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La sauce hollandaise

Pour le grand public à l’oreille supposée complaisante, l’hôte de l’Élysée garde les yeux rivés sur la ligne bleue de l’inversion de la courbe du chômage pour la fin de l’année. Une perspective que tout dément : la vie quotidienne comme les prévisions de l’OCDE.

C’est sans doute avec ce noble dessein en tête que le Chef de l’État s’est rendu à la mi-mai dans la capitale belge pour rencontrer la Commission européenne.

Il s’y est engagé à poursuivre la mise en place de réformes, "non parce que l’Europe le demanderait mais parce que c’est l’intérêt de la France" a-t-il déclaré en bombant le torse, cependant que José Manuel Barroso, qui ne cache pas les convergences de vues entre Bruxelles et le Gouvernement français ces derniers mois, déclare que le "message d’exigence" adressé ce mercredi à Paris "est en ligne avec les préoccupations exprimées par le Président français François Hollande".

Quelles sont donc les recommandations économiques dévoilées ce mercredi par la Commission européenne parce que c’est l’intérêt de la France ?

Elles concernent les droits actuels à la retraite, les protections des salariés et les services publics.

On vit plus longtemps

Donc, nouvelle réforme des retraites, après celles de 2003 et 2010.

Le prélèvement de 0,3% entré en vigueur le 1er avril de cette année est une simple mise en bouche. Le plat de résistance (il n’y a pas d’entrée) sera la concertation qui va s’engager entre le gouvernement et les partenaires sociaux [c’est-à-dire le MEDEF (très social !) et les trois syndicats complaisants, les deux autres, majoritaires chez les salariés, comptant pour du beurre] lors d’une nouvelle conférence sociale les 20 et 21 juin, avec le trou normand pendant l’été. Le dessert est pour l’automne lors du lancement de la nouvelle réforme.

L’objectif assigné par Bruxelles à Paris est de ramener à l’équilibre "pour 2020 au plus tard", avec une seule exigence : "Éviter d’augmenter les contributions des employeurs aux régimes des retraites".

Il s’agit donc de jouer 1) sur les niveaux actuels des pensions, donc sur le pouvoir d’achat des retraites, 2) sur les droits d’accès à la retraite à taux plein des salariés, sur l’âge légal (65, 67 ans ?), ce qui revient au même, 3) sur l’alignement des régimes spéciaux sur le régime général.

Bref, c’est toujours aux mêmes de faire les efforts, et aux autres d’avoir le courage de les leur imposer. Les entreprises ne sont pas concernées, compétitivité et lutte contre le chômage obligent.

Fainéants de chômeurs

Là aussi Bruxelles demande à la France de "doper sa compétitivité" car, selon les vues de la Commission européenne, le travail est non pas le créateur de la richesse mais une charge pour l’employeur.

L’ANI et sa récente transposition dans la loi ne suffisent pas. Il faut encore davantage de flexibilité dans le marché du travail. Cette fois ce sont les assurances chômage qui sont prises pour cible.

Il faut "lancer en urgence une réforme de l’assurance chômage avec les partenaires sociaux pour assurer qu’elle rend attractif le retour au travail", dit la Commission.

Il fallait y penser : pour rendre attractif le retour au travail, il suffit d’exiger des chômeurs qui n’en trouvent pas ( les lâches !) qu’ils se serrent encore davantage la ceinture !

Des règles douloureuses

La Commission renouvelle sa demande de réforme du marché du travail et d’ouverture de certaines professions comme les notaires ou les taxis.

Elle souhaite voir renforcer la compétitivité des services en agissant sur les professions réglementées via la suppression des quotas et autres restrictions juridiques.

Elle préconise également de simplifier la législation sur les heures d’ouverture des magasins.

Paris devrait aussi supprimer les tarifs réglementés sur le gaz et l’électricité et ouvrir le secteur du transport ferroviaire domestique des passagers. L’affaire est déjà sur les rails.

Payer plus pour avoir moins

La fiscalité doit être remaniée, avec pour seule idée en arrière-plan : tout pour les entreprises, les particuliers peuvent payer !

Il est attendu de la France une simplification de sa fiscalité, 1) en transférant une partie des cotisations des entreprises vers l’environnement et la consommation, 2) en abaissant la taxe sur les sociétés, en élargissant la base de l’impôt sur le revenu, et en rendant les taux de TVA proches de la moyenne européenne...

... Et dans le même temps, il s’agit de continuer à abattre les Services publics et l’État social dit encore providence.

Après avoir octroyé gracieusement deux ans de délai pour ramener le déficit public en dessous de 3%, M. Barroso présente la note en imposant un calendrier précis : 3,9% du PIB l’an prochain, 2,5% en 2015. Il ne s’agit "pas d’une solution de facilité, au contraire, c’est une exigence que la France fasse les réformes indispensables", a insisté le président de la Commission européenne.

La baisse des déficits impose des coupes budgétaires pour 2013 et 2014, auxquelles le gouvernement français a déjà préparé les esprits, mais surtout le Président de la Commission européenne a en tête la simplification administrative de l’État via la future loi de décentralisation. Une occasion de gommer des missions de service public exercées par les collectivités territoriales.

On ne peut pas faire autrement

Comme on le voit, tous les changements néolibéraux qui se cachent derrière le terme dont on nous rebat les oreilles de "réformes structurelles" vont toutes dans le sens de la réduction de l’activité économique, de la poursuite de la récession et par conséquent de l’aggravation du chômage, des conditions de vie des chômeurs, des retraités et au-delà des classes laborieuses dans leur ensemble.

Dwaabla

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