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Premier bilan à chaud du rassemblement du 28 juin des travailleurs de l’automobile

Les camarades qui se sont succédés à la tribune l’ont tous souligné : ça faisait chaud au coeur de se voir si nombreux, avenue de la grande armée, dans les beaux quartiers de Paris, devant le siège de PSA, fermé toute la matinée en raison du rassemblement de 3.000 ouvrières et ouvriers de l’automobile, dont une bonne partie de PSA. Nous étions venus en délégation protester contre les menaces de fermetures qui visent sur le site d’Aulnay et le chantage que Philippe Varin, le PDG du groupe, fait peser sur d’autres sites pour renforcer son « plan d’économies » pour 2012, destiné à satisfaire la famille Peugeot et les actionnaires.

(Message de solidarité avec les travailleurs de PSA de Philipppe Poutout dans la manif du 28-6-2012 devant le siège de l’entreprise Avenue de la Grande Armée)

Une belle journée de mobilisation et d’unité ouvrière dans les beaux quartiers parisiens

Pour répondre à Varin, les travailleurs ont répondu par la mobilisation. Si des perturbations ont été enregistrées sur certains sites de PSA en raison d’appels à débrayer, la production d’Aulnay était au point mort. Douze cars du site menacé de fermeture de Seine-Saint-Denis étaient au rendez-vous, mais aussi des bus venus d’autres sites de toute la France : Poissy, Mulhouse, Sochaux, Rennes, Vesoul, etc. Les sous-traitants étaient également présents, ainsi que des camarades d’autres usines de la branche, à commencer par Renault, mais aussi les collègues de General Motors de Strasbourg dont les emplois sont menacés, quatre mois à peine après le rapprochement annoncé entre PSA et GM. Des étudiants venus en délégation étaient également à nos côtés. Mais ce qui a été peut-être le plus émouvant, par-delà l’unité de classe qui pouvait se sentir dans les slogans repris par l’ensemble des travailleuses et des travailleurs, c’est que si PSA se coordonne au niveau international (le 28 était une réunion de Comité d’Entreprise européen), notre classe est aussi capable aussi de s’unir par delà les frontières : c’était la raison fondamentale de la présence d’une délégation IG-Metal de l’usine Opel de Bochum en Allemagne, sur la sellette, ainsi que de camarades de la CGT espagnole du site de Madrid, dont l’avenir également est menacé.

Après les prises de parole, c’est tout naturellement que les travailleurs ont senti le besoin de continuer à faire entendre leur voix en partant en manifestation sur l’avenue, provoquant un embouteillage monstre, à quelques centaines de mètres de l’Arc de triomphe. Pris au dépourvu dans un premier temps, les flics se sont dépêchés par la suite de nous bloquer la route, à grands renfort de camionnettes et de CRS protégés de leur bouclier. Ca a au moins eu le mérite de démontrer à nouveau que la police nationale reste et restera toujours la police du capital, au service du patronat et des riches. Ca a également eu le mérite de montrer que « le changement, ce n’est pas maintenant », et que le ministère de l’Intérieur de Valls et la présidence « de gauche » de Hollande restent aux ordres de Varin. Les collègues sont néanmoins remontés dans les bus forts d’une même conviction : c’est dans la lutte, par la grève et la mobilisation que l’on pourra contrer les projets de la direction de PSA qui promet pour les uns des fermetures de site, avec le chômage de longue durée à la clé, et pour les autres l’augmentation des cadences, voire même le renoncement à nos droits les plus élémentaires « en échange » de la sauvegarde partielle ou non de l’emploi. C’est le chantage que PSA tient en ce moment aux salariés du site de production d’utilitaires de SevelNord par exemple.

Varin veut augmenter les cadences et accélérer l’annonce de la fermeture d’Aulnay

Il semble que Varin veuille annoncer dans le cadre d’un Comité d’Entreprise Extraordinaire avancé avant fin juillet, au moment même où les travailleurs seront sur le point de partir en congé ou seront en chômage partiel, la fermeture définitive du site d’Aulnay d’ici à 2014, où travaillent plus de 3.000 salariés.

La raison officielle, selon le directeur industriel du groupe, Denis Martin, serait la baisse des commandes au niveau européen et les difficultés auxquelles ferait face la production des petites berlines du segment B, en l’occurrence la C3, produite à Aulnay. « Le temps est venu de présenter à l’ensemble des salariés [alors que la CGT a dénoncé le projet secret de fermeture il y a un an] les solutions et les mesures qu’on doit mettre en place pour faire face à la baisse des ventes en Europe. Nous sommes vraiment dans une situation très, très difficile », a déclaré Martin à la presse.

