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16 commentaires

Qui sont les néoconservateurs ?

Justin Vaïsse

Faut-il se priver de l'analyse du fin connaisseur Justin Vaïsse sous prétexte qu'il a été appelé par Laurent Fabius pour diriger, à partir du 1er mars 2013, le centre de réflexion de la diplomatie française au Quai d'Orsay ? Cet article écrit en français a paru en décembre 2012 dans la revue USaméricaine BROOKINGS. (Les intertitres sont du présentateur. MD)

C’est à l’occasion de la guerre d’Irak de 2003 qu’ils ont contribué à lancer que les néoconservateurs américains ont attiré l’attention du monde et sont devenus partie intégrante du paysage des relations internationales. Pourtant, ils étaient apparus longtemps auparavant sur la scène politique américaine. Leur histoire remonte à la guerre froide, et elle passablement complexe. D’abord actifs sur les questions de politique intérieure, les néoconservateurs se sont tournés vers les questions de politique étrangère dans les années 1970 et surtout 1980. Parce qu’ils continuent à jouer un rôle important dans le débat américain, et conservent notamment une influence appréciable au sein du parti républicain, c’est une histoire en trois temps qu’il convient de comprendre.

Le premier âge

Au départ, dans les années 1960, les néoconservateurs sont de banals « libéraux de guerre froide », c’est-à-dire des activistes et intellectuels qui appartiennent au consensus libéral (au sens américain, donc de gauche), et fortement anticommunistes – certains ayant même flirté avec le trotskisme dans leur jeunesse. Ils n’ont alors rien de commun avec le mouvement conservateur américain moderne, né en 1955 autour de William Buckley et du journal National Review, qui commence à animer le parti républicain (rejet de l’intervention étatique, mise en avant de la responsabilité individuelle et des valeurs morales). À ce moment, les futurs néoconservateurs voient ce mouvement comme une excentricité étrangère à leur univers politique : enfants de la crise des années 1930 et du New Deal, ils considèrent que l’Etat fédéral a un rôle important à jouer dans l’économie et la société.

Ce qui va les faire évoluer, c’est le grand chambardement des années 1960 et le tournant à gauche de l’idéologie libérale : la révolte étudiante, les émeutes urbaines, le nationalisme noir qui remplace la lutte pour les droits civiques (qu’ils ont soutenue). Les néoconservateurs se distinguent en rejetant la direction que les autres libéraux veulent faire prendre au libéralisme, à savoir, d’une part, le remplacement des thèmes traditionnels de progrès social concret par les nouvelles questions d’identité (orientation sexuelle et libération des mœurs, minorités, quotas et discrimination positive, usage des drogues, etc.), d’autre part l’utilisation de l’État fédéral non plus pour promouvoir ce progrès social à la façon du New Deal mais pour abolir la pauvreté et faire advenir l’égalité coûte que coûte par de vastes programmes utopiques – bref, l’ingénierie sociale.

Ceux qui, au tournant des années 1960 et 1970, sont stigmatisés par leurs pairs comme étant de « nouveaux conservateurs », des « néoconservateurs », sont des intellectuels de centre gauche, pour la plupart sociologues et politologues new-yorkais (Irving Kristol, Nathan Glazer, Daniel Bell, Seymour Martin Lipset, Pat Moynihan, Norman Podhoretz, etc.), notamment autour de la revue The Public Interest. C’est alors le premier âge du mouvement néoconservateur. Ces intellectuels ne rejettent pas l’État providence par principe comme le font les conservateurs, mais mettent en avant la nécessité de la prudence dans les politiques sociales. Ils pointent par exemple la loi des conséquences inattendues des politiques publiques, selon laquelle les effets non anticipés et indésirables des programmes sociaux sont plus importants que leurs effets recherchés – par exemple les allocations données aux mères célibataires pauvres deviennent un outil d’émancipation précoce des adolescentes vis-à-vis de leur famille et aggravent le problème de la précarité au lieu de le régler.

