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Les coulisses de la révolte tibétaine

Interview intégrale d’Elisabeth Martens interviewée par Bénito Perez pour "Le Courrier" de Genève du 27 mars 2008.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ? Comment êtes-vous venu à vous
intéresser au Tibet et à la Chine ?

Je suis partie durant trois années en Chine, après des études de biologie en Belgique, pour me spécialiser en médecine traditionnelle chinoise. J’ai bien sûr profité de mon séjour là -bas pour voyager du nord au sud et d’est en ouest. Un de ces voyages m’a amené pour la première fois dans une région tibétaine (c’est-à -dire habitée, ea, par des tibétains) en 1990, à XiaHe au Gansu, au grand monastère du Bouddhisme tibétain de Labulang. J’ai été surprise par la facilité de contact avec les lamas qui se promenaient en rue et allaient faire leurs courses à l’épicerie du coin ; c’est loin de l’image de nos moines cloîtrés derrière leurs murs.

Surprise aussi par la différence entre les bouddhas chinois, tout ronds comme des théières qui mijotent doucement sur le poêle, souriants, joviaux, et les bouddhas tibétains, beaucoup plus imposants. Et encore surprise de trouver dans les temples une quantité phénoménale de représentations de dieux, de monstres, de boddhisattvas, etc. plus féroces et effrayants les uns que les autres. J’ai trouvé que, d’une certaine manière, c’est assez proche de ce que l’on trouve comme galerie d’horreurs dans nos églises : des hommes transpercés, crucifiés, ou jetés dans des marmites d’huile bouillante, etc. Rien de comparable dans l’art chinois : dans la pensée chinoise, et donc dans les arts de la Chine, la souffrance et le moyen de s’en délivrer n’est pas au centre des préoccupations. De quoi devrait-on se délivrer à partir du moment où l’on sait que la souffrance est l’opposé-complémentaire du bien-être ? J’ai trouvé dans les régions tibétaines, où je suis retournée plusieurs fois par la suite (la dernière fois, en été 2007), une culture très différente de la culture chinoise. Cette différence m’a paru intéressante : comment un pays aussi gigantesque que la Chine (plus grand que toute l’Europe) s’en sort-il pour concilier 55 nationalités parlant chacune leur propre langue, surtout avec la disproportion de Han (environ 90%) par rapport aux autres nationalités ?

Que se passe-t-il, selon vos informations (quelles sont vos sources ?), actuellement dans les régions de Chine peuplées de Tibétains ?

Les violences qui ont eu lieu à Lhassa le 14 mars 2008 ont été perpétrées par des groupes de manifestants tibétains. Les témoignages des étrangers présents sur place vont tous dans le même sens : les agressions visaient les Chinois (les Han) et les Hui, majoritairement des Musulmans. Des personnes ont été incendiées vives, d’autres ont été battues à mort, déchiquetées au couteau ou lapidées. Les armes utilisées étaient des cocktails Molotov, des pierres, des barres d’acier, des poignards et des couteaux de boucher. Il y a eu 22 morts et plus de 300 blessés, quasi tous des Hui et des Han. Il s’agissait d’actes criminels à caractère raciste. Serge Lachapelle, un touriste de Montréal, dit : "Le quartier musulman a été complètement détruit, plus aucun magasin ne tenait debout".

Dès le 18 mars, le Dalaï Lama déclare dans une conférence de presse que "les événements au Tibet échappent à son contrôle et qu’il est prêt à démissionner si les violences se poursuivent". Il ajoute que "ces actes de violence sont suicidaires". Il n’empêche que, à peine quelques jours plus tard (le 21 mars), par une étrange coïncidence du calendrier, Nancy Pelosa, présidente du Congrès américain, arrive à Dharamsala pour une visite officielle au 14ème Dalaï Lama. Elle parle des évènements au Tibet comme d’un "défi pour la conscience mondiale" et exige de la Chine de pouvoir envoyer au Tibet une commission internationale indépendante afin de vérifier l’accusation chinoise comme quoi "l’entourage du Dalaï Lama se trouve derrière les violences", et afin de contrôler "de quelle manière sont traités les prisonniers tibétains en Chine". C’est une des stratégies utilisées par les Etats-Unis : forcer la Chine à accepter des équipes d’inspection qui portent le cachet des "Droits de l’Homme", ou pouvoir dire que la Chine les a refusées. Pour exécuter un tel plan, nul mieux placé que le Dalaï Lama : dans son allocution du 10 mars, ce dernier exhortait déjà la Chine à "une plus grande transparence ".

Ces termes ne font-ils pas curieusement écho au "glassnost "qui a conduit à l’éclatement de l’URSS ?

L’Allemagne, avant-garde de l’Europe, s’aligne sur les exigences de transparence des Etats-Unis : son ministre des Affaires étrangères a déclaré que "le gouvernement fédéral de l’Allemagne demande une plus grande transparence de la part du gouvernement chinois". Quant aux autorités chinoises, elles parlent d’une révolte préméditée et bien organisée. L’occasion choisie pour donner le feu vert aux émeutiers était la date anniversaire de commémoration de la révolte de 1959 à Lhassa, date que les Tibétains en exil ont décrétée "Fête nationale" : le 10 mars. Ce jour-là , une marche, partant de l’Inde et se dirigeant vers le Tibet, a effectivement démarré. Elle devrait durer six mois : jusqu’aux débuts des JO de Péking. Cette marche a été organisée par le "Mouvement pour le soulèvement du peuple tibétain" (il est difficile de traduire "uprising" autrement que par "soulèvement"). Il s’agit d’une association dans laquelle sont représentées les fractions principales du gouvernement tibétain en exil : le NDP (New Democratic Party), le Congrès de la Jeunesse tibétaine (Tibetan Youth Congres), et le mouvement des femmes.

Le 10 mars était clairement le signal de départ des émeutes : elles ont été encouragées à distance par de multiples manifestations devant des ambassades chinoises (e.a. à Bruxelles). En Chine même, des tracts appelant à manifester pour l’indépendance du Tibet, ont été distribués dans les différentes régions tibétaines. Le même jour, trois cents lamas du monastère de Drepung ont manifesté au centre de Lhassa, de manière non-violente bien que "provocatrice" ; la police les a dispersés, sans heurts. Ce ne fut plus le cas quelques jours plus tard, le 14 mars : plusieurs groupes de Tibétains, tous armés de la même manière et opérant de la même manière, se sont dispersés dans la ville de Lhassa, ouvrant les hostilités et semant la panique. La suite est le drame que l’on sait, avec les répressions chinoises que l’on devine. Faut-il rappeler que le Droit international stipule que « chaque pays a le droit d’utiliser la force contre des mouvements d’indépendance qui vise à la division du dit pays » ? Imaginez le foin que cela ferait en France si le mouvement séparatiste corse se mettait à incendier des passants français en plein Ajjacio !

On a généralement analysé ces émeutes comme une "réaction à la colonisation du Tibet par les Chinois" ? On parle même de génocide ? Qu’en est-il ?

Quand on parle de "colonisation" d’un pays par un autre, il faut, au minimum, qu’il y ait deux pays. Dans ce cas précis, faut-il rappeler que le Tibet n’a jamais été reconnu comme "pays indépendant" ? Au 13ème siècle, le Tibet est annexé à la Chine par les Mongols, et au 18ème les Mandchous ont divisé leur empire chinois en 18 provinces, dont la province tibétaine. Fin du 19ème, l’empire britannique envahit le Tibet et y installe ses comptoirs de commerce.

