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Soutenons la Femen tunisienne Amina

1. Résumé des faits

La Femen tunisienne Amina est emprisonnée depuis le dimanche 19 mai 2013. Son procès a débuté ce jeudi 30 mai 2013 à Kairouan avec, officiellement, comme seule et unique charge le port illégal d’un spray d’auto-défense, ce petit vaporisateur que tout un chacun peut se procurer pour se protéger contre des rencontres inattendues, en vente libre dans plusieurs pays (Allemagne, France...) et que l’on peut aussi se procurer via internet. Cette charge contre Amina se fonde sur un Décret beylical datant de….1894 qui prévoit des peines de six mois à cinq ans de prison pour détention illégale d’engins incendiaires ou explosifs. Mais, en réalité, c’est, encore, la liberté d’opinion qui est jugé avec le procès d’Amina : « on veut (…) lui faire payer son appartenance à un mouvement féministe radical ». On veut, aussi, rassurer la base électorale islamiste extrémiste, en vue des prochaines élections. D’ailleurs, un de ces fous de Dieu n’a-t-il pas déclaré, en prime-time, sur le plateau de l’émission « Labess » de la chaîne Attounissia « que le geste de l’activiste féministe [Amina, en affichant des photos d’elle seins nus sur sa page Facebook] est passible (…) de lapidation » [1] ; lui, n’a pas été inquiété et il ne sera pas jugé pour cet appel implicite au meurtre. Cela va de soi, puisque la justice des deux poids deux mesures est, maintenant, bien établie avec ces islamistes qui nous gouvernent, eux qui ont montré, entre autres, plus d’une fois, une tolérance certaine envers ceux des leurs qui encouragent et utilisent la violence, souvent extrême, pour atteindre leurs objectifs.

Pour plus de détails sur les conditions d’arrestation d’Amina, se reporter à [2].

2. Un cri d’amour et de détresse du père d’Amina

Traduction de la lettre de soutien du père d’Amina à sa fille [3]

« Le père d’Amina, activiste Femen (…), sort du silence pour la première fois et déclare : "ma fille a commis un acte "suicidaire" lorsqu’elle a été à Kairouan, eu égard à la présence des Ansar Al Charia [Salafistes Jihadistes] ; et pourtant, elle ne s’est pas montrée le corps nu comme il a été dit, mais elle a été [à Kairouan] comme n’importe quelle citoyenne". Le père d’Amina a ajouté "ma fille Amina demeurera toujours la fille que j’aime même si elle devait montrer tout son corps nu ; car elle est la victime d’une société qui a échoué. Et moi-même comme père et comme responsable, j’ai échoué avec elle, car aujourd’hui notre jeunesse s’enrôle dans le Jihad en Syrie, va mourir en mer. Et c’est aussi cette même jeunesse qui part faire ses études à l’étranger pour ne plus revenir. Cela cache les maux d’une société, une société qu’il faut soigner et non pas se venger d’elle et de ses jeunes, comme l’a déclaré Samir Dilou : ‘Amina doit être jugée sévèrement’..., alors qu’il est Ministre des Droits de l’Homme. Quant à Sihem Badi, Ministre de la Femme, elle n’a pas bronché et n’a pris aucune position alors que ma fille n’a que 18 ans".

Et le père d’Amina de poursuivre : "il n’est pas normal qu’on appelle à la traduire devant la justice alors qu’elle est le symbole d’une jeunesse livrée à elle-même depuis la révolution. Et face aux très fortes attaques que subit ma fille de la part des hommes, je me demande où sont les femmes de la Tunisie ? Ce pays est celui de la Kahena, de Aziza Othmana, Radhia Nasraoui, et de bien d’autres femmes ; j’ai aussi essayé, en vain, de joindre plusieurs fois Saïda el Akremi" [avocate et épouse de Noureddine Bhiri, dirigeant historique islamiste et membre du Gouvernement]. Et le père d’Amina de conclure :"J’espère que ma fille aura un procès équitable" ».

