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Vive l’ordre selon Sarkozy (et Delanoe ?).






16 décembre 2006


Voici le compte rendu des brutalités policières et des interpellations dont nous avons été victimes lors de l’inauguration du tramway parisien.

Notre crime : Avoir rappelé qu’Alstom construit un autre tramway...


Est-il encore permis de s’exprimer en France ?

Depuis plusieurs mois nous savions que la Mairie de Paris et le Conseil Régional Ile de France allaient inaugurer le tramway parisien construit par Alstom.

Le pôle Palestine, qui se réunit en région parisienne depuis juin 2006, a régulièrement mis ce point à l’ordre du jour. Occasion importante à ne pas laisser passer pour dénoncer la participation d’Alstom au tramway colonial de Jérusalem. En profitant de la présence des médias.

Agir tout en se démarquant clairement des opposants au tramway parisien.

Agir ensemble pour briser le silence complice des autorités françaises.

Un tract était tiré, des pancartes et une banderole confectionnées pour le jour de l’inauguration.


Porte de Versailles, 16 décembre 2006, 10 heures trente.

Il bruine sur Paris. Il y a foule sur les trottoirs. C’est aujourd’hui en effet qu’est inauguré le tramway parisien. Le voici qui arrive, glissant sur son tapis vert. Une banderole tente d’être déployée, des pancartes sont exhibées. Elles rappellent que la même société, Alstom, qui a produit ce bijou écologique est en train de construire, à des milliers de kilomètres de là , du côté de Jérusalem, un autre tramway. Deux réalisations identiques pour deux finalités opposées. A Paris, le tramway simplifie la ville, simplifie la vie. A Jérusalem, il traverse des terres palestiniennes pour relier Jérusalem Ouest à des colonies juives implantées en territoire occupé. Le but des autorités israéliennes n’est certes pas écologique. Il n’est pas de faciliter le transport des travailleurs. Elles veulent consacrer la « réunification » de Jérusalem et s’accaparer de nouvelles terres palestiniennes.

L’ensemble de la communauté internationale, y compris les alliés les plus fidèles d’Israël, reconnaît l’illégalité de l’annexion de la partie orientale de Jérusalem, l’illégalité des colonies. De plus, la loi internationale condamne toute personne physique ou morale qui, de quelque façon que ce soit, concourt à une entreprise délictueuse.

Alstom participe donc à un forfait. En connaissance de cause, elle construit des rames qui vont rouler sur des terres volées. En connaissance de cause, elle prend sa part dans l’entreprise de dépouillement à grande échelle du peuple palestinien.

En tant que citoyens, soutenus par nos organisations (AFPS, CCCIPPP, GUPS, UJFP, MRAP, ...) actives au sein du Collectif National pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, nous avons voulu saisir l’occasion de l’inauguration pour alerter nos compatriotes sur l’illégalité à laquelle accepte de se conformer une grande entreprise française.

Encore une fois, le droit est sans ambiguïté. Il condamne de tels agissements. Nous voulions faire entendre à nos concitoyens la voix du droit et de la justice. Nous voulions leur dire que tout n’est pas permis au nom du profit. Nos armes : une modeste banderole, quelques affiches figurant notamment le tracé du tramway incriminé, quelques feuillets d’explication et un dossier de presse.

Nous étions une quarantaine environ, sagement cantonnés sur le trottoir. Dès que nous avons déployé notre banderole, nous avons été chargés par les forces de l’ordre avec une brutalité stupéfiante, jetés à terre, bousculés sans ménagement, repoussés dans une rue adjacente, encerclés. Pour finir, vingt et un d’entre nous ont été poussés dans un fourgon de police avec plus ou moins de ménagement : mise à terre, immobilisation par pression du genou dans le dos ou carrément par étouffement. Passons sur la vulgarité et le tutoiement...

De nombreux caméramans, surpris par cet assaut, ont filmé la scène. Des journalistes ont interviewé des participants. Mais pour l’heure c’est le blackout. Rien ne filtre. Personne ne doit rien en savoir, rien ne s’est passé ...

Nous nous sommes ainsi retrouvés dans deux fourgons, le premier, presque exclusivement masculin, le second purement féminin. Dans une logique aux ressorts impénétrables, les deux fourgons ont convergé vers un car de police dans lequel nous avons fini par être rassemblés. La personne qui avait subi l’immobilisation par étouffement a demandé en vain des soins. Une autre personne, blessée à la main, s’est heurtée au même mépris. Après plusieurs contrôles d’identité, le car s’est ébranlé vers le Centre de Rétention de la Goutte d’Or. Encore un contrôle d’identité suivi d’une audition où chacun apprend qu’il a été interpellé pour participation à une « manifestation illicite », ce que, évidemment, nous récusons. Puis nous sommes rassemblés pendant une heure dans un réduit étroit où on éprouve beaucoup de mal à tenir tous debout. Enfin, on nous appelle nominativement les uns après les autres et c’est ainsi que nous retrouvons l’air du dehors : il est quinze heures.

La personne blessée à la main et le jeune homme à demi étranglé se sont immédiatement rendus à l’hôpital. La première en ressort avec un certificat d’incapacité de quinze jours.

Une remarque importante : certains policiers, en nous voyant débarquer au poste de la Goutte d’Or, semblaient réellement surpris. La majeure partie de la troupe était en effet constituée de gens d’un certain âge, des professeurs, des avocats. Ce n’était pas vraiment le style des « visiteurs » habituels.

Que l’on puisse réprimer, avec une telle violence, des gens dont le tort est de vouloir utiliser leur liberté d’expression pour défendre le droit et la justice, voilà qui en dit long sur la menace qui pèse sur les libertés fondamentales. C’est sans doute cela le plus inquiétant. Que l’on puisse faire vivre des heures aussi pénibles à des citoyens contre lesquels n’existe aucune charge, voilà qui doit nous rappeler que l’arbitraire est au coin de la rue. Voilà qui doit nous engager encore davantage à nous battre pour le droit, ici et ailleurs.

AFPS PARIS-CENTRE, le 16 décembre 2006.





Sans casque, ni bouclier : témoignage d’un ex-officier de police, par Regarde à vue.

Proposition de loi visant à encadrer la dispersion et les débordements lors des manifestations et attroupements, par M. Eric Raoult.




- Photo haut : Milos

- Photo bas : Anticipation ? par Maboko www.pbase.com/maboko

- Source : Photothèque du mouvement social
© Copyright 2004
www.phototheque.org


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