Transition

Tandis que ces néoconservateurs originaux évoluent progressivement vers la droite (eux rétorquent que c’est le libéralisme qui dérive vers la gauche), un deuxième âge du mouvement apparaît. Celui-ci se développe non plus dans des cercles intellectuels new-yorkais, mais à Washington, chez les activistes démocrates qui réagissent à la prise du pouvoir au sein du parti par la Nouvelle Gauche, avec la nomination de George McGovern comme candidat en 1972. Le parti se déchire entre une « aile McGovern », aux tendances gauchistes et isolationnistes, qui semble ne s’intéresser qu’aux minorités (Noirs, Latinos, femmes, jeunes...) et une aile centriste, qui tient à maintenir le lien traditionnel avec la classe ouvrière blanche (la majorité silencieuse), et dont le héros est le sénateur Henry Scoop Jackson. Ces « Scoop Jackson Democrats », ou néoconservateurs du deuxième âge, refusent la gauchisation de leur parti, sa tentation isolationniste, et la politique de détente avec l’URSS qui l’accompagne, et prêchent un retour à la tradition de Franklin Roosevelt, et surtout Harry Truman ou John Kennedy : progrès social concret à l’intérieur, anticommunisme musclé à l’extérieur.

Le deuxième âge

Peu à peu, c’est ce dernier aspect qui va prendre la place la plus importante dans le mouvement, à mesure notamment que l’Amérique semble décliner et l’URSS s’enhardir, dans la deuxième moitié des années 1970. Les néoconservateurs attaquent sans relâche tous ceux qui prêchent une politique d’accommodation et de détente avec l’URSS, stigmatisant leur manque de foi dans les Etats-Unis, et alertent l’Amérique sur le danger croissant qui la menace, réclamant une hausse du budget militaire ainsi que la fin des accords de limitation des armements nucléaires. La mission de l’Amérique, disent-ils, est de défendre les démocraties (notamment Israël), ou les régimes alliés qui, sans être démocratiques, contribuent à la lutte contre le totalitarisme soviétique (Taiwan, Corée du Sud, Turquie, etc.). Et pour vaincre l’URSS, il ne faut pas négocier, encore moins marchander, puisque cela n’aboutit qu’à légitimer « l’empire du mal » aux yeux du monde et à prolonger son existence – par des transferts de technologies, des ventes de céréales, etc. – mais adopter au contraire une attitude dure, visant à accentuer les contradictions du régime afin de le changer. Cette idée de changement de régime, plutôt que d’accommodation, sera reprise par les néoconservateurs des années 1990 et 2000 pour les petits « empires du mal » (Irak, Iran, Corée du Nord, etc.).

Ces néoconservateurs du deuxième âge finissent par désespérer du Parti démocrate : ils avaient cru que le président Jimmy Carter (1977 – 1981) serait leur homme, mais celui-ci se révèle bien trop mou face à l’URSS et, au cours de l’été 1980, la plupart d’entre eux se rallient à Ronald Reagan, à qui ils vont fournir son inspiration idéologique – les freedom fighters (combattants de la liberté) de la doctrine Reagan en Amérique centrale ou en Afghanistan, « l’empire du mal », la création du National Endowment for Democracy visant à soutenir les processus de démocratisation à l’étranger, etc. Les démocrates Jeane Kirkpatrick, Richard Perle, Elliott Abrams, Max Kampelman, Carl Gershman et bien d’autres y travaillent. Les démocrates néoconservateurs sont enfin au pouvoir, mais, ironie de l’histoire, pour servir un président républicain ! Du reste, une certaine convergence s’observe entre les néoconservateurs du premier âge, ceux du deuxième âge (autour de la revue Commentary notamment), et le mouvement conservateur dans son ensemble – même si chacun conserve son identité idéologique.

Les néoconservateurs d’aujourd’hui

Quant aux néoconservateurs contemporains, ceux du troisième âge, ils sont les héritiers directs du deuxième âge. Après une traversée du désert consécutive à la chute du mur de Berlin, et plusieurs avis de décès prématurés au milieu des années 1990, un nouvel avatar du néoconservatisme apparaît à partir de 1995 autour de l’hebdomadaire The Weekly Standard, cette fois clairement à droite, côté républicain, et presque exclusivement centré sur la politique étrangère. Les néoconservateurs des années 1990 à 2012 veulent une Amérique interventionniste, de façon unilatérale s’il le faut, qui façonne le système international plutôt que de laisser d’autres forces, éventuellement malveillantes, le faire, une Amérique qui favorise la démocratie contre la tyrannie, certes pour des raisons morales, mais aussi parce que c’est le seul régime qui assure la paix et la sécurité sur le long terme (les démocraties ne se font pas la guerre entre elles). Pour cela, l’Amérique doit rester forte militairement : dans leur vision du monde, le hard power reste la clé des relations internationales, et l’Amérique ne doit pas laisser s’éroder sa marge de supériorité, ni contre la Chine, ni contre d’autres puissances.

