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Le matin du grand soir n’est pas pour demain, mais une gauche de gauche peut y conduire...

Pourquoi devons-nous passer d’une gauche de la gauche à une gauche de gauche ?

Evariste (ReSPUBLICA)

Gauche de gauche : l’expression « gauche de gauche » vient d’une tribune de P. Bourdieu, « Pour une gauche de gauche », publiée dans le Monde du 08/04/1998. Au lendemain d’élections de présidents de région alliés au FN, Bourdieu y fustigeait la gauche de gouvernement (Jospin, Chevènement, Hue, Voynet), menant depuis longtemps « une politique instrumentale et cynique, plus attentive aux intérêts des élus qu’aux problèmes des électeurs » (déjà !), qui déçoit les électeurs de gauche.

Cette expression est reprise encore récemment dans des titres de livres ou d’articles, mais la « gauche de gauche » de Bourdieu n’est pas la nôtre. D’une part, Bourdieu précisera lui-même, dans une interview ultérieure à Télérama (idem), que s’il appelle de ses vœux « une gauche vraiment de gauche », c’est uniquement en tant qu’intellectuel, et que parler de « gauche de la gauche » renvoie à un positionnement politique qui ne le concerne pas.

D’autre part, selon lui, une « vraie gauche » doit dépasser « la prétendue fatalité des lois économiques » et s’atteler à « humaniser le monde social », ce qui est bien le projet de ce que nous appelons « gauche de la gauche » ; c’était le nom que s’était donné une liste de l’époque et qui est repris aujourd’hui pour d’autres tentatives de constituer des listes de « gauche pour de vrai », allant de la gauche du PS au NPA en passant par le PG, tentatives qui se heurtent le plus souvent aux stratégies partisanes nationales.

Comme nous l’avons maintes fois expliqué, le projet de cette « gauche de la gauche » se veut plus radical, mais il n’est pas anti-capitaliste, et son volontarisme politique se heurtera aux lois de l’économie, non pas celles, fictives, des libéraux, qui en déduisent qu’il n’y a pas d’alternative, ni celles, circonstancielles, des pseudo-keynésiens, qui veulent restaurer les Trente glorieuses d’un simple coup de baguette magique électorale, mais bien les lois de l’économie qu’a dégagées l’analyse critique de Marx, qui situe la crise non pas dans le « monde enchanté » de la marchandise et de la finance, mais dans le cœur productif du mode de production capitaliste.

Pour nous, l’expression « gauche de gauche » renvoie plutôt à la bande des quatre de la revue Kommunist qui, après la dérive de la Révolution de 17, se revendiquaient « communistes de gauche », et non « à gauche des communistes » (1) Une gauche de gauche, aujourd’hui, n’est pas simplement à la gauche de la gauche, elle est une autre gauche, différente, une gauche de gauche, qui ne doit pas simplement proposer une autre gestion, un alter-capitalisme (par exemple, dans le mythe d’une Europe sociale qui surgirait de l’intérieur de la construction européenne actuelle), une alter-mondialisation (qui ne lutterait par exemple que contre la finance et non contre le mode de production qui la génère), mais bien un anti-capitalisme, en renouant avec le vrai socialisme (loin de la caricature des solfériniens) celui d’avant la dérive social-démocrate ou libertaire. Une gauche de gauche doit renouer son lien avec le prolétariat, donc avec les couches populaires (ouvriers et employés). N’oubliez pas que le vote Front de gauche au premier tour de l’élection présidentielle de 2012 ne fut que le 5e choix des couches populaires !

Et rien n’a changé sur ce point depuis au sein du Front de gauche !

Pour cela, elle doit devenir anti-capitaliste, comme nous venons de le préciser. Une gauche anti-capitaliste s’appuie sur les couches sociales populaires, dont la conscience de classe peut renverser les choses, elle les mobilise dans les domaines qui leur importent au premier chef : école, protection sociale, services publics, chômage, précarité, politique industrielle, Union européenne, zone euro, etc. Une gauche anti-capitaliste a rompu son rapport quasi exclusif avec les couches moyennes, fussent-elles radicalisées, le travail sociétal en leur faveur ne devant plus servir plus à masquer le vide social.