3. Et pourtant, ni Amina, ni Ghazi, ni Jabeur n’ont usé de violence dans l’expression de leurs opinions ! [4]

Plus de deux années sont passées depuis la chute de la dictature mafieuse, qui n’aura généré que de flagrantes et insupportables injustices sociales, et aura privé la population des libertés fondamentales que sont les libertés d’expression, de création et de conscience.

Aujourd’hui, le gouvernement en place s’avère être dans l’incapacité de sortir le pays de la crise économique profonde dans laquelle il est plongé.

Les attaques contre les libertés s’accumulent, et l’on ne peut que déplorer le silence de nombreux acteurs qui se revendiquent pourtant défenseurs de celles-ci.

Jabeur MEJRI [5] purge ainsi depuis plusieurs mois une peine de prison de 7 ans et 1/2 pour avoir ouvertement exprimé son athéisme.

Ghazi BEJI [5] i s’est enfui du pays pour les mêmes raisons.

Amina TAYLER encourt une peine qui peut aller jusqu’à 5 années d’emprisonnement, on veut ainsi lui faire payer son appartenance à un mouvement féministe radical.

Pourtant, ni Jabeur, Ghazi ou Amina n’ont usé de violence dans l’expression de leurs opinions, qui sont le reflet de leur liberté de conscience.

Peu importe que l’on soit en accord ou pas avec leurs idées, il est du devoir de tous les démocrates de défendre avec acharnement leur droit inaliénable à penser et s’exprimer librement.

Rester silencieux face cette dérive plutôt que faire prévaloir les principes de liberté se révélera tôt ou tard catastrophique.

4. Aux Démocrates Tunisiens ou Amis de la Tunisie qui souhaitent soutenir Amina
Vous pouvez, d’abord, signer la pétition « FREE AMINA ! LIBEREZ AMINA ! » hébergée chez AVAAZ.org sous le lien :

http://www.avaaz.org/fr/petition/FREE_AMINA_LIBEREZ_AMINA/?cFdDsbb

Et c’est encore mieux, si vous rejoignez le « Comité de Soutien pour l’activiste Féministe Tunisienne "AMINA (Femen)" »  : pour ce faire, il suffit d’envoyer un e-mail à comitedefenseamina@yahoo.fr ,

avec le texte suivant :

« Je souhaite me joindre au Comité de Soutien d’AMINA »,

suivi de vos : Nom, Prénom, Titre ou Fonction et Ville de Résidence.

Merci pour votre soutien.

Salah HORCHANI

[1] http://www.webdo.tn/2013/03/21/adel-almi-devrait-mettre-un-peu-damina-dans-son-coeur/

[2] http://www.huffingtonpost.fr/2013/05/19/video-amina-femen-tunisienne-arretee-pendant-emeute-kairouan_n_3303445.html

[3] http://althawranews.blogspot.fr/2013/05/blog-post_6303.html
http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article135666

[4] Extrait du Communiqué de Presse Al Qotb France paru sur le lien : http://www.kapitalis.com/politique/16351-tunisie-politique-al-qotb-france-denonce-les-attaques-contre-les-libertes.html

[5] Pour en savoir plus sur le Procès de Jabeur MEJRI et Ghazi BEJI, « les deux premiers tunisiens, prisonnier ou réfugié politique, après la Révolution de Jasmin », se reporter au lien suivant et aux articles qui y sont cités : http://www.legrandsoir.info/sos-jabeur-l-un-des-deux-athees-condamnes-de-mahdia-tunisie-lance-par-leur-comite-de-soutien.html

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COMMENTAIRES  

04/06/2013 16:13 par njama

Pour plus de détails sur les conditions d’arrestation d’Amina, se reporter à [2].

