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Zeribi sur Mélenchon : l’ignominie du traitre.

De petit gars des banlieues d'Avignon et de gauche, après avoir parcouru tous les sentiers du pouvoir, c'est un Karim Zéribi maintenant "En Marche" – et mis en examen pour des carambouilles marseillaises – qui, sur "CNews", la télé de Bolloré, est convoqué pour flinguer Mélenchon. Vomissons.

Ma zapette est si étroite, et peu claire genre tableau de bord d’un Airbus, qu’hier soir mon doigt a dérapé sur CNEWS. Le matin ce genre de fausse route peut être tragique. Nous tombons alors sur un ancien employé du FC Nantes, un club de foot, sur un certain Praud qui est à la vérité ce que la musique militaire est à la symphonie. Le soir ce n’est pas mieux puisque je me suis fracassé sur un pilier de la Sarkozy : Laurence Ferrari. Passons, si je puis dire, sur la blonde pour en venir au fait. Sur son plateau, du genre room service des établissements Macron, hurlait un type que j’ai d’abord pris pour un sosie de Karim Zéribi. Mais c’était lui. Le sujet du « débat » portait sur le passage en correctionnelle du grand délinquant Mélenchon. Capable de mettre au tapis un procureur et des flics de ses simples postillons (ce qui prouve qu’on pourrait les vendre à l’Arabie Saoudite comme arme de destruction massive).

Paralysé, je n’ai pas noté les paroles de Zéribi, ce Saint-Jean-Bouche-du-Rhône d’or. Mais il y allait au bazooka. Lui et la clique invitée de Laurence Ferrari, navigant politiquement entre la droite et l’extrême droite, ce qui est un indice d’équilibre, constituaient un peloton d’exécution, genre Goya et « Tres de mayo ». Mort le Jean-Luc Mélenchon. Enterré vivant. Aucun châtiment ne sera assez cruel pour cet Insoumis, injure vivante et cracheur à la gueule de la démocratie. Vincent Bolloré a ce soir-là un bon retour sur investissement.

Ce qui me fascine dans ce « journalisme » de comédie c’est Zéribi. Car je l’ai bien connu le petit jeune homme d’Avignon devenu un Rastignac de la honte. Il était alors de gauche, voulait sauver les banlieues. Mais, en attendant, jouait les cégétistes à la SNCF. En 1998, lassé des trains qui arrivent toujours à l’heure, notre Karim contacte Jean-Pierre Chevènement alors ministre de l’Intérieur : « Moi je peux vous retirer du pied l’épine des banlieues... ». Le « Che », dont le meilleur acte politique fût de démissionner pendant la « Guerre du Golfe », engage le cheminot comme tender beur. Entre 2000 et 2002, il devient chef de la mission sur les « politiques de recrutement » à la direction de l’administration de la Police nationale. Mieux qu’un pompier, ou qu’une grenouille de météo, Zéribi sait grimper aux échelles du pouvoir.

Mais le linéaire, la platitude du rail, lui sert encore à avancer. Entre 2002 et 2006 la SNCF lui confie la responsabilité de « Chef du pôle formation », chargé de « l’égalité des chances ». Tous les hommes sont ego, et Karim plus que d’autres. Devenu indispensable il garde son poste de triage sous Gallois, Idrac et Pépy. Mais s’ennuie un peu, lui qui mène un train d’enfer. Il se colle donc à la politique. A Marseille, il devient le porte-parole de l’admirable Jean-Noël Guérini et, en 2008, est élu conseiller municipal.

La suite, c’est la présidence du Conseil d’administration de la Régie des transports de Marseille. Puis un titre de député européen. Pas mal. Pourvu que ça dure. Mais ça va pourtant dégringoler. En dépit de son nouvel élan du cœur pour les « Verts ». Et la faute à un maudit juge qui, après perquisition de son ancien local de campagne, le met en examen, en avril 2015. Le tout pour « détournement de fonds publics » et « abus de confiance ». Le magistrat vise deux associations fondées par Zéribi, chargées de la « promotion de la diversité ». Les oracles du Monde écrivent alors que Monsieur Zéribi est soupçonné d’avoir « détourné 50 000 euros de subventions » Et, en janvier 2018, le parquet de Marseille requiert le renvoi de ce Karim, un innocent, en correctionnelle.

Faut-il ajouter qu’en tant qu’expert des trains et de ce qui roule, Zéribi est en 2017 devenu un homme « En Marche » ?Macron est son modèle. « Marcheur », mais avec beaucoup de loisirs, Zéribi peut ratisser les plateaux de télévision. Partout où s’exprime la plus grande vulgarité : « Les Grandes Gueules », « Super Moscato Show », et le si subtil « Balance ton post » d’Hanouna.

Mais, nous l’avons vu avec Laurence Ferrari et « CNEWS », quand on a besoin d’un chef de peloton d’exécution on peut convoquer le centurion Zéribi. Rien de mieux qu’un mis en examen pour nous parler de la justice. Vas-y Karim la « République en marche » saura peut-être atténuer ton sort ; dans cet univers où les juges sont indépendants. Surtout quand ils cuisinent du Mélenchon. Zéribi tu me fais honte. Parce que plusieurs fois je t’ai serré la main. Entre Hanouna et Moscato, si tu as un moment de libre je te conseille de lire un bon livre de Pierre Bourdieu : Trois études d’ethnologie kabyle ». On y parle d’honneur.

Jacques-Marie BOURGET

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