Ce « wilsonisme botté » (selon l’expression de Pierre Hassner) trouve une partie de son inspiration dans l’exceptionnalisme américain et l’esprit patriotique et missionnaire. En ce sens, les néoconservateurs du troisième âge – de Robert Kagan à William Kristol (fils d’Irving), de Paul Wolfowitz à Doug Feith, Max Boot et Elliott Abrams – n’ont rien de très « conservateur » et se placent aux antipodes à la fois de la prudence pragmatique des autres républicains, ceux de l’école réaliste (Richard Nixon et Henry Kissinger, George Bush père et ses conseillers Brent Scowcroft et James Baker, Colin Powell, etc.) et du scepticisme des néoconservateurs originaux, les intellectuels new-yorkais, à l’égard des grands schémas politiques volontaristes. C’est ce que démontre évidemment leur campagne en faveur d’une intervention en Irak, après les attentats du 11 septembre 2001 qui offrent un contexte politique propice à leur vision. Leur influence est l’un des facteurs qui ont pesé dans la décision de G.W. Bush en 2003, même si les néoconservateurs, en impérialistes assumés, bien décidés à réussir la stabilisation de l’Irak, ont constamment réclamé plus de moyens en soldats et en matériel, s’opposant en ceci à Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense.

Ce qui leur permet d’ailleurs de dégager leur responsabilité. Alors que nombre d’observateurs ont pronostiqué la fin du néoconservatisme en raison du fiasco irakien, les néoconservateurs demeurent très présents dans le débat à Washington. Bien sûr, ils n’ont aucune influence sur l’Administration de Barack Obama. Mais ils constituent la principale force de politique étrangère au sein du parti républicain, à tel point que les courants de pensée concurrents – le réalisme et l’isolationnisme – semblent avoir disparu. L’entourage et le programme du candidat John McCain, en 2008, étaient essentiellement néoconservateurs, et il en va de même de ceux du candidat Mitt Romney en 2012. Celui-ci a promis une augmentation du budget de la défense malgré l’ampleur du déficit, et a adopté une ligne dure vis-à-vis de la Russie et de la Chine, accusant Obama de s’être excusé de par le monde pour la puissance américaine.

Les néoconservateurs jouent par ailleurs un rôle notable dans le débat de politique étrangère de Washington, au-delà des cercles républicains. Ainsi au moment du « printemps de Téhéran » en juin 2010, puis surtout du printemps arabe en 2011, plusieurs d’entre eux (Robert Kagan, Elliott Abrams, Paul Wolfowitz notamment) ont été les premiers à appeler à un soutien aux soulèvements démocratiques du Moyen-Orient. Ce n’était d’ailleurs pas une affaire entendue, compte tenu des liens de certains d’entre eux avec les Israéliens, lesquels ont été très méfiants, et pour l’essentiel hostiles, au printemps arabe. Mais l’idée selon laquelle, sur le long terme, l’Amérique pourrait bénéficier de la démocratisation de la région a pris le dessus, et leurs appels à une action résolue en Egypte ou en Libye ont été largement entendus.

Les néoconservateurs ont-ils un avenir ?

Certes, le monde semble se prêter de moins en moins à l’approche néoconservatrice. Contrairement aux années 1990 et 2000, le poids relatif des Etats-Unis décline par rapport aux puissances émergentes, et l’Amérique souffre de plusieurs maux sérieux, notamment son endettement. Pourtant, il ne faut pas s’attendre à une disparition du mouvement. De par sa nature cyclique, le rapport de l’Amérique au monde repassera un jour ou l’autre par une phase d’extraversion, d’affirmation et d’interventionnisme. Ce jour-là, les néoconservateurs redeviendront influents et pèseront sur le destin des États-Unis et celui du monde comme ils l’ont fait au début des années 1980 et au début des années 2000. Car si l’idéologie néoconservatrice est historiquement datée, elle exprime aussi des courants profonds de l’âme américaine – exceptionnalisme, wilsonisme, nationalisme – et s’appuie sur une infrastructure – des hommes, des revues, des institutions – qui ne sont pas prêts de disparaître.