Je conseille plutôt ce lien (+ de détails) vers cet article de Nawaat.org qui est un blog collectif indépendant animé par des Tunisiens.
Affaire Amina : ce que l’on sait sur son arrestation et les charges qui pèsent contre elle
"Sur les images filmées à l’intérieur de la camionnette de police par le journaliste tunisien qui l’accompagnait, l’ambiance est détendue, et Amina se montre confiante. « As-tu été arrêtée ? », lui demande le journaliste. « Non, répond la jeune fille. Ils sont là pour me protéger ».
Une intention plutôt « bienveillante » de la part des agents de police, confirmée par le journaliste témoin des faits.
Mais c’est en fin d’après-midi que les événements prennent une autre tournure. "

http://nawaat.org/portail/2013/05/24/affaire-amina-ce-que-lon-sait-sur-son-arrestation-et-les-charges-qui-pesent-contre-elle-video/

04/06/2013 20:03 par Salah HORCHANI

Amina risque de 6 à 12 ans de Prison

En évoquant une possible "association de malfaiteurs", jeudi 30 mai à Kairouan, le juge d’instruction en charge du dossier d’Amina Tyler rend possible des peines allant de 6 à 12 ans de prison contre la jeune militante Femen. Pour un simple tag sur le muret d’un cimetière.

De son plein gré ou pas, Amina Tyler est devenu un symbole des libertés et de l’émancipation des femmes en Tunisie. Un symbole à abattre toutefois, pour nombre d’islamistes qui cherchent à s’acheter des gages de vertus à l’heure où la répression s’intensifie contre leur aile dure, salafiste ou jihadiste. Et c’est sur la base d’un texte datant du 19e siècle que la jeune Femen tunisienne, 18 ans, a été condamnée, jeudi 30 mai, à 300 dinars (150 euros environ) pour… port prohibé d’un aérosol lacrymogène de défense.

La justice tunisienne a également ordonné le maintien en détention d’Amina pour une autre accusation, beaucoup plus grave et qui a en outre été alourdie. Initialement, elle était poursuivie pour atteinte aux bonnes mœurs et profanation de cimetière, délits passibles de six mois et deux ans de détention. Mais le juge d’instruction en charge du dossier a évoqué des accusations d’« association de malfaiteurs », laissant entendre qu’Amina avait pu agir en bande organisée, ce qui lui ferait encourir des peines allant de six à 12 ans de prison. « C’est un procès politique », déclaré Amina après l’audience de jeudi.

"Je suis fier de ma fille"

Amina, qui avait déjà fait scandale en mars en publiant sur internet des photos d’elle sein nus, s’était rendue le 19 mai à Kairouan pour protester contre un rassemblement interdit du groupe salafiste et jihadiste Ansar al-Charia. Elle avait été arrêtée après avoir peint sur un muret près d’un cimetière « Femen ». Sa mère, qu’Amina accuse de l’avoir séquestrée en avril, a montré à l’AFP son dossier médical, dans lequel différents psychiatres la décrivent comme dépressive. Dans un entretien fin avril, la militante Femen avait confirmé à l’AFP sa maladie, tout en insistant sur le caractère réfléchi de son action. Son père, Mounir Sboui, est quant à lui venu exprimer son soutien. « Je suis fier de ma fille (...) Elle commet des actes démesurés mais elle défend ses idées », a-t-il dit.

« Il n’y a pas d’exception aux droits de l’Homme, Amina est une activiste, une femme qui essaye de se défendre, ce serait une honte de la laisser tomber aujourd’hui », a estimé Henda Hendoud, militante féministe tunisienne, tandis que des militants d’Ansar al-Charia manifestaient leur colère devant le tribunal de Kairouan jeudi. Leur porte-parole Seifeddine Raïs a lancé notamment au sujet d’Amin : « qu’elle aille en enfer ! »

Trois autres Femen en détention

Amina sera interrogée le 5 juin par la justice. Par ailleurs, les trois militantes européennes Femen, deux Françaises et une Allemande, qui ont été arrêtées le 29 mai pour avoir soutenu leur consœur tunisienne en manifestant seins nus à Tunis restent elles aussi « en détention jusqu’à leur traduction en justice », a indiqué Adel Riahi, porte-parole du ministère de la Justice.