Cela se passe sous le règne du 13ème DL, qui voit dans l’occupation anglaise du Tibet une opportunité pour revendiquer l’indépendance. Il se base pour cela sur ce qu’il a appelé le "Grand Tibet " : un territoire qui équivaut à cinq fois la France, quasi le tiers de la Chine, et qui correspond plus ou moins (parce qu’il n’y avait pas de cartes à l’époque) à ce qu’était le Tibet à la fin de la dynastie des Tubo, au 9ème siècle. Or la Chine du début du 20ème sortait d’un siècle de ventes aux enchères, avec la succession des "concessions" faites aux pays occidentaux. Céder le tiers de son territoire était signer son arrêt de mort. Donc cette demande d’indépendance a été sans suite. Je veux dire par là  : sans aucune suite. C’est dire que ni les NU ni aucun pays n’a jamais reconnu le Tibet comme un pays indépendant. C’est une première réponse à votre question.

Une deuxième, c’est que quand on parle de "colonisation", cela implique en filigrane que le pays envahisseur profite des biens du pays envahi. Or, si on considère les cinquante dernières années du Tibet, on constate un phénomène inverse. La population tibétaine a triplé grâce aux soins de santé et à une rapide amélioration du niveau de vie. Ce qui, à vrai dire, n’était pas très compliqué, vu les conditions désastreuses dans les quelles vivaient plus de 90% de Tibétains sous le régime théocratique des DL. Toutefois, cette amélioration n’a pas été aussi rapide que dans les grandes villes chinoises qui, par leur lustre, font croire au monde entier que la Chine est devenue capitaliste. C’est fou ce que l’on fait croire avec des paillettes, des lumières et des vitrines. Pour répondre à votre deuxième question, celle du génocide, il faut à nouveau faire un petit retour historique. En 49, avec l’avènement de la République Populaire de Chine, le gouvernement chinois opte pour une remise à zéro des compteurs : tous les étrangers et influences étrangères sont mis à la porte et les frontières chinoises sont réaffirmées, aussi dans les provinces lointaines dont le Tibet. Dès 1956, une rébellion armée est organisée dans plusieurs monastères tibétains (ea. Litang et Drepung) : avec la RP Chine, c’est les dignitaires tibétains qui sont visés, ceux du clergé en particulier. C’est d’ailleurs cette couche de la population qui commence à fuir vers l’Inde et qui va constituer la communauté tibétaine en exil (de la même manière que l’exode vers TaiWan qui était composée essentiellement des "grosses "familles chinoises).

Cette rébellion armée est dès ces débuts soutenue financièrement et logistiquement par la CIA . Pour quelle raison ?

Il suffit pour le comprendre de lire ce que disait un rapport de l’Office des Affaires Etrangères des E-U en avril 49 : "Le Tibet devient stratégiquement et idéologiquement important. Puisque l’indépendance du Tibet peut servir la lutte contre le communisme, il est de notre intérêt de le reconnaître comme indépendant (…) Toutefois, ce n’est pas le Tibet qui nous intéresse, c’est l’attitude que nous devons adopter vis-à -vis de la Chine". On ne peut être plus explicite ! La rébellion armée, qui démarre du monastère de Litang, s’étend par vagues jusqu’à Lhassa, où a eu lieu la plus importante, celle qui a été écrasée par l’Armée rouge en 59. Suite à cet événement, il était de grande importance pour les E-U d’amener l’opinion publique à croire qu’il s’agissait d’un génocide, c’est pourquoi le chiffre de 1,2 million de morts a été avancé par les autorités du Bouddhisme tibétain en exil.

Plusieurs études démographiques ont démontré par la suite que ce chiffre a été inventé de toute pièce. Patrick French, ex-directeur de "Free Tibet", a été le vérifier sur place, à Dharamsala. Après avoir compulsé longuement les documents « officiels » qui ont servi à avancer ce chiffre, il a été complètement dégoûté par l’ampleur de la falsification venant de la part de ceux qu’il admirait. Il raconte cet épisode dans son livre. Ce qui est important à retenir dans cette falsification, c’est que si on parle de 1,2 million de morts sur une population d’à peine deux millions d’habitants, on peut en effet parler d’un "génocide". Mais s’il s’agit que quelques milliers de morts de part et d’autre, il ne s’agit plus d’un génocide, mais d’une guerre civile. Ce chiffre de 1,2 million de morts a donc permis de manipuler l’opinion publique en l’amenant vers la méfiance, voire la xénophobie, vis-à -vis des Chinois. C’est le même topo depuis 50 ans. Donc, si on analyse les faits de manière historique, on ne peut parler ni d’invasion, ni de colonisation, ni de génocide. Les émeutes qui ont eu lieu ce mois de mars 2008 doivent être analysées dans un contexte économique en tout premier lieu, sans oublier que le Tibet est un des terrains de combat entre les E-U et la Chine, depuis longtemps.

La violence des manifestations ne cadre pas avec le pacifisme affiché par le Dalai-Lama. Pourquoi ?

Le DL et son entourage portent les couleurs du pacifisme et se doivent d’entretenir l’image de tolérance et de compassion qui sied au Bouddhisme tibétain, sinon qui les croirait encore en Occident ? Le DL a quand-même pris le temps d’ameuter l’opinion publique autour de la manifestation pacifique des 300 moines de Drepung descendus au centre de Lhassa le 10 mars et a immédiatement incriminé la répression aux forces de l’ordre chinoises (soit dit en passant, tout un chacun qui a voyagé au Tibet a pu remarquer que la police est essentiellement composée de Tibétains et compte très peu de Chinois). Quand les actes de violence ont atteint un niveau de barbarie sans nom, il s’est rapidement distancié des événements. Quel rôle joue-t-il là -dedans ? Pour le savoir, il faut analyser à qui profitent ces émeutes : ni aux Chinois, ni aux six millions de Tibétains de Chine. Elles servent essentiellement à ameuter l’opinion publique autour des violations des Droits de l’homme en Chine, le manque de liberté d’expression, et les diverses répressions que nous incriminons au gouvernement chinois. Donc, elles servent à donner de la Chine une image exécrable, ceci juste avant les JO qui vont rassembler la presse internationale à Pékin.

Je pense qu’en partie, elles reflètent l’énorme peur que nous avons de la puissance économique que représente la Chine actuellement. Il est vrai que si par certains côtés, elle fait encore partie du Tiers Monde, par d’autres côtés, elle risque de nous rattraper très rapidement et même de nous dépasser. Peu de gens ici se rendent compte que la Chine compte un potentiel intellectuel gigantesque et que cette masse d’intellectuels chinois commence à en avoir par-dessus la tête de se voir constamment refoulée et dénigrée par l’Occident. Ils ne vont plus se taire pendant longtemps. Pour résumer, je pense que ces émeutes servent à noircir l’image de la Chine : provoquer des émeutes à caractère racial dans les régions tibétaines, c’est obliger le gouvernement chinois à sortir la grosse mitraille, et donc nous pourrons parler en tout bien tout honneur d’une "répression sauvage "exercée par le gouvernement chinois lors "d’incidents ethniques".

On connaît la chanson : elle a été utilisée à plusieurs reprises depuis 89 (conflits en Afrique, dans les Balkans, en Irak, et ceux pour démanteler l’URSS). Il faut savoir aussi qu’au sein de la communauté tibétaine en exil, une scission est de plus en plus évidente : d’une part, il y a les modérés, dont le DL, qui ne prêche pas (pas ouvertement en tout cas) pour la violence et ne demande même pas une indépendance, mais parle « d’autonomie poussée », comme on sait. D’autre part, et pour le moment c’est une fraction majoritaire au sein du gouvernement en exil, il y a les radicaux qui exigent une indépendance totale et sont prêts pour cela à prendre les armes. Vous imaginez bien qu’un discours pareil serait impossible à tenir sans l’appui de leurs alliés de 50 ans : les E-U qui, d’ailleurs continuent à financer et à armer la communauté tibétaine en exil. En réalité, les E-U disposent actuellement de deux chevaux de bataille qu’ils utilisent simultanément : le DL et sa suite (européenne, surtout) par qui passe le discours pacifiste qui sert à rassembler les intellectuels occidentaux autour des thèmes de "démocratie", de "droit de l’homme", de "liberté de presse", etc. qu’il faut imposer à la Chine (c’est un comble "une démocratie "qu’il faut imposer !… mais ça marche à 200%), et puis la fraction « dure » du gouvernement tibétain en exil qui compte de plus en plus de membres grâce à un discours musclé de lutte pour une indépendance, coûte que coûte. Apparemment, ce sont ces derniers qui mettent le feu aux poudres et déclenchent les violences.

