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le cas de la Libye a démontré catégoriquement que la gauche occidentale n’abandonnera jamais son narcissisme

Libye : adieu "Rebelión", au revoir "gauche" occidentale ...

par Dick Emanuelsson, Jorge Capelán et Toni Solo

La censure d’opinions par un média qui se déclare anti-impérialiste et progressiste génère la méfiance et les doutes. Dans le cours normal de choses on accepte comme normal que l’un ou l’autre article soit rejeté pour tel ou tel motif. Mais parfois face à des événements d’une telle transcendance, ce qui à d’autres moments paraît banal devient inacceptable.

Le montage médiatique occidental contre la Libye et la collaboration avec cette campagne de la part de tant de courants qui se disent de gauche ou anti-impérialistes marquent le point de non-retour pour de nombreuses personnes. Ce fut un moment où il était encore possible de retarder et de rendre plus difficile l’agression barbare tramée contre la Libye par le gouvernement des États-Unis et ses pions-complices de l’OTAN. A ce moment la grande majorité de l’opinion de gauche dans les pays du bloc occidental appuyait le schéma agressif impérialiste contre la Libye.

Ce ne fut pas une surprise pour nous qui vivons au Nicaragua et qui avons expérimenté les campagnes cyniques et malhonnêtes de personnes de la gauche occidentale contre le Front Sandiniste de Libération Nationale. Il a fallu près de dix ans pour renverser un peu l’impact de ces campagnes. Dans le cas de la Libye, le retournement de l’opinion de la gauche occidentale a été plus rapide mais guère plus convaincant.

La Libye et Rebelión

Quand a éclaté la crise en Libye, beaucoup de gens ont écrit des articles qu’ils ont envoyé à des sites comme Rebelión pour défendre le gouvernement libyen, mettre en cause la propagande des médias privés, et proposer une perspective plus rationnelle et juste sur le conflit interne en Libye. Rebelión nous a censurés systématiquement. Comme n’importe quel média, Rebelión a tout droit de publier et de rejeter ce qui lui plaît. Mais qu’on ne vienne pas ensuite nous parler d’" ouverture" et de "forum de large débat" .

Dans le cas de l’agression contre la Libye, Rebelión a effectivement collaboré avec le message de propagande des médias impérialistes. Ce n’est qu’après, lorsque les proportions et l’objectif de l’agression sont devenus clairs que Rebelà­ón a modifié sa ligne. La fréquence des positions contre le gouvernement libyen d’intellectuels connus confirme l’existence d’une clase gestionnaire-intellectuelle de la gauche occidentale qui se comporte précisément en accord avec ses intérêts de classe. Ces intérêts ne coïncident pas avec les intérêts des peuples qui cherchent à s’émanciper des peuples et du sadisme des pouvoirs occidentaux.

Le Forum de Sao Paulo à Managua

La même chose s’est produite en ce qui concerne le Nicaragua. Le gouvernement révolutionnaire du Front Sandiniste de Libération Nationale dirigé par le président Daniel Ortega a exécuté la majeure partie de son programme de gouvernement avec un succès extraordinaire. Ses réussites sociales ont forcé la majorité de la gauche occidentale et leurs camarades en Amérique Latine et les Caraïbes à abandonner ou à modifier leur analyse politique superficielle du Nicaragua. Ce fait a été constaté lors de la récente 17ème rencontre du Forum de Sao Paulo à Managua.

Cette rencontre du Forum de Sao Paulo à Managua a réuni 673 représentants de 77 partis d’Amérique Latine, d’Afrique, d’Asie et d’Europe. Ces partis représentent une vaste gamme d’idéologies révolutionnaires et progressistes. Sans doute incluent-ils une partie non négligeable de personnes et d’organisations qui ne ressentent pas un grand enthousiasme pour le FSLN et pour le commandant Daniel Ortega. Cependant le forum fut un succès. Sa Déclaration Finale, mesurée et conséquente, représente un rejet catégorique de nombreuses positions de la gauche occidentale à l’égard, par exemple, des événements en Libye et au Nicaragua.

Point de vue

Un point fondamental de cette déclaration est que les "processus révolutionnaires et de changement social progressiste qui se développent en Amérique Latine démontrent par leurs politiques et par l’impulsion de projets alternatifs que les intérêts populaires ne peuvent être défendus avec efficacité que sur la base d’une force politique qui livre bataille à la droite, à l’oligarchie et à l’impérialisme."