Leur avocat, Souheib Bahri, a indiqué qu’elles avaient « comparu aujourd’hui (jeudi) devant le procureur qui les a placées en état d’arrestation pour les traduire en justice ». Selon lui, les accusations retenues seront connues vendredi.


Source :

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20130531084154/

04/06/2013 23:45 par Salah HORCHANI

Procès d’Amina, un nouveau "Procès de la Honte" !

Amina « est désormais poursuivie pour "association de malfaiteurs" (passible de 6 à 18 ans de prison), "profanation de cimetière"(2 ans de prison) et " atteinte aux bonnes mœurs" (6 mois de prison)  ». Marguerite, Pauline et Joséphine sont poursuivies pour "atteinte aux bonnes mœurs". Elles seront interrogées, toutes les quatre, ce mercredi 5 juin pour répondre à ces accusations.

Pour se tenir au courant de l’actualité de ce nouveau "Procès de la Honte", le lecteur est prié de se reporter aux Commentaires de l’article suivant :

http://blogs.mediapart.fr/blog/salah-horchani/300513/soutenons-la-femen-tunisienne-amina

Salah HORCHANI

05/06/2013 03:52 par tounis

un article qui ne mentionne aucune source de nawaat.org, le site qui avait suivi toute l’affaire depuis son début et avec une couverture vidéo détaillée me semble bizzare !! zapper nawaat ? pourquoi ?

05/06/2013 10:39 par Salah HORCHANI

1. @ njama

J’ai hésité entre les deux liens, mais j’ai opté pour celui du "Le HuffPost" parce qu’il est paru à chaud, le premier (le jour de l’arrestation d’Amina, le 19 mai 2013), alors que celui de "Nawaat.org" est paru cinq jours plus tard (le 24 mai 2013).

2. @ tounis

Tout d’abord, sachez que le site "Nawaat.org" n’a pas besoin de votre pub : c’est un site qui a tellement fait, et qui fait encore tellement, pour notre révolution qu’il n’a nullement besoin d’un anonyme qui se cache derrière un pseudo pour "faire sa promotion ".
.
Quant à votre procès d’intention et vos jugements de valeurs sous-jacents à votre commentaire, je n’y réponds pas, car, en général, je ne réponds pas aux commentaires farfelus, surtout s’ils proviennent d’anonymes qui se cachent derrière un pseudo !

Salah HORCHANI

05/06/2013 10:58 par legrandsoir

Quant à votre procès d’intention et vos jugements de valeurs sous-jacents à votre commentaire, je n’y réponds pas, car, en général, je ne réponds pas aux commentaires farfelus, surtout s’ils proviennent d’anonymes qui se cachent derrière un pseudo !

Oui, ne le faites pas, ne le faites pas.

08/06/2013 22:18 par Salah HORCHANI

RASSEMBLEMENT à PARIS : Liberté pour Amina, Marguerite, Pauline et Joséphine !

Mardi 11 juin – 18 heures 30

Près Ambassade de Tunisie

Métro St François Xavier ou Sèvres Babylone

La demande de remise en liberté d’Amina déposée par ses avocats a été rejetée...

PAS DE DATE pour le procès, " l’enquête" étant en cours, aucune date n’est fixée pour le procès ....

Amina peut donc rester en prison pour un MOIS ou pour UNE ANNÉE ENCORE....

AMINA est une citoyenne qui s’exprime face à la violence des groupes intégristes ! Soutenons-la !

