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Recouvrons notre souveraineté citoyenne en matière monétaire et budgétaire !

POUR UNE DÉMOCRATIE RÉELLE, LE PEUPLE DOIT RECOUVRER SA SOUVERAINETÉ MONÉTAIRE ET BUDGÉTAIRE ABANDONNÉE AUX BANQUES ET AUX EXPERTS

Le régime économique totalitaire que les citoyens se voient imposer est l’arme silencieuse qui précarise, voire tue, à plus ou moins petit feu (selon que l’on se trouve au nord ou au sud) dans la guerre qu’une petite caste richissime mène contre le reste du monde. Dans nos pseudo démocraties, l’alternance est une illusion et l’on a eu maintes fois l’occasion de vérifier que, sur le plan économique, le programme du PS, des Démocrates étasuniens, du parti socialiste espagnol, etc., étaient rigoureusement les mêmes que ceux mis en oeuvre par l’UMP, les Républicains, le parti populaire, etc. Normal puisque ce régime économique n’est pas concocté par les États mais par les organismes supranationaux qui dictent leurs lois et sur lesquels règnent des comités d’experts inféodés. Ces organismes - FMI, OMC, OMS, FAO, Banque mondiale, banque des règlements internationaux, etc. - sont profondément antidémocratiques et contre toute justice sociale.

Un exemple criant : en cas de conflit commercial entre 2 pays relevant d’un accord géré par l’OMC, « l’organe de règlement des différends » de l’OMC qui est composé des différents représentants des États membres est alors saisi et saisit à son tour un « groupe spécial » composé de « personnes nommées au cas par cas ». Ce panel d’experts remet alors un rapport qui peut prescrire l’annulation de la mesure faisant l’objet du litige (par exemple une interdiction par l’UE d’importer le boeuf aux hormones US). L’organe de règlement des différends ne peut alors rejeter ce rapport que par consensus de tous les pays de l’OMC, cas quasi improbable vu le nombre de membres (plus de 150 pays). Le ou les pays « condamnés » (dans ces instances, c’est l’UE qui siège et non plus chacun des pays membres) peuvent alors faire appel devant « l’organe d’appel », composé de personnes nommées à titre permanent, et qui doit dire si les recommandations du groupe spécial ont bien respecté la lettre et l’esprit des accords concernés par le litige. Une nouvelle fois, l’organe de règlement des différends ne peut rejeter ce rapport d’experts permanents qu’à l’unanimité de tous les représentants. Le règne des technocrates non élus est ici on ne peut plus clair.

Chez nous, l’union européenne est la principale courroie de transmission de toutes les injonctions infâmes qui émanent des ces institutions et qui, sous couvert d’une pseudo science largement dénoncée par les vrais économistes (relevons au passage que Maurice Allais, seul prix Nobel français d’économie est mort l’année dernière dans l’indifférence la plus totale des médias), n’ont de cesse depuis près de 40 ans de dépecer les systèmes de protection sociale acquis de haute lutte depuis la 2nde moitié du 19ème siècle. Et ce bien sûr, au service de la petite élite pudiquement dénommée « oligarchie financière » qui concentre entre ses mains une part des richesses extraordinairement scandaleuse. Cette prévarication à l’échelle globale repose notamment sur le transfert du pouvoir monétaire aux grandes banques privées et sur la camisole budgétaire qui nous semble tomber du ciel.

Le choix de l’abandon de la souveraineté monétaire

La monnaie est l’outil fondamental d’une économie d’échanges. Il faut en injecter dans l’économie autant que nécessaire pour satisfaire les besoins des transactions. La monnaie précède toujours la production (l’entrepreneur moyen ne peut développer son activité sans prêt de la banque permettant d’amorcer la pompe) et prend la forme de dettes. Toute monnaie qui circule correspond à une dette et l’on parle ainsi de monnaie de dette. La masse monétaire croît au gré des crédits consentis pour satisfaire les besoins de l’économie (les entrepreneurs) et décroît au gré des remboursements.

Depuis les années 70, la monnaie n’a plus aucune contrepartie métallique. Ce qui fait sa force, c’est la production qu’elle permet. Autrement dit, la monnaie d’un pays est forte si l’économie du pays est stable et ses fondamentaux bons (en terme d’emplois, d’équilibre des échanges extérieurs, de croissance, etc.). Il faut bien prendre conscience que la monnaie n’est qu’un signe sans valeur intrinsèque. Son but est de donner une unité de compte, de permettre les paiements, et de permettre à tout un chacun de constituer quelques réserves (encore faut-il qu’elle ne se dévalue pas trop).

