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Comment la CIA pénètre nos médias.

Est-il permis, sans se voir clouer au pilori des « conspirationnistes », de dire que les consommateurs de la « grande » presse française devraient réfléchir à ce qu’ils vont lire ici ?

Que sait-on (de sources sûres) de l’infiltration de nos médias par la CIA ?

Prenons le cas d’une richissime ONG que j’ai étudiée de près depuis quelques années et qui inonde les médias français d’un millier de communiqués par an, informations qui seront reprises, souvent sous forme de coupé-collé. Ainsi va se façonner l’opinion française, rendue méfiante à l’égard des pays dont les choix politico-économiques dérangent l’Oncle Sam.

Mais d’abord, laissons la parole à des témoins peu suspects d’imprégnation marxiste :

« La CIA contrôle tous ceux qui ont une importance dans les principaux médias. »
William Colby, ancien directeur de la CIA.

« On trouvait des journalistes pour moins cher qu’une bonne call-girl, pour deux cents dollars par mois. »
Un agent de la CIA, sur le recours aux journalistes pour propager des articles de la CIA.
« Katherine The Great », de Deborah Davis, Sheridan Square Press, 1991.

« Les Etats-Unis et l’Union européenne contrôlent 90% de l’information de la planète ; sur les 300 principales agences de presse, 144 ont leur siège aux Etats-Unis, 80 en Europe, et 49 au Japon. Les pays pauvres, où vit 75% de l’humanité, possèdent 30% des journaux du monde. »
Ana Delicado (journaliste), « Les médias racontent un seul monde, sans le Sud ». In : Agence internationale d’informations Argos, 28 novembre 2004.

Et enfin un mot du journaliste New Yorkais John Swinton qui, le 25 septembre 1880, refusa de porter un toast à la liberté de la presse et s’en expliqua ainsi :

« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! » (Cité dans : « Labor’s Untold Story », de Richard O. Boyer and Herbert M.Morais, NY, 1955/1979).

L’ONG que j’ai étudiée s’appelle Reporters sans frontières. Peut-on mesurer son indépendance à l’égard des USA et des entreprises états-uniennes chargées d’intoxiquer l’opinion mondiale ? Voici quelques éléments qui conduisent à répondre par l’affirmative.

Au moment où cet article est rédigé (30 août 2009), les comptes de RSF pour l’année 2008 ne sont toujours pas connus, en violation de la loi relative aux organisations reconnues d’utilité publique. Cependant, deux rubriques du site Internet de RSF sont intéressantes. L’une est intitulée « Comptes 2007 » et la seconde « Agir avec nous ».

Dans la première, nous lisons : « Les entreprises qui aident Reporters sans frontières sont principalement Sanofi aventis et la CFAO, tandis que la liste des fondations privées contient la Fondation Soros, le Center for a Free Cuba, la National Endowment for Democracy, le Sigrid Rausing Trust, la Overbrook Foundation et la Fondation de France ».

Dans la seconde, à la sous-rubrique : « Les entreprises partenaires des actions et des campagnes de Reporters sans frontières » et dans le chapitre « Les Fondations », nous trouvons : La Fondation Ford, la National Endowment for Democracy (NED), l’Open Society Institute et enfin Sigrid Rausing Trust sur laquelle on est mal renseignés (appel aux lecteurs futés !) mais dont RSF nous dit qu’elle « soutient les activités de Reporters sans frontières pour défendre la liberté de la presse et faire reculer la censure au Maghreb, au Moyen-Orient et en Iran ». Pas en Colombie, au Mexique ou au Pérou, les potes des USA, donc.

Regardons ensemble ce que sont les sponsors étrangers de RSF :

La fondation Soros,
Le Center for a free Cuba (CFC),
L’Open Society Institute (de Soros, cité plus haut),
L’overbrook Foundation,
La National Endowment for democracy (NED),
La Fondation Ford.

Pour faire court, je renvoie le lecteur au livre « Les Etats-Unis de mal empire » (Danielle Bleitrach, Viktor Dedaj, Maxime Vivas) et à mon livre « La face cachée de reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone » (les deux sont publiés par Aden Editions) pour ce qui est de la NED et du CFC. Les liens quasi-directs de la NED avec la CIA y sont irréfutablement démontrés, voire confessés par des responsables de ce sponsor. Le CFC a pour mission de renverser le gouvernement cubain.

Voyons les autres, dont on a peu parlé à ce jour :

Soros et son Open Society Institute.

