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Réincarner la lutte

Les images du président Macron massivement hué, sifflé comme jamais, à la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby le 8 septembre dernier, ont ceci d’édifiant qu’elles révèlent sans détour l’absurdité d’un système dit « démocratique », où le peuple est tenu de subir un pouvoir manifestement illégitime sous le prétexte médiatique que son représentant aurait été « (ré)élu ». Par qui et comment, le mystère demeure.

Souvenons-nous : le 12 mars 2020, Monsieur Macron annonçait l’arrêt de nos libertés fondamentales de circulation et de réunion avec la condamnation d’une population entière à l’assignation à résidence du fait de la circulation d’un virus respiratoire méconnu, stoppant net le mouvement épidémique des Gilets jaunes à qui on interdisait alors la rue.

De la punition collective à la répression ciblée pour délit d’opinion, le peuple de France goûtait plus encore aux plaisirs totalitaires d’un régime que seul le privilège historique du « progrès » sépare de la république bananière. Au nom de la santé d’État, c’est l’idéologie sécuritaire du risque zéro qui devait prévaloir, écrasant au passage toute exigence critique en faveur de la dignité humaine : le monde était masqué, confiné, piqué, ridiculement soumis à ses maîtres sorciers.

Si le smartphone est l’opium du peuple — accaparant les mains et l’attention dès le plus jeune âge —, cette période de crise liberticide aura permis à nos gouvernants de s’assurer une virtualisation accélérée du monde et des rapports humains, où le télétravail devenait la norme, et le télécombat une triste fatalité pour les résistants en gilet jaune, précipités dans une société nouvelle : celle de l’hypercontrôle et de l’omnisurveillance.

Ce que redoute avant tout cette autorité-là, c’est l’indépendance de ses administrés. L’indépendance productive des artisans et petits entrepreneurs, que les multiples taxes et confinements successifs ont dû achever ; et l’indépendance de pensée, que les médias colonisés — promoteurs de la bêtise marchande et de la médiocrité culturelle — finiraient par criminaliser.

L’impressionnante mobilisation des gens — et notamment des étudiants — contre la réforme des retraites l’hiver dernier, nous rassure quant à l’échec des diverses tentatives de manipulation de cette technocratie tyrannique en place, car elle nous ramène à la nature profonde de l’homme : le besoin de contact et le désir de justice.

Ces deux ferments insurrectionnels, qui témoignent formidablement de la dévirtualisation dissidente et de la réincarnation spontanée du combat — par son lot de manifestations sauvages et ses réussites d’autogestion — ne sont cependant pas suffisants : il leur manque le sens. Le sens à donner au cortège.

Lutter, c’est viser juste, et commencer par déboulonner les symboles. Investir les lieux de pouvoir et de désinformation. Sortir des défilés scolaires et des itinéraires tracés, comme l’ont fait les Gilets jaunes authentiques. Les idées nous entraînent mais ne détrôneront jamais les hommes aux commandes ; des milliers de bras, oui. Et si le corps policier doit servir de rempart au désordre, il cédera autant par les lois de Newton que devant la détermination pacifique d’un peuple dont il fait secrètement partie.

La solution est sans doute là, naïve et triviale : le nombre. Le nombre face à la petite machine corruptrice du pouvoir. Celui qui fait trembler le roi imposteur et ses courtisans. Mais il nécessite de repasser définitivement, courageusement, du distanciel au présentiel — soit du numérique virtuel au numérique réel, en bravant toute loi d’exception scélérate, y compris celle de l’« état d’urgence »...

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