Pour faire simple, et décrire le fonctionnement d’une zone monétaire : la banque centrale est la banque des banques. Chaque banque commerciale (la BNP, la société générale, etc.) a un compte à la banque centrale en « monnaie centrale ». En fonction de la monnaie émise par la banque centrale (cette monnaie électronique sur les compte des banques plus les billets), les banques commerciales peuvent à leur tour émettre collectivement un certain montant de monnaie dite scripturale. Le propre d’une banque est en effet de pouvoir créer de la monnaie sur la base d’une simple écriture. Un banquier faisant un prêt n’a pas besoin de posséder l’argent au préalable (contrairement aux prêteurs non bancaires). Il lui suffit de procéder à une double écriture dans son bilan. A son passif (les dettes de la banque), il inscrit le prêt de 1000 € qu’il fait à M. Paul et à son actif, il inscrit la créance correspondante qu’il a sur M. Paul qui s’engage à rembourser. Symétriquement, monsieur Paul a 1000 € d’actifs, mais également une dette de 1000 €. 1 000 € ont ainsi été créés à partir de rien, pourrait-on dire. C’est aussi pour cela que l’on dit que ce sont les crédits qui font les dépôts et non l’inverse. Il s’agit d’une prérogative tout à fait extraordinaire qui devrait être reconnue comme telle et revêtir le caractère de service public ! En injectant de la monnaie dans l’économie, les banquiers commerciaux assurent une mission de service public fondamentale et essentielle.

En théorie, les banques ne peuvent pas créer autant de monnaie qu’elles le veulent. La monnaie électronique, scripturale, émise par la BNP par exemple - la monnaie BNP - doit être convertible en billets (émis par la banque centrale) car les agents (ménages et entreprises) font des retraits. Et l’émission d’un montant inconsidéré sous forme de prêts l’empêcherait puisqu’elle ne possède qu’un montant limité de billets. La monnaie BNP doit également être convertible dans chacune des monnaies émises par les autres banques. Imaginons que M. Paul qui a un compte à la BNP procède à un virement pour payer une dette sur le compte de M. Jacques qui a compte à la SG. Le montant des dépôts à la SG augmente et donc la SG va nécessiter davantage de billets. Comme la cause vient du réseau BNP, la BNP va devoir financer ce besoin et payer la SG sur son compte à la banque centrale. La nécessité pour chaque banque de financer ces besoins qu’on appelle des « fuites » (les retraits en billets ou les virements vers d’autres réseaux bancaires) lui impose de conserver un certain montant à la banque centrale. Et c’est le rôle de cette dernière de s’assurer que chaque banque puisse assurer ses engagements (liquidité du système bancaire), c’est-à -dire que toutes les monnaies BNP, SG, etc., soient convertibles entre elles et convertibles en billets. Collectivement, le montant que les banques commerciales peuvent créer est un multiplicateur de la monnaie émise par la banque centrale qui dépend notamment du comportement des ménages et entreprises (propension à faire des retraits).

Aujourd’hui, la masse monétaire en circulation est composée à 90 % de cette monnaie scripturale émise par les banques commerciales et de 10 % de monnaie fiduciaire (les billets) émise par la banque centrale.

En théorie donc, la banque centrale contrôle, notamment par le loyer de l’argent (le taux d’intérêt), la masse monétaire et ainsi le niveau général de l’activité économique. Ensuite les banques commerciales décident qui est digne d’accéder au crédit. La banque centrale décide du débit du robinet et les banques commerciales arrosent qui elles veulent. Mais en réalité, les banques commerciales contrôlent également le débit, la banque centrale suivant alors en émettant le montant nécessaire de monnaie centrale.

Avant, les banques centrales étaient nationales et pouvaient directement prêter aux États. Il s’agissait alors de prêts sans échéance et sans intérêt. L’opportunité de rembourser reposant alors sur des considérations purement macroéconomiques (aucune comparaison possible avec la logique d’un ménage devant rembourser ses dettes). Si l’économie tournait trop au ralenti (trop de chômage), alors une grande injection de monnaie pour développer des grands projets d’infrastructure par exemple pouvait relancer l’économie. Cela correspond en partie aux recettes que Keynes a préconisées pour sortir de la grande dépression des années 30.

Mais avec l’avènement du néolibéralisme, sous prétexte que la création de monnaie était employée de façon trop irresponsable par les élus et générait trop d’inflation, diverses lois sont venues interdire aux États d’emprunter à leur banque centrale. En France, c’est depuis une loi de janvier 1973 (Giscard ministre des finances sous Pompidou) que le prêt sans intérêt à l’État n’est plus possible. Nos élus ont décidé depuis ce jour, qu’il fallait nous obliger collectivement à emprunter en payant des intérêts alors qu’il était possible de faire sans intérêt. C’est une décision éminemment politique qui est très lourde de conséquence en ce qu’elle limite très fortement la capacité de l’État à agir. Il est intéressant de savoir que notre dette publique actuelle (que l’on ne considère jamais au regard du patrimoine public comme il se devrait) correspond globalement au montant des intérêts payés depuis 30 ans. Chaque année, le seul paiement des intérêts à de riches créanciers (le « service de la dette ») s’élève à 50 milliards d’euros. Grosso modo, l’ensemble des recettes provenant de l’impôt sur le revenu va directement dans les poches des créanciers. C’est le choix politique et idéologique du racket qui est fait dans le dos des citoyens. Ce choix relève de la plus haute trahison qui soit !