Justin Vaïsse

 http://www.brookings.edu/research/articles/2012/11/neoconservative-ideology-vaisse
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COMMENTAIRES  

24/12/2014 18:01 par Ben Malaki

@ Faut-il se priver de l’analyse de fin connaisseur Justin Vaïsse sous prétexte ... "

Effectivement on aurait pu s’en priver tant cette analyse reste prisonnière de beaucoup de paradigmes faux et purement occidentaux ...

24/12/2014 18:29 par legrandsoir

... par exemple ?

24/12/2014 21:20 par Amokrane

Analyse judicieuse tant sur le plan historique que des perspectives du clan néoconservateur. On peut cependant présumer que dans le contexte politique international ambiant, ils verront leur marge de manoeuvre s’amenuiser. Les remous socio-ethniques internes ne sont pas pour favoriser non plus leurs menées hégémoniques. Ces mêmes heurts à caractère récurrent et auxquels on assiste, présentent à plus d’un titre une certaine similitude avec les revendications des peuples arabes réprimés directement ou indirectement par la puissance américaine.

24/12/2014 23:03 par Ben Malaki

@ LGS

Par exemple ?

Cette analyse est présentée comme un cours d’histoire du néo conservatisme ( au demeurant instructive d’un point de vue formel ). Et si comme le souligne l’auteur, l’anti-communisme est leur colonne vertébrale, il se garde bien d’en taire les méfaits et le but final. L’idéologie néo conservatrice n’est qu’un masque de plus. Si tel n’était pas le cas, depuis la chute du bloc soviétique ce " mouvement " aurait dû tomber en désuétude. Or, voilà que quelques années après seulement, en L’an 2000 ses serviteurs accèdent au plus haut pouvoir politique des US à la faveur d’un véritable coup d’état dans l’état ! ... Depuis les noms changent, mais ils n’ont plus quitté véritablement le pouvoir, étant placé dans les deux camps (démocrates et républicains). On sait ce qu’il advient depuis ...
Quand je parlais de "paradigmes occidentaux faux", le plus troublant d’entre eux dans l’article est qu’il laisse penser encore que les USA sont une démocratie à l’intérieur de laquelle ce courant de pensée à trouvé sa place historiquement. Or ce courant de pensée bâillonne tous les autres et pour cette raison ne peut évoluer dans une vraie démocratie. Le côté historique de l’article est soigné. Le côté politique y est beaucoup plus laissé à l’abandon, sauf à y lire une propagande insidieuse en faveur de la fameuse " alternance démocratique" américaine ...
Cet article ne sort pas de son bocal. Qui sont les néo conservateurs ? Des noms et prénoms qui ne nous annoncent aucun coupables de crimes. Pourtant, chacun des membres de cette "idéologie" devrait passer en cour de justice ... Vous me direz, c’était peut être pas le but de l’article. C’est pourquoi, j’aurai personnellement pu m’en passer, trouvant l’histoire bien trop incomplète. Mais en correctif, je conçois que nul n’ait les mêmes exigences que moi ...

25/12/2014 00:39 par Dwaabala

@ Ben Malaki
Il est presque naturel que ce bref article se présente comme un cours, puisque son auteur est agrégé et docteur en histoire, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud et de l’Institut d’études politiques de Paris, il a été chercheur au Département d’histoire de Harvard (1996-1997). Spécialiste d’histoire américaine, il enseigne actuellement à l’IEP de Paris. Il a pour thèmes de recherche le néoconservatisme, la politique étrangère américaine, les relations transatlantiques et franco-américaines ou encore l’antiaméricanisme. (Wikipédia)
Il est évidemment déplaisant d’être invité à sortir du néoconfusionnisme sur « les néocons » ; pour la conclusion, d’accord : chacun trouve midi à sa porte.