Cela n’exprime-t-il pas un réel mécontentement ?

Oui, bien sûr. Ce que je vous ai expliqué jusque là ce sont les déclencheurs "externes" des émeutes. Mais il est évident que s’il n’existait pas un "terrain", les déclencheurs ne pourraient rien déclencher. Comme je vous le disais, les raisons internes sont essentiellement économiques, donc aussi sociales. D’abord, il faut se rappeler que l’enseignement au Tibet n’a pu démarrer que dans les années ’60, vu le retard général du Tibet comparé au reste du pays. Ce qui veut dire que les premiers universitaires ou techniciens supérieurs tibétains n’ont commencé à travailler que dans les années 80, soit 10 ans plus tard que les Chinois Han (et 10 ans en Chine, c’est presque 100 ans chez nous !). C’est un retard qui n’est pas encore rattrapé maintenant. Ce retard dans les niveaux de formation, donc aussi dans le type de travail proposé aux uns et aux autres, explique que les postes "importants "sont occupés surtout par des Chinois.

Au-delà de ce premier problème qui est réel, difficile à résoudre, et source de conflit "ethnique", il y a aussi le retard bien connu, partout en Chine, des campagnes par rapport aux grandes métropoles. Si beaucoup de Tibétains ont profité des avancées économiques de la Chine, beaucoup d’autres sont restés dans le marasme. Ce fait ne touche pas que le Tibet, mais l’ensemble de la Chine : les inégalités se font de plus en plus criantes entre les plus aisés (ou même les moyennement aisés) et les plus démunis. Ce qu’il y a sans doute de plus spécifique au Tibet, c’est que peu de Chinois résidant au Tibet sont sans travail - s’ils arrivent au Tibet, c’est qu’ils savent qu’ils y auront un travail, sinon ils iraient ailleurs -, alors qu’il y a beaucoup de jeunes tibétains sans travail. En général, ils viennent de la campagne et ont juste suivi l’école primaire. Ils manquent de qualification, alors que les Chinois qui viennent travailler au Tibet sont des techniciens qualifiés, des universitaires ou des cadres, et bien sûr des commerçants. Même si l’enseignement est facilité aux Tibétains (comme aux autres minorités ethniques de la Chine, d’ailleurs), que le minerval est moins élevé et que les examens d’entrée sont moins sévères que pour les Han, les Tibétains ne voient pas toujours l’intérêt de poursuivre des études supérieures. Amener les Tibétains à se former serait pourtant une manière intéressante de diminuer l’inégalité sociale, alors que la Chine "s’en tient "à injecter des milliards de yuan pour le seul développement économique du Tibet. De plus, dans les villes tibétaines, le marché libre favorise les Chinois Han et les musulmans Hui qui ont plus d’expérience dans le commerce que les Tibétains. Donc, là aussi, les Tibétains se sentent sur le carreau par rapport aux Han et aux Hui.

A noter que la haine raciale vis-à -vis des musulmans est ancrée de longue date dans le Bouddhisme tibétain et véhiculée par lui (ea. par le Kalashakra) : c’est en raison des invasions musulmanes dans le nord de l’Inde au 10ème et 11ème siècles que les maîtres tantriques ont été se réfugier au Tibet. Le Tantrisme indien, devenu au Tibet le bouddhisme tibétain, a gardé vis-à -vis de l’Islam une rancoeur de longue durée à cause des persécutions musulmanes.

La Chine n’a-t-elle pas annexé le Tibet ? Peut-on nier l’existence d’une revendication nationale au Tibet, d’une"nation Tibétaine"distincte de la Chine ?

Comme je vous le disais plus haut, le Tibet a été annexé à la Chine par les Mongols, c’est-à -dire à l’époque où les Mongols étendaient leur empire e.a. sur la Chine (13ème). Lorsque la Chine a repris le contrôle sur son empire, avec les Ming, du 14ème au 16ème siècle, elle s’est passablement désintéressée de cette lointaine contrée tibétaine et le Tibet est resté annexé à la Chine "passivement". Puis, les Mandchous se sont emparés de la Chine et ont fait du Tibet une province chinoise. Episode suivi par celle des Britanniques, puis celle des E-U.

Alors que signifie le terme "nation " ?

Si vous voulez parler d’une nation historiquement distincte de la Chine, il faut remonter à la dynastie des Tubo qui régnait sur le Tibet du 7ème au 9ème siècle. C’est comme si maintenant on revendiquait l’empire de Charlemagne ! Si vous voulez parler d’une culture spécifique, cela semble évident que le Tibet n’a pas la même culture que la Chine, ne fut-ce que par sa langue et son écriture, mais aussi par ses traditions, ses religions, ses habitants, etc. Ce qui n’a d’ailleurs pas empêché de multiples croisements, au point que je me demande ce que cela pourrait engendrer comme déchirures et drames familiaux si un jour le Tibet devenait réellement indépendant et mettait tous les Chinois Han à la porte, ainsi que tous les musulmans (ce sont les deux ethnies visées par le gouvernement en exil) : ils auraient un sacré problème pour distinguer qui est qui, et qui appartient à quelle ethnie. En fait, les discours ethniques ne sont là que pour expliquer au grand public des guerres que se font entre elles les grandes puissances : cela s’est vu dans les Balkans, en Irak, en URSS, cela se reproduit au Tibet. Ce qui m’ahurit, c’est que l’opinion publique n’a pas encore « fait tilt ». Et ce qui m’inquiète, c’est que les enjeux dans ce conflit-ci dépassent de loin tous ceux qu’on a vu dans les autres conflits : d’une part la Chine ne se laissera pas faire, d’autre part, c’est l’économie mondiale qui risque de basculer.

Aujourd’hui, les Tibétains peuvent-ils vivre selon leur culture/religion ?

Les Tibétains sont pour la plupart très croyants, cela se voit dans le quotidien : les moulins à prière tournent allègrement, on assiste à des prosternations devant les temples du matin au soir, sur les routes on rencontre des pèlerins en marche vers Lhassa, les drapeaux de prière flottent sur les cols, les monastères sont bondés de moines même des très jeunes enfants (ce qui est interdit par la loi chinoise), les billets de banque s’amoncellent au pied des bouddhas, de loin on entend résonner les trompettes et les mantras.

La pratique religieuse est loin d’être réprimée. Il faudrait être vraiment de mauvaise foi pour prétendre le contraire ! Ou bien, il faut n’avoir jamais été au Tibet. Dans l’enseignement, le bilinguisme est obligatoire et pratiqué dans toutes les écoles que nous avons visitées (primaires, secondaires et supérieures) ; des instituts de tibétologie ont été ouvert à l’intention des jeunes tibétains (ou autres) qui désirent approfondir l’étude de la culture tibétaine : y sont donnés des cours de langue, de médecine, de théologie, de musique et danse, de pratiques artisanales, etc. Donc je pense que c’est vraiment un non-sens de dire que la culture et la religion sont opprimées ou détruites. A nouveau, c’est l’information qui est donnée chez nous : après avoir mis en lumière la tromperie quant au génocide ethnique, on s’est rapidement tourné vers le « génocide culturel ». Il est évident que, moi, en tant que petit individu, si je dis l’inverse, personne ne me croira, mais il suffit d’aller voir sur place pour vous en convaincre.

