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POSADA CARRILES : Cinq années à camoufler des décennies de terreur

Il y a eu cinq ans déjà ce 15 juin que le Venezuela a sollicité au gouvernement des Etats-Unis l’extradition du terroriste international Luis Posada Carriles, peu après sa détention le 17 mai 2005 à Miami, état de la Floride.

Bernardo à lvarez, ambassadeur de la République Bolivarienne du Venezuela à Washington a alors rappelé comment il avait demandé successivement, le 10 et le 13 juin, par des notes diplomatiques, tant l’arrestation que l’éventuelle remise de ce fugitif de la justice vénézuélienne, responsable de la destruction en plein vol d’un avion cubain qui a provoqué la mort de ses 73 occupants.

Présente à la même conférence de presse, la vice-ministre des Affaires étrangères Delsy Rodrà­guez, a déclaré que « le compte à rebours de l’extradition de Posada Carriles a commencé » et a signalé que le dossier déposé comptait 500 pages où étaient documentés chaque aspect de la présence de Posada Carriles au Venezuela. L’avocat au dossier, José Pertierra, a ajouté qu’une telle demande du gouvernement bolivarien devait être reçue « de façon immédiate ».

Dans un premier geste qui semblait orienté vers une éventuelle expulsion de celui qui tait entré illégalement en territoire étasunien à bord du bateau crevettier Santrina en provenance du Mexique, le magistrat de l’Immigration William Lee Abbott a refusé la libération de Posada Carriles, alors détenu dans un centre de détention pour immigrants illégaux à El Paso (Texas).

Cependant, quelques semaines plus tard, c’est le même magistrat qui, après avoir entendu le témoignage de Joaquim Chaffardet, complice de Posada dans les campagnes de contre-insurrection qui ont causé des centaines de morts et de torturés au Venezuela dans les années 70, décidait que Posada ne pouvait être extradé vers ce pays… car il courait le risque d’être torturé.

Le 19 avril 2007, après une longue série d’acrobaties judiciaires face à sept juges successifs, on a pu vérifier avec la remise en liberté de Posada par la juge Kathleen Cardone d’El Paso, la détermination du clan Bush a se moquer grossièrement de l’opinion publique.

Il est aussi devenu évident que pour le circuit anti-Cubains des services de renseignement américains, il s’agissait de sauver à tout prix celui qui durant des décennies avait exécuté ses désirs les plus inavouables.

AURAIENT-ILS OUBLIÉ L’AGENT "AMCLEVE/15" ?

Cinq années sont déjà passées au cours desquelles le gouvernement des Etats-Unis, son Département de la justice et son inimitable système judiciaire ont refusé de reconnaître et même prétendent ignorer le passé terroriste de Luis Posada Carriles.

Et ce bien qu’il se soit lui-même décrit comme terroriste à plusieurs occasions et que les archives, de la CIA comme du FBI, débordent de documents, déclassifiés ou non, qui révèlent la nature criminelle de ses activités.

Déjà au début des années 60, ces archives expliquent de façon explicite comment Posada Carriles est l’agent AMCLEVE/15 et que son officier se nomme Grover Lythcott.

Les archives déjà diffusées racontent tout sur l’entraînement qu’il a donné dans les Everglades à des terroristes de la Representación Cubana en el Exilio (RECE), le groupe de la société Bacardi.

Comment peuvent-ils ignorer le passé de Posada si le chef du RECE, Jorge Mas Canosa, était agent de la CIA ?

Créateur de la Fondation Nationale Cubano-Américaine, Mas ira plus tard jusqu’à commander et financer les activités de Posada.

Face à des dizaines de preuves irréfutables, la CIA doit savoir, logiquement, que l’ex président vénézuélien Carlos Andrés Pérez, aujourd’hui réfugié à Miami sous sa protection, donnait refuge et appui à Orlando Bosch, chef de la Coordination des Organisations Révolutionnaires Unies (CORU) et complice de Posada dans le crime de l’avion cubain, et aujourd’hui réfugié à Hialeah (Miami) où il bénéficie d’une totale impunité.

Le 11 juin 1976, en convoquant la réunion où a été fondée la CORU, à Bonao, en République Dominicaine, la CIA a signé la longue succession de crimes sanglants qu’a ensuite revendiqué cette organisation terroriste. Cette réunion de gangsters, où se trouvait entre autres Posada, était dirigée par l’agent CIA Alexander Vlonsky, un immigrant roumain naturalisé américain alors connu sous l’identité de Sacha Volman.

Malgré tous les efforts qu’elle a ensuite déployés pour se blanchir de toute responsabilité, la main de l’agence de renseignement étasunienne est alors apparue partout puisque cette réunion ultrasecrète contenait tous les éléments qui la caractérisent.

Tout comme elle apparaît dans l’évasion de Posada de sa prison vénézuélienne alors que le réclamait l’agent CIA Félix Rodrà­guez Mendigutà­a, assassin du Che et collaborateur de Oliver North, qui lui a confié la direction des opérations sur la base salvadorienne d’Ilopango. C’est là que Posada s’est converti, au service de la CIA, en trafiquant d’armes et de drogue.

Dans l’entrevue qu’il a accordée au New York Times en 1998, dans laquelle il confesse être l’auteur de la campagne de terreur qu’il a déchaîné à La Havane l’année précédente, Posada l’admettra avec une étonnante candeur : "La CIA nous a tout appris... comment utiliser des explosifs, comment tuer, fabriquer des bombes..." .

Le dossier Posada est beaucoup plus que l’affaire d’un seul homme.

La presse de droite du Venezuela le démontre chaque tour quand elle attaque la présence de collaborateurs civils cubains dans ce pays alors qu’elle a ignoré et parfois justifié durant des années la présence cubaine dans la DISIP alors qu’une troupe de tueurs massacrait de jeunes révolutionnaires, sous les ordres de Posada et ses amis.

Hier avec la violence de Posada et ses semblables, aujourd’hui derrière les rideaux de fumée des campagnes de diffamation, en se présentant comme défenseurs des droits de l’homme, les patrons du camp de la honte de Guantánamo ne récolteront toujours que ce qu’ils ont semé.

Pour les États-Unis, tant ceux de Bush comme ceux de son successeur, Posada est autre chose qu’un agent de plus, un tueur servile qu’il faut protéger pour ne pas faire peur aux autres..

Posada est le mot clé de décennies de guerre sale, d’opérations assassines, d’ingérence scandaleuse, de complicités honteuses grâce auxquelles on a pensé effacer, éradiquer, annihiler sur ce continent tout exemple de rébellion.

JEAN-GUY ALLARD

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Thomas Friedman, « In Defense of ISIS », New York Times, 14 avril 2017.

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