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Merci aux agriculteurs, au personnel soignant, aux agents d’entretien, aux pompiers, aux livreurs, aux éboueurs, aux agents des pompes funèbres, aux caissières...

Une absence d’honnêteté

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. Il est bon de ne pas oublier ce que La Fontaine nous a appris des épidémies qui nous frappent, c’est que personne n’est épargné. Ce sont des soignants qui se demandent s’ils peuvent faire des câlins à leurs enfants quand ils rentrent à la maison. Ce sont les mourants qui n’ont pas pu recevoir la visite de leurs familles. Ce sont les infos qui tournent en boucle et suscitent une peur extrême de la contamination.

Ce sont les violences conjugales et familiales. Ce sont les confinés dans des espaces qui ressemblent à celui d’une cellule de prison, hantés par l’angoisse du vide social. Ce sont les crises de nerfs, les dépressions, les obsessions, la somatisation, le manque d’air quoi. La mort par Coronavirus est partout, elle nous claque à la figure par le truchement des images de camions frigorifiques en attente dans les arrières-cours des hôpitaux. Cette accumulation est terrifiante mais elle a le mérite, au coût vertigineux, de regarder la mort en face, une mort douloureusement partagée qui me fait pleurer sur la fin de gens que je ne connais pas, tels ces regards à la peine qui suivent dans un village la traversée d’un corbillard. C’est vrai, la famille n’est pas là, mais des millions de téléspectateurs qui suivent et accompagnent le funèbre convoi nous ramènent à l’essence de la condition humaine, naître ensemble, vivre ensemble et mourir ensemble.

Dans ce moment difficile, il est plutôt utile d’être au cœur d’un réseau vital autonome qui permet de résister et de vivre par la solidarité, dans le partage. Par chance, il nous reste un réseau de cette nature qui tient d’abord par les engagements d’hommes et de femmes aux compétences qui s’emboîtent et s’articulent pour notre plus grand bien, dans le cadre de services publics encore debout mais en péril. Marc Landré, journaliste du Figaro nous le rappelle, « Onze ans après la crise financière qui a balayé la planète, le monde redécouvre les bienfaits du modèle social français qui permet d’encaisser les chocs de conjoncture les plus violents ». Cependant, depuis quelques décennies, les politiques qui se sont succédé ont choisi de s’aligner sur la loi des marchés, toute adossée à un capitalisme débridé qui implique de produire toujours plus au coût le plus bas pour alimenter les pompes à dividendes. Nombreux sont ceux qui chantaient les louanges de la mondialisation, sur les plateaux de télé, dans les Écoles de commerce où l’on apprend à vendre, mais peu à fabriquer, où tout est mesuré en fonction du retour sur investissement. Une doctrine avide, désormais à l’œuvre dans le domaine des biens communs qui de réformes en réductions ont perdu leur intelligence des situations. Conduite depuis plus de trente ans, il s’agit d’une politique qui a désarmé le pays avant que le mal ne se répande. En 2007, Eric Woerth, Ministre du Budget, allait de plateau télé en plateau télé pour se réjouir de la fermeture d’hôpitaux et de la suppression de lits. Marisol Touraine, Ministre de la Santé de François Hollande n’y allait pas de main morte. Au total, il est question de dizaines de milliers de lits supprimés par la Droite, par la Gauche, par le Centre et ses alentours. Pourtant, le bon sens ne dit-il pas que gouverner c’est prévoir, prévoir notamment pour prendre soin au mieux de la santé et de l’éducation ?

Sans vouloir jouer les prophètes, Jean-Luc Mélenchon en campagne présidentielle n’a pas mâché ses mots : « il y a des biens communs inaliénables qui nous appartiennent à tous. Nous sommes menacés d’un véritable krach sanitaire, incapables de répondre à ce que nous voyons se lever devant nous, d’abord le déchaînement de nouvelles épidémies ».

