Mélancolie lucide et vertige – la boîte de Pandore de l’Europe

L’Europe s’abandonne à ses fléaux. Face au vertige qui nous saisit, j’interroge nos élites, leurs récits sournois et notre mémoire oubliée, pour retenir ce qui survit quand l’espoir n’est plus qu’un souffle fragile au fond du vase.

Aujourd’hui, comme tant d’autres jours, je traverse un état de mélancolie lucide. Beaucoup, je crois, s’y reconnaîtront. Voyez-vous ce vertige nauséeux qui enserre l’âme et fait vaciller l’esprit ? Qui frappe la conscience de sursauts, d’implosions, de tristesse ? Ces choses que l’on ne partage plus... Pourquoi encore lasser ses proches ? Pourquoi les user, les désespérer, s’ils ont la chance d’être encore heureux, de profiter d’instants préservés, de fragments de magie ? Ce n’est pas le destin de tous. Et je pense sans relâche aux âmes en souffrance. Aux cris et aux peurs de ceux du Donbass et de Gaza. Non, je le regrette : il m’est impossible d’y être indifférente.

Cette mélancolie, teintée d’une amère clairvoyance, revient sans cesse. Elle s’installe. Encombrante. Absorbante. Jusqu’à épuiser notre vitalité. Elle trouble notre conscience, s’infiltrant dans nos quotidiens : faits, déclarations, sensations nauséeuses, jugements sans fondement, mépris des causes et de la raison. Nous errons dans un labyrinthe où la morale s’efface. Où l’humanité se bafoue elle-même sans retenue. Comment des postures belliqueuses, si absurdes, peuvent-elles encore s’imposer ? Comment s’installent-elles si profondément dans le déni ? Y a-t-il un infime espoir, une issue pour échapper à ce tourment ?

Les fléaux de la boîte ouverte

Comme Pandore, nous sommes face à notre propre boîte. Ce vase antique où les dieux avaient scellé tous les maux de l’humanité : la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion, l’Orgueil... ainsi que l’Espérance. La curiosité et l’insatiable désir humain de savoir ont fait s’échapper les fléaux. Nous sommes désormais confrontés à la réalité des souffrances accumulées. L’indignation nous frappe : comment avons-nous laissé ces forces destructrices se répandre ? Comment avons-nous oublié de refermer ce vase avant que le chaos ne nous engloutisse ? L’espoir, retenu au fond, reste fragile. Silencieux. Mais il persiste, dernier fil pour ne pas sombrer dans l’abîme.

La rumeur du mensonge

En cet été clément, lumineux, j’avais décidé de me préserver des médias et des réseaux sociaux. Mais il m’a suffi d’allumer une simple radio — réputée pour sa programmation musicale, légère, diversifiée — pour être brutalement rappelée à la cruauté de ces jours. L’heure fracassante des flashs d’information. Ces bulletins, qui scandent le temps universel, accaparent et bouleversent. Saturés d’absurdité propagandiste. Jouant sur l’émotionnel. Le tragique. Le polarisant. Oubliant les faits, ignorant les origines, refusant de croiser les sources. Sont-ils tous possédés ? Ou subsiste-t-il un reste d’éthique dans la conscience de ces médias qui ânonnent les éléments de langage d’une forfaiture d’État ? La rage nous submerge. La stupéfaction nous glace. Chaque mensonge creuse le vertige. Chaque mot nourrit une haine sans repos. Sans clémence.

Dans les rues, les micro-trottoirs diffusés par quelques médias alternatifs révèlent une inquiétante inculture. Des citoyens, anesthésiés par la désinformation institutionnelle, ignorent tout du conflit ukraino-russe. Mais déversent une haine viscérale contre la Russie, mêlée à un soutien aveugle au narratif israélien, trafiquant la vérité et occultant les faits. Leurs paroles trahissent la passivité et la soumission aux illusions médiatiques. Pendant ce temps, l’Europe s’enlise dans un marécage d’ignorance historique, incapable de lire ou d’interpréter les leçons de son passé trop souvent tragique.