La seule situation difficile, c’est celle des collègues d’Aulnay, qui vivent dans la peur de perdre leur emploi, celle des travailleurs des autres sites pour qui s’alternent déjà des périodes d’intensification des cadences (avec par exemple des samedis obligatoires à Mulhouse) et des périodes de chômage technique. Lors de la dernière réunion à Bercy, Varin a même eu le culot de demander que l’Etat fasse un geste en aidant la multinationale, qui a des milliards en trésorerie, à trouver un hypothétique reclassement pour les salariés d’Aulnay. Mais comme l’ont dit les délégués d’Aulnay, « si [PSA décide] de passer à l’acte et de fermer l’usine, vous allez vous retrouver avec des centaines et des centaines de salariés face à vous. L’Etat serait alors complice ».

De notre côté, il faut accélérer la mise en place de la coordination ouvrière à la base

La question, maintenant, consiste à savoir comment on pourra être en mesure de donner aux collègues les plus combatifs des perspectives et convaincre les plus réticents à nous rejoindre dans la bagarre car ce ne sera que tous ensemble, et non pas site par site, que l’on pourra contrer cette offensive patronale qui compte sur le soutien du gouvernement (même si Montebourg fera tout pour travestir la réalité et faire passer la pilule).

Cela faisait très longtemps qu’on ne se retrouvait pas ainsi, tous ensemble, par delà les sites et les frontières, à dire que la force des travailleurs, c’est la grève, et que nous ne permettrons aucune fermeture de site. Il faut maintenant donner du corps à se discours, et le généraliser.

La journée du 28 aurait pu être l’occasion de mettre sur pied une coordination des usines en lutte et des équipes syndicales combatives qui soutiennent les collègues d’Aulnay. C’est l’orientation qu’il faudra suivre dans les prochaines semaines, et lors des prochaines échéances.

Cette coordination contre les licenciements et les fermetures pourrait être le premier pas pour faire ravaler ses attaques à Varin, et par-delà à tous les patrons-voyous qui veulent dégraisser et ont annoncé 400.000 destructions d’emplois dans les mois à venir.

Ce serait également un moyen de mettre en oeuvre, par en bas, ce que nos organisations au niveau national en défendre : organiser dès aujourd’hui la riposte à la rigueur annoncée. Mais toutes les directions syndicales nationales sans exception, attendent impatiemment le « sommet social » des 9 et 10 juillet au cours duquel Hollande compte négocier la paix social. Alors certes, quelques critiques ont commencé à fuser ça et là , sur le pseudo coup de pouce au SMIC par exemple. Mais on sent bien que personne ne veut mettre en difficulté le gouvernement et que tout sera fait pour éviter tout conflit d’envergure. Même au niveau de PSA certaines centrales comme la CFDT ou la CFE-CGC ont été reçues par Varin dans la même logique : désamorcer de façon préventive les conflits, avec l’aval de ce qui devrait être nos organisations syndicales.

Au lieu de se rendre complice d’un tel cirque social, les directions syndicales nationales devraient rompre toute discussion préalable qui ne se fasse pas sur la revendication élémentaire de l’arrêt des plans sociaux, des licenciements et des fermetures de site.

Une coordination contre les licenciements et les fermetures de site qui verrait le jour à partir des équipes syndicales combatives et des sites en lutte pourrait, en attendant, proposer à l’ensemble des salariés et de la jeunesse en butte à l’austérité et à l’offensive patronale des perspectives pour relever la tête et se préparer à lutter. Ce serait le meilleur antidote au venin xénophobe et chauvin, distillé par tous les partis politiques institutionnels, à commencer par le FN bien entendu. Ce serait la meilleure des préparations pour toutes celles et tous ceux qui sont bien conscients qu’on ne pourra pas faire l’économie d’un grand mouvement d’ensemble si on ne veut pas se retrouver demain dans le cas des travailleurs grecs ou espagnols. Raison de plus pour tisser, à échelle européenne, les liens dont notre classe a besoin. Espérons que les prochaines échéances de l’automobile seront l’occasion pour défendre cette perspective.

Vincent Duse, CGT PSA Mulhouse

Source : http://www.ccr4.org/Premier-bilan-a-chaud-du-rassemblement-du-28-juin-des-travailleurs-de-l-automobile

29/06/12

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