Il faut crier haut et fort à l’injustice quand des hordes sauvages de barbus hirsutes, violents obtiennent leur libération sans efforts et malgré leurs exactions, ils jettent en prison une jeune fille de 18 ans qui mène seule un combat pacifique ! Liberté pour AMINA !

Aujourd’hui AMINA est toujours en prison…

Solidaires d’Amina et de Pauline, Marguerite et Joséphine, militantes Femen, les associations et organisations signataires condamnent leur maintien en prison, le report de leurs procès et l’aggravation des chefs d’accusation qui pèsent sur elles, porte ouverte à des peines beaucoup plus lourdes.

Manifester pacifiquement pour une cause, celle des droits des femmes tunisiennes en l’occurrence, ne doit en aucun cas conduire en prison.

Nous exigeons leur libération immédiate et leur exprimons notre solidarité dans ces moments très difficiles.

Nous demandons au gouvernement français, à Laurent Fabius et à Najat Vallaud Belkacem de tout mettre en œuvre pour qu’elles soient libérées et qu’Amina vienne poursuivre ces études en France, comme elle le souhaite.

Nous appelons à un rassemblement devant l’ambassade et les consulats de Tunisie partout en France le mardi 11 juin à 18h30.

Chaque personne qui signe renforce notre mobilisation. Merci de prendre une minute pour partager ce lien avec tous vos contacts :

http://www.avaaz.org/fr/petition/FREE_AMINA_LIBEREZ_AMINA

Page Facebook

https://www.facebook.com/freedom4Amina

Pour avoir plus d’info sur Amina au travers des jours consultez le lien :

http://freeamina.blogspot.fr/

12/06/2013 21:35 par Salah HORCHANI

Tunisie – 4 mois de prison ferme pour les trois Femen étrangères

Les trois militantes étrangères de Femen ont été condamnées mercredi 12 juin 2013 à 4 mois et un jour de prison ferme par le tribunal cantonal de Tunis pour atteinte à la pudeur (3 mois), atteinte aux bonnes mœurs (16 jours) et tapage (15 jours). Les trois militantes, deux Françaises et une Allemande, ont manifesté seins nus, mercredi 29 mai, devant le Palais de Justice de Tunis. Elles demandaient la libération de la jeune Amina, détenue quelques jours auparavant et unique membre du mouvement Femen en Tunisie.

Pour leur défense, les trois militantes ont nié que leur action soit une atteinte aux bonnes mœurs et que leur corps dénudé n’était qu’une forme d’expression politique de protestation.

On rappelle que vingt jeunes ont été condamnés le 28 mai dernier à deux ans de prison avec sursis pour une autre forme d’expression de protestation politique. Ils ont pénétré, brûlé et saccagé l’ambassade américaine à Tunis...

Source :

http://www.businessnews.com.tn/Tunisie-%C3%82%E2%80%93-4-mois-de-prison-ferme-pour-les-trois-Femen-%C3%83%C2%A9trang%C3%83%C2%A8res,520,38682,3#com

13/06/2013 00:42 par Salah HORCHANI

4 mois de prison ferme pour les activistes Femen Joséphine, Marguerite et Pauline. Et pourtant,
elles n’ont pas appelé à la haine et au meurtre, elles n’ont pas brûlé et pillé une ambassade et son école, elles n’ont pas mené une action qui a conduit à des homicides.

Si elles avaient fait tout cela, elles auraient été probablement condamnées à deux ans de prison avec sursis, comme ceux qui avaient attaqué, le 14 septembre 2012, l’ambassade et l’école américaine à Tunis, ignoble et lâche attaque qui a conduit à l’horrible mort de quatre assaillants, attaque qui a été planifiée et exécutée par le groupe Salafiste Jihadiste dénommée « Ansar- al-Sharia ».

Elles ont simplement choisi « une forme d’expression politique de protestation » pacifique, originale et inédite.