La chute des élites

Ouvrant toujours plus largement la boîte de Pandore, l’Europe s’abandonne à un chaos qui la dévore. La guerre en Ukraine, le désengagement social, la réhabilitation implicite de figures extrêmes et la compromission avec des idéologies violentes ne sont pas des accidents : ce sont les symptômes d’un effondrement orchestré par des élites qui ont renoncé à défendre leurs peuples, au nom de projets supranationaux soumis à des puissances extérieures ou, pire, à des relents révisionnistes et nauséabonds, portés par des héritiers décomplexés des abominations nazies, semeurs de haine.

Cette faillite est amplifiée par l’inculture profonde de nos élites, pédantes et aveuglées, guidées par la doxa néolibérale unipolaire. Les Young Leaders usent de sournoiserie et de spéculation perverse, imposant leurs volontés déconnectées de toute réalité historique et sociale. L’Occident, technocratique et enfermé dans sa vision unipolaire, libère des forces destructrices qu’il ne maîtrise plus. Comme Pandore ouvrant sa boîte, il nourrit inconsciemment une apocalypse qu’il attise avec avidité.

Le projet européen, tel qu’il existe, incarne une soumission volontaire et inédite. Entre deux parties de golf dans son domaine de Turnberry, Donald Trump a signé avec Ursula von der Leyen, le 27 juillet 2025, un accord douanier éclair, imposant ses exigences économiques avec une aisance que même les pires détracteurs de l’Union n’auraient pas imaginée. La sécurité, le bien-être social et la souveraineté économique des nations sont sacrifiés au nom d’intérêts géopolitiques étrangers. L’Europe s’est donc définitivement vassalisée et bien sûr les citoyens européens n’auront, encore une nouvelle fois, rien à y redire.

L’Allemagne et la France, symboles de la dérive

Friedrich Merz a reconnu que l’économie allemande ne peut plus financer son État-providence tout en soutenant l’Ukraine, tandis que Lars Klingbeil, ministre des Finances allemand, annonce des milliards supplémentaires pour Kiev. Le message est brutal : les citoyens paieront le prix des guerres, leurs écoles, leurs hôpitaux, leur avenir, pendant que les élites ravivent les flammes de la boîte ouverte.

En France, Emmanuel Macron amplifie cette logique belliciste, plaidant pour l’envoi de troupes en Ukraine malgré l’opposition farouche d’autres nations. Lors d’une interview à TF1-LCI le 19 août 2025, il dépeint Vladimir Poutine en « prédateur, ogre à nos portes », avide de « continuer de manger » pour survivre, exhortant les Européens à ne « pas être naïfs » face à une Russie qu’il qualifie de « puissance de déstabilisation durable ». D’un ton infantilisant teinté de malice théâtrale, il brode un conte acadabrantesque, absurde et terrifiant, foulant aux pieds les règles diplomatiques les plus élémentaires. Cette démesure le plonge dans le ridicule, ses paroles s’égarant en un délire extravagant, face à une telle outrance, frôlant la dérive mentale.

Comment peut-il se bercer d’illusions sur sa dignité face à un tel débordement ? Loin d’éclaircir, ces cris alarmistes masquent ses échecs intérieurs — crise sociale, désindustrialisation, fractures béantes — en ravivant la peur d’un ennemi extérieur. Matteo Salvini a lancé : « Des soldats italiens en Ukraine ? Absolument pas. Si Macron le veut, qu’il y aille lui-même, casque et fusil à la main. » La convocation de l’ambassadeur italien à Paris trahit moins un désir de dialogue qu’une obsession de contrôle.

Les masques de l’hypocrisie

L’Europe, non contente de contredire ses populations, se permet aussi de réécrire l’histoire. Quand Macron qualifie la Russie de « prédateur », des voix africaines répliquent aussitôt : « Qui est le vrai prédateur ? » Chimamanda Ngozi Adichie, écrivaine nigériane et voix féministe mondiale, dénonce la domination des récits occidentaux et rappelle que l’Afrique n’est pas un simple décor pour les ambitions européennes, mais un continent riche d’histoires et de luttes occultées par les récits unilatéraux. Achille Mbembe, historien et philosophe camerounais, penseur de la postcolonie, dans des œuvres comme Critique de la raison nègre, dénonce la servitude imposée par des systèmes comme le franc CFA, qui maintiennent l’Afrique dans une dépendance structurelle. Dénoncer l’ingérence tout en perpétuant la domination corrode l’âme de l’Europe et la réduit à un théâtre d’ombres, où la vérité s’englue pour mieux se dissoudre.

