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Pas en mon nom : Des universitaires s’en prennent publiquement au Rapporteur de l’ONU sur la torture (Contraspin)

Je suis la survivante d’un viol, d’un viol collectif et des abus des procédures policières auxquelles que j’ai été confrontées lorsque je l’ai signalé, et j’en ai plus qu’assez de voir la violence sexuelle servir de couverture à des attaques politiques contre Julian Assange, ses collègues et ses supporters.

Je ne suis pas seule. De nombreuses autres survivantes m’ont tendu la main ce soir pour exprimer le même sentiment et nous méritons d’être entendues.

Aujourd’hui, des membres de ce qui est censé être un groupe de défense des droits des femmes ont publié une lettre ouverte adressée à la haute direction de l’ONU, du Secrétaire général jusqu’en bas, pour se plaindre d’un article écrit par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Nils Melzer [version française], et tenter de mettre en doute son aptitude à remplir son rôle.

Melzer a récemment transformé le débat autour de la situation de Julian Assange, nominé au prix Nobel de la paix en 2019, en constatant officiellement qu’Assange est victime d’une torture psychologique parrainée (et perpétrée publiquement) par l’État.

Le contenu de la lettre ouverte qui s’en prend à Melzer est fondé sur le principe de la défense et de la protection des droits des femmes et des survivantes de la violence sexuelle. Pourtant, lorsque je me suis identifiée comme une survivante dans les tweets aux organisateurs de la lettre ouverte et que j’ai exprimé mon désaccord avec leurs opinions, ils m’ont rabaissée et ont ignoré mes arguments.

Oui, les femmes qui auraient dû être les plus sincères au sujet du déballage des expériences et des sentiments d’une survivante d’agression sexuelle n’ont pas fait preuve d’une seule once d’empathie à mon égard et n’ont même pas exprimé la moindre préoccupation pour mon bien-être ou ma sécurité, alors que ma présence était clairement motivée par la conversation.

Les mêmes femmes qui se plaignaient dans leur lettre ouverte contre Melzer, de "l’insensibilité aux victimes d’agression sexuelle" et d’"un profond manque de compréhension..." étaient elles-mêmes apparemment incapables de faire preuve de sensibilité ou de compréhension dans leurs rapports directs avec une survivante.

Et c’est donc le problème. Trop souvent, la théorie avancée selon laquelle "nous devons soutenir les victimes" et "nous devons faire entendre les voix des femmes et des survivantes" ne correspond pas à la pratique. Bien qu’ils se soient autoproclamés défenseurs, universitaires et avocats, ils étaient tout simplement trop absorbés par eux-mêmes pour daigner une humble victime d’agression sexuelle qui ne fait pas partie de leur sérail. Mes propres opinions et ne les intéressaient pas.

Je ne peux m’empêcher de remarquer que leur attitude contraste fortement avec celle de Melzer lui-même. Devant la dureté de leurs accusations, il s’est comporté avec assurance, grâce et plus encore - avec une volonté d’engagement, une réceptivité à leurs arguments et une attention à l’amélioration du sort des survivantes.

Il les a même remerciés.

Deux fois.

Les réactions de ces mêmes femmes à mes (et à d’autres) interrogations furent totalement différentes de celles de Melzer. Au lieu d’accueillir notre contribution ou d’engager un dialogue constructif, ils ont préféré se faire passer pour les victimes en proclamant sur les médias sociaux qu’ils étaient attaqués. Tout en se vantant sans cesse d’avoir obtenu d’autres signataires à leur tentative de miner la carrière de Melzer.

Malheureusement, Melzer n’est pas la seule victime de la tactique des signatures massives d’une lettre ouverte. Trevor Fitzgibbon, conseiller en relations publiques de WikiLeaks, a fait l’objet d’une lettre ouverte signée par 72 organisations progressistes le décrivant comme un violeur en série. Leurs efforts de lobbying contre lui ont permis de faire tomber son entreprise florissante et de détruire sa carrière et son mariage, avant qu’il ne soit innocenté de toutes les accusations après de longues enquêtes menées par les autorités. Fitzgibbon a par la suite gagné un procès en diffamation contre sa principale accusatrice, après que les révélations de ses communications par SMS privées avec lui (disponibles dans le dossier du tribunal) aient clairement indiqué qu’il ne l’avait jamais violée. Son accusatrice a depuis retiré ses accusations.