25/12/2014 00:50 par Ben Voyons

"Alors que nombre d’observateurs ont pronostiqué la fin du néoconservatisme en raison du fiasco irakien, les néoconservateurs demeurent très présents dans le débat à Washington. Bien sûr, ils n’ont aucune influence sur l’Administration de Barack Obama."

Les néocons n’ont pas plus d’influence sur Obama que la finance n’en a sur Hollande... Il n’y a pour s’en convaincre qu’à considérer l’action US en Syrie et en Libye, le non-retrait des GI en Irak et en Afghanistan, la non-fermeture de Guantanamo, la non-réouverture de l’enquête sur le 11 septembre, la désignation par Victoria Nuland du président Ukrainien (et son fameux "Fuck the U.E.")...

Je suis très surpris et déçu d’avoir à signaler de telles évidences sur ce site que j’ai découvert depuis peu et dont les articles de Viktor Dedaj m’avait laisser croire à un niveau d’intelligence rare.

25/12/2014 11:36 par Jacques-Yves

Excellente analyse, d’un didactisme exemplaire, toutes mes félicitations à l’auteur.

25/12/2014 12:41 par Dwaabala

@ Ben Voyons
Ce sont les néoconservateurs qui sont derrière Obama quand il décide le retrait des troupes US de l’Afghanistan ? Même si initialement prévu pour 2014 il restera 10 000 hommes jusqu’en 2016.
Ou lorsque a lieu le retrait complet de l’Irak fin 2011 ?
Ou lorsqu’il négocie avec Poutine en 2013 le non bombardement de Damas ?
Ou lorsque la Chambre des représentants à majorité républicaine rejette une mesure qui aurait permis au président démocrate de fermer la prison de Guantanamo, faut-il déduire que Obama est de connivence avec les néoconservateurs pour obtenir ce vote ?
Ou lorsque par l’entremise du pape François il négocie avec les dirigeants cubains une normalisation des relations avec Cuba ? .

Le néoconfusionnisme étant général et de rigueur quand il s’agit de regarder ce qui se passe dans la sphère du pouvoir aux USA, je me tiendrai à ces quelques rappels.

25/12/2014 21:13 par Aris

@ Dwaabala
A propos de la "nouvelle" ’allégeance d’Obama aux néocons, un article fort utile de P. Grasset du 26/11/2014 pour ce mettre à jour :

http://www.dedefensa.org/article-bho_a-t-il_offert_la_t_te_de_hagel_son_iago__26_11_2014.html

et un extrait de sa définition des néocons :

"Ici, nous devons rappeler ce que nous pensons finalement des neocons, ce groupe d’influence finalement assez réduit en nombre authentifié, qui accumulent absolument les catastrophes dans les politiques qu’ils influencent, qui sont en général moqués, critiqués, etc., par les critiques sérieux, dont on annonce à intervalles réguliers la disparition, – et qui, pourtant, non seulement survivent, mais tiennent le haut du pavé et restent l’influence déterminante. Plus encore, il essaiment partout et l’on parle de neocons de toutes les nationalités du bloc BAO, notamment les neocons français en col-cravate du Quai d’Orsay, fréquentant les BHL-Glucksman eux-mêmes neocons-salonards en cols échancrés et tricots usés, etc. Notre conclusion à leur propos est que les neocons ne représentent ni un groupe d’influence, ni une idéologie, ni un complot, ni les représentants d’une puissance à peine cachée (Israël sous la forme de lobbies, diverses forces du type-Soros, etc.). Les neocons sont le Système lui-même, ou plutôt pour bien différencier l’anti-substance de l’anti-essence, les “idiots utiles” les plus proches du Système jusqu’à s’y assimiler complètement, fourmillant, jacassant, vociférant, excommuniant, mettant à l’index ; extraordinairement actifs, impudents à ne pas croire, intrusifs, se foutant du tiers comme du quart des catastrophes qu’ils sèment parce qu’en vérité leur fonction est d’agir selon l’impulsion du Système sans se préoccuper des effets, – tout cela au nom du Système et adoubés par le Système."

26/12/2014 01:40 par Ben Voyons

@ Jacques-Yves
Merci pour le compliment.

@ Aris
Merci pour cette référence effectivement fort utile face au « néoconfusionnisme » de Dwaabala, qui n’appartient qu’à lui.