On ne peut pas rallier les couches populaires sur une ligne politique qui défend principalement les couches moyennes (39 % du salariat si on part de la classification PCS de l’Insee), dont une partie défend la politique néolibérale et participe au phénomène de « gentrification », qui voit le développement des couches populaires dans des territoires où ne vivent pas les militants !

Pour cela, elle doit aller au-delà d’un simple anti-capitalisme déclaratif sans contenu réel et rompre avec l’idéalisme gauchiste (au sens de Lénine dans son livre Le gauchisme, maladie infantile du communisme) d’après lequel nous pourrions nous abstraire, par simple volontarisme, des dures lois de l’économie politique !

Pour cela, elle doit construire un discours qui intègre l’espoir concret d’un modèle politique alternatif. Pour nous, cela passe par la reprise actualisée et développée du concept de République sociale, en développant les apports de la révolution de 1848, de la Commune, des amis de Jean Jaurès, des amis d’Antonio Gramsci, du Front populaire, de la Résistance, du programme du Conseil national de la Résistance… Le matin du grand soir n’est pas pour demain, disaient les conservateurs, mais une gauche de gauche peut y conduire, en réutilisant la stratégie de l’évolution révolutionnaire bien décrite en son temps par Jean Jaurès, fondée sur une politique concomitante et cohérente des trois regards : le temps court, le temps moyen, le temps long !

Pour cela, la gauche de gauche doit donner la priorité à une éducation populaire de masse vers les couches populaires (ouvriers et employés) et les couches moyennes intermédiaires (ensemble 77 % de la population, selon la classification PCS de l’Insee), car elle ne ralliera pas les couches populaires uniquement par des prises de parole de leurs leaders à la télévision et dans des meetings certes compacts, mais dont elles sont absentes !

Vu l’importance de ce dossier, nous sommes à votre disposition pour toute participation sur ce thème dans les réunions publiques que vous allez organiser. Haut les cœurs !

Mercredi 12 février, (ReSPUBLICA).
Évariste

Les illustrations ont été choisies et/ou traficotées par LGS.

http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/pourquoi-devons-nous-passer-dune-gauche-de-la-gauche-a-une-gauche-de-gauche/43586


Note :

1. Ont signé les quatre numéros de la revue Kommunist (1918, récemment rééditée par l’intéressant collectif toulousain d’édition Smolny) Boukharine, Ossinsky, Radek et Smirnov. Ces « communistes de gauche » (il y avait aussi Préobrajenski, Kollontaï, etc.), dont certains rejoindront plus tard la direction léniniste, s’opposaient au sein du PCUS, à Lénine sur ses choix, qu’on peut résumer par la fameuse expression « le communisme, c’est l’électrification plus les soviets », pas fausse en soi, mais qui préfigurait la NEP et couvrit la continuation de l’accumulation capitaliste sous direction centralisée.

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COMMENTAIRES  

14/02/2014 10:48 par Dwaabala

L’une des caractéristiques du lumpenprolétariat est l’absence de ressources.
Ce qui est en France, aujourd’hui encore mais pour combien de temps ? est dissimulé par les dispositifs de CDD à durée dérisoire, d’emploi à temps partiel, d’organisation de la précarité, d’allocations chômage, de RSA (à moins de 500 euros) et d’aides aux familles.
Autrement dit l’objectif de la gauche de gauche est d’organiser ce lumpenprolétariat, qui est une masse importante de ce qui s’entend aujourd’hui par prolétariat, et dont une caractéristique essentielle est : l’absence de conscience de classe, de l’organiser par une éducation de masse. Il faut souhaiter bon courage et de francs succès à la gauche de gauche, alors que l’ennemi de classe applique au peuple le bon et vieux principe du pain et des jeux.
Pendant que la gauche de la gauche réelle, qui est un sous-produit des institutions puisqu’elle ne se constitue que par les élections et assimile programme électoral et programme de parti, avance sous la bannière d’un programme de gouvernement ! Qui pourra démontrer que ses partis composants n’existent pas que par et dans les institutions ?
Ce qui n’est pas très différent de ce qu’est le PS, la vraisemblance de l’accès à l’irresponsabilité et à la respectabilité majoritaires et ministérielles en moins.