George Soros est partenaire du célèbre Carlyle Group, nid de Républicains et d’anciens membres de la CIA, dont l’un, Frank Carlucci, en fut le sous-directeur. Soros a sauvé George W. Bush de la faillite quand ce dernier dirigeait une société de prospection pétrolière. On ne compte plus les pays où l’Open Society Institute est intervenue (avec succès), en Amérique latine et en Europe de l’Est, pour favoriser la mise en place des dirigeants pro-états-uniens.

L’overbrook Foundation

Pendant la guerre froide, pour contenir l’influence des Soviétiques, la CIA avait créé Radio Free Europe qui émettait en direction des pays de l’Est.

Parmi les promoteurs de cette radio, on trouvait un certain Frank Altschul.

Parallèlement, afin de préparer son opinion publique à une éventuelle intervention contre le bloc socialiste européen, l’Administration états-unienne avait organisé une opération d’intoxication médiatique sur son propre territoire. Une organisation prétendument formée de citoyens apolitiques (The Committee on the Present Danger) fut créée à cet effet.

Parmi ses principaux animateurs, figuraient Frank Altschul et William J. Donovan.

Qui est William J. Donovan ? Un officier états-unien qui, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, avait fondé l’OSS (Office of Strategic Services) l’ancêtre de la CIA (Central Intelligence Agency). Pendant la guerre, il dirigea les services secrets US.

L’OSS forma les futurs directeurs de la CIA. Parmi eux : William Casey. C’est sur recommandation de ce William Casey que la NED a été fondée par l’Administration Reagan au début des années 1980.

Mais revenons un instant sur ce Frank Altschul qui travailla à Radio Free Europe pour la CIA avec William Donovan, futur chef des services secrets US et fondateur de l’OSS, l’ancêtre de cette CIA dont un directeur fut William Casey, instigateur de la NED, paravent de la CIA. Frank Altschul est aussi le fondateur d’« Overbrook Fondation », ce nouveau sponsor de RSF.

La Fondation Ford.

Le 20, puis le 25 août 2006, j’adressai à Robert Ménard, deux mails dans lesquels je l’invitais à souscrire à ses obligations légales en répondant à un certain nombre de mes questions. Par exemple, je demandais si, outre la NED dont les subventions sont affichées et le CFC (dont les subventions ont été cachées plusieurs années) RSF avait d’autres sponsors US. Ménard me fit répondre par Jean-François Julliard, aujourd’hui patron de RSF : « … nous avons fait une demande auprès de la Fondation Ford qui a été refusée. Par ailleurs, nous avons reçu pour l’année 2006 une dotation de 30 000 dollars de la Fondation Overbrook (première dotation). Et en 2003 de la Fondation Real Networks (26 000 euros, dotation qui n’a pas été renouvelée). C’est tout pour les Etats-Unis ».

On voit aujourd’hui que la demande à la Fondation Ford a été renouvelée avec succès et ce, après la publication de mon livre, lu attentivement à RSF (Robert Ménard le critique à trois reprises dans son livre « Des libertés et autres chinoiseries » (Robert Laffont)). Or, que révélais-je dans mon livre ? Ceci que j’ai cueilli sous la plume d’Alain-Gérard Slama dans le mensuel « Lire » de mai 1995 : «  Raymond Aron raconte, dans ses Mémoires, son embarras lorsqu’il découvrit, à la fin des années 60, que le Congrès pour la liberté de la culture, officiellement financé par la fondation Ford et par quelques crédits européens, et dont il était un des phares, était soutenu, en coulisse, par la CIA. Pour un mouvement international censé réunir, en totale indépendance, la fleur de l’intelligence occidentale contre le stalinisme, et dont les revues Liberté de l’esprit et surtout Preuves, furent, en France, le bras séculier, on se serait passé de la caution. »

Presque cinquante ans plus tard, et alors qu’il n’est plus possible d’être trompé, RSF recherche à deux reprises cette caution et finit par l’obtenir.

Le 6 avril 2006, en réponse à une interview que j’avais donnée la veille au quotidien Métro, RSF nia toutes les subventions états-uniennes (qui étaient pourtant affichées sur son site) et me menaça d’un procès. Pourquoi le fit-elle si ces sponsors étaient avouables ?

Mon lecteur en aurait-il une petite idée ?

Maxime Vivas.

PS. Les informations ci-dessus (dûment vérifiées) sont en partie puisées dans les deux ouvrages cités publiés par Aden Editions.

COMMENTAIRES  

31/08/2009 11:05 par Valdimir Marciac

Les comptes 2007 de RSF ont été publiés en juin 2008. C’est vrai que septembre 2009 arrive et que le citoyen (contribuable, donc sponsor de RSF) n’a plus de chiffres depuis.