@ Dwaabala
Qui suis-je pour avoir la prétention de vous éclairer ? Je vous renvoie donc à une interview de Roland Dumas très instructive sur la politique des néoconservateurs et sa continuation sous la mandature d’Obama : https://www.youtube.com/watch?v=Is8o-wiRY4s

Obama n’a d’ailleurs « négocié avec Poutine en 2013 le non bombardement de Damas » -comme vous écrivez- que contraint et forcé devant la supériorité militaire aérienne manifeste de la Russie. Je vous renvoie cette fois à cet article paru sur le site le l’UPR qui a la retenue de s’exprimer au conditionnel :
« La guerre des missiles a-t-elle été perdue par les États-Unis face à la Russie ? »
https://www.upr.fr/actualite/monde/guerre-missiles-t-ete-perdue-les-etats-unis-face-russie

Et puis, finalement, quelle que soit l’étiquette des dirigeants des pseudo démocraties occidentales (républicains, démocrates, néoconservateurs, sociaux-libéraux, socialistes, chrétiens-démocrates, j’en passe et des meilleures), c’est toujours la main de fer de la finance qui mène le jeu de massacre.

Je vous renvoie par exemple au livre d’Annie Lacroix-Riz « Aux origines du carcan européen (1900-1960) » et à l’excellente critique qu’en a fait Jacques-Marie Bourget sur ce même site :

« Le 12 juillet 1947 s’ouvre à Paris la "Conférence des seize". Les canons nazis sont encore chauds quand l’Allemagne et les États-Unis pleurent à nouveau sur le sort de la Ruhr. Si bien qu’en marge de la Conférence, Anglo-américains et Allemands tiennent des réunions parallèles afin de faire la peau aux désirs de la France. Pour une fois Paris tient bon. Furieux, les Américains envoient un émissaire afin de "réécrire le rapport général de la Conférence". Dans le bon sens. En particulier six points sont dictés par Clayton, le Secrétaire d’État au Commerce. Ils résument le programme commercial et financier mondial, et donc européen, de Washington. Les États-Unis exigent la mise en place d’une "organisation européenne permanente chargée d’examiner l’exécution du programme européen". Ce machin sera l’OECE. Il préfigure "notre" Europe. Et Charles-Henri Spaak, premier président de l’Organisation Européenne de Coopération Économique, n’est qu’un greffier appliquant les consignes américaines.
Quant aux héros que nous célébrons, scrutin européen oblige, "les pères de l’Europe", à la lecture de Lacroix-Riz on n’a guère envie d’être leurs enfants. Jean Monnet ? D’abord réformé en 1914, marchand d’alcool pendant la Prohibition, fondateur de la Bancamerica à San Francisco, conseiller de Tchang Kaï-Chek pour le compte des Américains. Puis, à Londres en 1940, Monet refuse de s’associer à la France Libre pour, en 1943, devenir l’envoyé de Roosevelt auprès du général Giraud... Voilà un homme au profil idéal pour mettre sur pied une Europe libre. Dans ce jeu de famille vous voulez un autre "Père" ? Voilà Robert Schuman, autre icône. Un détail de la vie du héros suffit à le qualifier : à l’été 1940 il vote les pleins pouvoirs à Pétain et accepte en bonus d’être membre de son gouvernement. Après guerre, Schuman sera mis en pénitence, ce qui est une pratique ordinaire pour un si bon catholique. Puis, le passé oublié, il va pousser à la roue d’une Euro-Amérique : capitaliste, chrétienne se développant sous la serre de l’OTAN.
Avant le scrutin européen du 25 mai prochain, il reste assez de temps pour lire "Aux origines du carcan européen", un livre qui laisse le roi nu. Ceux qui, comme François Hollande, sont convaincus que "Quitter l’Europe c’est quitter l’histoire", pourront constater que le Président dit vrai. Quitter une histoire écrite par les banquiers américains. »

Article complet : http://www.legrandsoir.info/les-pietres-fondateurs-de-l-europe-ces-heros-que-nous-celebrons-scrutin-europeen-oblige.html

26/12/2014 06:25 par Cunégonde Godot

Complètement d’accord avec les commentateurs Ben Voyons et Aris.
Obama et McCain sont deux faces d’une même médaille : l’impérialisme anglo-saxon.
Ceux qui se font des illusions sur le pouvoir aux USA s’illusionnent tout autant sur l’ "Europe", ce qui ne les empêchent pas de bêler à qui mieux-mieux sur le TAFTA, etc.

