Une catastrophe enfantine annoncée

Le mardi 19 novembre 2013, l’Unicef France publiait les "résultats de sa Consultation nationale des 6-18 ans" qui "met en lumière que près d’un enfant sur cinq (17%) vit dans une situation d’intégration sociale précaire dont 7% sont déjà pris dans un processus de disqualification sociale".

"Disqualification sociale" ? Tout simplement la marque d’une lutte des classes particulièrement féroce... Regardons cela de plus près.

Le malheur que l’on voit fondre sur ces enfants de France correspond tout simplement à un effort réalisé, au plan européen, pour faire baisser sensiblement les coûts de production de la force de travail la plus ordinaire.

Voici comment s’en expliquait, il y a un peu plus de dix ans, le professeur danois GØsta Esping-Andersen de l’Université espagnole de Pompeu Fabra, dans un document (in "La protection sociale en Europe", La Documentation française 2001, page 75 et suivantes) que lui-même situait ainsi :
"Le présent texte est très largement repris du rapport soumis par l’auteur à la présidence portugaise de l’Union européenne."

Qu’on se le dise, prévenait-il,
"L’évolution des technologies, l’intensification de la mondialisation, ainsi que notre faculté d’adaptation, sont des questions centrales en termes de compétitivité, et c’est le secteur tertiaire qui sera déterminant en termes d’emploi." (Tous les soulignés sont de l’auteur du présent article)

Ainsi, c’est bien cruel, car :
"Même s’il apparaît évident que les tendances du marché du travail seront dominées par les services de haut niveau (high-end services), les nouveaux besoins familiaux et l’évolution vers le plein emploi rendent nécessaire le développement d’emplois de bas niveau et de faible productivité dans les services sociaux et les services aux personnes."

Or, les multinationales ont tout spécialement besoin de conquérir leur place dans le monde à coup de compétences, d’où la nécessité pour nous qui acceptons leur domination, de n’avoir pas froid aux yeux :
"Une économie fondée sur les compétences ne pourra qu’engendrer de nouvelles inégalités, et une économie de plein emploi tertiaire ne fera que renforcer celles-ci. Et si nous ne sommes pas disposés à accepter des "services de bas niveau", il sera alors difficile d’éviter le chômage de masse."

C’est à cet endroit que les familles du "bon peuple" de France ont explosé... Voilà. C’est fait. Mais comment cela s’est-il fait ?
"S’il n’est pas possible d’éliminer les faibles revenus, les emplois médiocres ou l’emploi précaire (qui pourraient même mériter d’être encouragés), la question est de savoir comment adoucir leurs effets sur le bien-être à court terme."

Le sens profond de la politique à appliquer aux populations les plus démunies de l’Europe se trouve évidemment dans la parenthèse...

Les messieurs du peuple étant maintenant assez largement disqualifiés ; les dames du peuple étant, elles-mêmes, désormais "libérées" d’une vraie vie de couple, le meilleur sort à souhaiter à tous ces enfants issus des foyers brisés sur l’autel d’une mise en concurrence instillée comme facteur essentiel de toute vie de couple (chez les bourgeois) est offert, au bon peuple, sous la forme suivante par M. Esping-Andersen :
"Pour tous les types de familles avec enfant - qu’il s’agisse de familles en couple ou monoparentales -, la meilleure garantie contre la pauvreté est, de loin, l’emploi de la mère."

Conséquemment, nous sentons pointer une extraordinaire possibilité de faire quelques économies sur les budgets sociaux de nos prétendues miséreuses démocraties. Dites-le nous, professeur :
"La question la plus urgente en matière de politique sociale n’est pas tant liée au maintien du revenu qu’aux services accordés aux mères qui travaillent."

C’est-à-dire qu’il faut "aider" les plus pauvres d’entre ces femmes à se libérer de l’élevage de leurs propres enfants pour qu’elles puissent consacrer leur temps, pour le prix le plus bas, à effectuer les tâches ménagères ou d’éducation pour le compte d’épouses plus haut placées dans l’échelle des revenus féminins... De vraies sœurs, évidemment.