De même, la carrière militante de Jacob Appelbaum, adepte de WikiLeaks, fut détruite par des tactiques similaires. Des lettres ouvertes ont été utilisées pour le déprogrammer des conférences technologiques majeures et l’expulser des lieux de rencontres des hackers, dont un qu’il avait lui-même co-fondé. La campagne d’humiliation publique contre lui s’est finalement résumée à une seule plaignante d’agression sexuelle - par une personne qui a depuis lors formulé des allégations extrêmement douteuses contre deux autres membres très en vue de l’industrie de la technologie et qui fait maintenant elle-même l’objet de poursuites en diffamation.

En tant que survivante d’un viol, il est ahurissant de devoir continuellement voir des gens, qui prétendent agir pour défendre les femmes, attaquer et détruire les hommes de bien au nom de la protection des survivantes. Je ne peux pas rester les bras croisés et laisser le viol continuer à être instrumentalisé à des fins politiques.

J’écris donc ma propre lettre ouverte en réponse à celle rédigée par les critiques de Melzer, à la fois en réponse directe au fond (ou à l’absence de fond) de leurs revendications, et pour tracer une ligne. Une ligne qui dit que si vous faites tomber cet homme, ce ne sera pas en notre nom.

Si des universitaires lisent cette réponse et sont assez courageux et dotés de principes pour la cosigner, c’est formidable. Cependant, je suis surtout intéressée à faire entendre la voix des gens ordinaires, dont beaucoup seront inévitablement des survivantes, qui trop souvent constituent la majorité oubliée ou silencieuse, alors que le cirque de ces campagnes d’humiliation se poursuit sans relâche.

Ce n’est qu’en prenant la parole que nous pourrons les arrêter. Il est bien plus que temps.

Pas en mon nom : Lettre ouverte en réponse à la lettre ouverte de prétendus défenseurs des droits des femmes attaquant la crédibilité du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture Nils Melzer

A : Mme Michelle Bachelet Jeria, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme ; Mme Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjoint des Nations Unies aux droits de l’homme ; Comité de coordination des procédures spéciales des Nations Unies (présidente : Mme Anita Ramastry, M. Victor Madrigal-Borloz, M. Javaid Rehman, Mme Leigh Toomey, MM. Clément Voulé et Dainius Puras)

Le 1er juillet 2019, une lettre ouverte a été rédigée à l’intention de vos Excellences, cosignée à ce jour par plus de 150 personnes qui s’identifient comme "praticiens et universitaires du droit international et des droits humains ".

Les auteurs de l’article affirment :

  • Ils sont "profondément troublés par la façon dont [Melzer] aborde les allégations d’agression sexuelle dans cette affaire."
  • que le "ton de Melzer est indigne d’un titulaire de mandat de l’ONU".
  • que Melzer "rejette les allégations au motif qu’elles ne seraient pas qualifiées de viol dans une langue autre que le suédois". La déclaration de M. Melzer est incorrecte."
  • que Melzer "comprend très mal les réalités et la légalité de l’agression sexuelle lorsqu’il rejette les allégations contre M. Assange au motif qu’elles "ne comportent aucune violence".
  • que "Les allégations contre des hommes puissants ou très en vue comme Julian Assange sont régulièrement rejetées comme étant une recherche d’attention ou faisant partie d’une conspiration visant à les faire tomber". L’"article d’opinion" de M. Melzer perpétue ce récit dangereux.

Ils concèdent :

  • que l’argument primordial de Melzer mérite qu’on s’y attarde.
  • que dans leurs arguments, ils "laisseront de côté la question de savoir s’il s’agit d’un résumé exact des événements de l’affaire".
  • que "M. Assange a le droit fondamental de ne pas être soumis à la torture, à bénéficier de la présomption d’innocence et d’un procès équitable."

