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La gauche latino-américaine et la Libye, pour s’y retrouver...

Par Antoine (Montpellier)

Jean Bricmont s’emballe contre la gauche radicale européenne qui, selon lui, ferait mieux de balayer devant sa porte, autrement dit, de se préoccuper de sa supposée impuissance avant de faire la leçon aux gouvernements latinoaméricains, spécialement à celui de Hugo Chavez, sur les évènements de Libye. On passera sur la légèreté de l’argument d’autorité utilisé : ceux qui ne sont pas au pouvoir (la gauche radicale d’Europe) n’auraient pas grande légitimité à critiquer ceux qui y sont (les gouvernements progressistes d’Amérique Latine). Avec un tel argument qui présuppose que l’accès au pouvoir, y compris porté par un peuple, est une garantie de justesse politique, une certaine gauche intellectuelle réamorce les scandaleux réflexes d’alignement des "compagnons de route" sur l’Etat "socialiste" à l’époque du stalinisme. Etant entendu que je ne suis pas en train d’"aligner" Hugo Chavez sur Staline, je mets en garde simplement contre le simplisme politique qui dévalorise les pensées critiques au profit des pensées d’Etat, aussi progressistes qu’elles soient par ailleurs.

Et, sur la Libye, la critique de la position de Chavez, comme de celles d’autres dirigeants progressistes, n’a pas à subir les sarcasmes et l’ironie pataude que lui assène Bricmont avec, par ailleurs, un recours à des amalgames. Puisqu’il raille en particulier la position des trotskistes, de la LCR belge en particulier, on lui rappellera que, contrairement à ses généralisations abusives, ces camarades dénoncent l’idée d’une intervention militaire impérialiste en Libye, qu’ils se battent pour l’ouverture des frontières aux immigrés, y compris libyens, et qu’ils n’ont pas attendu Bricmont pour se frotter à la politique concrète à l’intérieur de l’Europe impérialiste et contre elle. Qu’ils ne soient pas parvenus à mettre en branle un processus révolutionnaire ne peut apparaître comme une tare qu’à un esprit pressé et paresseux dans l’approche des difficultés de la lutte des classes : dans les années 50 ou 60 Bricmont se serait-il moqué de l’impuissance des révolutionnaires venezueliens à mettre à bas l’Etat capitaliste proimpérialiste de leur pays ? Au nom par exemple de la défense des "justes" positions de l’Etat socialiste de l’Union soviétique que certains de ces révolutionnaires critiquaient ?

L’invitation condescendante de Bricmont à la gauche radicale européenne à "réapprendre ce que faire de la politique veut dire" pourrait facilement lui être retournée si on faisait preuve de la même désinvolture conceptuelle et politique que lui. De telles leçons venant de quelqu’un qui, sur ce sujet des relations des gauches latinoaméricaines avec la situation en Libye, recycle l’insigne théorie de "l’ennemi principal" est assez risible. On se souviendra seulement que c’est avec une telle fulgurance politique que le génial Mao a pu faire en son temps ami-ami avec le sinistre fossoyeur du processus chilien en 1973, le président étatsunien Richard Nixon. L’ennemi principal était bien sûr l’URSS ! Bien entendu, ici non plus, il n’y a pas lieu d’assimiler Hugo Chavez à Mao. Il s’agit seulement de noter que la défense que font certains de son attitude vis-à -vis de Kadhafi s’alimente à des grilles (les bien nommées) politiques n’ayant pas spécialement prouvé leur pertinence. Et c’est peu dire...

Pour aller chercher à leur source les informations sur ce que la gauche radicale européenne pense des positionnements des gouvernements de gauche d’Amérique Latine envers les révolutions de la région arabe, on peut consulter le dossier, tout en nuances, lui, que la LCR belge, justement, leur a consacré :

Dossier : La Libye, les théories du complot, l’impérialisme et la gauche latino-américaine

Le texte de Bricmont : La Libye, la gauche européenne et le retour de l’impérialisme humanitaire

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