Il était permis de penser que RSF, avec le départ de Ménard, allait tenter de se refaire une virginité en renonçant aux dollars controversés de la NED et du CFC. Or, on remarque qu’avec le nouveau secrétaire de l’ONG, Jean-François Julliard, de nouveaux sponsors qui fleurent bon la CIA sont arrivés.

RSF, L’ARC, l’Arche...

31/08/2009 11:22 par Viktor Dedaj

C’est vrai qu’on passe notre temps à dénoncer telle ou telle infiltration dans d’autres pays, mais dés qu’il s’agit de la France, tel le fameux nuage de Tchernobyl, la réaction c’est "ah ben, non, pas chez nous, voyons".

Ben voyons, justement.

31/08/2009 11:31 par Gerardo montero

RSF était dirigée par un bonimenteur qui aurait excellé dans la vente de cravates dans un parapluie retourné sur les Grands Boulevards. Il avait la tchatche, l’absence de complexe, la passion d’emberlificoter le chaland.

Ce qui est décevant (?!) c’est que son jeune successeur, manifestement plus intelligent, se coule pourtant dans la médiocrité de Ménard, adopte sa hargne envers les petits pays et sa complaisance envers les puissants.

Il suffit de regarder la première page du site de RSF pour y voir dégouliner une haine visqueuse. Là où une ONG déplorerait des manquements à la liberté en analysant le problème dans son contexte, RSF affiche les photos des méchants (« wanted, mort ou vif »), cloue au pilori, use de qualificatifs extrêmes (« prédateurs) dont elle s’abstient quand, par exemple, l’armée US tire sur les sièges des journaliste en Irak ou en Yougoslavie.

Aucune des subventions venant des officines US n’est versée sans engagement de rendre un service en réciprocité. L’engagement est soit écrit, soit moral. Pourquoi alors se soumettre à ces officines et en solliciter de nouvelles ?

RSF est un chasseur de primes. RSF a beaucoup d’argent et ne changera pas tant qu’il en sera ainsi.

31/08/2009 13:22 par Camille Loty Malebranche

La Vérité spirituelle est trop importante dans le destin éternel de l’homme pour être abandonnée aux prêtres. La vérité de la condition socio-économique et politique des nations, est chose trop sérieuse pour qu’on l’abandonne à des officiels, des rentiers, des salariés, des journalistes.

C’est une Responsabilité Humaine que de trouver la Vérité métaphysique et c’est une Tâche Citoyenne que de chercher la vérité étatico-sociale qui détermine la condition dudit citoyen.

31/08/2009 19:46 par Serge Charbonneau

Très bon article, bien structuré, bien documenté. Un excellent travail journalistique. Un article qui, comme plusieurs, devrait être lu par « le grand public ».

On constate tous les jours ce que cet article révèle et décrit. Malgré cela, la manipulation médiatique est toujours aussi puissante. Il faut conjuguer nos efforts pour éveiller les masses populaires à cet état de fait.

La conscientisation, la politisation sont des objectifs primordiaux pour maintenir la qualité de notre démocratie (ou de ce qu’il en reste).

Merci Monsieur Vivas.

Serge Charbonneau
Québec

01/09/2009 16:35 par Ben

Sigrid Rausing Trust est toujours associée avec open society dans le financement des organismes comme International Crisis Group qui fait du lobbing auprès des gouvernements en utilisant les médias pour promouvoir son point de vue sur les conflits.

Le point de vue concernant le conflit israélo palestinien après le massacre de gaza est ici :

http://www.newstatesman.com/middle-east/2009/04/israel-ghetto-palestinian-anti

en bref, pas de paix tant que les palestiniens et les arabes ne renoncent pas à l’antisémitisme.

Concernant d’autres usjets les contributions sont ici
http://www.newstatesman.com/writers/sigrid_rausing

Je n’ai pas tout lu mais concernant la russie par exemple c’est le point de vue dominant dans les médias

rien de spécial

02/09/2009 07:37 par maxime vivas

Sigrid Rausing Trust est toujours associée avec open society dans le financement des organismes comme International Crisis Group qui fait du lobbing auprès des gouvernements en utilisant les médias pour promouvoir son point de vue sur les conflits

.

Merci Ben pour ces informations. Il en sera fait bon usage. Une fois de plus, apparaissent les liens entre tous les sponsors de RSF.
Que sait-on de "International Crisis Group" à part qu’il fait du lobbying ?