En réalité nous sommes victimes des pires imprévoyances de politiques aveugles et sourds : Les fous du marché. Rien n’aura manqué, en commençant par des salves de moquerie en direction des Chinois qui auraient surestimé la gravité de la situation, relayées par les diagnostics d’experts suffisants, héritiers du Maréchal Le Boeuf qui, en 1870, à propos de la guerre contre les Prussiens, rassurait Adolphe Thiers en lui déclarant « Nous sommes prêts, il ne manque pas un bouton de guêtres ». C’est le docteur Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l’Hôpital Bichat et expert du coronavirus auprès de l’OMS, qui donnera le ton « Il peut y avoir un cas, mais je pense qu’on va très rapidement le contenir. Il n’y aura pas d’épidémie en France ». Ah, ces scientifiques égarés sur le chemin des prophéties ! Malheureusement, lorsque le mal profond est arrivé, l’Hôpital était à l’os et sont partis pour le front les effectifs qui restaient avec ce qui manquait de matériel. Sans être les liquidateurs de Tchernobyl, ils ont vécu quelque chose d’approchant, au combat avec leur seul courage, leur dignité et leurs compétences. Alors que peu de semaines avant, le Gouvernement d’Edouard Philippe les aspergeait de lacrymogène, les caressait à coups de matraques, les pourchassait à tir tendu et les emprisonnait. Finalement, les grévistes avaient raison et le Gouvernement leur doit des excuses ainsi que la prise en compte de leurs revendications. Mais la crise qui éclate aujourd’hui peut durer, puisque le directeur de l’ARS du grand Est a annoncé le maintien d’un plan de réduction de 174 lits et de 598 postes, approuvé par Agnès Buzin, alors Ministre de la Santé. Certes il a été limogé et nous apprenons que « Tous les plans de réorganisation sont évidemment suspendus ». Mais comme rien n’a été abrogé, cela peut repartir le jour d’après.

Quand à Agnès Buzin qui, au début ne pensait qu’à une seule chose, le Coronavirus, elle a tout simplement quitté le navire en péril pour une candidature à la Mairie de Paris. Sa campagne fut un échec et, surprise-surprise, elle balance ses amis du Gouvernement en déclarant à qui veut l’entendre qu’elle les avait prévenus dès janvier de la dangerosité du virus. Les mots sont effrayants « Quand j’ai quitté le Ministère je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous ». Pourtant, dans la même période, elle annonçait publiquement, le 24 janvier, que le risque de propagation du coronavirus dans la population était très faible. Où est donc la vérité ? S’il ne s’agit pas d’un mensonge par omission ça y ressemble avec des conséquences tragiques. Elle aura du mal à s’en remettre, sauf si les laboratoires...

En attendant, avec une pensée fraternelle pour les agriculteurs, je retiens que le personnel soignant auquel il convient d’associer les agents d’entretien, les intérimaires, les agents de sécurité, les pompiers, les livreurs, les éboueurs, les agents des pompes funèbres, les caissières (…) vont au boulot durablement au risque du virus ravageur, dans la crainte d’une pénurie de moyens et désorientés par des signaux contradictoires, à répétition, des politiques et de leurs experts.

Comment avoir dit avec aplomb, au début de l’année, que le port du masque ne servait à rien, puis l’avoir encouragé en avril au motif que n’avoir pas de masque pour se protéger serait une erreur, avant de le rendre obligatoire dans les transports en commun à partir du 11 mai et peut-être même obligatoire pour tous, dans toutes les situations.

Aussi, la mise en perspective ne manque pas de sel, car lorsque Sibeth Ndiaye porte-parole du Gouvernement déclare qu’elle « n’a pas acheté de masques pour ses enfants » dans un éclat de rire troublant et poursuit qu’il ne faut pas en acheter, « D’ailleurs nous en avons interdit la vente », Léa Salamé qui l’interroge n’en croit pas ses oreilles. Ces propos sont irresponsables et empreints d’une rare bêtise.

Pourtant une parole officielle que recadre vivement le docteur Christophe Prudhomme, Médecin au SAMU 93, « Il est clair, dit-il, que les recommandations au départ de l’affaire n’étaient pas basées sur des argumentations de santé, mais plutôt pour masquer la pénurie de moyens » . Le dimanche 12 avril William Dab, ancien Directeur de la Santé, le confirme en avouant « qu’il ne sait toujours pas quand les masques et les tests arriveront ». Dans cette histoire sans parole, le Gouvernement ne cesse de piloter à vue : « Restez chez vous, mais allez voter... Restez chez vous, mais allez travailler », enfin, le déconfinement annoncé pour le 11 mai, pas tout de suite pour les vieux [si, finalement], le sera après l’arbitrage de l’Élysée, secoué par le tollé que souleva la première annonce.