L’essentiel des affirmations des auteurs de la lettre ouverte repose sur une partie d’une interview que Melzer a accordée au journaliste Chris Hedges, lauréat du Prix Pulitzer, dans son émission On Contact [voir transcription en français]. Ils citent Melzer comme ayant dit :

« Je pense qu’il est également important de souligner que ce qu’on appelle une allégation de "viol" n’est pas du tout ce qu’on appellerait un "viol" en anglais ou dans toute autre langue que le suédois, et je sais de quoi je parle car je parle suédois. Cette allégation de "viol" se réfère à une infraction qui n’implique aucune violence (...) [Assange] est accusé d’avoir déchiré un préservatif lors d’un rapport sexuel consenti (...) c’est quelque chose que personne ne pourra jamais prouver. »

Mais voici ce que Melzer a dit mot pour mot :

"Je pense qu’il est également important de souligner que ce qu’on appelle une allégation de viol n’est pas du tout ce qu’on appellerait un viol en anglais ou dans toute autre langue que le suédois dans le monde et je sais de quoi je parle car je parle suédois. Cette allégation de viol se réfère donc à un délit, qui n’implique aucune violence."

Dans l’interview, Melzer insiste sur les mots "un délit". On peut l’entendre précisément à 10h57 dans l’interview. C’est l’infraction elle-même, stipulée dans les textes de loi suédois, qui a été spécifiquement conçue pour les cas où la violence n’a pas été utilisée au cours de l’action.

La traduction [anglaise] de la loi est insuffisante pour expliquer la formulation précise de la définition de l’accusation. Le texte original de la loi suédoise précise implicitement qu’elle ne s’applique qu’aux cas où la violence est moindre que dans le cas de pénétration forcée. C’est la raison pour laquelle les médias de langue anglaise parlent généralement de "moindre viol" [« lesser rape »]. Dans la langue suédoise, la diminution implicite du niveau de violence est encore plus prononcée. C’est la raison pour laquelle Melzer explique qu’il parle couramment le suédois. Il est en en mesure d’interpréter le sens précis du texte des lois, et donc la nature des allégations, ce que les anglophones ne peuvent pas.

Par conséquent, l’accusation selon laquelle Melzer essaye de dépeindre le viol comme un acte non-violent est complètement fausse. Cela invalide la prémisse de base de la lettre ouverte initiale contre Melzer.

Melzer décrivait simplement une infraction telle qu’elle existait en 2010 dans les livres de droit suédois. Cette loi a depuis été modifiée en 2018. L’interprétation de 2018 semble plus proche de ce que les auteurs de la Lettre ouverte souhaitent lui attribuer ; cependant, elle n’était tout simplement pas pertinente pour l’évaluation crédible et savante de Melzer de l’infraction initiale de 2010 invoquée contre Assange.

Les signataires de la Lettre Ouverte la signent avec l’idée qu’elle contient une description exacte des actions de Melzer. Toutefois, comme on l’a vu plus haut, ce n’est pas le cas. Il s’agit donc d’un document au contenu fondamentalement erroné à la base, suivie d’une campagne dévoyée de récolte de signatures, accompagnée d’un risque potentiel pour la réputation académique des signataires, et au final un mauvais service rendu à celles qu’ils prétendent aider.

Bien que ce qui précède suffit pour rejeter les allégations d’irrégularités professionnelles faussement formulées à l’encontre de Melzer, il y a une autre question que je tiens à aborder brièvement.

La lettre ouverte cherche à se présenter comme impartiale et objective, ainsi qu’à prendre ses distances par rapport à tout débat potentiel sur les spécificités du cas d’Assange. Malgré le fait que le commentaire cité de Melzer était tout à fait spécifique au cas d’Assange.

Malheureusement, même les recherches les plus rudimentaires ont révélé que les principaux organisateurs de la lettre ouverte ont été, en public, loin d’être impartiaux envers Assange.

Par respect, je ne citerai pas de noms pour l’instant, car le but de cette lettre n’est pas de dénigrer, mais je suis en possession de captures d’écran de multiples déclarations passées publiées par les principaux partisans, organisateurs et signataires de la lettre ouverte qui ont fait des déclarations fausses, diffamatoires et biaisées sur Julian Assange dans des plate-formes professionnels et médias sociaux.