Alors de quoi parle-t-on lorsqu’on pointe du doigt la « répression chinoise » ? Ce qui est interdit et sévèrement puni est toute tentative de « séparatisme », ou de division de la Chine. Cela peut être des actes qui paraissent anodins chez nous, comme porter le drapeau tibétain en rue (drapeau qui a été inventé en 59, lors de l’exil, et qui a donc une couleur politique), ou distribuer des tracts en rue, ou distribuer la photo du DL (qui est une effigie politique), ou organiser des manifestations, etc. Pour ce genre d’actions, il y a très rapidement (trop rapidement sans doute ?) arrestation, et parfois emprisonnement. La Chine est drastique à ce sujet parce qu’elle sait que le soutien à ce mouvement pour l’indépendance du Tibet est énorme, que ce soutien vient de l’Occident et vise la division de la Chine. Comme je vous le disais, le contentieux ne concerne pas tant les six millions de Tibétains de Chine face à la Chine, mais c’est un contentieux qui oppose la Chine à l’Occident et qui s’exprime par le malaise économique que connaît actuellement le Tibet.

Quelle est la nature du bouddhisme tibétain et de sa structure/clergé ? Ses rôles sociaux et politiques, passés et présents ?

Alors là , vous me demandez de réécrire mon bouquin ! En résumé, le Bouddhisme tibétain est issu du tantrisme, une des trois grandes écoles ou « véhicules » du Bouddhisme. D’après les bouddhologues, c’est le véhicule qui s’est le plus éloigné du dharma (ou enseignement originel du bouddha, 6ème AC). Tout d’abord, parce qu’il s’agit du véhicule le plus récent (6ème PC), donc le Bouddhisme a eu le temps de se métamorphoser plusieurs fois, ce à quoi il a dû se prêter en raison de la difficulté intellectuelle de son enseignement. Et ensuite parce que le Bouddhisme tibétain a la particularité d’exercer simultanément un pouvoir spirituel et un pouvoir temporel, ce qui n’existe pas dans les deux autres véhicules du Bouddhisme.

En fait, le tantrisme a pris son essor au Tibet au 10ème et 11ème par les circonstances historiques que je vous ai racontées (invasions musulmanes). A cette époque, le Tibet était totalement désorganisé au niveau politique et social. Or les communautés tantriques venues du nord de l’Inde étaient, elles, très structurées et hiérarchisées. C’est pourquoi, lorsqu’elles se sont installées dans ce Tibet qui demandait une réorganisation, elles ont repris la région en main de manière « spontanée », en utilisant leurs propres critères. Le tantrisme est devenu le bouddhisme tibétain à partir du moment où il s’est adapté aux moeurs, coutumes et à la religion autochtones (le Bön). On peut dire qu’à cette époque, la religion bouddhiste fut bénéfique au Tibet, puisqu’il a amené le Tibet vers une féodalité structurée. L’ennui, c’est que cette féodalité s’est figée durant un millénaire autour d’un pouvoir religieux extrêmement répressif et conservateur. Le Tibet a été arrêté dans son évolution en raison de ce pouvoir omniprésent et omnipotent. Il ne faut pas oublier que les monastères possédaient plus de 70 % des terres tibétaines, le reste allant aux familles nobles. Jamais n’a existé un pouvoir théocratique aussi puissant et aussi riche dans le monde. C’était incomparable avec ce qui se passait chez nous au Moyen-à‚ge où les monastères devaient se faire une petite place à l’ombre des châteaux forts. Avec l’avènement de la RP Chine en 49, il fut d’autant plus difficile pour le haut clergé tibétain de renoncer à ce pouvoir.

Vous dites que le bouddhisme tibétain a permis d’imposer un système féodal. Mais cela a été le cas de la plupart de religions. Ce temps n’est-il pas révolu ?

Bien sûr, cela a été le cas pour pas mal d’autres religions, comme quoi les religions ont toujours un pied dans la politique, quoi qu’on en dise. Le bouddhisme tibétain a permis à une société tribale, telle qu’elle était avant le 9e siècle, d’évoluer vers une société mieux structurée, féodale. La féodalité n’a plus la cote nulle part, et l’ancienne élite tibétaine, maintenant en exil, n’a pas l’intention de revenir à l’ancien système. Ils se modernisent eux aussi et sont plutôt partisans du modèle « marché libre » avec réinstauration de la propriété privée des terres, donc, surtout en dehors du système chinois, mais copié sur le modèle occidental.

Comment expliquer le sentiment très pro-Tibétain en Occident, notamment dans les médias ?

L’opinion publique suit les médias et les médias obéissent aux intérêts économiques. Ne vit-on pas dans une dictature économique chez nous ? La censure est aussi réelle ici qu’ailleurs, mais mieux camouflée. En Occident, on n’est pas enfermé en prison pour ses opinions, mais bien dans sa tête, puis dans la maladie qui en résulte. Je me demande parfois ce qui vaut mieux. Donc votre question réelle devient : « comment expliquer le sentiment pro-tibétain véhiculé par notre système économique » ? Ni les E-U, ni l’Europe n’apprécient les avancées fulgurantes de la Chine sur la scène internationale. Tous les coups sont bons pour la contrecarrer : « Il faut foutre le bordel pendant les JO à Pékin ! » crie Cohn-Bendit dans son discours en séance plénière à propos du comportement que l’UE doit adopter face à la Chine . Ceci, pas même une semaine après les événements qui ont enflammé le coeur de Lhassa ! C’est assez monstrueux, mais cela démontre par « a+b » que le « grand monde de la diplomatie et du trust financier » n’a cure du Tibet, ce qui lui importe c’est « foutre le bordel en Chine ».

Comment faire avaler cette pilule au grand public occidental, en ne perdant surtout pas l’approbation des intellectuels ?

Pour cela, on fait appel à Sa Sainteté qui par son sourire de neiges éternelles ferait fondre un chat devant une souris. Le Bouddhisme tibétain ne s’est-il pas habillé de ses plus beaux atours pour séduire un Occident « en vide de valeurs spirituelles » ? Entré chez nous en surfant sur la vague du « retour aux sources » des années 70, il ne lui fut pas difficile de se faire passer pour le dharma, présenté à nous comme un « athéisme spirituel », une philosophie de vie, un mode d’être, une thérapie intérieure, etc., bref, tout sauf une religion.

Or, si on y regarde d’un peu plus près, le Bouddhisme du Bouddha est déjà une religion puisqu’il propose une transcendance : un au-delà des souffrances résultant de nos limites physiques et temporelles. Est-ce qu’un au-delà , ou une transcendance, n’implique pas une foi ? Le Bouddhisme tibétain est encore plus une religion, puisqu’il a réintroduit des dogmes, dont le plus fameux : la réincarnation, justement celui contre lequel s’est insurgé le Bouddha en personne ! La réincarnation a été remise à l’honneur par le Bouddhisme tibétain au 14ème siècle, pour pouvoir officialiser la succession de l’héritage spirituel, temporel et, surtout, matériel d’un Rinpoché (ou responsable de monastère) vers le suivant, par le système des tulkous (qui compte avec la croyance en la réincarnation). Etre responsable d’un monastère au Tibet à l’époque féodale, c’était être grand propriétaire foncier : les terres, et les biens sur ces terres, y compris les serfs, appartenaient au monastère. Cela explique pourquoi il y eut tant d’assassinats dans les rangs du haut clergé tibétain et de guerres entre les différentes écoles du Bouddhisme tibétain.