« Peu importe que l’on soit en accord ou pas avec leurs idées [et leur choix], il est du devoir de tous les démocrates de défendre avec acharnement leur droit inaliénable à penser et s’exprimer librement » et de se mobiliser pour qu’elles retrouvent leur liberté, cette liberté qu’elles ont perdue en essayant de défendre celle des autres.

Salah HORCHANI

15/06/2013 09:11 par Salah HORCHANI

INFO ou INTOX ?

Pour protester contre l’opération seins nus des Femen, devant le Tribunal de Tunis, les Députées d’Ennahdha ( Parti islamiste au pouvoir ) ont décidé de mener, aujourd’hui, en même temps que le rassemblement des Démocrates de tous bords mentionné dans le lien ci-dessous, devant le Palais du Bardo, une opération têtes nus, exceptée la Députée Souad Abderrahim * qui portera un Niqab.

http://blogs.mediapart.fr/blog/salah-horchani/140613/tunisie-democrates-de-tous-bords-reveillez-vous-nous-glissons-vers-une-dictature-brune-verte-con

* Pour les non-initiés Souad Abderrahim est la seule députée du bloc Ennahdha non voilée

18/06/2013 23:01 par Salah HORCHANI

Amina, Joséphine, Marguerite et Pauline : Appel à François Hollande en vue de son voyage en Tunisie

Par Caroline Fourest (Ecrivaine et journaliste), Nadia El Fani (Cinéaste), Aliaa El Mahdy (Cyberdissidente égyptienne ), Taslima Nasreen (Ecrivaine) et Inna Shevchenko (Porte-parole de Femen)

Dans quelques semaines, début juillet, François Hollande doit se rendre en Tunisie. Ce sera sa première visite officielle dans ce pays qui traverse une période de transition incroyablement complexe et difficile, partagée entre les espoirs soulevés par la révolution et l’angoisse de voir un régime autoritaire succéder à un autre. Au moment où il foulera le sol de Tunis, il aura en tête ce contexte, éminemment délicat, mais nous lui demandons de garder en tête quatre visages et prénoms. Amina, Pauline, Joséphine et Marguerite. Une Tunisienne, une Allemande et deux Françaises. Quatre Femen. Elles croupissent actuellement en prison à cause de sanctions totalement disproportionnées au regard de leurs actes et contraires aux normes attendues d’un Etat de droit.

Trois d’entre elles, dont deux activistes françaises, viennent d’écoper de quatre mois de prison ferme pour avoir manifesté seins nus devant le Palais de justice. Un acte considéré comme une "atteinte à la pudeur, aux bonnes mœurs et trouble à l’ordre public", alors qu’il s’agissait d’une protestation pacifique, demandant la libération d’Amina, la première Femen tunisienne, elle-même détenue de façon arbitraire depuis plusieurs semaines.

Son crime ? Un simple tag. Avoir tracé le mot Femen sur un muret. Quelques lettres tracées pour défier la rage obscurantiste de 40 000 salafistes qui prétendaient se rassembler en toute illégalité à Kairouan, le 19 mai dernier. Ces manifestants-là, qui ont fait plusieurs blessés parmi les policiers anti-émeutes, ont été relâchés. Les terroristes ayant attaqué l’ambassade américaine et causé des millions de dégâts n’ont écopé que de peines avec sursis. Les assassins de Chokri Belaïd courent toujours. Les extrémistes qui attaquent des cinémas, des expositions d’artistes ou brûlent régulièrement des mausolées ne sont presque jamais retrouvés. Mais Amina risque six à douze ans de prison pour "atteinte aux bonnes mœurs", "profanation de tombeau" et "association de malfaiteurs".