14/02/2014 13:19 par Anonyme

L’une des caractéristiques du lumpenprolétariat est l’absence de ressources.

Le prolétariat aussi. Et de plus en plus. Et la petite bourgeoisie - en voie de prolétarisation - aussi. En regard des ressources immenses et même pas imaginables des banques et des multinationales qui, seules, peuvent créer du vent, soit de l’argent purement fictif.

Car celui qui a de l’argent qui n’est pas fictif du tout pour celui qui le touche peut TOUT acheter avec lui

Compte tenu de ce rapport de forces, qu’est-il possible de faire, concrètement ? Pour en finir avec cet état de choses ? Pour en finir avec cet état lamentable de choses manipulables auxquelles nous sommes tous réduits ? - Et ça ne va pas s’arranger par "miracle" car le capitalisme sait nous faire aller où il veut en jouant sur notre faim, sur notre famille, sur nos égos, sur notre peur, etc... Et il le fait : pourquoi s’en priverait-il ?

En gros : où trouver de l’argent, du fric, de l’oseille, des thunes, du blé (etc.) ? Pour faire de l’éducation populaire, éditer, secourir les blessés de la guerre économique, organiser tout cela, etc.? L’agent n’est que le nerf de la guerre, certes, mais sans nerf du tout, il n’y a pas de guerre du tout. Il n’y a que de belles paroles et des divisions pour savoir qui a raison, toujours en paroles, pour passer le temps en se donnant l’impression de "faire de la politique"... et faire plaisir à la droite.

14/02/2014 15:02 par Letzte Ölung

Ce n’est point les chômeurs et les retraités montrés du doigt par les hypocrites "profiteurs de haute voltige" qui sont les vrai(e)s "parasites" car ces derniers se collent aux dos de tous ceux qui ont travaillées et produit les richesses du monde, alors...! Quand le sage montre les astres, l’idiot regarde le "doigt"

14/02/2014 21:42 par gérard

C’est Warren Buffet qui a dit :
« Tout va très bien pour les riches dans ce pays, nous n’avons jamais été aussi prospères. C’est une guerre de classes, et c’est ma classe qui est en train de gagner »
Je suis d’un pessimisme noir certes, et en plus cet article n’y est pas pour rien :

(...)la gauche de gauche doit donner la priorité à une éducation populaire de masse vers les couches populaires (ouvriers et employés) et les couches moyennes intermédiaires (ensemble 77 % de la population, selon la classification PCS de l’Insee), car elle ne ralliera pas les couches populaires uniquement par des prises de parole de leurs leaders à la télévision et dans des meetings certes compacts, mais dont elles sont absentes !

En être encore à ce niveau là d’analyse pour tout dire d’un autre siècle, parler de « donner la priorité à une éducation populaire de masse vers les couches populaires (ouvriers et employés) et les couches moyennes intermédiaires » alors qu’on n’a jamais été aussi proche d’un cataclysme économique ET écologique planétaire, c’est pour le moins étonnant !
J’aimerai aussi que l’auteur explique qu’est ce qu’il entend par « couche moyenne intermédiaire », et quant à les « éduquer » c’est une notion un peu méprisante...
Pour l’instant le Capitalisme on est bien obligé de faire avec, car il règne en maître absolu sur l’économie de la planète...
Une chose est certaine, c’est qu’il est entrain de s’effondrer, et LA question est avant tout comment...
La seule option qui nous reste, c’est d’en dénoncer et d’en combattre les effets destructeurs afin que les dégâts collatéraux ne soient pas trop catastrophiques ; c’est très loin d’être évident car le Système, il l’a prouvé lors de la crise de 1929, tel le Phénix il renaît sans problème de ses "cendres" mais lui ses "cendres" ont été provoquées par le feu d’une "bonne" guerre...
Quant à dire que : « le projet de cette « gauche de la gauche » se veut plus radical, mais il n’est pas anti-capitaliste, » c’est très loin d’être tout à fait vrai, mais admettons quand même ; si le projet de Jacques Généreux (celui du Parti de Gauche) était déjà défendu par toute la "Gauche de gauche", ce serait déjà pas si mal. Mais la désunion semble être la maladie infantile/sénile (?) de la Gauche...

