que nous nous en rendions compte !

Mais ce n’est pas tout. Imaginons-la, Présidente. Que se passerait-il alors ? Les portefeuilles ministériels aux copains-cochons qui l’ont soutenue ? Alors, Jack Lang aux Affaires Etrangères ? Ca le changerait de la Culture, il est en panne de Légion d’Honneur ! Mérieu, le Grand Fossoyeur de l’Ecole Républicaine, à l’Education Nationale ? Montebourg, ah oui Montebourg, ben, il va bien falloir le caser quelque part. Mais où ? On verra bien. Chevènement, toujours en quête d’un portefeuille et prêt à toute les compromissions. On ne sait plus s’il est « au-dessus de la droite et de la gauche » ou s’il est « ailleurs » mais tout laisse à penser qu’il s’est effectivement égaré. Mamère à l’Environnement ? Ben oui, lui aussi il voudrait bien négocier. Taubira à la Condition Féminine ? A ben, il faut bien qu’il y ait des femmes sinon, ça la foutrait mal !

Alors, Camarade Sénateur, je me demande vraiment ce que tu fais encore dans ce panier de crabes nauséabond. Tu ne crois pas qu’il serait temps que tu rejoignes tes vrais amis, ceux du NON de Gauche. Ils t’attendent pour les aider à faire la nique, et à Ségo, et à Sarko !

Et maintenant, vas-tu me répondre ? Qu’est-ce que tu vas faire ? A part aller à la pêche...


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