Résultat plus qu’heureux pour l’avenir de l’Europe, selon le même sinistre personnage (2001) :
"Les taux de pauvreté des enfants sont en hausse, non seulement en raison de l’affaiblissement des structures familiales, mais aussi à cause de l’érosion du traditionnel salaire familial masculin. Il s’avère de plus en plus qu’un seul salaire n’est tout simplement plus suffisant pour sortir les familles d’un état de pauvreté."

Ce qu’il fallait obtenir.

Michel J. Cuny

 http://marxengelslenine.canalblog.com/archives/2013/11/23/28498073.html

COMMENTAIRES  

15/05/2014 12:39 par Tuxedo

« Les messieurs du peuple étant maintenant assez largement disqualifiés ; les dames du peuple étant, elles-mêmes, désormais "libérées" d’une vraie vie de couple »

Comme il serait préférable de travailler comme une esclave sans droits, sans compte bancaire à soi, sans la possibilité de travailler sans la permission de son mari, sans le droit de vote etc.
Même si les femmes sont exploitées par le travail salarié, payées toujours moins que les hommes alors même que le "salaire féminin" a été aboli dans la loi mais est toujours actif dans les faits, il vaut mieux pour les femmes être au bord de l’asphyxie financière plutôt qu’être les esclaves gratuites de leur mari "les messieurs du peuple" au sein d’une "vraie vie de couple" synonyme d’esclavage non rémunéré au service de leur mari (leur propriétaire légal). Afin d’élever les enfants de leur propriétaire et de lui laver ses chaussettes tout cela avec la menace que ce dernier au nom de la "puissance paternelle" garde les enfants si l’impudente décidait de le quitter pour se libérer de l’esclavage de la "vraie vie de couple"...

Amusant comme dans la bouche des hommes l’exploitation des femmes est le fait des autres femmes, les femmes pauvres sont exploitées par les bourgeoises ahahah, mais de qui font-elles le ménage et de qui torchent-elles les gosses les femmes pauvres si ce n’est celui et ceux des messieurs riches ?

Une étude de l’INSEE montre que dans les ménages les plus riches se sont les encore les femmes qui assument les tâches ménagères qui ne sont pas réalisées par les employées (et certainement pas par ces messieurs, les taches ménagères étant une caractéristique sexuelle féminine secondaire) et que c’est avec leur salaire à elle que les femmes pauvres sont payées... C’est à dire que les hommes exploitent leurs femmes qui sous traitent à d’autres femmes, mais en les payant cette fois-ci, elles !

Pourtant lorsque l’on demande leur avis aux femmes, sur qui les exploitent, les maltraitent et les viols, elles ne répondent jamais que ce sont les autres femmes ! Étonnant non ?

Alors que laissez les hommes discourir sur la situation des pauvres femmes ou des femmes pauvres et ils vous expliqueront que les "libérations" qu’elles ont arrachés au terme d’efforts et de luttes acharnées contre les hommes, ne sont pas des "libération" qu’elles étaient bien mieux lorsqu’elles étaient au service des hommes dans une "vraie vie de couple" et que maintenant, elles sont exploitées par les femmes riches, ces mauvaises femmes, autrement appelées "féministes bourgeoises" par ces messieurs qui détestent les femmes qui veulent se libérer du despotisme masculin.

Encore un article misogyne qui passe totalement à coté d’une véritable analyse économique et politique de l’exploitation de la classe des femmes par la classe des hommes en rendant le ridicule pourcentage de femmes bourgeoises responsable de la précarité économique des femmes des classes laborieuses. Alors même que ces "bourgeoises" sont elles même exploitées économiquement par leurs "bourgeois de mari". Et qu’au final, c’est donc bien ces messieurs les bourgeois qui bénéficient de la force de travail (torchage, élevage de leurs enfants) des femmes pauvres, payées par leurs épouses.

assez drôle
Les tâches ménagères aujourd’hui en france

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