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Les fondations du Sionisme se lézardent

Pour assécher la source idéologique du conflit arabo-israélien (Counterpunch)

L’opinion publique mondiale et israélienne prend de plus en plus conscience que la dé-Sionisation de la politique étrangère des Etats-Unis et de l’Europe comme de la politique intérieure de l’état d’Israël est devenue le passage obligé de la paix au Moyen-Orient.

Mais cette prise de conscience n’est pas parvenue à assécher la source de l’idéologie sioniste du conflit arabo-israélien car elle ne s’est pas encore concrétisée sur le terrain par la dé-Sionisation d’Israël et la distanciation des pays occidentaux de l’idéologie sioniste à laquelle ils demeurent très attachés.

Dans un article publié par Foreign Policy le 25 octobre, James Traub citait le président étasunien Barak Obama qui avait dit, en mai dernier, dans un discours "annonçant une reformulation de la guerre contre le terrorisme" : "Nous ne pouvons pas utiliser la force partout où une idéologie radicale prend racine ; "la seule alternative à la "guerre perpétuelle" est un effort permanent pour endiguer "les sources de l’extrémisme".

Les "sources" des "guerres perpétuelles" et de "l’extrémisme" au Moyen-Orient au cours de la plus grande partie du vingtième siècle à nos jours sont facilement détectables dans le lien pernicieux qui existe entre les actions sur le terrain et "l’idéologie radicale" sioniste, autrefois laïque aujourd’hui religieuse.

Pourtant les Etasuniens et les Européens continuent à penser qu’il est moralement acceptable de chasser la population arabe indigène de Palestine pour la remplacer par un agrégat artificiel de Juifs de toutes nationalités ayant souffert d’oppression, d’antisémitisme, de pogroms et de l’Holocauste dans leurs pays occidentaux d’origine, et ils continuent à justifier ce processus.

L’attachement persistant des Etats-Unis et de l’Europe à l’idéologie sioniste est au coeur de leur relation avec Israël, le rejeton de cette idéologie, qu’ils voient comme un de leurs principaux "intérêt vitaux" au Moyen-orient et ce même attachement est aussi à la base de l’anti-américanisme et des autres formes de luttes arabes contre "l’Occident".

Le refuge offert par le "nouveau monde", l’Amérique, a permis aux Européens de régler temporairement de manière satisfaisante la "Question Juive" ; il y vit aujourd’hui davantage de Juifs qu’en Israël.

Les communistes ont trouvé leur propre solution ; elle a pris la forme de "l’oblast" autonome juif, la première république du Birobidzhan russe, à la frontière entre l’ancienne Union Soviétique et la Chine, où vivaient trois millions de Juifs avant qu’un tiers environ d’entre eux n’émigrent en Israël après la chute de l’empire communiste.

Les états nations basant la citoyenneté sur le droit sont maintenant la règle en Europe et les Juifs y jouissent des mêmes droits civils, religieux, politiques, etc., que leurs compatriotes.

Il n’y a plus de "Question Juive" en Europe en particulier, ni en Occident en général. Si une telle question est encore soulevée, c’est plutôt en relation avec l’influence disproportionnée des citoyens juifs sur les décideurs des sphères médiatiques, financières et politiques.

Malgré cela, la propagande sioniste en Israël et à l’étranger continue à affirmer sans répit que les Juifs sont en danger à l’extérieur d’Israël, à pousser les gens à immigrer, à encourager la double citoyenneté et la double loyauté chez les siens et à considérer que tous les Juifs qui vivent à l’extérieur d’Israël sont des "réfugiés".

Dans un article du Huffingtonpost.com, le 6 septembre de l’année dernière, Hanan Ashrawi, une dirigeante palestinienne élue au Parlement a cité Shlomo Hillel, un ministre sioniste originaire d’Irak, qui avait dit : "Je ne considère pas les Juifs qui viennent de territoires arabes comme des réfugiés. Ils sont venus vivre ici parce qu’ils étaient sionistes", et elle a cité l’ancien membre de la Knesset, Ran Cohen, un immigrant irakien qui a dit : "Je dois le dire : je ne suis pas un réfugié. Je suis venu ici à la demande du sionisme."

En conséquence, la "Question Juive" a été transférée au lieu de refuge arabe, celui-là même qui avait déjà servi de refuge aux Juifs opprimés en Europe qui fuyaient la culture de l’inquisition de l’Europe médiévale. La plus importante minorité juive en pays arabe du Maroc en est la meilleure preuve.

Ce lieu de refuge arabe est devenu, à cause de l’idéologie sioniste, un enfer de guerres, d’instabilité, de conflits continuels et le théâtre d’une nouvelle "Question Juive" depuis qu’Israël a été crée artificiellement, il y a 65 ans, au coeur d’un monde arabe où les Juifs représentaient précédemment une minorité prospère dans chacune des capitales des 22 états arabes à l’exception de la Jordanie.

Le Sionisme justifie la création d’Israël en Palestine par des arguments controversés : Dieu aurait promis cette terre aux Juifs quoiqu’il puisse en coûter aux habitants qui s’y trouvaient bien avant que Josué et son armée ne traversent le Jourdain pour détruire Jéricho et tuer tous les hommes, les femmes, les enfants et les animaux sur "ordre de Dieu."