Est-ce à dire que je préconise l’inflation ? J’incline de plus en plus à penser qu’on peut procéder à une relance monétaire sans inflation. De ce point de vue, Keynes est assez convaincant quand il considère que notre société n’est pas du tout spontanément au plein emploi (je crois que c’est très facile à vérifier, non ?) et que donc il n’y aucune raison d’avoir peur de l’inflation. C’est un écran de fumée. Bien sur une légère augmentation des prix pourrait se manifester le temps que cette politique se fasse sentir mais rien de durable.

Par ailleurs, il me paraît relativement bien établi que l’inflation peut avoir de multiples causes et que ce n’est pas, comme dirait Friedman un phénomène uniquement monétaire. Par exemple, on pille les matières premières des pays du sud (africains en particulier) pour dire que dans la réalité, on les achète à des prix dont le bas niveau est exorbitant. Si une démocratie réelle est un jour installée dans ces pays, c’est-à -dire si on les laisse tranquille (vous connaissez Verschave ?), les peuples vont très légitimement faire en sorte de profiter de leurs propres richesses et alors là , on ne pourra plus se les procurer qu’à un juste prix, ce qui immanquablement fera grimper les prix chez nous. Autre façon de dire, qu’un jour, on va être confronté à un rééquilibrage des niveaux de vie entre le nord et le sud qui peut être brutal...Au final, la justification pseudo scientifique des économistes inféodés qui a été soulevée pour confisquer le pouvoir de battre monnaie aux peuples est une imposture totale préparée dans divers cercles dont la société du Mont-Pèlerin qui rassemblait les Hayek, Friedman, etc., et ratifiée par nos élus, par ignorance ou par traîtrise.

Cette loi de 1973 a ensuite été systématisée à toute l’union européenne par le traité de Maastricht adopté en France à une majorité très courte (moins de 51 %) sans que les Français n’aient eu conscience de ce qui se jouait. Si on leur avait fait une proposition expliquant clairement qu’il s’agissait notamment d’abandonner la souveraineté nationale en matière de création monétaire à une banque centrale européenne indépendante de par ses statuts (interdiction de recevoir des ordres d’une quelconque instance, interdiction de prêter à une quelconque administration), sa direction (des technocrates inamovibles n’ayant aucun compte à rendre et choisi précisément pour leur conservatisme et leur faible enclin à créer de la monnaie pour l’économie réelle) et ses objectifs (objectif principal unique de stabilité des prix, fût-ce au prix d’un chômage très élevé), il en aurait sûrement été tout autrement.

Le choix de la camisole budgétaire

En adoptant la monnaie unique, les États de la zone euro se sont engagés à respecter une discipline budgétaire particulièrement arbitraire qui interdit toute politique de relance en temps de crise et qui surtout est invoquée à tout va pour poursuivre le démantèlement des États providence. Cette règle selon laquelle les déficits budgétaires annuels (dépenses publiques moins recettes publiques à l’échelle d’un pays) doivent rester inférieurs à 3 % de la richesse produite annuellement (soit 60 milliards d’euros environ pour la France) permet en effet de légitimer les coupes brutales dans les budgets sociaux de l’éducation, du logement, de l’action sociale, etc. Là encore, il faut prendre garde : on ne considère pas l’équilibre des comptes publics comme celui d’un ménage ou d’une entreprise ! Par exemple, dans une économie en récession, une collectivité ayant quelques marges qui dégage des excédents budgétaires est en réalité une bien piètre gestionnaire.

La propagande médiatique nous dit que les États dépensent trop et qu’il faut être raisonnable. Pourtant, les faits sont tout autres : ce ne sont pas les dépenses qui augmentent mais les recettes qui diminuent (bouclier fiscal, évasion fiscale, milliers de niches pour le capital, etc.) ! Bien sûr, tandis qu’elle procède à ces coupes budgétaires, cette politique antisociale continue d’abonder généreusement les lignes budgétaires de l’État total et policier.

Aujourd’hui, la crise va semble-t-il justifier un pas de plus dans cette politique inique avec notamment l’inscription dans la constitution du principe d’équilibre des comptes publics. De plus, la commission européenne a maintenant un droit de regard sur les projets de budget des États membres (le "semestre européen").

Conclusion

Au final, la collectivité à laquelle nous appartenons n’a plus le contrôle de sa politique économique, si tant est qu’elle l’ait jamais eu. En effet, la création de l’argent qui doit suffisamment irriguer les vaisseaux monétaires du corps social et qui à ce titre est vitale pour la communauté est abandonnée aux grandes banques privées. Or celles-ci font couler le crédit à flot pour l’économie casino de la sphère financière mais ouvrent les robinets au compte-goutte pour l’économie réelle des petits entrepreneurs. Ajoutée à cela, la camisole budgétaire que nos « élus » ont choisi de nous imposer interdit toute politique de relance et sert de prétexte au bradage des « bijoux » de famille (industries, patrimoine immobilier, infrastructures routières, de réseaux, etc.) appartenant à la collectivité. Enfin, l’écran de fumée idéologique de la concurrence libre et non faussée à tous prix parachève la justification de l’entreprise de destruction sociale.

Marc Haus

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