Bref, le Bouddhisme, grâce à son caractère très plastique s’est adapté aux différents environnements où il a élu domicile, que ce soit au Tibet, ou au 20ème chez nous… où Sa Sainteté le DL se plait à nous servir quelques louches de démocratie, avec une cuillère à soupe de Droits de l’homme, et autant de liberté d’expression, à mélanger consciencieusement à une bonne pincée de tolérance et de compassion bouddhistes, et on obtient une pâte bien lisse prête à enfourner dans les hauts fourneaux médiatiques pour en faire une succulente tarte à la crème ! Que le Bouddhisme s’adapte, c’est un signe de bonne santé ! Ce qui est beaucoup plus malsain, c’est un DL qui fait passer le Bouddhisme tibétain pour une non-religion (une philosophie) de tolérance et de compassion dénuée d’implications politiques. Là , il y a vraiment de quoi s’esclaffer (bien que ce ne soit pas une bonne blague) !

Ne peut-on aussi l’expliquer par le caractère totalitaire et répressif de l’Etat chinois ?

Evidemment, ce qu’on met en avant chez nous, c’est le contraste entre le « pacifisme » du DL et le « totalitarisme » de la Chine. Mais c’est un peu ridiculement noir-blanc, ne trouvez-vous pas ? C’est juste bon à persuader des enfants en robe de communion. Alors comment se fait-il que tout le monde chez nous (même les intellos de gauche, progressistes, écolos, bios, et tout et tout) a cette idée très contrastée en tête, d’un Tibet tellement sympathique et d’une Chine abominablement répressive ? C’est la même question que : comment se fait-il que tout le monde boit du Coca-cola et porte des Adidas ? La pub, ça fonctionne et c’est dangereux, tout le monde le sait et on ne peut s’empêcher de se faire avoir. Surtout que cette pub là , cela fait 50 ans qu’elle nous assomme !

Qu’on dise chez nous que la Chine est « répressive », d’accord dans une certaine mesure, mais expliquez-moi comment il se fait alors que proportionnellement elle compte cinq fois moins de prisonniers qu’aux E-U ? Qu’on dise chez nous que la Chine est « totalitaire » : d’accord pour dire qu’elle reste communiste, mais est-ce automatiquement synonyme de « totalitaire » ? D’ailleurs, ce qui nous gêne, ce n’est pas tant qu’elle soit communiste, mais c’est qu’elle protège son « territoire économique » : ni les E-U ni l’UE ne peuvent y faire ce qu’ils veulent à leur propre guise, et cela ne plaît pas du tout aux multinationales. Les investissements étrangers en Chine ne dépassent pas 3% : ce n’est pas un beau cadeau pour nos multinationales !

Y a-t-il une dimension géostratégique ? Quel est le rôle du Dalai-Lama ?

La dimension géostratégique est au coeur du problème, bien sûr et ce, dès le début du 20e siècle. Il ne faut pas oublier que l’Europe avait beaucoup de « concessions » en Chine au début du 20e siècle et que le Tibet était, pour ainsi dire, sous la tutelle des Anglais. La prise de pouvoir par les communistes a mis fin à cette semi-colonisation. Je crois que chez nous, on n’a pas digéré cela. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, ce sont les E-U qui ont repris le flambeau avec la guerre froide en toile de fond. Le Tibet et le DL sont devenus deux excellents chevaux de bataille pour les E-U dans leur tentative de diviser la Chine.

Les USA viennent d’ôter la Chine de leur liste des Etats les plus répressifs ? La Chine n’est-elle pas devenue un Etat capitaliste comme les autres ?

Si les USA font cela, n’est-ce pas dans un but stratégique ? Cela leur permet d’organiser plus d’émeutes en régions tibétaines, ce qui devra amener la Chine à déployer les canons de la répression, et les E-U pourront ainsi ressortir leur carton rouge : « Etat répressif ». La Chine pratique actuellement une économie qu’elle appelle « mixte », c’est-à -dire que certains aspects du capitalisme y sont admis, mais que le socialisme gère encore l’armature de l’économie chinoise. En simplifiant, on peut dire que le capitalisme s’y développe sous le contrôle du parti communiste. D’après les économistes internationaux, le secteur public domine encore l’économie chinoise à plus de 60%. C’est peut-être difficile à comprendre pour nous qui réfléchissons plutôt de manière aristotélicienne où « A ne peut jamais être non-A ». Mais pour un Chinois, c’est de l’ordre du yin-yang : l’un n’exclut pas l’autre, A peut être non-A, cela dépend des conditions. C’est ce qu’on appelle une manière de pensée dialectique. Par exemple : les autorités ont constaté qu’ils ont laissé aller la pollution beaucoup trop loin. Du coup, dans leur plan quinquennal, ils corrigent le tir et prévoient un investissement gigantesque dans le secteur de l’environnement et de l’écologie, quitte à faire appel à des investissements étrangers. Mais en utilisant des moyens capitalistes, leur fin ne l’est pas. On ne peut qu’espérer que cela fonctionne !

Interview de Benito Perez

http://www.lecourrier.ch/index.php?...

COMMENTAIRES  

31/03/2008 15:17 par Greta Alegre

Merci infiniment pour cette analyse détaillée de la situation. Je vous remercie d’autant plus que hier, dimanche après-midi, j’ai eu une discussion assez passionnée avec ma belle-fille de 25 ans (diplômée en sciences politiques et que j’aime beaucoup ceci dit) à ce sujet.

Elle est pourtant intelligente et bien informée, mais n’a absolument pas voulu entendre mes arguments et ma critique quand à la manière dont les occidentaux et les médias relatent et ressassent le sujet et pourquoi.(cf intérêts de l’occident , féodalisme du Tibet jusqu’en 59, DL et exilés tibétains payés par les E.U etc...) Sans parler de l’abject Ménard, Mr RSF, qui évidemment a trouvé une tribune idéale pour jeter son venin comme il le fait d’habitude. (cf le Venezuela)

Tout en comparant la situation avec le Timor Oriental, ma belle-fille a fini par me dire que je ne respectais pas les désirs des tibétains d’accéder à l’indépendance, de vouloir préserver leur culture et leur religion et de ne plus être colonisés par la Chine. Chine, qui ne respecte pas les droits de l’homme etc.... et moi non plus je suppose....

Bref, voici un exemple concret de l’effet de cette longue propagande, qui fait que les occidentaux, bien formés paraît-il, ne peuvent pas ou plus juger les choses correctement.
Mme Martens, merci, j’espère que votre belle analyse lui fera voir clair, moi je n’y suis pas parvenue.

Greta Alegre

01/04/2008 01:18 par Aludra

Réponse à Greta Alegre
Je suis dans la même situation que vous, au point que plus personne dans mon entourage n’aborde le sujet, sachant que j’exècre le "réincarné en chiffon jaune" qui tente de réhabiliter la féodalité tibétaine. Depuis des années je me suis documentée le plus possible, ayant fait partie de ceux qui se sont (fugacement, il est vrai) laissés abuser par le maoïsme des années 60 - tel le héros des "Invasions Barbares" ! Plus jamais ça ! Mon sceptiscisme me préserve du sectarisme...et de l’endoctrinement.
Mais nous sommes bien faibles pour lutter contre la propagande des medias ! Et les gens soi-disant "informés" ne savent pas qu’ils sont souvent "formatés".