Le 2 novembre 1917, le Secrétaire britannique aux Affaires Etrangères, Lord Balfour, se prenant pour le messager de Dieu sur terre, a fait une nouvelle promesse divine aux juifs, celle d’avoir une "patrie" en Palestine.

La justification moderne de l’Holocauste ne tient pas compte de l’autre peuple, les Arabes palestiniens qui paient le prix d’un crime qu’ils n’ont pas commis.

Il est intéressant de noter que, ironiquement, le Sionisme n’est pas une création juive à l’origine.

Le révérend Dr. Stephen Sizer, l’auteur de “Christian Zionism : Road-map to Armageddon ?” (Sionisme chrétien : feuille de route pour Armageddon** ?) (InterVarsity Press, 2004), a écrit dans le Middle East Monitor du 1er août : "Les origines du mouvement remontent au début du 19ième siècle quand un groupe de leaders britanniques excentriques s’est mis à faire pression pour que la Palestine redevienne juive, car ils considéraient que c’était la condition indispensable au retour du Christ... Le Sionisme chrétien par conséquent a précédé le sionisme juif de plus de 50 ans. Certains des supporters les plus acharnés de Théodore Herzl étaient des membres du clergé chrétien". Dr. Sizer a intitulé son article : "Le Sionisme chrétien : L’hérésie qui sape la paix au Moyen-Orient".

Lui-même et les chefs des Eglises de Jérusalem : Michel Sabbah, le Patriarche Latin, Swerios Malki Mourad des Orthodoxes Syriens, Riah Abu El-Assal l’Evêque de l’Eglise Episcopale, Munib Younan, l’Evêque de l’Eglise Evangélique Luthérienne, ont signé conjointement en 2006 la Déclaration de Jérusalem sur le Sionisme Chrétien qui se conclut par ces mots : "Nous rejetons catégoriquement les doctrines du Sionisme Chrétien comme autant d’enseignements erronés qui corrompent le message biblique d’amour, de justice et de réconciliation".

La narrative sioniste a été remise en question par les "Nouveaux Historiens" israéliens : Benny Morris, Ilan Pappe’, Avi Shlaim, Tom Segev, Hillel Cohen, Baruch Kimmerling et d’autres l’ont déjà réévaluée et ils sont à l’origine d’une nouvelle vision post-sioniste. Pappe’ est arrivé à la conclusion que les leaders sionistes ont planifié et mis en oeuvre un "nettoyage ethnique" pour expulser la plus grande partie des Arabes palestiniens.

La trilogie de Shlomo Sand, "L’invention du peuple juif", "L’invention de la Terre d’Israël", et le troisième volume qui va bientôt sortir "L’invention du Juif laïque", a porté un grand coup aux fondations mêmes du Sionisme.

Les Sionistes essaient de dissimuler de leur mieux le fait que le Sionisme laïque n’était pas populaire chez les Juifs religieux dans les premiers temps du mouvement et le fait qu’une forte minorité de Juifs est toujours hostile à cette idéologie.

Les "Avenues de l’ONU" de Haïfa, Jérusalem et Tel Aviv ont été rebaptisées "Avenues du Sionisme" suite à l’adoption par l’Assemblée Générale des Nations Unies, le 10 novembre 1975, de la Résolution 3379 qui stipulait que "Le Sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale" ; Elle a été révoquée par la Résolution 46/86 de 1991 ; la perpétuation de l’idéologie sioniste et les actions qui en découlent montrent que cette révocation était prématurée et qu’il faudrait envisager de rétablir la Résolution 3379.

En adoptant la Résolution 181 de 1947 qui a divisé la Palestine entre les Arabes palestiniens d’origine et les envahisseurs étrangers que représentaient les colons sionistes, la communauté internationale incarnée par les Nations Unies a fait le jeu du Sionisme chrétien et juif et s’est rendue coupable d’une erreur historique qui a anéanti tout espoir humain de paix au Moyen-Orient ; son rétablissement demeurera hors d’atteinte encore très longtemps.

les Juifs faisaient partie intégrante de l’histoire de la région et de son tissu social jusqu’à ce que le Sionisme coupe court à tout cela. Il faudra en passer par la dé-sionisation d’Israël et de la politique internationale pour que la paix dans la région passe du rêve à la réalité et que l’histoire reprenne son cours normal. L’interruption des Croisades dans l’histoire de la région est un précédent plein d’enseignements dont toutes les parties en présence devraient tirer les leçons.

Nicola Nasser est un journaliste chevronné basé à Birzeit, dans les territoires de Cisjordanie occupés par Israël.

Nicola Nasser

Traduction : Dominique Muselet

Notes :

* Un oblast (en russe et en ukrainien : область, prononcé oblast) est une unité administrative de la Fédération de Russie, de l’Ukraine, du Kirghizistan ou encore de la Bulgarie. (Wikipédia)

** Armageddon (de l’hébreu : הַר מְגִדֹּו / har M’giddo, transcrit Ἁρμαγεδών / Harmagedốn en grec), un petit mont en Galilée dans la région nord de l’état d’Israël, terme biblique mentionné dans le Nouveau Testament, est un lieu symbolique du combat final entre le Bien et le Mal. (Wikipédia)

»» http://www.counterpunch.org/2013/10/31/drying-up-ideological-wellsprin...
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