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Nouvelles attaques brutales de Macron contre les services et la fonction publique

Depuis son élection en mai 2017, Macron ne cesse de démanteler l’ensemble des services publics. Il s’agit de « la destruction d’une civilisation, associée à l’existence du service public, celle de l’égalité républicaine des droits, droits à l’éducation, à la santé, à la culture, à la recherche, à l’art, et, par-dessus tout, au travail » comme le disait Pierre Bourdieu (1). Macron et son gouvernement sont déterminés à casser le service public français (Éducation Nationale, Santé, Transport, la Poste etc.) fruit de hautes luttes menées par des générations successives depuis des siècles. Car cette notion basée sur l’intérêt général a une longue histoire. Déjà elle existait sous l’Ancien Régime sous le nom de « bien commun ». La Révolution parlait de « l’utilité commune » comme le proclamait l’article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune » (2). Mais le poids de l’histoire ne pèse pas lourd face à l’avidité de la bourgeoisie d’aujourd’hui dont Macron n’est qu’un simple serviteur.

Pour Macron, l’intérêt général doit s’effacer pour laisser place à l’intérêt privé, c’est-à-dire celui des riches. Le service public comme son nom l’indique est au service du public notamment des plus démunis. Les principes d’égalité, de continuité, d’adaptabilité etc. qui caractérisent le service public sont en contradiction flagrante avec l’intérêt privé qui ne vise, en dernière analyse, que l’enrichissement d’une partie minoritaire de la population.

Cet acharnement à vouloir démanteler le service public s’inscrit dans un cadre plus large, celui de l’Union européenne. Celle-ci ne parle plus du service public, mais du Service d’Intérêt Économique Général (SIEG) ou tout simplement du Service d’Intérêt Général (SIG) dont les principes sont essentiellement économiques et financiers : concurrence libre et non faussée, déficit public etc. Dans la conception communautaire l’intérêt général se réduit à la somme des intérêts individuels et le citoyen est réduit au simple consommateur (3).

S’appuyant sur l’appareil étatique et médiatique, Macron procède à un démembrement en règle de la fonction publique. Il y a « trop de fonctionnaires » (comme il y a trop d’immigrés), ce sont des « nantis » avec leurs privilèges, leurs vacances, leurs sécurité d’emplois... répètent inlassablement les médias aux ordres. Il faut donc supprimer le plus de postes possibles de fonctionnaires qui coûtent cher à l’État pour les remplacer par des contractuels (droit privé) c’est-à-dire par des agents précaires avec des salaires de misère. C’est exactement ce que prévoit la nouvelle « réforme » de l’État. Édouard Philippe, le premier ministre, compte ainsi supprimer 50 000 postes dans la fonction publique d’État d’ici 2022. Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des comptes publics parle quant à lui d’une « généralisation du recours aux contractuels dans la future réforme » (4). Le Gouvernement prévoit même pour les fonctionnaires qui perdent leur poste d’être licenciés et seront pris en charge par l’assurance-chômage comme les salariés du privé ! Il annonce également un plan de départs volontaires massifs pour les fonctionnaires, des rémunérations dites « au mérite », des « indicateurs de résultat et de qualité » etc. Le plan de départ devrait être accompagné de « reconversions », ou de départs « vers le secteur privé ».

Après la destruction du statut des cheminots, Macron s’attaque à celui de tous les fonctionnaires. Rappelons que ce statut comporte un certain nombre de garanties en matière d’emploi, de rémunération, de droit syndical, de sécurité sociale, de liberté d’opinion, de formation permanente...

C’est justement cet immense progrès social (5) que la bourgeoisie ne peut supporter. Il faut donc éliminer ces garanties et les remplacer par la précarité, exposant ainsi le salarié aux aléas du marché du travail et à l’insécurité sociale permanente. Quelle régression !

Cette terrible régression sociale, qui sera bientôt suivie par la casse du système des retraites, est présentée par la classe dominante, à travers ses médias notamment, comme une avancée, comme un progrès ! C’est normal dans une société fondée sur la lutte des classes. La mission de Macron et de son gouvernement est de servir encore et toujours les puissants. Pour les plus démunis, pour les travailleurs, ils n’ont absolument rien à offrir à part les mensonges, les promesses, les illusions et la répression en cas de résistance et de révolte. Il est grand temps que les travailleurs et les progressistes de ce pays redressent la tête, démasquent et dénoncent partout où ils le peuvent les mensonges et la propagande de la classe dominante. Ils doivent se dresser, unis et déterminés, contre leurs ennemis de classes, la bourgeoisie et ses serviteurs zélés Macron et son gouvernement.

Mohamed Belaali

(1) Pierre Bourdieu « Contre-feux », Liber, Raisons d’agir p 30.

(2) https://www.conseil-constitutionnel.fr/le-bloc-de-constitutionnalite/declaration-des-droits-de-l-homme-et-du-citoyen-de-1789

(3) voir sur ce point https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01615956/document

(4) https://www.capital.fr/economie-politique/philippe-presente-lundi-la-suite-de-la-reforme-transversale-de-letat-1313255

(5) voir l’article d’Anicet Le Pors, ancien ministre de la fonction publique et des réformes administratives, conseiller d’État honoraire https://www.monde-diplomatique.fr/2018/04/LE_PORS/58573

 http://www.belaali.com/2018/10/nouvelles-attaques-brutales-de-macron-contre-les-services-et-la-fonction-publique.html
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COMMENTAIRES  

04/11/2018 11:49 par irae

Tout le monde semble se réveiller et pas seulement à propos de la casse du service public dont on connaît les logiques sous jascentes visant à filer plus de pognon au privé qui attend bave aux babines depuis 30 ans et à toujours mieux cliver ceux qui auront les moyens de tout y compris de polluer à loisir et ceux qui ne pourront offrir un vaccin contre la gastro à 150 euros non remboursés car pas obligatoire à leurs nourrissons.
Enfin pour ce qui me concerne j’aurai prévenu tant et plus y compris les fonctionnaires bien moutonniers et même autruches assumées qui se vantent en public de ne pas avoir entendu la moindre information depuis des mois. Mais comme Cassandre je vois bien que je n’ai eu aucun écho.
Après cette expérience où j’assiste impuissante au suicide assumé d’une partie de la classe fonctionnaire dont je dois bien admettre après coup et le masochisme et la bêtise crasse, certains pans de l’histoire s’éclairent à mes yeux de même que cette séquence illustre à merveille les techniques mises au point par le neveu bernays.
Tanpis pour ceux qui ont voté pour le grand terminator, qu’ils en bavent bien (csg, carburants, précarisation, prélèvement à la source...) dommage pour nous autres.

06/11/2018 11:06 par dan

Plus exactement, Macron obéit, certes, à un plan général inscrit dans la constitution de l’UE qui ne parle plus de service public mais de SIG, mais au delà et plus concrètement, il applique les consignes données chaque année aux gouvernements de la France, quel qu’il soit, par la Commission Européenne. Ces consignes sont inscrites dans un document contraignant intitulé les "grandes orientations de politique économiques" (GOPE). Ce document est communiqué aux environs du mois de mai et il doit être suivi à la lettre quelque soit le gouvernement choisi par les électeurs sinon les sanctions financières tombent. Les Grecs en ont faits les frais, et ça continue, et les Italiens sont dans le collimateur actuellement.

06/11/2018 18:59 par calame julia

L’Italie étant un membre fondateur de l’Europe, si elle s’écroule...

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