15/02/2014 02:42 par Eyrin

Le FDG est un cul de sac qui essaye de faire du "neuf" avec du vieux, d’accorder la carpe et le lapin et en plus représenté par nombres de bobos carriéristes de la politique, transfuges du PS ou juste opportunistes Mélenchon, Franco et Chassaigne en tête !
Mélenchon a pas été gêné de vivre sur son mandat de député européen pas plus que sa participation au gouvernement Jospin, la seule chose qui l’a gêné c’est de ne pas être reconnu à la valeur de son ego et donc de ne pas récupérer de postes plus importants au PS.
Marre des politiciens professionnels qui se servent depuis des décennies !

En dehors des hommes, il y a les propositions et tant qu’on ne se décidera pas à sortir de l’UE et à penser à un nouveau système anti capitaliste on se fera avoir par les mêmes partis estampillés de gauche mais qui font une politique de droite à peine encadrée ou apporte leur soutien à un moment ou un autre en tirant sur tout ce qui est plus à gauche...
Ils ont aucun problème pour bouffer au râtelier de l’UE qui est entrain de détruire l’Europe entière pour le plus grand bénéfice d’une minorité de richards apatrides.
Il est temps de jeter ce modèle de société qui n’a fait qu’accroitre les misères, qui se nourrit des plus faibles, qui pilles les peuples du tiers monde, leur fait la morale ou carrément la guerre.
Il est surtout temps de jeter tout ses politiciens professionnels qui en font carrière pour leur seul et unique intérêt, curieusement presque aucun n’a de passé d’ouvriers ou d’employés mais beaucoup de hauts fonctionnaires.
La politique c’est servir pas se servir !

15/02/2014 10:33 par Letzte Ölung

Si nous voulons vivre et non survivre il faut sortir de l’OTAN ne plus avoir à faire avec le FMI & Cie. virer les dirigeants laquais des USA ...
"Quand la racine se meurt le corps vacille et la tête tombe ! " C.C.S....

15/02/2014 10:59 par vm

@Eyrin
Et qu’est-ce que vous proposez comme boulevard ? Edouard Martin ? Mao-Tse-Toung ?

15/02/2014 21:37 par Geb.

@ vm,

Je sais pas si quelqu’un proposera quelque chose, mais rétorquer ça à un mec qui fait un constat sur une réalité flagrante, c’est simplement lui expliquer qu’il n’y a rien à faire.

Celà peut en contenter certains en justifiant le fait de leur immobilisme, mais je me permettrai de faire remarquer que rester immobile en ce moment sous prétexte de ne pas savoir que faire c’est comme, emporté par un torrent en crue, ne rien tenter pour gagner la terre ferme.

Alors je ne conteste pas le fait que certains préfèrent mourir tout de suite, il y a des esthètes partout, (C’est pour ça que certains marins pêcheurs bretons du XIXème siècle ne voulaient pas apprendre à nager, pour souffrir moins longtemps).

Mais en dehors du droit au libre arbitre qui reste une affaire privée, conseiller cette attitude à d’autres qu’à soi-même, c’est soit se décrédibiliser, soit être un criminel si on est écouté.

Il y a TOUJOURS une ou plusieurs solutions à chaque problème.

Les seule question à poser sont :

1. Est-on conscient qu’il y a problème ?

2. Jusqu’où peut-on aller pour trouver la, ou les, solutions ?

3. Et quel prix est-on prêt à payer pour ça ; en argent ou en nature ?

Si on ne trouve pas, c’est que soi-même on fait partie du problème.