Ces déclarations font écho à certaines formulations précises utilisées par des acteurs étatiques qui sont finalement responsables de la torture psychologique d’Assange, que Melzer a dénoncée.

De même, il existe des liens directs entre les auteurs de la lettre et certains des critiques les plus voraces et diffamatoires d’Assange qui existent dans la sphère des grands médias. Les préjugés sont profonds et les relations sont ouvertes et visibles pour tous, il suffit de quelques simples recherches par mots-clés.

Il faut comprendre que lorsque Melzer a dénoncé le "lynchage" public et la torture psychologique d’Assange, de nombreux défenseurs professionnels et avocats des droits de l’homme qui n’avaient pas agi au nom d’Assange ou en solidarité avec son sort pendant des années, sont eux-mêmes devenus tacitement complices dans sa persécution. Que ce soit parce qu’ils ont été victimes de reportages malveillants sur son cas ou parce qu’ils avaient des liens avec les États qui l’ont persécuté et le persécutent activement, il a été démontré qu’ils n’ont pas respecté les principes qu’ils professent dans leurs actions. Cette hypocrisie est publiquement embarrassante. Dans cette affaire, il y a beaucoup de professionnels qui en temps normal se présenteraient comme étant contre la torture, qui - d’une façon ou d’une autre - en sont devenus complices. Que ce soit délibérément ou par leur silence.

La bonne action serait bien sûr qu’ils reconnaissent leur erreur, qu’ils l’expient et qu’ils reprennent le flambeau que Melzer a courageusement porté jusqu’à présent. De ne pas attaquer Melzer, de ne pas le miner, de ne pas le dénigrer, de ne pas utiliser les médias sociaux pour le "lyncher" comme Assange l’a été pendant tant d’années, de ne pas chercher à détourner l’attention de la gravité des implications des conclusions de Melzer.

Il est déjà assez grave qu’un éditeur ait été torturé pendant près de dix ans au cœur d’une grande capitale occidentale et qu’il y ait eu si peu de professionnels pour s’y opposer. Ne laissons pas ces mêmes tactiques être utilisées à l’encontre d’un rapporteur spécial de l’ONU. Nous ne pouvons permettre à ceux qui, intentionnellement ou par inadvertance, ont contribué à torturer un éditeur, devenir les accusateurs publics du Rapporteur spécial qui a dénoncé la torture.

Ce que Melzer a fait, en menant des recherches approfondies et minutieuses sur le cas de Julian Assange, est historique et donne beaucoup de crédibilité et de poids à la réputation de l’ONU dans son ensemble. Je connais beaucoup de gens qui avaient franchement perdu confiance en cete organisation, mais qui l’ont retrouvée grâce au courage, à la ténacité et au souci du détail de Melzer. Il s’agit d’une réalisation importante, entreprise en toute bonne conscience et face à des forces extrêmement puissantes et hostiles et pour cela, il devrait être récompensé et non puni.

Mon travail de recherche sur l’affaire Assange, intitulé "Dans la peau de Julian Assange" [version français - NdT], publié en 2018, a été lu par plus de 140 000 personnes sur son site Web, sans compter les nombreux autres lieux et pays où il a été reproduit. Dans cet article, qui a été twittée par Julian Assange peu de temps avant d’être réduit au silence, ainsi que par WikiLeaks, Christine Assange et d’innombrables autres, j’ai écrit un important témoignage sur ce que cela fait de voir les allégations de « viol » contre Julian Assange depuis toutes ces années. Je me sens en devoir de le reproduire en intégralité :

Les soi-disant défenseurs des femmes sont apparemment incapables de faire la différence entre la violence physique et la violence délibérée d’un viol réel, comme le viol de Juanita Broderick par Bill Clinton, et des désaccords sur un préservatif ou un baiser dans un bar, des blagues ou des propositions déplacées. C’est usant et franchement déprimante pour celles qui en ont été victimes.

