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Washington, les frasques d’un diplomate qatari grand ami de Valls

L’excellentissime Mohamed Jaham Al-Kuwari, l’ambassadeur de la dictature du Qatar en France pendant quatorze ans et le grand pote de Manuel Valls, a viré, dès son arrivée à Washington, une douzaine de diplomates. Ambiance

L’excellentissime Mohamed Jaham Al-Kuwari, ambassadeur de la dictature du Qatar en France pendant 14 ans -où il a pu décorer des plus hauts honneurs des hommes aussi intransigeants sur les principes que Plantu ou Jean Daniel- a quitté Paris à l’automne et les larmes aux yeux. Tout en emportant dans sa poche une liste de diplomates et hauts fonctionnaires français qu’il allait pouvoir fréquenter à Washington où l’appelait son nouveau poste de chancelier. Disons que les nouveaux amis de l’ancien proconsul de Doha à Paris ne sont pas déçus par la personnalité de leur tout frais collègue. Et même que ça rigole dans les couloirs feutrés de l’ambassade de France où Al-Kuwari a été recommandé par le Quai d’Orsay comme un frère à choyer.

Etrangleurs ottomans

Mais, même dans ce monde d’étrangleurs à gants de velours, les méthodes d’Al-Kawari font des étincelles. En un mois et demi, avec une brutalité qui choque jusqu’aux admirateurs du délicat George Bush, l’excellence a viré sans raisons douze collaborateurs de la représention qatarie. Dur dans un pays, les États-Unis, où on ne connait ni la charia ni l’ANPE. Les licenciements se font au compte goutte tel un supplice chinois, afin que chacun puisse longuement se questionner « à qui le tour ? ».

D’entrée, le petit proconsul a marqué le terrain de son arrogance. Ainsi, dès qu’il est annoncé, au loin, par les appels sur les portables, les employés doivent se planquer et laisser l’ascenseur au seul usage du maître. Cette volonté de faire disparaitre le bas peuple doit être inscrite dans les gênes des potentats qataris. Dans une résidence parisienne de l’ancien émir, on avait mis en place dans les couloirs des sortes de niches où les manants devaient se cacher à la vision du seigneur cheminant. Pire, que Dieu les pardonne, inspirés par le titre du livre « Le Vilain petit Qatar », des employés irrespectueux ne nomment plus notre ami Al-Kuwari que le « Vilain petit ». Que c’est moche.

L’axe Valls-Al-Kuwari

D’autant que l’excellence est un grand ami, et indéfectible du nouveau Premier ministre de la France, le mari de la violoniste. Peu de temps après sa nomination à Paris, au tournant du siècle, Al-Kawari, sentant du Clémenceau sous Manuel, a mis en bonne place le maire d’Évry sur sa liste d’amis à gâter. Quittant la place de l’Etoile, où il réside, le diplomate avait pris l’habitude régulière de mander le chauffeur de sa limousine de le conduire jusqu’à Évry pour y revisiter son éléphant. Un choix de promenade qui ne manquant pas de courage. Évry, une ville pleine d’Arabes et autres gens mal élevés, n’étant pas équipée, sur ses trottoirs, de distributeurs à caviar. Résultat de ce flirt idéologico-économique, en 2009 le député-maire socialiste est invité au Forum de l’Éducation et de la Culture à Doha, une pantalonnade dont le but, pour les qataris, n’est pas de mesurer le QI des ministres et députés français conviés, mais de s’attacher à long terme leurs bonnes grâces.

Fin décembre 2011, c’est un Valls tout excité qui, cette fois en tant que directeur de la campagne de Hollande, travaille pour établir un pont entre son champion et l’émir totalitaire de Doha. A l’hôtel Royal Monceau, propriété qatarie, Valls prend le café avec son ami l’ambassadeur. Finalement, en janvier 2012, dans le plus strict secret, Hollande rencontre « HBJ », Hamad Ben Jassim, le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Doha, l’homme le plus riche du monde. Le socialisme ayant la pureté du cristal, il est bien entendu que la conversation n’a pas porté sur un quelconque « sponsoring » qatari à la cause rose, mais uniquement sur l’avenir de la Corrèze. Et pendant longtemps Valls manifestera une inquiétude sur une éventuelle fuite à propos de ce rendez-vous, plus discret qu’une rencontre galante.

Puis, alors qu’il est devenu ministre de l’Intérieur, Al-Kawari va être un fidèle soutien d’un pan de la politique de Valls, celle des Cultes. L’argent du Qatar wahhabite, c’est-à-dire salafiste, va aider le gentil Manuel à tenir en main les musulmans. En finançant des mosquées, des centres culturels et autres université islamiques, l’ambassadeur assure une paix coranique au fils spirituel de Jaurès. Le Qatar vaut bien une prière et le ministre de l’Intérieur fait semblent d’ignorer que, dans son dos, Doha tente d’embrigader la jeunesse abandonnée de nos « quartiers ».

A l’automne 2013, lors de la cérémonie de départ du très regretté Mohamed Jaham Al-Kuwari, appelé donc à Washington, le ministre Valls est présent. La fête est œcuménique puisque deux autres anciens « Premier flic de France », Guéant et MAM, sont également présents. Valls, au moment des larmes d’adieu, y va de son couplet : « Nous voulons vous témoigner toute l’amitié que nous vous portons. Plus de dix ans passés en France, ce n’est pas rien Quand on connait votre talent, votre gentillesse, votre élégance, au service d’un partenariat stratégique. Nous savons tous ce que nous vous devons....Le Qatar est un ami de la France ».

A force de pratiquer -et donc de recevoir- le renvoi d’ascenseur, c’était fatal. La mémoire encore pleine de ses amis maintenant éloignés, c’est seul dans la cabine qu’Al-Kawari veut se remémorer ses chers compagnons de la confrérie Roux et Combaluzier.

Jacques-Marie Bourget

Source : http://mondafrique.com/lire/bakchich/2014/04/10/washington-les-frasque...

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