Et c’est sûr que dans ce cas là trouver la solution et la mettre en oeuvre c’est aussi signer sa propre disparition.

Geb.

16/02/2014 09:48 par Christian DELARUE

Il y a besoin d’une gauche au plan social (RTT, salaires, services publics,sécurité sociale) et au plan sociétal (contre les réactionnaires anti égalité hommes-femmes, anti-homo et lesbiennes, contre les racismes, etc…) et pour la laïcité. On peine à la voir !

16/02/2014 11:42 par vm

@Eyrin et Geb
L’impasse, dans l’immédiat, ce sont les institutions de la Vème "république", avec les médias comme couverture : elles en sont arrivées, non seulement à priver les citoyens de leur souveraineté, mais encore à fausser toutes les notions politiques et les façons de penser l’actualité. Derrière, bien sûr, les mafias financières et industrielles tirent les ficelles. C’est pourquoi la revendication d’une nouvelle constitution est essentielle.
La carpe et le lapin ont tout de même plus de chance de s’entendre que le loup et l’agneau, d’autant que l’eau est un bien commun aussi précieux à préserver que la forêt ou la garrigue ! Même si NSA et ses complices essayent de nous programmer pour 1984, l’avenir n’est pas écrit. Si on le pense en termes de partis constitué et de sigles fixes, on ne peut même pas le penser : le plus visiblement dangereux est d’appeler "gauche" ce qui est devenu "droite" (le PS), car c’est le FN (la haine, lui aussi autre déguisement de la droite et des mafias) qui en profite. Et la tromperie continue.
C’est pourquoi au-delà de tous les "constats" (et surtout de ceux que font les médias), il faut être sur le terrain. Le possible est une catégorie de la pratique. Sur le terrain, il y aura toujours une issue concrète, – partielle en attendant mieux – pour sortir de la dévastation capitaliste. La vie en a vu d’autres, elle a besoin de nous.

16/02/2014 18:16 par gérard

@ Geb
Tu parles de :
« constat sur une réalité flagrante »
Le problème est justement dans la vision que chacun peut avoir de la « réalité flagrante » des choses, et chacun peut avoir sa propre vision de cette « réalité ».
La « réalité flagrante » pour certain, dont Eyrin, c’est :
« Le FDG est un cul de sac qui essaye de faire du "neuf" avec du vieux »...
Qu’est ce qu’on peut répondre à ça ?
Rien, ou énormément de choses...
LA réponse en tout premier est en forme de question : qu’est ce que tu proposes alors de concret et de réalisable allant du syndicalisme consensuel (Édouard Martin) jusqu’à la révolution maoïste ?
En quelques mots vm a donc très bien résumé le sujet, et je suis d’accord avec lui.
Tu dis aussi :
« Tant qu’on ne se décidera pas à sortir de l’UE et à penser à un nouveau système anticapitaliste (...) »
Je suis désolé mais, même si je suis en accord avec cette phrase, j’estime qu’elle est à placer dans la gigantesque famille des "yaka focon", car c’est le chemin pour arriver à ce résultat (anticapitaliste) qui est bien plus difficile à concevoir que seulement le fait d’y « penser ».
La transformation radicale d’une société et ce du jour au lendemain, excuse moi de ne pas y croire du tout. A moins d’un crash brutal du Système, là il le faudrait bien, mais dans ce cas là on aurait vraiment de gros soucis à se faire...
Dans les années 1930, il a été prouvé qu’un système, même mauvais, était préférable à pas de système du tout...à moins bien évidemment qu’on veuille revivre "les raisins de la colère" et la suite que l’on connaît en Europe...
Il s’agit impérativement pour un programme de "gauche de la gauche" de mettre tous les atouts de son côté afin d’être en premier crédible et ensuite...surtout réalisable. Il faut bien bien écouter Généreux. Il a une tactique, des solutions de rapports de forces à créer au niveau de l’Europe et du Monde, car il faut bien s’enfoncer dans le ciboulot qu’il est illusoire de penser échapper à une Guerre Économique....Mais j’ai le sentiment de "radoter" !
Encore une fois je le redis, il est manifeste que le programme économique du Front de Gauche n’a pas été bien analysé. Il est un cauchemar pour les néo-conservateurs par contre à gauche...on fait la fine bouche !
Il faut toujours garder en mémoire ce qui s’est passé au Chili sous Allende : c’est le système bancaire, en faisant chuter artificiellement le cours du cuivre par l’intermédiaire des banques suisses, qui a provoqué, sinon la faillite du Chili, du moins de très graves problèmes économiques, ce qui a entraîné la suite...que l’on connaît !
Faire un procès d’intention "d’oligarque" à Mélenchon, c’est oublier son appel à une sixième république qui diminuera de fait les pouvoirs individuels et corporatifs.

