Le néo-impérialisme made in USA

affiche du film Starship Troopers. "Un nouveau genre d’ennemi. Un nouveau genre de guerre".

L’impérialisme est défini généralement comme « la politique d’un pays qui cherche à conserver ou à étendre sa domination sur d’autres peuples ou d’autres territoires ».

Les États-Unis n’ont pas une politique coloniale traditionnelle en ce sens qu’ils ne visent pas à occuper ou à annexer directement des territoires. Leur hégémonie s’exprime de préférence à travers l’expansion de sphères d’influence. Pour ce faire, ils allient des moyens culturels, médiatiques, économiques, politiques, etc.

Cette approche pluridimensionnelle n’exclue pas pour autant l’usage de la force militaire qui reste le pilier de leur stratégie de domination globale. Les Etats-Unis conçoivent le monde comme un vaste champ de bataille dont les bases militaires constituent l’épine dorsale. La subdivision de la surface terrestre en unités de commandement renvoie à cette approche. On dénombre pour l’heure plus d’un millier de bases militaires usaméricaines disséminées dans le monde et une présence armée dans plus de 150 pays (http://www.globalresearch.ca). Ce réseau s’ajuste et se renforce suivant les nécessités tactiques. Le moindre bouleversement géopolitique ou cataclysme naturel est mis à profit par l’empire pour accroître sa capacité de projection comme l’illustre le déploiement massif de soldats en Haïti.

Les interventions militaires des Etats-Unis n’ont pas exclusivement des motivations économiques mais s’expliquent aussi par des considérations géopolitiques : il s’agit pour les Etats-Unis d’asseoir leur ambition impériale à travers le contrôle des flux énergétiques.

Sous couvert de lutte contre le terrorisme, les Etats-Unis tentent de mettre au pas tous les pays réfractaires à leur autorité et à l’ordre néo-libéral. En première ligne de ce combat, on retrouve les pays latino-américains regroupés au sein de l’ALBA, principalement Cuba et le Venezuela. Les USA s’efforcent par tous les moyens de mettre en échec les efforts d’intégration et de coordination politico-économique des pays socialistes. Ils viennent d’implanter sept nouvelles bases le long de la frontière vénézuelienne au point de menacer dangereusement la paix régionale.

L’expansion impérialiste ne s’appuie pas seulement sur des éléments objectifs (innovation technologique, production économique, puissance militaire,…) mais aussi sur les relais culturels : production audiovisuelle, domination de l’anglais en tant que référent universel, contrôle de l’information, etc. La production culturelle n’est jamais neutre ; elle charrie une certaine vision du monde, des concepts et des valeurs idéologiques qui sont presque mondialement intériorisés.

Dans cette optique, le cinéma joue un rôle clef. Hollywood a toujours entretenu des relations électives avec les autorités publiques. Depuis les événements du 11 septembre, ces liens se sont encore renforcés. Un des raisonnements récursif de la production cinématographique est la lutte contre un ennemi irréductible qu’il faut par toutes les voies anéantir. Hollywood accompli scrupuleusement son rôle idéologique : redorer l’image des forces publiques et légitimer d’un point de vue morale les menées militaires et l’inflexion autoritaire des Etats-Unis.

Le néo-impérialisme cherche à imposer ses valeurs pour mieux assurer ses intérêts. Les déclarations de George W. Bush qui vont dans ce sens sont abondantes (http://www.commondreams.org/headlines02/0920-05.htm) : « La stratégie de sécurité nationale des États-Unis sera fondé sur un internationalisme typiquement américains, qui reflète l’union de nos valeurs et nos intérêts nationaux. L’objectif de cette stratégie est de contribuer à rendre le monde non seulement plus sûr mais mieux. Nos objectifs sur la voie du progrès sont clairs : liberté politique et économique, les relations pacifiques avec les autres Etats et le respect de la dignité humaine… Les États-Unis saisiront cette opportunité pour étendre les avantages de la liberté à travers le globe. Nous allons travailler activement pour apporter l’espoir de la démocratie, le développement, les marchés libres et de libre-échange aux quatre coins du monde ».

La fin de l’ère coloniale n’a pas mis un terme à l’exploitation économique, sociale et culturelle des peuples du Sud qui, drapé dans le manteau de la mondialisation, se poursuit sous des formes plus sournoises. Les crocs de l’impérialisme sont plantés encore plus profondément dans la chaire des pays les plus démunis qui se font inlassablement dépouiller de leurs ressources et de leur identité.

Les observations de Lénine dans « Impérialisme, stade suprême du capitalisme » n’ont rien perdues de leur vigueur : « Les savants et les publicistes bourgeois défendent généralement l’impérialisme sous une forme quelque peu voilée ; ils en dissimulent l’entière domination et les racines profondes ; ils s’efforcent de faire passer au premier plan des particularités, des détails secondaires, s’attachant à détourner l’attention de l’essentiel par de futiles projets de "réformes" tels que la surveillance policière des trusts et des banques, etc. Plus rares sont les impérialistes avérés, cyniques, qui ont le courage d’avouer combien il est absurde de vouloir réformer les traits essentiels de l’impérialisme ».

