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Parti Communiste : après l’explosion, l’implosion

UN DECHIREMENT DU CŒUR : Quand on a adhéré à 14 ans à la J.C. et à 16 ans au Parti, quand on a, pendant tant d’années, appris à devenir communiste, car ça s’apprend, ce n’est pas une révélation, on ne peut, devant le triste spectacle, qu’avoir un déchirement du cœur.

LA SIGNIFICATION PROFONDE DE LA LUTTE DES CLASSES : Etre communiste ce n’est pas facile, c’est accepter les premières années de ne rien comprendre aux positions défendues par les responsables, c’est comprendre qu’on ne sait rien de la politique, c’est rester dans le silence pour comprendre et apprendre de ceux qui par leur histoire ont appris, par le vécu, la signification profonde ce que signifie « la lutte des classes », notamment de la part de ceux qui ont fait la Résistance.

LA MOTIVATION VIENT EN MILITANT : Vient alors ce moment où l’on commence à militer, c’est-à-dire d’être capable de parler aux autres, sans besoin d’être accompagné. Et puis il y avait ces réunions de cellule où on refaisait le monde, où la discussion ouverte permet de s’enrichir et d’agir. Et puis il y a les formations de cellule, de section, fédérales, où l’approche théorique permet de casser le sens des mots (sémantique) et de l’Histoire humaine. On ressort alors encore plus fort, encore plus motivé. A l’université d’Economie, on apprend par cœur le libéralisme, ce qui fait que, pour celui qui travaille, connaissant le raisonnement du capitalisme et ayant découvert et appréhendé le marxisme, nous avons une force d’analyse incomparable. C’est mon cas..

DES RESULTATS DEPLORABLES : Vient alors le temps des résultats, toujours décevants, et ce déclin des résultats, des défaites subies. Alors on se rassure, on explique les médias, la trahison du PS (air connu), l’URSS, la crise… Et puis on s’accroche à la moindre nouvelle adhésion, et aux discours des dirigeants qui rassurent en expliquant comme la Marquise que « tout va bien… »

LES DIRECTIONS ONT TOUJOURS RAISON : puis vient le moment où des camarades disparaissent, ceux que l’on ne voit plus, ceux qui posaient des questions, s’interrogeaient, sans jamais avoir de réponses… Alors les discussions diminuent, l’activité baisse, alors on fusionne les cellules pour les rendre « plus dynamiques » et on recommence le cycle, sans se poser la question de fond. Qu’est-ce que le communisme ? Mais à cette question les dirigeants répondent toujours par « qu’as-tu fait ? », « As-tu collé les affiches » ? et « si tu es contre les Directions tu n’es pas communiste ». Et les résultats déplorables continuent, jusqu’au jour où on se rend compte que nous partîmes 600 000 et … nous ne sommes plus que 55 000, ce qui nous oblige à louer les étages du Comité Central….

A FORCE DE PENSER AVEC SES MAINS… On écoute toujours les dirigeants qui nous disent de mettre les mains dans le cambouis, (« as-tu collé les affiches ») le problème étant toujours le même, et qui se répète, car plus tu affiches, en inondant la ville et moins tu fais un score. A croire que les gens ne lisent plus les affiches collées par les mains des travailleurs. Des anciens dirigeants se vautrent dans le système médiatique, abandonnant leur ville pour une autre et en perdant les deux [1], d’autres abandonnent tout le navire et rejoignent le « capitaine de Pédalo ». Et ce qui vaut au niveau National se retrouve au niveau local, sans doute en pire. Tout n’est plus que « jeu d’influence » offert au « mieux placé », qui par ses mains trempés à l’illusion de pouvoir encore peser.

ON SE BRULE AU FEU DE L’HISTOIRE : Pourtant Karl Marx, à l’origine profonde de notre existence, dans un texte célèbre que l’abeille indiquait : « Mais ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l’imagination du travailleur. ». De fait, désormais, on n’affiche que ce que l’on est convaincu, et pour être convaincu, il faut auparavant en avoir discuté, l’avoir conçu, voir même l’imprimer, car le communisme est une entreprise. Que de travail et d’alertes aussi de nos philosophes, de nos économistes, de nos sociologues, sur la « Révolution Informationnelle » à venir, que désormais les libéraux dénomment : « Révolution numérique », ce qui donne flexibilité et upérisation esclavagiste et pour voir l’actuelle Direction ne retenir que la « révolution numérique », concept du Patronat… Or, derrière les mots se cachent les maux du capitalisme et de ses violences (chômage de masse, précarités, pauvreté).