Amina, Pauline, Joséphine et Marguerite sont des prisonnières politiques. La lourdeur des jugements qui les frappent, de la prison ferme et non une simple amende, ne laisse aucun doute à ce sujet. Elles ne sont pas les seules à endurer cette forme de répression depuis la révolution. Ghazi Beji et Jabeur Mejri, deux blogueurs, ont été condamnés à sept ans et demi de prison pour blasphème. L’un par contumace. Il a dû se réfugier en France. L’autre purge sa terrible peine dans l’indifférence générale. La journaliste france-tunisienne, Hind Meddeb, est poursuivie pour avoir dénoncé la lourdeur de la condamnation du rappeur Weld el 15 : deux ans de prison ferme pour une chanson irrévérencieuse envers la police.

Quant à la réalisatrice Nadia El Fani, elle ne peut plus retourner dans le pays de son enfance, où elle risque jusqu’à six ans de prison pour avoir réalisé un film sur la laïcité : Laïcité Inch’Allah ! Son avocat a également récemment été persécuté pour "sodomie"... A travers ces jugements, éminemment politiques, la justice tunisienne montre un terrible visage : faible avec les terroristes et dur avec les esprits libres. Le pire des lois de Ben Ali contre le meilleur des acquis de Bourguiba. Toutes ces affaires trahissent un climat irrespirable et préfigurent un Etat religieux et non civil, autant dire le renoncement à la démocratie réelle en Tunisie. Elles ne peuvent laisser indifférent.

Nous ne demandons pas au président de renoncer à aller en Tunisie. Bien au contraire, il doit s’y rendre pour demander la libération de ces prisonniers politiques. Sans se laisser intimider par ceux qui crieront à l’ingérence ou convoqueront le passé. Rien, ni la "stabilité" des relations franco-tunisienne ni les intérêts économiques ne justifient de fermer les yeux sur ces lois iniques et la façon dont elles sont appliquées. François Mitterrand, en son temps, a su oublier les pudeurs diplomatiques pour défendre la cause des dissidents lors de son voyage à Moscou.

Aujourd’hui, les dissidents sont à Tunis, au Caire, à Alger, à Doha, à Riyad, partout où l’internationale théocratique tente de gagner du terrain sur la démocratie et les valeurs universelles.

Au nom de ses dissidents sans voix, nous lui demandons d’interpeller son homologue, le président tunisien, qui se targue d’être un ancien activiste des droits de l’homme, qui a pu se réfugier en France lorsqu’il était lui-même persécuté sous l’ancien régime, mais se tait face aux violations du droit élémentaire à la liberté d’expression par son propre gouvernement.

A François Hollande d’exiger à Tunis la libération d’Amina (18 ans), de Pauline (27 ans), de Joséphine (19 ans) et de Marguerite (22 ans). Non pas parce deux de ces prisonnières politiques sont des ressortissantes françaises, mais bien parce que les droits des femmes et le droit à la liberté d’expression sont des valeurs universelles, et que François Hollande avait promis d’en faire le cœur de sa diplomatie. Ce voyage sera pour nous un test : savoir si ces mots ont un sens.

Darina Al Joundi, auteure-comédienne ; Elisabeth Badinter, philosophe ; Djemila Benhabib, journaliste et essayiste ; Lina Ben Mhenni, cyberdissidente tunisienne ; Sadok Ben Mhenni, activiste tunisien ; Karim Ben Smail, éditeur ; Nédra Ben Smail, psychanalyste ; Abdennour Bidar, philosophe ; Dounia Bouzar, auteure et anthropologue ; Rachida Brakni, comédienne ; Caroline Eliacheff, psychanalyste ; Cherif Ferjani, professeur universitaire ; Caroline de Haas, activiste féministe ; Françoise Héritier, anthropologue ; Salah Horchani, universitaire, militant des droits humains ; Abdelwahab Meddeb, écrivain, universitaire ; Nine Moati, écrivaine ; Said Sadi, ancien député algérien, fondateur de la Ligue algérienne des droits de l’homme ; Martine Storti, présidente de Féminisme ; Maya Surduts, collectif national pour les droits des femmes.

Source :

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2013/06/18/pour-la-liberation-des-femen-en-tunisie_3432257_3232.html

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