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Le maccarthysme newlook et les nouvelles chasses aux sorcières

Dans sa mort, comme de son vivant, Stéphane Hessel reste hors de portée des menaces du CRIF de « déconstruire » sa vie et son aura. La charge de Pasquier a été lourde dès la formulation de l’idée de transfert au Panthéon de la dépouille du vieux résistant. La panique suinte de la « littérature » de Pasquier. Jugez-en : « Nous ne pensons pas que la mise au pavois de Stéphane Hessel, malgré ses accommodements avec la vérité historique et sa faiblesse argumentative, en dit beaucoup sur le désarroi intellectuel de notre société et sur le rôle aberrant qu’y joue le marketing des individus qu’on transforme à bas prix en luminaires idéologiques. Stéphane Hessel fut avant tout un maître à ne pas penser. » Pasquier veut s’en prendre au « désarroi intellectuel » et promet la traque aux « accommodements ».

Chacun peut deviner les difficultés supplémentaires de Pasquier de s’attaquer à un Hessel transféré au Panthéon et son affolement devant cette consécration pour un homme déjà immense par ses engagements. Hessel était déjà plutôt insupportable à beaucoup pour sa contribution à un modèle social français qui, par un compromis historique, faisait échec en 1945 au modèle anglo-saxon du capitalisme.

Malgré son annulation sur demande du CRIF, Pasquier n’a pas avalé le projet de débat, en 2011 à l’ENS de Paris, entre Hessel et la Palestinienne Leïla Shahid sur la question du boycott des produits israéliens. Ce débat aurait cassé la vision binaire qu’on veut nous imposer d’un monde livré à une guerre sans merci entre axe du Mal et axe du Bien. Toute pensée qui s’écarte de l’oukase est un soutien au terrorisme, à la dictature, à la barbarie, etc. Pasquier ne s’est pas attaqué à une seule idée de Hessel, mais à sa personne-même, renouvelant la vieille technique fasciste et sioniste de l’intimidation, de la menace et de l’amalgame entre vie privée et vie publique qui ferait hésiter les plus courageux de se sentir ainsi exposés.

Hessel, là où il est, doit en rire. On peut parier que les menaces n’ont jamais dû le faire trembler. De fait, la menace vise ceux qui auront trop l’envie de s’appuyer sur sa personnalité et sur ses engagements pour contrevenir à l’ordre idéologique que le CRIF a imposé à la France. Le sort fait à l’Abbé Pierre revient spontanément à l’esprit. Le vieillard, brisé malgré son immense aura, obligé (par ses proches soucieux de « respectabilité médiatique » et de garantir les rentrées d’argent nécessaires à la survie d’Emmaüs ?) de s’excuser publiquement, puis exécuté socialement et politiquement. Le style de vie de Hessel, son bilan personnel, le registre de ses engagements le mettaient hors de portée de ce type de menace. Mais pour toute personnalité, dont le métier, les revenus, la carrière ou la vocation dépendent de sa visibilité et de la qualité de ses relations publiques, une telle menace recèle un vrai danger de mise à mort sociale dans un pays et une société rendus incapables de protéger ses propres repères du calibre de l’Abbé Pierre, qui a su si bien conforter l’image d’une France généreuse et fraternelle, et finalement abandonné aux loups dans l’ingratitude générale. Tout le monde connaît les autres réussites de ce tribunal sans règles et sans codes qui scanne en permanence la vie intellectuelle française pour y interdire toute parole contraire aux intérêts d’Israël et, partant, de l’ensemble du bloc occidental tel qu’il s’est configuré dans l’ultralibéralisme sous la direction unipolaire US. Comment ne pas penser au maccarthysme et à la chasse aux sorcières quand la commission des activités antiaméricaines allait chercher le communiste sous les prétextes les plus extravagants et dans les activités les moins politiques ?

Bien sûr, la commission s’intéressait prioritairement aux intellectuels, artistes, écrivains, cinéastes, poètes, c’est-à -dire toutes fonctions de médiation sociale, de représentation du monde et de formation d’une opinion publique. La commission avait pour principe de soupçonner les gens et d’aller chercher leurs aveux tout à fait comme l’Inquisition.

Et comme sous l’Inquisition, il fallait, pour échapper aux soupçons, constamment montrer patte blanche et rejoindre la horde zélée des délateurs. Dans le maccarthysme n’importe quelle dénonciation anonyme entraînait l’enfer des enquêtes et des interrogatoires. Depuis, l’inquisition moderne s’est démocratisée. Le délateur devient lui-même le tribunal et il suffit qu’il vous accuse d’être du côté du dictateur Kadhafi ou Assad, ou Chavez pour vous basculer dans la géhenne. Les fascismes naissent ainsi. Leurs fossoyeurs aussi.

Mohamed Bouhamidi

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