29/06/2008 23:20 par Patrick

Il est fort possible "que le réincarné en chiffon jaune" ne vous inspire pas mais à vous lire je crois qu’il serait temps pour vous de vous donner les moyens d’avoir votre propre oppinion et ne pas vous laissez convaincre par la prose d’autrui, aussi brillante soit-elle. A mon humble avis les occidentaux n’ont pas les moyens de fond( connaissance métaphysique et philosophique de la Tradition orientale) pour juger avec discernement des évènements qui se produisent entre la Chine et le Thibet. Cela dit, chacun peut croire que notre civilisation est la plus élevée et s’autoriser ainsi à juger de l’attitude des autres, c’est toujours actuellement ce que l’on enseigne à nos charmantes têtes blondes !!!
Patrick

31/03/2008 18:52 par Serge Lefort

Le lien est faux.
L’entretien avec Elisabeth Martens est ici :
Le Courrier

01/04/2008 09:36 par art13

On pourait se prêter à une comparaison Tibet (vu pas les "amis des US" ) et la Palestine (vu par moi).

- durée : 1949, 1959…
- effacer l’identité palestinienne pas tibetaine (contrairement à ce qu’on dit)
- épuration ethnique avérée pour la Palestine mensongères pour le Tibet.
- cruauté, horreur, nombreux massacres, avérés pour la Palestine.

En somme : à bas la Chine, vive Israel !

voir aussi

http://www.geostrategie.com/638/tibet-declaration-de-la-commission-executive-du-prcf

http://www.monde-diplomatique.fr/2008/03/ALGAZY/15681 (Regards israéliens sur l’occupation)

01/04/2008 12:31 par madyo

Bon il est effectivement important de montrer l’envers du décor mais :

oublier de mentioner que la chine en maitrisant le Tibet maitrise le plateau tibetain et d’immense réserve d’eau.

Par ailleurs peut on réellement comparer les statistiques américaines et chinoises sur les prisonniers politiques. Autant aux USA nous avons une idée relativement précise, autant en Chine nous n’apercevons que la partie émergée de l’iceberg.

La position de cette dame dont je n’ai pas vu le cv me parait tout aussi caricaturale

01/04/2008 15:38 par à -nos-amis

Ah ça vous avez bien raison ! 1,5 miliards d’individus et en plus ils ont de quoi boire ! non mais des fis c’est pas vrai ! et de grandes quantités d’eau ! un comble ! non mais des fois, ils la mettraient pas dans leur vin ? Et vous croyez qu’ils vont la lyophiliser ? Hein, hein ?! Qu’est-ce qu’j’disais, les copains de Folamour nous avaient bien prévenus ! En tous cas ces "billes de cookies mal cuites" n’ont pas de pétrole ! Ouf, buvons !

Sérieux (sinon je risque la censure, pour tir masqué sur ambulance..) la position "de cette dame" n’est peut-être pas neutre, elle a choisi son camp (comme moi, mais chuuut.. c’est mal vu !) mais elle n’est certainement pas caricaturale, sinon réfléchir le serait......

01/04/2008 19:32 par R.

"Quand on parle de "colonisation" d’un pays par un autre, il faut, au minimum, qu’il y ait deux pays"...

Alors, pour mémoire, et bien qu’anticolonialiste et anticapitaliste, je rappelerai à cette dame que nombres des pays colonisés sont purement et simplement des créations européennes (conférence de Berlin en 1875). Dans de nombreux endroits en Afrique, il y avait certe des peuples, mais pas de pays. On ne doit pas alors non plus parler de colonisation française ou britannique ? Ou bien l’Ouest ne serait que mauvais par nature, et la glorieuse révolution chinoise toujours bonne et triomphante ?

01/04/2008 20:31 par Mandarine

"Quand on parle de "colonisation" d’un pays par un autre, il faut, au minimum, qu’il y ait deux pays. Dans ce cas précis, faut-il rappeler que le Tibet n’a jamais été reconnu comme "pays indépendant" ? " dit Mme Martens...!!!!!!!
C’est exactement ce qu’affirment les colons israéliens en parlant de la Palestine. Les juifs n’ont pas envahi la Palestine puisque l’Etat palestinien n’existait pas en 49...Et les Indiens d’Amériques...Avec eux, l’affaire est transparente : les colons, futurs américains, n’on pas pu leur prendre leurs terres puisque les Indiens n’avaient pas d’Etat reconnu.
D’ailleurs tous ces gens sont insupportables. Les Tibétains tapent sur les Chinois ou les Musulmans, les Palestiniens tapent sur les Israéliens et les Indiens d’Amériques tapaient sur des familles de bons chrétiens.
Et ingrats avec ça. Avec tous les bienfaits qu’ont apporté les colonisateurs. Allez, ces peuplades n’ont que ce qu’elles se méritent ! Et ce n’est pas Mme Martens, qui me contredira.

02/04/2008 15:13 par alex

Bonjour, il me semble que’il aurait fallu modérer déjà le message de "mandarine" à la limite du racisme...mais comme Ma,ndarine ne fait que répéter des préjugés et clichés bien vendus depuis des siècles, laissons la murir dans son jus...

03/04/2008 22:13 par R.

En quoi ce message est il à la limite du racisme ?

02/04/2008 18:04 par à -nos-amis

Il ne fait pas de doute qu’il existe un peuple palestinien et une politique d’exclusion ou d’exploitation-colonisation des individus directement en fonction d’une appartenance à ce peuple, il ne fait pas de doute qu’il a existé un peuple, une civilisation amer-indienne à qui l’ont a confisqué les biens pour y planter (directement à son profit à soi d’occidental égoïste) d’immenses champ de coton, de blé ou de pétrole, mais il fait un doute de savoir si c’est un peuple qu’un peuple d’esclaves, s’il n’a pas besoin qu’on le libère d’abord de ses maîtres qui sont ses semblables, il fait un doute de se demander si son tuteur politique actuel (la Chine) ne cherche pas sincérement même maladroitement à développer le pays oû il vit, il fait un doute de savoir si ce peuple se révolte vraiment contre ses institutions récentes qui lui laissent sa langue et sa religion, il ne fait pas de doutes que les palestiniens accepteraient de vivre dans un état polyéthnique démocratique en récupérant une part substantielle de leurs biens et les indiens le respect de leur culture linguistique et religieuse... Mais rien n’est parfait dans se monde surtout pas de suscitter des guerres civiles pour en tirer des profits stratégiques.

01/04/2008 22:42 par eyo

cette analyse est interessante, quoiqu’elle reflête assez nettement un parti pris, mais elle est cohérente pour moi du point de vue "guerre de l’information" contre tout ce qui est plus ou moins communiste comme Cuba par exemple...bref je suis assez séduit, mais j’aurais aimé avoir le sentiment de l’interviewée concernant le pourquoi de la rétention du Panchen Lama

01/04/2008 22:49 par emcee

Bravo. Ce texte est limpide et étayé.

C’est ce que je ressentais confusément, parce que je ne me contentais pas des explications officielles partiales et partielles.

Quand on voit un tel consensus (en se prévalant des droits de l’homme, évidemment, cela fait plus sérieux) de la part des pays occidentaux, cela depuis des années, on a du souci à se faire quant aux arrières-pensées que revêt cette grande empathie indéfectible.

02/04/2008 16:57 par François Deschamps

Diviser pour mieux régner est une stratégie éprouvée depuis des millénaires. Les mouvements indépendantistes sont utilisés pour contribuer à la division des peuples et des êtres humains. L’argument historique demande habituellement de revenir aux frontières soi-disant initiales. Que doit-on considérer comme état initial ?

Les habitants de la Bourgogne doivent-ils revendiquer l’indépendance parce qu’avant son annexion par la France au Moyen-âge elle était un royaume indépendant ? Les habitants d’un village de Provence doivent-ils remonter avant même l’annexion de la région par la France, au temps où une tribu gauloise particulière vivait là , et revendiquer leur indépendance ? Doit-on remonter au temps des hommes des cavernes pour revendiquer l’indépendance de telle grotte ? Doit-on remonter encore plus loin dans l’Histoire ou la préhistoire ?