26/12/2014 08:22 par Greg Pillon

il me semble que le sujet sur les néoconservateurs est réservé à une élite intellectuelle qui écrit pour exister sans se mettre au réel service des masses victimes du néoconservatisme... Mais écrivez, écrivez, il en restera toujours quelque chose... arriverez-vous peut-être à faire comprendre que manger des mac-do et boire du coca font parties de la lutte contre le communisme.

26/12/2014 08:25 par ADSkippy

@ Aris
La definition des neocons me convient tout a fait. Ils sont et font partie du SYSTEME, qui donne cours a leur megalomanie et egocentrisme.

26/12/2014 18:00 par Aris

Ce qui est intéressant avec cet article c’est ce qu’il n’énonce pas, ce qu’il dissimule fort adroitement.
Justin Vaïsse nous dit : " Car si l’idéologie néoconservatrice est historiquement datée, elle exprime aussi des courants profonds de l’âme américaine". Seulement de l’âme américaine ? L’auteur n’aurait’il pas oublié une autre âme ?
Je site encore : "La mission de l’Amérique, disent-ils ((les néocons)), est de défendre les démocraties (notamment Israël), ou les régimes alliés". N’aurait-il pas été plus juste de d’écrire : "est de défendre Israël en utilisant notamment les régimes alliés" ?
Tout dans cette article est dans l’euphémisation et la dilution.
Justin Vaïsse à écrit un ouvrage en 2002 "Les grandes tendances du monde" sous la direction de Thierry de Montbrial. Etonnant prisme sur le monde que de s’associer à Monbrial qui est membre du comité directeur du groupe Bilderberg depuis 1976. Etonnant parcourt encore que d’être un "spécialiste" des néocons et "d’être appelé" (le Monde 22.02.2013) auprès de Fabius, un néocon français tendance feutré.
Justin Vaïsse un cryto-néocon façon Quai d’Orsay ?

26/12/2014 20:04 par Youcef

Ce qui mérite l’attention à mon sens c’est l’idéologie qui anime ce courant plus exactement la façon dont il appréhende les grandes valeurs dont ils se revendiquent, car concrètement ils appliquent et soutiennent des politiques étrangères dont les effets sont diamétralement opposés à ses fameuses valeurs qu’ils prétendent défendre. En d’autres termes, ces militants néoconservateurs sont ils sincères dans leurs engagements envers les valeurs et la démocratie. j’en doute, à coup de mensonges l’administration Bush a agressé un état souverain, et pillé sa richesse même les musés ont été dévalisés sans oublier les crimes qui ont été commis. A Felloudja, des enquêtes sérieuses ont démontrées l’utilisation par les forces américaines de bombes interdites (mini bombes nucléaires) à Abou Gharib l’armée américaine a pratiqué la torture comme tout les autres régimes tyranniques avec en plus des photos souvenir. le retrait américain a laissé derrière des milliers de victimes civils innocentes, un pays dévasté par la haine sectaire et menacé de partition. Ceci n’est qu’un exemple, tout les thèmes de la doctrine présentent ce types d’écarts par exemple qui sont ces forces malveillantes ? selon les paramètres des néoncons tout pays qui aspire à un certain niveau de développement et revendique un ordre mondial plus équilibré est considéré comme ennemi l’exemple Russe le montre bien.

26/12/2014 20:12 par Ben Voyons

Avec un peu de recul, je pense que la présence de cet article sur ce site relève de la provocation, et pourquoi pas...
Et la photo de Berneur-en-rit-les-morts se régalant à la lecture de Chiard-lit-et-bedeau me conforte en ce sens.

Pour finir de répondre @ Dwaabala un lien vers le récent article, sur ce site, de Noam Chomsky « Le geste historique d’Obama » : http://www.legrandsoir.info/le-geste-historique-d-obama-zcomm-org.html

Oh, j’oubliais : quid de la « kill list » par drones interposés ?

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