16/02/2014 22:18 par Christian DELARUE

Au sein du peuple-classe il faut répondre aux besoins des couches sociales modestes mais sans prendre au couches moyennes, du moins pas avant d’avoir ponctionné les plus riches .

Parmis les classes populaires, il y a aussi les couches moyennes, pas que les couches sociales modestes ou pauvres.

Ce qui est particulier c’est le 9% sous le 1% de la classe dominante. Ce dernier décile d’en-haut travaille certes (quoique soit en échelon supérieur soit comme indépendant, soit comme patron) mais dispose un gros patrimoine mobilier et immobilier.

Les classes ou couches sociales populaires sont en-dessous : moyennes, modestes, pauvres.
Il ne faut pas mettre les "moyens" contre les autres, mais les "solidariser" dans une lutte contre le capital.

16/02/2014 23:39 par Dwaabala

@ gérard
Dans cet article sont opposées la gauche de gauche et la gauche de la gauche, alias le Front de gauche.
La première a l’inconvénient de n’être guère repérable ni crédible, la deuxième le mérite d’avoir existé jusqu’à ce jour depuis quelques années.
Il faut soutenir ce dernier, c’est mon point de vue, sans pour autant se faire trop d’illusion sur la possibilité de l’application de son programme. Comme je le rappelle plus haut, un programme électoral n’est pas un programme de parti : il ne peut être qu’un programme de gouvernement dans le cadre des institutions existantes.
En cela, la démarche politique générale, de la droite (depuis au moins l’UNR, puis l’UDR, etc.) jusqu’à la gauche (puisque le PS, qui fut l’outil forgé par F. Mitterrand, s’en réclame et oblige à s’en distinguer) et à la gauche de la gauche, consiste à considérer le parti comme une machine à gagner les élections. Un point c’est tout.
C’est dire combien tout cela ne se pense que par et dans les institutions.
Or ces institutions sont étroitement confondues avec l’organisation économique et sociale, et n’ont d’autre raison d’être. Cela indique les limites de ce que l’ont peut attendre d’une participation aux rouages du pouvoir.
C’est sans doute parce que certains dirigeants de la gauche de la gauche ont bien senti que leur projet souffrirait dans l’opinion d’un manque de crédibilité sur ce point qu’ils ont lancé l’idée d’une révolution citoyenne, c’est-à-dire d’une révolution par les urnes et dans la légalité, autrement dit constitutionnelle.
D’où l’idée d’une VIe République, après les délibérations d’une Constituante.
Tout cela est bien beau sur le papier et dans les meetings, à condition de ne pas regarder par la fenêtre : de quel monstre accoucherait donc la société dans son état actuel ?
Il faut revenir aux réalités, qui ne sont d’ailleurs qu’illusions dans nos têtes, bien qu’elles différent un peu de celles que perpétue le système, social, économique, politique et idéologique.