La meilleure manière de prendre le contrôle économique et politique d’une région est d’attiser des séparatismes, des haines raciales, culturelles, religieuses, ethniques…

Un homme, une voix ! Mille hommes, mille voix, mille religions, mille identités… Jusqu’où acceptera-t-on de se laisser diviser ? Jusqu’à quel point peut-on au contraire s’unir ? Et comment ? Il existe pourtant un principe simple, un principe aussi vieux que le monde, même s’il a jusqu’à présent été trop peu mis en oeuvre : le respect, le respect de l’autre, de sa différence, de sa culture, de ses croyances, de son environnement… Ce principe a des implications diverses et notamment : la non ingérence, le fait de ne pas faire à autrui ce que l’on ne voudrait pas subir soi-même, le fait de l’aider uniquement d’une manière dont soi-même accepterait d’être aidé (par exemple sans conditions, en toute simplicité), le fait d’offrir à l’autre ce que l’on aimerait recevoir soi-même, et finalement la fraternité, l’amitié, et même l’amour inconditionnel (ne demandant rien en retour).

Nous ne pouvons revenir sur le passé et les territoires qui ont été conquis le resteront généralement, ou bien cela amènera de nouvelles guerres, des guerres d’indépendance, de nouvelles guerres de conquête, des révolutions, des contre-révolutions… Par contre, nous pouvons tirer les leçons de l’Histoire et agir constructivement face aux présentes situations.

L’autonomie d’un peuple ne signifie rien si les individus qui le composent ne sont pas eux-mêmes autonomes. De nos jours, même dans nos prétendues démocraties dans lesquelles aucun peuple n’est, de fait, souverain, combien d’êtres humains sont parvenus à une réelle autonomie au moins de pensée et de croyances (par rapport à l’endoctrinement médiatique et scolaire, par rapport à la « pensée unique »…) à défaut d’autonomie économique qui n’est de nos jours accessible qu’aux ultra riches de la finance mondiale (les propriétaires privés des Banques centrales des nations) ? Combien d’individus ont vraiment appris à penser par eux-mêmes et à ne plus s’offusquer de points de vue différents ?

29/06/2008 23:03 par Patrick

Je ne peux que rendre grâce à la qualité de votre propos, particulièrement sur l’absolu nécéssité de travailler à notre propre autonomie. A mon avis une connaissance chaque jour approfondi de nos mécanisme est indispensable si l’on veut avoir une vision claire de ce qui se passe à "l’extérieur".
Patrick

02/04/2008 17:55 par coeur de lion

Sous prétexte de défendre l’environnement, les autorités chinoises ont privé de leurs terres les paysans et les nomades tibétains. Cette situation explique en grande partie la mobilisation générale de la population locale
Le soulèvement tibétain de mars 2008, comme ceux de 1959 et de 1987, sera écrasé par l’implacable puissance de l’armée chinoise. Il ne saurait y avoir affrontement plus inégal : des nonnes et des moines drapés de brun contre l’extraordinaire machine répressive de la puissance mondiale émergente. Depuis quelques mois, des unités mobiles de réaction rapide, dont l’unique vocation est de réprimer la population, s’entraînaient ostensiblement dans les rues des villes tibétaines, répétant le scénario qui est aujourd’hui en train de se jouer. Les manifestants savent qu’ils vont mourir, et ils sont prêts à donner leur vie. Tout comme lors des grandes révoltes tibétaines qui ont éclaté il y a vingt et cinquante ans, beaucoup mourront sous la torture dans des cellules de prisons secrètes. Quand le monde aura détourné le regard ou ne pourra plus voir ce qui se passe, les Tibétains, qui en cette année olympique ont tout risqué pour attirer l’attention de la communauté internationale sur l’indignité de la Chine, vont mourir.
Quels sont donc les griefs des Tibétains à l’égard de la Chine d’aujourd’hui ? Comment se fait-il que les Tibétains et les Chinois, deux peuples qui se côtoient depuis des millénaires, ne parviennent pas à s’entendre ? La couverture médiatique se focalise sur les causes immédiates du différend, mais l’histoire de cet antagonisme est bien plus ancienne. Le modernisme capitaliste chinois est aujourd’hui pour les Tibétains aussi problématique que le fut par le passé la répression étatique. La Chine injecte des sommes faramineuses au Tibet, pour financer des lignes de chemin de fer, des routes, des infrastructures touristiques et payer de hauts fonctionnaires omnipotents.
On pourrait à première vue y voir l’effet du progrès. Si Lhassa ressemble désormais à n’importe quelle ville chinoise tentaculaire, ce n’est jamais, estiment beaucoup de non-initiés, que le prix de la modernité. Mais les retombées matérielles de cette modernisation échappent totalement aux Tibétains. La grande majorité d’entre eux vivent dans des zones rurales à peu près aussi vastes que l’Europe occidentale, avec leurs troupeaux de yacks, de moutons et des chèvres, vivotant tant bien que mal sur des lopins dont les limites ont été tracées au cordeau il y a plusieurs décennies par des bureaucrates chinois qui refusent de réviser ce cadastre à mesure que les familles s’agrandissent et que de nouvelles familles se forment. La pauvreté est endémique chez les Tibétains, même si les moyennes statistiques établies sur des provinces entières, mêlant l’expansion urbaine et l’état d’abandon des campagnes, prétendent que le niveau de vie a augmenté.
La dernière menace en date qui plane sur les modes de vie tibétains s’est parée des atours de l’écologie. Sous prétexte de protéger les cours supérieurs des grands fleuves chinois - le Yangtsé et le Fleuve jaune -, des milliers de nomades tibétains ont été expulsés de force de leurs terres et réinstallés dans des villes nouvelles misérables plantées au milieu de nulle part. Dès lors, leur savoir-faire et leur connaissance intime de la terre et de la gestion durable leur sont devenus inutiles. Mais il est rare qu’on leur propose une quelconque reconversion. Désormais, les nomades sont chassés d’une zone immense qui ne cesse de s’étendre, pour devenir des réfugiés écologiques sous l’allégation mensongère que, par ignorance et négligence, ils seraient les grands responsables de la dégradation d’une vaste superficie de prairies - la deuxième du monde. Privés par la force de leur voix et du droit de constituer par eux-mêmes des associations, les nomades n’ont aucun moyen de manifester leur attachement à leur terre, dont ils ont maintenu pendant des millénaires la productivité et la faune sauvage. L’élite du Parti communiste, essentiellement composée de Chinois urbains, les considère comme des gens stupides et grossiers, n’ayant aucune éducation et aucune notion scientifique. Il n’existe aucun partenariat entre les autorités et les habitants de ces terres, car ce sont deux mondes fondamentalement différents, tant en termes d’appartenance nationale que d’histoire, d’expérience et de conception du monde
A lire :
http://www.marianne2.fr/Chine-LaGrandecensure-com_a85299.html?preaction=nl&id=5908665&idnl=25422

02/04/2008 22:41 par à -nos-amis

Vous placez un lien :
- Rien sur la spoliation des terres
- Un long délire sur l’informatique (tibétaine !! et autre)
- Une pirouette lorsqu’on apprend que les Chinois accèdent aux media internationaux
- Une référence révérencieuse à l’égard de Ménard

Par principe je considère ce à quoi vous faites référence (la spoliation des terres) comme un motif légitime de mécontentement. Mais lorsque vous parlez de "gestion durable", concept de la modernité par excellence, quelque chose fait tilt en moi et je me dis que ce ne sont sûrement pas des paysans traditionnels qui ont lynché la vingtaine de malheureux chinois de début d’émeute !