Cette duplicité se prolonge sur le terrain militaire. Les mercenaires étrangers envoyés en Ukraine découvrent que la guerre n’a rien de romantique ni de lucratif. Polonais, Géorgiens, Étasuniens, Britanniques, Colombiens deviennent chair à canon, parfois éliminés par ceux qui les enrôlaient. Ils ne sont pas des héros, mais des pions criminels soumis par pauvreté, propagande et idéologie néo-nazie, imbéciles utiles des guerres hybrides de l’OTAN. Les promesses de contrats se muent en mort ou prison ; la réalité militaire efface toute illusion.

Pendant ce temps, les budgets sociaux se réduisent : en Allemagne, l’État-providence est déclaré insoutenable, tandis que des milliards s’évaporent vers Kiev. En France, les services publics se délabrent au profit des dépenses militaires. Les peuples sont sommés de se sacrifier, pendant que les élites, formées dans les cercles fermés de Davos, se détachent des cultures et des réalités de leurs pays.

Chaque décision militaire renforce la vulnérabilité économique. Chaque compromission idéologique légitime l’extrême. Chaque conflit prolongé alimente le chaos. Les élites entretiennent ce cycle, sabotant toute négociation de paix, prolongeant les hostilités et refusant le dialogue avec Moscou. Comme l’a noté Dmitri Novikov, vice-président de la Commission des affaires internationales de la Douma d’État, le bavardage médiatique européen ne sert qu’à retarder la fin de la guerre, tout en offrant aux dirigeants la posture morale du donneur de leçons. Cette réhabilitation implicite des extrêmes et cette tolérance à l’égard d’idéologies destructrices révèlent une crise éthique profonde.
L’Europe s’abandonne à un vortex qui engloutit ses valeurs, ses droits sociaux, sa souveraineté, et justifie des sacrifices absurdes au nom d’une confrontation géopolitique qu’elle ne maîtrise plus.

L’espoir au fond du vase

Et pourtant, comme le vase de Pandore, une lueur subsiste. L’espoir demeure au fond, fragile et silencieux. Il ne dépend pas d’un cri, mais de notre aptitude à penser par nous-mêmes, à discerner l’illusion de la vérité, à cultiver souplesse et divergence constructive. Cet espoir, loin des idéologies fallacieuses et de la haine, est la respiration humaine qui éclaire nos chemins même au cœur du chaos. Tant que cette lumière tremble, elle nous ordonne de résister et de hurler contre la folie des pyromanes qui embrasent notre monde.

Peuples d’Europe, peuples des sans-voix : saisissons cet espoir. Non pour brandir une quelconque idéologie de plus, mais pour insuffler ensemble une humanité moins soumise, plus consciente, plus digne et sensible. Hâtons-nous de résister, tels les veilleurs de nos destins. Cherchons, créons, et que nos audaces préservent cet essentiel qui fait l’humanité. Faisons-le d’urgence, avant que la boîte ouverte ne déverse un chaos totalement irréversible.