17/02/2014 10:57 par gérard

@ Dwaabala
Que débat s’engage sur des pistes très intéressantes !
Mais par quel bout commencer, et ce d’une manière la plus simple et la plus courte possible ?
Tu dis :

Il faut soutenir ce dernier [le Front de Gauche], c’est mon point de vue, sans pour autant se faire trop d’illusion sur la possibilité de l’application de son programme

A ce je répond :
« Donnez-moi le pouvoir de créer la monnaie et je me moque de qui fait les lois »
Attribué à Mayer Rothschild.
Il faut bien comprendre qu’avant toute autre chose, l’urgence absolue...c’est de reprendre le Pouvoir Économique.
Il paraît évident qu’actuellement la seule structure adéquate envisageable pour reprendre le pouvoir, ne peut être qu’une entité unifiée et en l’occurrence, c’est la Nation. Il est illusoire, compte tenu de ses problèmes internes, d’espérer quoique ce soit de l’Europe telle qu’elle est...alors que dire au niveau de la planète !
Mettons de côté pour le moment la 6ème République et l’assemblée constituante, non pas que ces points soient d’une moindre importance, loin de là, mais restons sur un point bien précis, l’Économie.
Je tiens néanmoins à relever ce que je pense être un postulat :
« de quel monstre accoucherait donc [d’une assemblée constituante]la société dans son état actuel ? »
Personnellement je suis plus optimisme, on n’aurait certainement pas de "monstre", car elle accoucherait à mon avis d’étonnantes bonnes surprises, mais c’est trop long à développer pourquoi je pense ainsi...
Revenons à l’Économie.
A mon avis l’Économie est autant une science exacte que peut l’être la Météorologie, c’est dire !
Il y a même des mauvaises langues qui insinuent que « les Économistes ont été créés pour permettre aux Météorologues d’être [dans leurs prévisions] moins ridicules ».
Le projet de Jacques Généreux (je l’appellerais plutôt tactique) présente il est vrai quelques audaces basées sur des paris...« stupides » comme disait Prévert au sujet de Blaise Pascal ?...Je ne le pense absolument pas. De toute façon on n’a d’autres choix que de le tenter...
Qui peut franchement être certain de la réaction des autres pays de l’Europe en cas de coup de force de la France...alors là !
Pas le temps de développer plus, mais voir cet article qui paraîtra peut-être sur LGS :
http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=11360

19/02/2014 17:05 par Roger

Les capitalismes, en tant que modes d’organisation économique historiquement variés, se sont révélés d’une remarquable efficacité pour servir les intérêts d’une minuscule partie de l’humanité. Ils ont su à chaque époque historique s’adapter aux évolutions sociales, voire les récupérer et les infléchir si ce n’est les piloter. L’élucidation et la compréhension par Marx des principes qui les structurent (invariants structurels) reste fondamentale (et ce n’est donc pas un hasard si ce Penseur est si violemment attaqué). Mais de l’analyse à une théorie de l’action pour renverser cette organisation (par une révolution au sens propre) il y a solution de continuité. La Politique n’est pas application d’une théorie de l’action, car elle relève d’une praxis, et c’est dans la pratique réfléchie et délibérée que s’inventent de nouvelles formes sociales. C’est sur ces nouvelles formes sociales que peut s’appuyer une Révolution, sur les millions de "révolutions tranquilles" qui s’inventent dans le quotidien et dans le peuple. C’est pourquoi il faut penser l’éducation populaire comme un accompagnement et un soutien au développement de ces initiatives, et surtout pas comme une sorte d’enseignement (un savoir préalable à diffuser). Dans la praxis il y a un rapport dialectique entre l’agir et le réfléchir, l’action et la théorisation, le savoir qui en résulte est co-élaboré, évolutif, et approprié directement par ceux qui l’ont co-construit.
Mais vu la "sauvagerie" que donne à vivre l’organisation capitalistique de nos sociétés, j’avoue que l’impatience révolutionnaire me démange, et je trouve qu’en ce moment on apprend pas vite...Il faut dire que le capitalisme de notre époque en inventant et en développant les industries de l’esprit (media électroniques, industrie culturelle, marketing en tout genre) , s’efforce de contrôler l’imaginaire (Il n’y a pas d’alternative à ce que vous nous servons !), dans le même temps où il peaufine le contrôle des corps (déjà bien entamé par l’organisation du travail et des vies ) en s’efforçant d’industrialiser toute la chaîne alimentaire...
La patience devant l’urgence c’est pas facile !

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