En règle générale vous mettez peu de précautions, peu de nuances dans vos assertions, prenez garde que cela ne corresponde pas au simple souci d’affirmer ou de condamner, en tous cas d’amplifier les difficultés sociales qui sont celles d’un pays sortant du sous-développement et dirigiste.

Peu de choses changent le fait que ces tensions sont exacerbées de l’extérieur. Suffira t-il pour nos bien pensants de détruire le régime chinois pour que les paysans du haut-plateau soient à nouveau respectés ? Ou en vérité n’en ont-ils rien à fiche penchés sur la contemplation narcissique de leur propre image non pas du juste, mais du justifié, de celui qui a raison dans ses choix, dans sa vie (professionnelle), dans ses valeurs, dans son monde occidental incorruptible dont l’image que la "télé" lui en rend est le meilleur symbole ?

04/04/2008 11:24 par Anonyme

bien dit ,voici un point de vu plus juste sur la situation au tibet ,afin de nous permettre de voir les problemes avec plus luicidite , merci

06/04/2008 13:09 par SUZANNE

bonjour
merci pour cet interview passionnant, loin du binaire et de la facilité intellectuelle, qui met en évidence la force de la grande caravane publicitaire qui nous désinforme tant.
bien cordialement
Suzanne

07/04/2008 12:03 par Irina

Bravo pour l’article, et bravo aussi à tous les participants pour leurs commentaires, forts intéressants. Une question se pose : si on se fait abuser par l’information "dirigée", comment faire pour se construire une vision plus ou moins juste des évènements ? Je pense que le bon sens y doit activement participer. S’informer, sans fermer les portes à des informations qui pourraient paraître "injustes", puis trier. Cela me fait penser à ma venue en Europe, il y a déjà plus de 30 ans : tout ce que j’ai pu entendre sur le régime communiste (je viens de Moscou) !! Et quand je disais avec sourire à mes interlocuteurs qu’ils ne faisaient que répéter les stupidités ou parti-pris de la presse, on me disait que je ne pouvais pas juger suite à mon lavage de cerveau par mon pays. Et pourtant !.. Je ne suis pas pro-communiste, dans le sens politique, mais je trouve que l’Occident devrait peut-être s’ouvrir plus à d’autres exemples de systèmes économiques et politiques, pour les intégrer dans ses propres structures.
Bref, quant au Tibet, cela me rappelle furieusement des situations que j’ai déjà vécu : le brave Occident se lève, d’une manière tout à fait "désintéressée" pour défendre la liberté dont il n’a aucune notion lui-même ! Décidément, comme il a été dit dans les commentaires, la seule liberté qui existe pour l’instant, c’est la liberté individuelle.

15/04/2008 19:15 par M a n u

Histoire du Tibet, par Astrid Fossier. Janvier 2004.

Il n’existe pas une histoire du Tibet, mais deux histoires. Ou plutôt deux versions des mêmes évènements : la version tibétaine et la version chinoise, deux manières profondément différentes de décliner les moindres faits. Il est difficile dans un tel contexte de rester objectif. Ecartelé entre un peuple tibétain qui a perdu son droit à l’autodétermination mais qui a également commis des erreurs stratégiques ; et un gouvernement chinois qui invoque parfois, au milieu de tant d’autres, des arguments basés sur une réalité tibétaine que l’on ne soupçonnait pas.

Source : Irenees.net

L’enjeu tibétain au XIXe siècle, par Laurent Deshayes. Novembre 2002.

Le Tibet, pays limitrophe de trois grandes puissances, à savoir la Grande-Bretagne, la Chine et la Russie, fut placé au XIXe siècle sur la liste des lieux stratégiques à conquérir par celles-ci. Laurent Deshayes nous explique comment les difficultés intérieures et internationales de chacune d’entre elles, la configuration montagneuse du Tibet ainsi que l’ignorance dans laquelle il vivait vis-à -vis du reste du monde contribuèrent pendant longtemps à isoler celui-ci et à laisser se conclure des traités qui décidaient de son avenir. Ce n’est que récemment que les responsables tibétains comprirent qu’il était vital de sortir d’un isolationnisme qu’ils avaient contribué à maintenir et qui faisait de leur pays un enjeu géopolitique au XXe siècle.

Source : CLIO

17/04/2008 12:33 par julia

Pourquoi TF1, France2, France 3 ou BFM TV, Sky News ne donnent pas ce genre d’interview ?

23/04/2008 11:04 par himalove

L’article d’Elizabeth MARTENS ouvre un dialogue nécessaire...

Ce qui se passe autour de la question tibétaine est entrain de chambouler le Monde et nous montrer, de manière involontaire, le dessous des cartes.

Le Tibet est une terre hautement symbolique ; un royaume imaginaire qui cristallise tous les ressentiments et les non-dits de l’Ouest vis-à -vis de l’Est.

L’occident dominateur, par nature, est en plein désarroi, car la Chine est devenue le banquier et la manufacture du Monde "capitaliste".

Le combat d’arrière-garde du dalaï-lama, avec tous ses aspects réactionnaires, exprime bien, dans sa volonté de retour au Shangri-la, la nostalgie de l’Ouest.

Le monde archaéïque de la féodalité avec ses rimpoché (âmes précieuses) d’un côté et les serviteurs de l’autre, à jamais réduits à la servitude, est un ravissement pour nos aristocrates de la finance en proie au doute et à la récession.

Les féodaux tibétains en exil ont su très bien séduire et utiliser nos élites dans leurs combats.

Une professeur allemande, en poste à Manali, en Inde, me disait que tout le charme des lamas était tourné vers la séduction de la bourgeoisie occidentale ; et qu’ils méprisaient profondément leur propre peuple qu’ils traitaient comme des esclaves...

Lorsque les rimpochés ont accumulé assez d’argent, en Inde, ils ne bâtissent pas des hôpitaux ni des dispensaires mais de confortables monastères (gompa) pour accueillir leurs disciples friqués d’occident...

HIMALOVE

29/05/2008 12:11 par Anonyme

Bonjour. Est ce que quelqu’un a lu le livre d’Elizabeth Martens, "Histoire du Bouddhisme Tibétain, la compassion des puissants" ? Dans les référence ce ce livre (références publiées sur Internet), je vois Lobsang Rampa "Le 3em oeil". J’aimerai savoir, avant d’acheter ce libre, pourquoi EM cite Lobsang Rampa. Merci d’avance.

29/06/2008 22:51 par Patrick

Si c’est sur cette référence littéraire qu’elle s’appuie, je comprend votre doute. Faut-il encore savoir dans quel contexte elle en parle.

29/06/2008 22:47 par Patrick

Présenter et prétendre apporter une lumière sur le Thibet et la Chine demande une certaine connaissance ou plutôt une connaissance certaine sur la Tradition orientale. Savoir que la notion de "nation" est toute occidentale et que le point de vue restreint et pétri des "lumières" européennes de la personne qui répond à cette interview ne peut en aucun cas éclairer sur les raisons de fond de ce qui se passe dans cette région du monde. La désinvolture avec laquelle elle parle de la religion qui n’en est pas une, est très significative de cette arrogance occidentale vis à vis de l’orient. Les deux grandes cultures de cette région du monde ont entre 2500 et 5000 ans ; c’est à nous de profiter de leur savoir et de leur sagesse pour réparer et vivifier ce que nous avons perdu et non de porter un jugement à la hâte sur une culture où l’essentiel nous échappe forcément puisque nous nous sommes coupés de notre propre tradition.
Lire ou relire "Orient et Occident" de R.G. ne peut que nous éclairer sur ce sujet
Patrick

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