RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Le futur roi Normal 1er n’avait pas promis de faire la guerre, mais...

Traditions impériales

Il faut « répondre aux armes par les armes ». En martelant cette mâle sentence en marge du sommet européen, celui qui fut le lointain successeur de Jaurès à la tête du Parti socialiste, et qui préside désormais la République française, a peut-être accru ses chances de décrocher le prochain Prix Nobel de la paix. A moins qu’il ne lui faille le partager avec les combattants qui ont juré la perte du président syrien, dont l’un des derniers faits d’armes est un attentat dans une mosquée de Damas - une cinquantaine morts, des centaines de blessés.

François Hollande plaidait ainsi pour que soient levées les dernières restrictions à la livraison d’armes lourdes à l’opposition armée. Il s’agirait d’un nouveau cran dans l’escalade qui a vu, depuis deux ans, le camp occidental s’engager de plus en plus ouvertement pour le renversement d’un gouvernement certainement pas moins légitime que tous ceux des pays de la région. Ce point est capital : quelques semaines seulement après le début des manifestations d’opposants, et donc bien avant les drames actuels, Hillary Clinton, suivie par ses alliés, exigeait déjà explicitement le départ du président syrien. Ce dernier était ainsi placé devant l’alternative : ou bien obéir aux injonctions et déguerpir, à l’image des marionnettes occidentales Ben Ali ou Moubarak ; ou bien faire face à ce qui allait s’avérer de plus en plus clairement comme une véritable guerre, portée par l’Arabie saoudite, le Qatar et leurs mercenaires (on sait en outre aujourd’hui que des formateurs américains, et très probablement français et anglais, entraînent les hommes de ladite Armée syrienne libre).

Les stratèges occidentaux comptaient que le président syrien obtempérerait, ou bien que son régime s’effondrerait rapidement. Sans doute ces derniers - à l’image de George Bush décidant d’envahir l’Irak il y a tout juste dix ans, avec les conséquences que l’on sait - se sont-ils pris au piège de leur propre propagande décrivant Bachar el-Assad comme un chef de clan isolé dans son propre pays. La réalité est qu’il continue à jouir d’un large soutien populaire, ne serait-ce que par crainte du chaos sanglant que ne manquerait pas de provoquer la victoire des proches cousins de ceux que Paris affirme vouloir éradiquer au Nord-Mali. Le chef de l’Etat français de même que le premier ministre britannique ont pris le parti d’une fuite en avant dans l’escalade. Les deux capitales, dans une sorte de réminiscence historique, veulent façonner le « gouvernement provisoire » censé diriger la future Syrie. Au nom de la paix, bien sûr.

Pour des raisons qui ne tiennent pas au refus de principe de l’ingérence, mais plutôt à la crainte (fondée) d’une situation immaitrisable, une majorité des Vingt-sept ne souhaite pas, pour l’heure du moins, suivre le duo des boutefeux. Qu’à cela ne tienne : alors qu’on lui opposait l’embargo européen reconduit le 18 février dernier, Laurent Fabius a eu cette réaction courroucée : « la France est un pays souverain ». Ainsi, au moment même où s’accélère l’abandon des dernières prérogatives nationales - budgétaires, mais aussi économiques et sociales - le ministre ne se souvient de la souveraineté que dans un seul cas de figure : pour alimenter une guerre et déstabiliser un pays indépendant.

Les dirigeants européens ont cependant retrouvé une belle unanimité dès lors qu’il s’est agi de remettre dans le droit chemin un petit et lointain Etat membre - à quelques encablures des côtes syriennes : le 16 mars à l’aube, l’eurogroupe décidait de piocher dans les comptes des Chypriotes, dans l’espoir d’éviter que la zone euro ne replonge dans le chaos. Et enjoignait aux parlementaires de ce pays de ratifier, dès le lendemain, le diktat. Lesdits élus ne s’étant pas pliés à cette formalité, le patron de la Banque centrale européenne a publié un ultimatum menaçant l’île d’un véritable blocus monétaire.

En 2007, José Manuel Barroso estimait que l’UE constituait « une sorte d’empire non-impérial ». De plus en plus ouvertement, l’adjectif est de trop.

PIERRE LÉVY

Éditorial paru dans l’édition du 30/01/13 du mensuel Bastille-République-Nations
Information et abonnements : www.brn-presse.fr

Pierre Lévy est par ailleurs l’auteur d’un roman politique d’anticipation paru récemment : L’Insurrection

URL de cet article 19991
  

Palestine, photographies de Rogério Ferrari
Préface, Dominique Vidal - Texte, Leïla Khaled Rogério Ferrari n’est pas un reporter-photographe. Il ne scrute pas, ne témoigne pas, n’écrit pas d’images. Il s’emploie à rendre au plus grand nombre ce qu’il a reçu en partage : l’humanité tenace de celles et ceux à qui elle est déniée. Existences-Résistances est un alcool fort, dont l’alambic n’a pas de secret ; il lui a suffit de vivre avec celles et ceux qui en composent le bouquet. Au bout de ces images, point d’ivresse. Mais un silence. De ces silences (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Ce que vous faites peut paraître insignifiant, mais il est très important que vous le fassiez.

Gandhi

Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.