Les comportements sexuels condamnables et autres aspects de la culture du viol peuvent et doivent être dénoncés et déplorés, sans qu’il soit nécessaire de les assimiler au viol. La propension des libéraux à le faire affaiblit et diminue l’expérience de viol et la gravité de la situation. Il semble qu’il s’agisse d’un autre privilège du pouvoir que de brandir les termes de ’viol’, ’violeur’ et ’violeur en série’ sans en comprendre les répercussions.

Le viol est une agression contre les cinq sens. Longtemps après, il vous rend encore presque incapable de vivre dans votre corps, de vivre dans votre vie. Incapable de préserver vos perceptions sensorielles ou de les rétablir dans leur fonctionnement d’avant le viol.

Décrire un comportement sexuel problématique mais courant dans l’ensemble de la population comme un "viol" rabaisse les victimes, tout comme élargir injustement la définition de ce qui constitue un violeur, ou marquer chaque homme comme un violeur par affiliation. Ce faisant, beaucoup d’hommes qui ne sont pas des violeurs reculent devant ce qu’il faut changer. Cela les dissuade de s’engager de manière significative sur des questions légitimes. Cela a encouragé un retour de bâton inévitable et contre-productif, qui n’aurait pas dû se produire."

Cela reflète une tendance sociétale générale à brouiller les frontières de ce qu’est le viol, à élargir sa définition en utilisant des termes comme "violeux" [« rapey » - intraduisible, « celui qui a un penchant pour le viol » ?], un terme souvent invoqué par rapport à Assange. J’ai également parlé de l’utilisation de ce terme.

"Le terme "violeux" est lui-même offensant. Avec son emploi, la définition du viol s’élargit délibérément à la limite de l’insignifiant et de l’obscur. Comme s’il pouvait y avoir "racisteux" ou "sexisteux" ou "homophobeux". Il n’y en a pas. Le viol est un crime absolu et grave contre l’humanité. Le terme ne doit pas être invoqué sans discernement ; ni édulcoré pour la commodité sociale de celui ou celle qui exerce le privilège qu’il ou elle exerce intrinsèquement lorsqu’il ou elle abâtardit le langage du viol."

Étant donné que beaucoup de gens qui se croient défenseurs des femmes sont susceptibles de lire cette lettre, il m’a semblé important de souligner ces passages. Parce que dans l’esprit de ceux qui défendent les droits des survivantes, il faut avant tout un effort concerté pour comprendre ce que nous ressentons, notre désir de préserver les mots qui décrivent nos expériences et d’en conserver la propriété, à l’instar de tout groupe marginalisé ou vulnérable avec le langage utilisé pour les décrire. Le viol est un mot qui devrait être utilisé avec respect pour le prix payé par celles d’entre nous qui l’ont vécu. Il ne devrait jamais être dénigré sans ménagement, sa définition ne devrait jamais devenir vide de sens et son accusation ne devrait jamais, jamais, jamais être utilisée comme une arme politique.

Il est possible que dans ses recherches, Melzer ait lu les passages cités ci-dessus et en ait été affecté. Si c’est le cas, j’en suis reconnaissante, et si ce n’est pas le cas, je sais que d’autres l’ont été et le seront.

Mais si Melzer doit maintenant se faire pourrir sur la place publique pour avoir brisé des tabous pour défendre une victime de torture que d’autres n’ont pas défendu, ce ne sera pas en mon nom.

Suzie Dawson

Voir liste de signatures et commentaires à la suite de l’article original

Traduction "des poings sur les i" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

 https://contraspin.co.nz/not-in-my-name-academics-publicly-attacking-un-torture-rapporteur/
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COMMENTAIRES  

07/07/2019 21:45 par Feufollet

Il faudrait peut-être rajouter
A cette "belle" exhaustivité
Une pensée pour les hommes violés
Généralement et surtout par les hommes
Mon destin m’en a épargné l’expérience

07/07/2019 22:58 par Roger

Je n’ai rien compris à cet article...
Suis-je le seul ?