Ah ! pour communiquer, ça communique, un peu à la manière des communiqués de guerre qui annoncent que ça va s’arranger, que les remèdes sont là, que les tests sont en route, que les vaccins verront bientôt le jour et que les masques arrivent. En tout cas, à Pâques c’est raté, peut-être à la Trinité, mironton mironton mirontaine. Il ne nous reste plus que le 11 mai : joli moi de mai quand reviendras-tu m’apporter des masques, m’apporter des masques, joli moi de mai quand reviendras-tu m’apporter des masques quand j’aurai vécu ? Non, il ne s’agit pas d’un livret de comédie musicale, mais le peu de clarté dans les choix ainsi que la révélation de mensonges ne manquent pas de nourrir une croyance à la falsification de la vérité, quand ce n’est pas une défiance vis-à-vis de la science et de la médecine, décrites comme incapables de soigner. Et ce n’est pas tout, puisque le Canard Enchaîné du mercredi 23 avril m’apprend qu’une circulaire du Ministère de la santé du 19 mars préconise de limiter l’accès à la réanimation des "personnes fragiles". J’en ai la chair de poule. Le libéralisme économique et social serait-il un eugénisme ? En tout cas, les économies d’hier font les victimes d’aujourd’hui.

Or, si le Président Emmanuel Macron avait lu la Peste d’Albert Camus, il saurait ce qu’est l’engagement d’un médecin qui a fait le serment de soigner dans l’urgence avec les moyens dont il dispose pour sauver. Le Docteur Rieux, le héros de Camus, fait face au mal qui frappe la ville d’Oran avec du « courage », de « l’héroïsme » et de l’« honnêteté » : « c’est une idée qui peut faire rire, mais la seule façon de lutter contre la peste, c’est l’honnêteté ».

Or dans la réponse à cette pandémie, l’honnêteté a du mal à trouver sa place, notamment dans l’affaire de la Chloroquine où tout a été dit et son contraire. Je ne connais pas le Docteur Didier Raoult, mais je l’ai entendu déclarer, « J’ai fait le serment d’Hippocrate et je me dois de tout essayer pour sauver les malades ».

Pour tendre vers la clarté, l’ancien Directeur scientifique de l’Institut national du cancer, l’ancien Président de la Haute Autorité de Santé et l’ancien Directeur Général de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé recommandaient d’appliquer le traitement élaboré par le Professeur Didier Raoult dès l’apparition des premiers symptômes du Coronavirus. A son tour, Gérard Bapt, médecin cardiologue et député PS (31), publie le samedi 4 avril une lettre ouverte au Président de la République, cosignée par 65 médecins, qui demande d’étendre à la médecine de ville l’autorisation de prescrire l’hydroxychloroquine, sans ignorer que ça ne fonctionne peut-être pas pour les formes graves. C’est justement au nom de cette interrogation que le professeur Christian Peronne, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches a refusé de participer à l’étude Discovery qu’il juge éthiquement et scientifiquement malhonnête puisqu’elle réserve ces essais aux patients atteints de formes sévères, contrairement au protocole mis en œuvre par le Dr Didier Raoult qui, dès que le patient est positif, prescrit l’articulation entre un antiviral et un antibiotique pour enrayer la charge virale, sans attendre la redoutable bronchite. Tout en restant prudent, j’ai l’intuition que les Généralistes n’ont pas eu la place qu’ils auraient pu tenir dans une politique élargie du dépistage et du traitement en urgence, à la seule condition de pouvoir disposer de tests.

Maintenant, si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez toujours compter sur l’impéritie du trublion Cohn-Bendit dont la spécialité me demeure inconnue, mais qui donne toujours l’impression de savoir tout sur rien et rien sur tout. Pour lui c’est clair ! Le Professeur Didier Raoult doit « fermer sa gueule ».