ELUS ET PARTI : Et puis il y a cette lente dégénérescence des élus communistes. Moins ils étaient nombreux au parlement, plus ils réclamaient de l’indépendance de pensée. Plus de discipline de vote, chacun est libre. Par contre, le militant doit continuer à coller les affiches, conçues ailleurs et ne pas discuter…. au nom du Parti. En d’autres termes, les militants n’ont qu’un droit, celui de coller sans discuter et les élus l’inverse, pouvoir discuter entre eux sans être collés et voter sans être contrôlés. Pourtant, ce rapport du Parti et de l’Etat, jamais résolu, toujours confondu, est une des causes majeures de l’effondrement de l’URSS, mais celui qui pose cette question dérangeante n’est jamais écouté. Pire : on le trouve « casse couille » et on souhaite son départ… un de plus.

Alors « maintenant qu’on est tranquille, on va pouvoir discuter avec le PS pour la répartition des sièges »… Que le communiste qui n’a jamais vu ça me lance la première pierre.

LES DIRIGEANTS SOMNIFERES : Je me souviens de ces fêtes de la Marseillaise où la J.C. servait de défricheurs (adhésions) et à la fin le meeting religieux, accueillait Paul Laurent, le père du fils. On l’appelait somnifère, car au bout de 10 minutes d’un discours à rallonge, la moitié du meeting faisait la sieste. Pour endormir la Révolution il n’y avait pas mieux. Alors désormais, c’est le fils dont la voix monocorde permet tout juste de penser que décidément les dirigeants communistes n’aiment pas les tribuns.

LE PERTURBATEUR : D’échec en échec, les dirigeants appellent un « sauveur engagé », un ex social-démocrate, ayant rompu avec le PS et comme son parti est faible (PG), pas de problème « on aura toujours la barre sur lui »…. Comme avec Mitterrand dans les années 70. Décidément, l’Histoire n’est pas une jeune fille. Mais voilà que lui, le petit, travaille énormément et ses interventions de tribun parlent au cœur. Alors de petit, il devient grand au point de menacer l’hégémonie du Parti sur la « Gauche » du PS, d’autant plus que ses qualités de tribun emportent les foules mieux qu’un orchestre de Rock, car son phrasé de guitare c’est de la philosophie. Et de 2 % il finit à 11 % de votes.

TORTILLER DU CUL POUR CHIER DROIT : Désolé d’utiliser cette terminologie, mais comment expliquer autrement la « danse du ventre » effectuée par les dirigeants communistes. De la critique déclamée du gouvernement devant les politiques désastreuses du gouvernement Hollandais, les militants passent à des alliances à la carte, selon les opportunités de conserver des sièges (Municipales, Européennes, Régionales), massacrant de fait le « Front de Gauche » et à chaque fois la déroute, réduisant d’autant la puissance de feu, puisque les militants ne comptent plus. Finissons par cette phrase admirable de Pierre Laurent, que j’ai mémorisée, pour sa perfection d’ambiguïté : « Les discussions avec le Parti Socialiste sont difficiles, du fait de la politique du gouvernement ». Alors je suis à 100 % d’accord avec la phrase, à un mot près, « difficiles », j’aurais mis « impossibles », qui me parait plus communiste. Mais, hormis pour le rock, fidèle aux militants de ma jeunesse qui m’ont appris la Résistance, je ne sais pas tortiller du cul, moi.

ON FERME LA PORTE : Alors devant ce nouveau danger, que l’on pensait pourtant « tenir  », comme Mitterrand en d’autres temps, il ne faut surtout plus le présenter, d’où les critiques souterraines d’abord, puis ouvertes et dénonciatrices d’un Mélenchon qui « serait parti tout seul  ». A partir de ce moment-là, les discussions devenaient impossibles. Pourtant le communisme aurait consisté à apprécier à sa juste valeur ce que nous avait amené Mélenchon et à rediscuter d’une démarche « d’insoumission communiste  », car depuis Spartacus, le communisme commence par l’insoumission aux chaines de l’esclavage ou de l’affairisme financier actuel. On ferme la porte car il faut « sauver la structure », en d’autres termes, les dirigeants, quitte à perdre son âme dans un ultime accord sous-marin avec le PS.