Il est logique qu’une telle affirmation surgisse d’un forum de partis politiques. Cependant elle est d’autant plus pertinente lorqu’on considère des expériences continentales qui vont du zapatisme au Mexique jusqu’à la guerre civile en Colombie ou la lutte du peuple Mapuche au Chili. La victoire de Bildu en Euskal Herrera souligne sa validité.

La gauche occidentale s’est accommodée de sa relative impuissance et de sa marginalité. Dans sa grande majorité elle n’est plus intéressée par la réalité pratique et concrète des processus de changement en Amérique Latine, en Asie et en Afrique. Elle se mobilise autour de certains thèmes comme les droits de l’homme, la dette, l’environnement ou de causes comme la Palestine et elle peut mener des actions importantes sur ces thèmes et ces causes. Mais le cas de la Libye a démontré catégoriquement que la gauche occidentale n’abandonnera jamais son narcissisme.

La Déclaration Finale du Forum de Sao Paulo dit : "Les politiques et les réussites des forces de gauche au gouvernement en faveur des secteurs populaires de notre continent se manifestent dans des projets de construction sociale qui correspondent, chacun d’eux, aux réalités des pays concernés." Tant que la gauche occidentale n’acceptera pas que la réalité des peuples a une préséance sur ses désirs occidentaux, elle indiffèrera les peuples du monde qui résistent aux attaques des gouvernements et des élites du Bloc Occidental.

La critique sincère et la solidarité

Pour les personnes engagées dans l’appui concret et pratique de la Révolution Sandiniste au Nicaragua et du projet de l’ALBA dans la région, les apports de la classe gestionnaire-intellectuelle de la gauche occidentale ont peu d’intérêt. Les peuples vont avancer sur leur route avec ou sans l’appui de cette classe. L’appui populaire à la gestion extraordinaire du Front Sandiniste de Libération Nationale au Nicaragua est une preuve de poids de cette vérité.

Appuyer les projets émancipateurs des peuples n’implique pas d’abandonner la critique ou la défense des principes fondamentaux. La validité de ces critiques et les réponses à ces critiques dépendent du sérieux, de la conséquence et de la sincérité de ceux qui les font et de la manière dont ils la font. Le cas de la remise de Joaquà­n Perez Becerra aux autorités colombiennes a été très instructif en ce sens.

Cette affaire a servi de prétexte à de nombreuses manoeuvres. Certaines personnes en ont profité pour attaquer le processus révolutionnaire au Venezuela en tant que tel. Il y a eu des déclarations de certains groupes qui renoncent à appuyer ce processus. D’autres ont profité du cas de Joaquà­n Perez Becerra pour lancer de vieilles et de nouvelles calomnies. Mais la majorité des critiques sensées de l’action des autorités vénézuéliennes, tout en condamnant ce qu’elles estiment être une grave erreur, soulignent leur appui au processus révolutionnaire au Venezuela.

Si on passe en revue les positions incohérentes, opportunistes et insincères qui ont surgi autour de l’affaire Becerra, on retrouve dans de nombreux cas les mêmes personnes et les mêmes organisations qui ont attaqué le Front Sandiniste de Libération Nationale au Nicaragua. Le moment-clé dans le cas du Nicaragua pour déterminer le degré de sincérité dans la critique fut la période avant et après les élections municipales de 2008. Toutes les personnes qui se sont jointes à la campagne cynique et malhonnête des dits "rénovateurs" sur l’inexistante fraude électorale ont démontré à ce moment leurs loyautés fondamentales - qui sont tout sauf des loyautés révolutionnaires.

On peut dire la même chose de la période entre le 15 février et le 19 mars de cette année au sujet de la Libye. Ce sont des moments où les personnes expriment leurs réactions instinctivement. Dans les deux cas, la Libye aujourd’hui et le Nicaragua en 2008, les réactions d’une grande partie de la gauche occidentale ont révélé leur loyauté à une idéologie de type néo-colonial. Dans cette réalité il reste de nombreuses tâches à accomplir pour combattre ce que le Forum de Sao Paulo appelle la contre-attaque de l’impérialisme. Il ne faut pas perdre de temps avec une gauche occidentale qui a démontré sa capacité de collaborer aux moments-clefs avec ce système impérial.

Dick Emanuelsson, Jorge Capelán et Toni Solo

source : http://www.radiolaprimerisima.com/blogs/581

Traduction : Thierry Deronne http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php?article1580&lang=fr

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