Emrah Kaynak

COMMENTAIRES  

23/02/2010 09:30 par Olivia Kroth

Les étatsuniens chez eux en perte de jobs, maisons, voitures, sécurité sociale, mais il y a toujours assez d’argent pour maintenir une présence militaire dans 150 pays ?

23/02/2010 10:14 par Anonyme

très bonne synthèse

23/02/2010 14:14 par Stelios

1°) Je suis propriétaire d’un capital sur un marché local ….. Concurrence + compétition = monopolisation. => En fin de course celui qui gagne possède tout le capital argent et marchandise du marché local.

2°) Je suis le meilleur capitaliste sur un grand marché local et y règle les prix ou, ce qui revient au même, la production et la distribution des marchandises sur ce marché qui, en fin de course m’appartient => Je peux donc pratiquement réglementer, et donc influer sur le pouvoir législatif et exécutif, sur ce marché qui à terme sera à moi.

3°) Je suis seul propriétaire d’un grand marché local sur le marché mondial et, pour y régner je dois donc le contrôler …. Monter une armée pour mâter le monde par la force consomme du capital et n’en produit pas, à terme cette seule perspective réduit mon capital et le crédit de ma puissance sur le marché mondial. La corruption de fonctionnaires consomme aussi du capital mais me permet de garder les rênes du pouvoir sur mon marché local. Ce qui est bon pour mon marché local est bon pour un même marché mondial. => Je prête donc une partie de mon capital argent à des fonctionnaires choisis dans le monde, et constate …. qu’il me revient immédiatement par l’exportation d’armes qui ne me sont plus nécessaires pour mâter le monde.

4°) He he pas si bête le proprio, j’exporte une partie de mon capital argent et …. Il me revient direct après m’être débarrassé d’un stock de marchandises qui me ruinait. Cerise sur le gâteau, le coût de mon armée personnelle se réduit comme peau de chagrin, le prix des armes que je fabrique explose et la démobilisation réduit les couts du travail sur mon marché local. Pourquoi me gêner et ne pas prêter le capital argent qui ne me sert à rien et, exporter toutes les marchandises qui ne me rapportent rien ?? … Exporter augmente le prix des marchandises sur mes marché locaux et contribue a leurs besoins, en capital argent sur le marché mondial. => Par la grâce de l’exportation, mon capital argent ou marchandise ne cesse de s’accumuler dans mes poches sans fond et, ….. de croître en valeur sur mes lignes de crédit.

5°) Par le seul crédit Je deviens tout puissant sur le marcher mondial, mon rôle se limite à en contrôler la distribution. Grâce à une armée de fonctionnaires « bien rémunérés », qui prêtent et récupèrent mon capital, ce sont mes employés, endettés ou très bien rémunérés par des bonus issus de mes poches sans fonds, qui engendrent la compétition et la concurrence entre eux … dans la seule production et consommation de mes marchandises. La santé, l’éducation, les guerres, le terrorisme et la sécurité de mes employés deviennent eux aussi des produits d’investissement pour mon capital … que mes employés, toujours conscients d’un travail enrichissant, mettent en valeur et accumulent dans les poches béantes d’un costume qu’ils taillent à ma mesure !

Alors qui suis-je, un très bon capitaliste qui impose son capital au monde ou, un impérialiste qui domine le monde par le crédit de son capital ?????

24/02/2010 19:22 par Aodren

Il est assez ironique de prendre l’exemple de starship troopers pour illustrer la servilité d’Hollywood aux besoins de l’idéologie impérialiste des capitalistes US.

En effet la presse commerciale US avait accusé le film de relents fascistes ce à quoi le réalisateur (Verhoeven) avait répliquer que c’était justement un film qui montrait l’évolution proche probable de la société américaine... Ce qui est donc marrant. Vous pouvez ainsi le constater http://www.cinopsis.com/starship/interv/

Était-ce une ironie volontaire ?

En tout cas la réaction de la presse commerciale étasunienne à ce film confirme les propos de l’auteur dans le sens où les conglomérats médiatiques, dont la tache et la raison d’être principale est la promotion zélée de l’impérialisme, ne conçoivent pas que l’on puisse le dénoncer en le caricaturant. Comme l’exprime Lénine, il leur faut le réaliser en le masquant sous des atours positifs...

24/02/2010 20:00 par legrandsoir

L’ironie était volontaire. Starship Trooper était effectivement prémonitoire. (On pensait quand même à l’époque que les choses prendraient plus de temps. Ou est-ce le temps qui est juste passé trop vite ?)

25/02/2010 23:50 par Vania

Tout à fait d’accord. L’hégémonie dans la culture cible tous les terriens:même les petits enfants doivent subir le lavage de cerveaux par les US avec des programmes comme "Dora L’exploratrice" dessin animé de qualité médiocre mais qui a pour but "d’angliciser" les enfants de la Terre.Pour les plus grands la culture de la violence("instincts criminels" etc).Tout cela semble "anodin" mais c’est très significatif !!

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