Cassandre G, été 2025

COMMENTAIRES  

02/09/2025 16:51 par Michel REGNIER

C’était entre Jadis et Naguère que le célébrissime TONNEAU DES DANAÏDES fut victime d’un détournement de fond, cependant que la réputée BOÎTE DE PANDORE se faisait dérober son couvercle ; ces deux actes délictueux sont vraisemblablement dus au même monte-en-l’air si pas au ciel, encore jamais coincé ni embastillé à ce jour ; forcément libre, car libéralement libertaire et de ce fait, libéralisé d’office.
L’impact néfaste subi par ces sociétés créatrices de contenu eut pour effet immédiat de les décontenancer gravement, ainsi que de les rendre définitivement incontinentes... Ce qui n’aura fait qu’accentuer leurs incohérences et impertinence d’origine, évidemment. Fort heureusement, c’est à présent l’AI qui veille au groin : bien entendu, pas celui qui roupille en continu dans les papayers mais s’agissant de "l’Artifiscal Intelligence".
Cette discipline ultra scientifique reposant sur le numérique, permet de faire avaler tout et n’importe quoi à n’importe qui, à grand renfort d’algorithmes abscons, mystérieux et aussi cauteleux qu’indéchiffrables.
C’est ainsi que l’antédiluvienne barrique et le coffret antique susmentionnés connaissent maintenant une énième jeunesse, débitant de concert et à plein régime une indépassable quantité d’énormités, inepties et absurdités inimaginables mais incroyablement rentables pour le secteur publiquement privé (de rien ni de quoi que ce soit).
Ces indispensables aberrations tellement cruciales, objectives et impartiales générées aléatoirement par l’AI sont disponibles en temps réel sur l’ensemble des téléphones dits intelligents, cela afin de désinformer sans fou quérir toute la population dûment connectée en permanence. Ci-dessous, petit exemple :
"Les milliards de gueuses et gueux du monde sont les principaux émetteurs de GES (Gaz à Effet de Serre). Car rien qu’en respirant, ce qu’ils s’autorisent sans la moindre limite, ils rejettent tous du dioxyde de carbone (CO2) ! Et puisqu’ils se reproduisent impunément, à tort et à travers comme lapins, microbes et moustiques, ils polluent donc en pullulant !

06/09/2025 07:14 par alain harrison

« « L’Europe s’abandonne à ses fléaux » »

Comment envisager la monté du nazisme et de son super réarmement entre les deux guerres aujourd’hui ?

Par la stupidité des dirigents de l’époque !
Par la gourmendise de profits faramineux au détriment du développement des nations qui retrouvaient des avancés sociaux-économiques après la crise de 1929 !

Une réponse ?

La Crise de 1929 est un effondrement boursier, débuté le "Jeudi Noir" (24 octobre 1929) à Wall Street, qui a provoqué une vaste bulle spéculative éclatée et une chute de la valeur des actions. Cette crise a entraîné la faillite de banques, une chute de la production industrielle et du commerce mondial, ainsi qu’une augmentation massive du chômage, menant à la "Grande Dépression", une récession économique mondiale des années 1930 qui a eu des impacts sociaux, politiques et a favorisé la montée de régimes extrémistes.
Le déroulement de la crise
Le Jeudi Noir (24 octobre 1929)
 : le marché boursier de Wall Street s’effondre à l’ouverture, les actions sont vendues en masse et les banquiers tentent d’acheter des titres pour stabiliser le marché.
La chute de la valeur des actions
 : en quelques jours, l’indice boursier perd près de la moitié de sa valeur, marquant le début d’un krach boursier.
L’onde de choc
 : la crise se propage, entraînant la faillite de nombreuses banques, car les investisseurs ne peuvent plus rembourser leurs emprunts et la valeur de leurs investissements chute.
Les causes de la crise
Excès de dette et spéculation
 : un endettement excessif dans le secteur privé et une bulle spéculative, nourrie par l’optimisme de l’époque, ont créé une situation instable.
Déséquilibres économiques
 : une surproduction industrielle a conduit à une baisse des prix et des crises dans le secteur agricole, tandis que l’immobilier était également touché par le surinvestissement.
Les conséquences de la crise
La Grande Dépression
 : la crise a provoqué un ralentissement économique mondial profond au cours des années 1930.
Chômage et misère
 : le chômage a explosé, et la production industrielle a chuté de 30 % aux États-Unis et en Allemagne, tandis que le commerce mondial diminuait de 60 %.
Instabilité politique
 : la crise a favorisé l’émergence de mouvements extrémistes et de régimes autoritaires, en partie en raison de la frustration sociale et politique qu’elle a engendrée.
Krach de 1929 - Wikipédia
Le krach de 1929 est une crise boursière qui s’est déroulée à la Bourse de New York entre le jeudi 24 octobre et le mardi 29 octob...

Wikipédia

La crise de 1929 - La finance pour tous
4 janv. 2024 — La crise de 1929 est née d’un excès d’endettement du secteur privé et d’une gigantesque bulle spéculative. Elle a été ...

On peut affirmer
La crise de 2008 était prévoyable tout comme la monté du nazisme et du fascisme. Voulu par l’idéologie (croyance) capitaliste, un montage financier hautement planifié et organisé en de nombreuses institutions (FMI, JPMorgane, etc) qui ont fait du dollars la pièce centrale de domination ?

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