UNE GESTION MACHIAVELIQUE  : Le parti communiste ne peut pas apparaître comme diviseur, alors il crie au rassemblement de la « gôche  ». En cela, il critique vertement la « démarche solitaire » de Mélenchon de se présenter seul, comme si les réunions du « Front de Gauche  », n’avaient jamais eu lieu avec cette possibilité, en oubliant de plus toute les alliances à géométrie variable du PC avec le PS et ce dès le premier tour, là où la « lutte des classes » demande clarification. Alors pendant des mois Pierre Laurent va monter les communistes contre Mélenchon et puis au moment où les décisions du parlement communiste doivent être prises, il appelle la veille dans les « médias de la bourgeoisie » à ce que le parti appelle à voter Mélenchon…. Incompréhensible au commun des mortels. Mettez-vous à la place des militants du quotidien qui tous les jours en chient pour défendre des idées et analyses indéfendables et qui apprennent la veille de leur réunion que le secrétaire général propose d’appeler à voter Mélenchon. Alors qu’ils sont conditionnés depuis des mois contre Mélenchon, « celui qui est parti tout seul ». A l’assemblée délibérante des cadres, c’est le refus normal. Pierre Laurent est-il désavoué ? Non bien sûr, pas de solution de rechange et, de plus, il applique la démocratie de consulter le « peuple communiste  ». Respect, Monsieur le manager.

De plus, il peut se prévaloir d’appeler à voter Mélenchon et d’avoir été battu, donc la division ultérieure ne peut lui être imputé. Du management d’entreprise pur et dur.

Les communistes consultés donnent un avis différent et soutiennent la candidature de Mélenchon, cependant ce choix est assorti par une « campagne autonome ». En d’autres termes, la direction du P.C.F soutient la candidature de Mélenchon comme la corde soutient le pendu… ce qui explique l’absence des communistes pour les Présidentielles et l’affichage pour les Législatives…. Dites-moi que j’ai tort (XIIIème circonscription des Bouches du Rhône).

Georges Marchais le stalinien, n’aurait jamais osé dire son opinion à la « presse bourgeoise  », la veille du « comité central », parlement des communistes. C’est vous dire si Pierre Laurent est respectueux de la « démocratie communiste ».

FRANCE EN COMMUN OU AVENIR EN COMMUN ? Le Parti communiste a proposé « la France en commun » là où les insoumis proposent « l’avenir en commun ». Au-delà du fait que décidément « l’en commun » est le plus difficile à réaliser, un programme s’adresse donc uniquement à la France, alors que celle-ci est soumise au marché européen et mondial, l’autre a une perspective universaliste, reprenant ainsi le fil de notre histoire, celle de 1789 et de sa déclaration universelle des « droits de l’Homme ».

Sa démarche philosophique s’appuyant sur l’insoumission, fondement de l’émancipation depuis Spartacus.

L’IMPLOSION D’UNE ETOILE : La dernière initiative de communistes appelant à l’Union pour un « candidat unique », véritable appel à voter Hamon, pour « sauver  » des députés communistes est annonciateur de l’implosion. Car dès lors, ce qui reste des « communistes » vont se partager en trois groupes. Les premiers, par fidélité à la direction obéiront quoiqu’ils pensent. Une grande majorité risque de retourner dans les cavernes abandonnant toute lutte militante et enfin, les plus communistes au sens de Marx, rejoindront avec enthousiasme les insoumis, quelque soient les difficultés et les défauts inhérents au mouvement, mais qui « rallume les étoiles ». Voilà pourquoi après avoir subi plusieurs explosions (Les départs massifs de militants), les élections Présidentielles, risquent de voir le PCF imploser, en cette année 2017, 100 ans après la Révolution de 1917. J’entends déjà l’argumentaire, que Mélenchon serait la cause de cette implosion, en oubliant tout le reste que j’ai ici cherché à synthétiser. Il faudrait y rajouter le positionnement actuel de Braouzec (Saint-Denis) et de Hue (ancien Secrétaire Général) qui appellent à soutenir Macron. Du communisme au Macronisme…

DECHIRURE ET COMMUNISME ? Alors, au-delà de mes déchirures internes et personnelles de mon histoire profonde et authentique, comme « communiste insoumis », fidèle à l’idée que « le communisme est le mouvement réel qui abolit l’état existant », je milite et mes bats en portant haut et fort la banderole de l’Insoumission.

Fabrice, le 20 Février 2017

Après avoir lu et relu, certifie conforme, à ce que je pense…, le 18 Mars 2017, Fabrice

[1Jean-Claude Gayssot, Ville perdue Drancy, ville non gagnée Béziers.


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Je n’ai aucune idée à quoi pourrait ressembler une information de masse et de qualité, plus ou moins objective, plus ou moins professionnelle, plus ou moins intelligente. Je n’en ai jamais connue, sinon à de très faibles doses. D’ailleurs, je pense que nous en avons tellement perdu l’habitude que nous réagirions comme un aveugle qui retrouverait soudainement la vue : notre premier réflexe serait probablement de fermer les yeux de douleur, tant cela nous paraîtrait insupportable.

Viktor Dedaj

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