08/07/2019 12:12 par Monika Karbowska

L’article de Suzie Dawson est très simple. J’aime beaucoup ses articles qui m’ont bien éclairée sur le cas de Julian Assange et m’ont permis de rechercher d’autres sources d’informations. Suzie Dawson dit que le fait que bien des hommes refusent de mettre un préservatif ne devrait pas être vu et assimilé à un viol. Dans ma génération on nous a assez pourri la vie avec l"obligation de mettre un préservatif en nous faisant peur de crever du Sida, qu’il ne faut pas s’étonner que plein de gens en ait marre, homme et femme. Le cas Assange c’est une procédure éprouvante de 10 ans émaillée de divers dysfonctionnements judicaires y compris un mandat d’arrêt européen au stade de l’enquête contre un type qui n’a pas mis de préservatif ou a été accusé par sa partenaire d’en avoir déchiré un. C’est quand meme ubuesque que le système dépense cette débauche d’énergie pour un type qui ne connaissait pas la loi suédoise au moment ou il y a couché avec deux Suédoises et ne savait pas que son inconduite le ferait accuser de viol. Sinon, a mon avis, vu qu’il est intelligent, il se serait abstenu de coucher avec des Suédoises étant donné le danger que ca représente. Et vous, le saviez vous, avant de le découvrir avec le cas Assange ? Moi je ne le savais pas, et pourtant j’ai beaucoup milité avec des Suédoises. Suzie Dawson exprime le ras le bol de nombreuses femmes et féministes dont je suis qu’on parle en notre nom et qu’on légitime une chasse à l"homme planétaire en prétendant défendre nos droits. C’est à dire de définir comme viol et judiciariser tous les comportements masculins pas toujours sympathiques dans notre vie intime hétérosexuelle. Si on judiciarise tout, cela peut aussi se retourner contre les femmes, qui n’ont pas toujours de comportements exemplaires non plus. En général nous sommes nombreuses en tant que féministes à être mal à l’aise dans l’ambiance de hallali permanente de la "culture me too". Après tout, le féminisme vise- visait à faire changer le comportement des hommes, pas à les foutre tous en prison en en appelant à une police bourgeoise d’un Etat bourgeois et répressif que les féministes ne contrôlent pas. Et les féministes ne controlant pas l’Etat, l’Etat peut faire des tas de choses en leur nom comme par exemple poursuivre un Assange pendant 10 ans pour un préservatif déchiré et le livrer aux Américains pour espionnage. Sinon moi je veux bien qu’on foute en prison la moitié de mes partenaires masculins français qui en 25 ans ont été très réticents à mettre un préservatif. Et parfois, souvent, ont su trouver des arguments tendres et persuasifs pour que j’ai acceptés malgré ma peur du Sida et de la grossesse… Alors, pourquoi poursuivre Assange et pas cette palanquée d’hommes ? S’il y a une égalité ca devrait être comme ca.
Pour en revenir à Assange, l’enjeu maintenant est de faire tomber ou de maintenir l’accusation suédoise. C’est à dire le "juger" - soit il n’est pas un violeur et doit être relâché immédiatement, et son honneur restauré, soit il l’est et alors c’est prison suédoise et extradition encore plus express aux USA. C’est pour cela que pour les ennemis d’Assange maintenir l’idée que "refus de mettre un préservatif égal viol" avec le soutien de toutes sortes de défenseuses des droits des femmes (mais tiens tiens sans les grandes orgas féministes européennes comme la Marche Mondiale des Femmes qui luttent depuis des décennies contre les violences faites aux femmes et dont le système médiatique ne parle jamais) est très important. Mais l’affaire est plus vaste. Dans quelle société voulons nous vivre ? Dans celle du contrôle et de la judiciarisation des moindres comportements humains ? En tant que féministe j’ai toujours pensé que l’éducation, éventuellement une médiation sociale par des pairs suffit dans les cas de déséquilibres de pouvoir dans une relation intime. Qu’appeler viol tout comportement négatif n’est pas bon, dévalorise les victimes de crimes horribles et en cela je rejoins Suzie Dawson.

08/07/2019 12:21 par Mazig

De nos jours , il existe deux possibilités d’éliminer un opposant à la pensée unique dominante : il suffit de l’accuser de viol ou d’antisémitisme. Cela devient absurde et ridicule.