A vrai dire, ce qui m’agace le plus, ce sont les numéros de certains savants de télé, dont les propos me font parfois douter de leur assise scientifique. Je serai clair, la virologie, l’épidémiologie ne sont pas mes disciplines mais, à les entendre, il me revient ce que le professeur de philosophie François Châtelet m’a enseigné, et que j’ai largement vérifié dans ma carrière, c’est qu’« avec l’impérialisme de la méthodologie, on brise tout le travail de la recherche et d’approfondissement ». Malheureusement, cela est vérifiable dans toutes les disciplines où la revendication de la science peut cacher une instauration de pouvoir avec sa bureaucratie du dogme. Le savant éclairé est modeste car il sait que la connaissance est toujours une connaissance provisoire et que, dans le cas de ce virus, si tout n’est pas possible, tout peut l’être, il suffit d’essayer, méthode ou non-méthode. Qui peut nier qu’une science n’est jamais définie, fixée une fois pour toute dans les limites de sa naissance et de ses étapes de développement ? Elle n’est science que parce qu’elle se déplace dans le grand jeu de toutes les hypothèses possibles. Aussi, les procès en sorcellerie sont rarement légitimes, ils sont fréquemment issus du dogmatisme et par conséquent géniteurs de l’autoritarisme dont ce Gouvernement a fait preuve contre ceux qui voulaient prendre soin de la Santé et bien d’autres dont les gilets.

Attention ! Emmanuel Macron n’a pas changé. Certes, il annonce pour le jour d’après la mise en place d’une autre santé, d’une autre économie, en évoquant même la nécessité d’une souveraineté alimentaire, mais il ne changera pas de cap(italisme) et le jour d’après sera celui de la mondialisation puisqu’il soutient le CETA, « ce traité qui améliore objectivement les choses dans notre relation commerciale avec le Canada ».

Il n’abandonne point la gestuelle christique de sa campagne pour la Présidence, mais il est apparu, lors de son dernier discours à la télé, pas mal éteint, en perte de souffle et de voix, parfois pathétique. Ma mère m’a téléphoné pour me demander s’il n’était pas malade à son tour. Une intervention en manque d’idées où il a reconnu à demi-mot ne pas pouvoir faire grand-chose sinon que de nous annoncer la fin du confinement pour le 11 mai. Pourquoi le 11 ? Allez savoir ! Il a parlé d’un déconfinement progressif pour nous faire avaler qu’il faudrait attendre l’immunité collective pour vivre une liberté retrouvée. En fait, ce que j’ai cru comprendre, et les questions depuis échauffent mon esprit, c’est qu’il faudra être malade pour en guérir. Je me demande comment on peut se pâmer d’aise devant une aussi triste communication faite d’imprécisions, d’arbitraire et de mensonges par omission ? Il nous dit avoir nationalisé les salaires, pourquoi pas, mais qui nous dit que, par un étrange tour de passe-passe, la part de l’Etat, dans le capital de la Poste, est passée de 73,68% à 34%. Une forme de privatisation qui va entraîner l’accélération de la fermeture des bureaux de poste, des suppressions d’emplois et sans doute, la fin de la distribution du courrier tous les jours. Il donne une prime-obole aux soignants, alors que ceux-ci se battent depuis longtemps pour une revalorisation de leurs salaires à la mesure des compétences, du courage et de l’efficacité dont ils font preuve en ce moment. En réalité, au niveau mondial, le salaire du personnel infirmier français vient au neuvième rang avec 6% de moins que le salaire moyen de la France : une honte ! Alors qu’en même temps, il pleut toujours où c’est mouillé puisque Amazone, Apple, et Microsoft ont vu leurs actions progresser ces dernières semaines et que les affaires reprennent pour Chanel, Saint-Laurent, Hermès, Burberry et LVMH, ce que l’Humanité du 16 avril confirme en signalant le départ de plusieurs cargos et gros-porteurs en direction de la Chine, en mal de luxe. Enfin, le 18 avril, au milieu de la nuit, une poignée de députés a voté le 2ème projet de loi de finance rectificative pour 2020 qui débloque 20 milliards € pour sauver les multinationales à la dérive, y compris les grands pollueurs, sans aucune contrepartie sociale ni écologique. Le jour d’avant continue.
Alors, le jour d’après c’est maintenant, non ? Puisque les sondages et les témoignages divers rejettent le système qui nous a conduit dans le mur mais qui palpite toujours comme des braises sous la cendre. Gardien fidèle du système le MEDEF veille et souffle sur ces braises en déclarant « il faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter en travaillant un peu plus la création de croissance supplémentaire ». J’en ai froid dans le dos puisque les ordonnances permettent de déroger au droit du travail en autorisant les salariés à travailler jusqu’à 60 heures par semaine. D’ailleurs, Bruno Retailleau, président des sénateurs LR, dans un entretien avec Libération se moque du monde en nous donnant une idée de son jour d’après, « Dire que la France souffre d’un excès de libéralisme, c’est une mauvaise plaisanterie ».