02/09/2009 11:11 par Ben

Que sait-on de "International Crisis Group" à part qu’il fait du lobbying ?

International Crisis Group est une ONG fondée en 1994 par George Soros (tout finalement converge).

Selon le réseau voltaire L’International Crisis Group (ICG) a été créé en 1994 comme organisation diplomatique non-gouvernementale, sous la présidence du sénateur démocrate George Mitchell (qui donna son nom au rapport du même nom sur la question israélo-palestinienne). D’abord actif au Burundi, au Nigéria et au Sierra-Leone, l’ICG s’est rapproché de l’OTAN à propos de la Yougoslavie. Il est aujourd’hui présidé par Martti Ahtisaari, l’ancien président finlandais qui fit mine de négocier avec Milosevic pour empêcher la guerre. Son conseil d’administration ressemble à un bottin de personnalités atlantistes. Aux côtés des anciens conseillers nationaux de sécurité Richard Allen et Zbigniew Brzezinski, on trouve le prince koweïtien Saud Nasir Al-Sabah, l’ancien procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie Louise Arbour, ou l’ancien commandeur suprême de l’OTAN pendant la guerre de Yougoslavie le général Wesley Clark. Quelques relations financières comme l’ex-président philippin Fidel Ramos ou l’oligarque russe Michail Khodorkovsky, tous membres du Carlyle Group. Figurent aussi des personnalités françaises : Simone Veil, présidente du mémorial de la Shoah, et la journaliste Christine Ockrent, épouse de l’ex-gouverneur du Kosovo Bernard Kouchner.

02/09/2009 16:26 par maxime vivas

Christine Ockrent est également membre du Conseil d’Administration de RSF. Son époux, Bernard Kouchner, est à l’origine de la honteuse décoration de Robert Ménard (Légion d’Honneur). Décoration dont Ménard avoue naïvement qu’elle ne lui fut pas accordée sans réticence : "... C’est Bernard Kouchner qui a proposé mon nom. Il a même dû insister me racontera-t-il." ("Des liberté et autres chinoiseries" ed. Robert Laffont, 2008, page 28).

On voit comment se dessine un cercle peu vertueux.

03/09/2009 11:45 par Ben

Quand on pousse les recherches sur les organismes et les personnes cités, on découvre Soros au centre de l’échiquier dont le nom revient constamment. Simultanément actif dans de nombreux changements de régime, il est accusé d’être un paravent de la CIA (la littérature dans ce sens abonde).

03/09/2009 20:31 par Anonyme

Le terme de conspirationnisme est employé à toutes les sauces pour tenter de décridibiliser les opinions dissidentes contraires aux vérités absolues véhiculées par les médias dominants.

07/09/2009 09:12 par Anonyme

Encore une preuve écrite que tous ces organismes gauchisants ne pourraient exister sans les financements états-uniens.

15/09/2009 10:32 par zenbreko

c’est parceque j’ai raté de commenter l’article ""attac par elle meme"" que je ne souhaite pas non plus raté l’occasion de faire un petit commentaire sur celui là qui d’ailleurs ne me semble pas tres eloigné et indifferent a ce qui est arrivé a attac.Voila, tout le monde parle de fraude a l’élection interne de l’association ????,pour moi si les beaucoup de monde a quitter attac c’est parceque tout le monde a remarquer l’acharnement des economistes autoproclamés ""scientifiques"" a vouloir detruire la theorie marxiste et tenter de nous convaincre que staline et hitler c’est la meme chose !!! En plus ce qui s’est passé
comme par hasard a la veille de l’etablissement d’un bilan sur les dix années d’existences qui est là aussi il ne faut pas etre hypocrite pour rappeller q’elle n’ont servis a rien si ce n’est q’a consolider l’oligarchie financiere et sa politique.Et enfin pour une armada d’economistes scientifiques là aussi je defirais n’importe lequel d’entre
eux de me montré un ecrit quelquonque prevoyant l’imminence
du krachs financier actuel.

11/02/2015 00:05 par Tanguy

Et nous avons maintenant Udo Ulfkotte, du allgemeine zeitung (journal "de référence" allemand) qui assure avoir été appointé par la CIA. Il dit aussi que c’est le cas dans de nombreuses rédactions.

Il parlerait car il a peur de la grande guerre qui s’annonce et dont il refuse d’être un des propagandiste.... Son discours est à écouter !

https://www.google.be/search?q=allgemeine+zeitung&ie=utf-8&oe=utf-8&gws_rd=cr&ei=u43aVK8clfVq7v2CgAc#q=allgemeine+zeitung+cia&tbm=vid

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