08/07/2019 14:54 par Assimbonanga

Merci @Monika. Je préfère votre résumé, je n’ai pas réussi à rentrer dans ce texte de Suzie DAWSON. Toutes manières, "ils"auraient trouvé autre chose, n’importe quoi. On va bien punir en correctionnelle Jean-Luc Mélenchon parce qu’il a gueulé lors de la perquisition de notre parti où nos coordonnées de sympathisants étaient pompées par les flics !
Gueuler devient un péché capital dans notre monde pasteurisé. Les méchants prennent des voix de petits agneaux (Griveaux !) et les justes se font punir d’avoir crié de douleur ou de rage.

08/07/2019 16:48 par Yannis

Oui, Suzie Dawson dit très justement que l’accusation de viol est devenue une arme politique, dont les ultrafémismistes ne sont que les idiotes et idiots utiles, et que l’effet de meute provoqué par les réseaux sociaux, les réactions émotives, viscérales, primaires et sans aucun recul ni analyse des situation, accèlère cet effet pervers.

L’accusation d’antisémitisme (couplé avec antisionisme) bien sûr, aussi au niveau international.

L’accusation de fasciste (dans l’unique perspective de l’opposer aux termes progressistes, démocrates, libéraux, amoureux de la liberté et du multiculturalisme, de la globalisation, etc.) qui est utilisé à tord et à travers, le rôle du Diable joué par la mafia Le Pen, pervertissent également tout le débat politique en France en particulier.

08/07/2019 19:03 par Autrement

Suzie Dawson dénonce un procédé de diffamation facile et usuel autant qu’efficace.
Intervient aussi (comme souvent dans ce cas) un problème de terminologie.
Au nom d’une organisation de défense des droits des femmes, certains universitaires et autres personnalités ont signé une lettre publique contre Melzer, rapporteur de l’ONU sur la torture ; ils lui reprochent d’avoir trahi la cause des femmes en dénonçant la torture dont Assange est l’objet, et ils allèguent pour cela la fameuse accusation de viol portée par les Suédois contre Assange, accusation pourtant depuis longtemps démentie par les enquêteurs honnêtes.
Ainsi, ils se donnent bonne conscience et se parent d’une autorité morale détournée du sujet, pour nuire à une autre autorité morale, pertinente celle-là, celle du rapporteur de l’ONU dénonçant la torture, en prenant la défense d’ Assange et de l’oeuvre de Wikileaks.
C’est le même procédé qui consiste à se prévaloir de la lutte contre l’antisémitisme, pour calomnier ceux qui critiquent la politique de Nétanyaou, et d’une manière générale, c’est la démarche de ceux qui instrumentalisent une cause à d’autres fins moins désintéressées.

J’ai vu récemment sur Arte (si je me rappelle bien), un sujet de quelques minutes sur l’extradition d’Assange. L´invitée préposée à l’établissement de la saine opinion (celle du Pentagone et autres hauts conseilers US) destinée au grand public, déclara sur un ton apitoyé que de toutes façons, à l’avenir, les Etats devraient évidemment faire en sorte que des documents comme ceux que WIkileaks a publiés ne soient pas être portés à la connaissance des simples citoyens...

08/07/2019 21:18 par Geb.

Mais en fait il n’a pas "refusé de mettre un préservatif"... C’est le préservatif qui se serait "déchiré" ;

Dans un cas normal c’est le fabricant du dit "préservatif" défaillant qui aurait dû être poursuivi. Et par les deux parties du couple.

Suzie Dawson a raison sur le fond. Ces soi-disant "protecteurs des femmes" ces "féministes" sélectives à tout crin ne sont que le pendant civil des "droits de l’hommistes " des bombardement de populations "pour les libérer".

Les béquilles qui soutiennent les écrans de fumée du Capitalisme féroce.

09/07/2019 03:34 par Made in Québec

Merci Feufollet.

Made in Québec, orphelin de Duplessis, survivant.

09/07/2019 22:04 par Dominique

Gageons qu’à la suite de son article (Merci au Grand Soir de l’avoir relayé) cette brave Suzie Dawson va à son tour ce faire « pourrir » sur les réseaux sociaux. La machine à faire taire n’est pas prête à se taire.

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