Non ce n’est pas une mauvaise plaisanterie ! Parlez-en aux gens qui chaque soir font le spectacle dans les rues de France, la mienne en particulier, des gens qui mettent le nez à la fenêtre, s’installent sur leur pas de porte pour applaudir, entrechoquer des casseroles, jouer d’un instrument de musique, chanter, pour remercier et soutenir ceux qui affrontent corps à corps le parasite, mais aussi pour signifier que jointe à la joie qui nous unit, la colère joue sa partition.

Paradoxalement, j’avoue que le confinement me donne l’impression d’un retour à la vie, avec un ciel bleu, bleu comme j’en avais oublié la teinte, avec un air sans vice, avec la disparition de la rumeur lancinante de la ville de Toulouse que remplace une caresse sonore où se mêle le murmure des insectes, le chant du vent dans les haies, les cris amusés des enfants dans le parc de l’immeuble voisin. Je dors mieux, mon corps se redresse et je reprends des forces. Oui, je sais ! Je profite d’une maison entourée d’un jardin, je circule dans un espace vital idéal pour ce genre de situation. C’est pour cette raison que je n’oublie pas tous ceux qui confinent dans un espace quasi carcéral et je me dis que ce virus creuse les inégalités par les ripostes que nous sommes inégalement en mesure de lui opposer.

C’est pourquoi, à ceux qui veulent considérer autrement les biens communs, qui veulent prendre soin d’eux-mêmes, prendre soin des autres, prendre soin de la terre, prendre soin de l’eau, prendre soin de l’air, je leur suggère de ne pas attendre et de tout mettre en œuvre pour faire écho à la Déclaration du Bureau International du Travail de mai 1944 à Philadelphie qui recommandait d’investir humainement dans la santé, l’éducation, la culture et la justice.

Tout en songeant à cet écho, je ne cesse de regarder la photo d’une scène de rue où l’improvisation invite le sublime puisque mon regard se sent dépassé. Je découvre une Vénus ou quelque chose d’approchant qui incarne la volonté du peuple à ne pas subir mais à participer pour décider.


Photo : Acte XVI le 2 mars 2019 à Nantes

Quel beau geste, emblématique d’une détermination contre laquelle nulle force brutale ne peut avoir la moindre prise. Deux mains plaquées sur le bouclier, arc-boutée, la femme déploie une puissance qui étonne, qui émerveille, qui me montre la voie. C’est une victorieuse à graver dans le marbre car tout le reste me semble petit. Ne la perdez pas de vue, voyez comme ce policier harnaché tel un robot, dressé pour effrayer et faire mal, ne sait plus où il se trouve, elle le met sur le reculoir, elle le diminue. Sa veste fait tache, une tache de terre fertile, grosse de germinations, où je recueille de l’ancrage. C’est une couleur douce, feutrée, non clinquante qui invite au bien-être.

Si j’ai parlé de sublime, c’est tout simplement parce mes mots s’épuisent et que je sens de la gêne, agréable cependant, puisque cet arrachement, s’il me semble impuissant, il est élevé. Oui, c’est ça, cette photo m’élève et me donne des raisons nouvelles afin de combattre et faire entendre les revendication d’un peuple capable de mettre en œuvre des gestes pareils, ici pour libérer la liberté qui manque aux femmes.

En cette période de pandémie une question majeure émerge : qu’est-ce-que c’est que la santé ? Oui Emmanuel Macron, cette question il faut bien « te » la poser un jour et ce jour est venu de nous parler à hauteur d’homme, les yeux dans les yeux, de ne pas parler au peuple, mais avec le peuple pour une autre manière de faire de la politique et de décider.

Cette photo a la puissance d’une volonté populaire pour que le présent du passé, la mémoire, ne nous échappe pas et soit au rendez-vous le jour d’après, afin que toute la fraternité et les engagements de ce présent imposent des jours heureux, dans le respect des propos de Pierre Mendès-France pour qui le progrès, « c’est la participation de plus en plus large de chacun à la détermination de son destin ».

Guy CHAPOUILLIÉ
En ces temps de confinement : "Merci à Dominique et Fanny".
23-04-2020

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