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Après les présidentielles, des forces nouvelles étaient disponibles, en mouvement.

Ne me prenez plus pour un con !

Communiste, j’ai mal, et je ne dois pas être le seul.

Qui peut prétendre après la conférence présidentielle d’hier que le parti socialiste et le Président sont encore « de gauche », voire sociaux-démocrates ? La social-démocratie assurait quelques miettes aux travailleurs.

Le « pacte de responsabilité » à l’hollandaise c’est : tout pour le capital, tout pour le Medef, si altruiste, si philanthrope, si prêt à créer des emplois à condition... à condition... et un miroir aux alouettes pour les salariés, pour le travail. Monsieur le Président : quel cynisme d’apostat fier de sa conversion ! Quelle indécence de repenti ! Quelle vulgaire pornographie de « défroqué » ! Quelle servitude assumée ! Quelle désinvolture envers ceux de vos électeurs qui sont attachés aux valeurs de gauche !

« Je ne suis pas un libéral », dites-vous, on vous l’accorde, monsieur le Président, au bénéfice du doute... mais un ultra-libéral : oui. Vous faites sciemment du libéralisme, contrairement à M. Jourdain qui lui faisait de la prose sans le savoir, mais vous êtes tout aussi fasciné que lui par l’aristocratie. Le petit Nicolas et l’héritière Le Pen doivent se taper sur le ventre. Quant au « couple franco-allemand », madame Merkel porte plus que jamais les pantalons, et nous admirons votre fidélité. Le Président « normal » aurait dû faire sa prestation couché ou à genoux. Mais qu’il ne nous demande pas de nous rallier à sa « mentalité de troupeau », de vassal, de soumis !

Face à tant de tromperie, de mensonge, de brutalité et de mépris contre « ceux d’en bas », les nôtres, BASTA d’euphémismes, de précautions oratoires, stylistiques. La myopie, simulée ou réelle, et/ou les petits calculs de « lutte des places », risquent de s’avérer faussement productifs à court terme, et désastreux à moyen et long terme.

Je veux bien être cocu (j’ai voté Hollande au deuxième tour), mais cocu et contraint de m’y résoudre par « pragmatisme » : NON ! NON ! Croire que François Hollande peut revenir à gauche, c’est croire que M. Gattaz, lui, ne mène pas la lutte des classes. C’est croire qu’un ormeau peut donner des pommes. C’est croire qu’un livreur de pizza ne porte pas de casque.

Alors...que faire ? Tant que nous, les communistes, ne larguerons pas complètement les amarres, tant que nous n’accorderons pas la priorité des priorités au mouvement social, tant que nous serons tétanisés devant le « grand saut », nous végèterons parce qu’insuffisamment lisibles, cohérents et radicaux ; insuffisamment porteurs de colère, d’enthousiasme, de souffle, de messianisme, d’émotions, d’utopies concrètes.... En Bolivie, en Equateur, au Venezuela, c’est « en bas » que cela s’est joué. Et le mouvement social a tout bousculé, tout en construisant des alternatives politiques de rupture.

Je ne veux pas avoir la mémoire courte. Après les présidentielles, des forces nouvelles étaient disponibles, en mouvement. Pourquoi avoir laissé « retomber le soufflé » alors que l’on pouvait appeler à créer des structures souples, larges, ouvertes, de « Front de gauche, » voire de « Front populaire » ? Pourquoi ? Par peur de quoi ? De qui ? Que l’on ne me réponde pas : Mélenchon. J’essaie d’être communiste et je sais que lorsque nous occupons insuffisamment le terrain de la lutte anticapitaliste, lorsque nous ne faisons pas « ce qu’il faut », il est trop commode de pointer le voisin ou l’allié. Mélenchon n’est pas naïf. Il mène un combat politique. Nous aussi. Mais comment construire une vraie dynamique de front si l’on en reste à la conception du front- cartel électoral, si l’on avance avec le frein à main, en se marquant mutuellement à la culotte ? Nous sommes des milliers à avoir « mal au Front de gauche ». Sa crise tue l’espoir.

Militants ici, nous n’allons pas demander l’asile à Caracas ! Mais résister ici, unir, construire, revenir à des marqueurs un temps relégués.

Lorsque je m’investis de toutes mes forces, lucidement, pour soutenir le chavisme, les révolutions bolivarienne, bolivienne, équatorienne, cubaine, Mélenchon n’est pas mon problème parce que, par internationalisme, j’essaie d’être là où il faut. Et si Mélenchon y est aussi, tant mieux.

« L’hégémonie » (vieille baderne) ne se décrète pas, elle se gagne en étant « les meilleurs », les plus combattifs, les plus rassembleurs, les plus solidaires, en portant des perspectives politiques claires, en appelant « les étoiles » socialisme, en y ajoutant le qualificatif que l’on voudra. Ce n’est pas en lâchant, y compris sur les mots, que l’on se refait une santé, que l’on fixe un cap, que l’on donne envie de tutoyer les étoiles, que l’on fait rêver.

Je ne suis pas dupe... Je suis écœuré par les « embrassades feintes », les revirements de circonstance, la campagne dégueulasse de déstabilisation contre Pierre Laurent, dont j’apprécie les qualités d’écoute, de synthèse, la sincérité, le souci d’unité du parti.

Je plaide pour que les militants, l’expression est de Julio Anguita, jouent un rôle de « prophètes », pour que nous menions le combat éthique, des valeurs, d’un socialisme d’aujourd’hui, sans dogmatisme, sans opportunisme non plus, pour qu’avec fierté communiste, nous puissions relever le poing.

Jean Ortiz

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