Le mardi 28 novembre 2017, vers 14h30, un incendie s’est déclaré dans un local technique du CHU de la Guadeloupe. Cet incendie, singulier parce que évoluant en se consumant tout en dégageant une fumée toxique rendant difficile l’intervention des sapeurs-pompiers et devenant progressivement dangereux pour l’ensemble des services, a fini par être maitrisé vers 22h00.
Entre temps et en conséquence, ordre a été donné par les autorités d’appliquer un plan blanc "inversé" pour répondre à la nécessité d’évacuer l’ensemble des patients et du personnel pour les orienter vers d’autres sites sanitaires de proximité mais aussi vers le CHU de Martinique.
La FSAS-CGTG tient à souligner l’engagement et l’efficacité de l’ensemble du personnel du CHU qui n’a pas démérité dans la gestion de la crise, en étant présent l’après-midi et toute la nuit afin de s’assurer de la mise en sécurité et à la continuité des soins des patients. La FSAS-CGTG tient aussi à féliciter les sapeurs-pompiers du SDIS de Guadeloupe qui ont courageusement affronter les difficultés de cet incendie et ont réussi à le circonscrire. L’intervention rapide et efficace de ces derniers et du personnel du CHU a permis d’éviter le pire.
Mais loin de toutes polémiques, la FSAS-CGTG estime que cet événement met l’accent sur la nécessité de ne pas appliquer, en Guadeloupe, la politique nationale qui conduit à réduire ou mutualiser les moyens structurels - matériels et humains. La FSAS-CGTG rappelle qu’elle s’est toujours prononcée :
- Pour la construction d’un nouveau CHU répondant aux réalités objectives de la Guadeloupe.
- Pour la prise en compte du caractère particulier de la Guadeloupe, Archipel à risques multiples : Séismes, volcanisme, cyclone, submersion.
- Pour la prise en compte de l’évolution de la population et des problématiques sanitaires.
- Contre les GHT même si, la loi s’imposant, la FSAS-CGTG a préféré trois GHT en lieu et place d’un seul au nom du principe de précaution : "Ne pas mettre nos œufs dans un seul panier".
Répondre à la nécessité n’est pas profiter pour restructurer et soumettre les réponses aux seules exigences économiques, les contraintes géologiques – climatiques et humaines ne doivent-elles pas être prioritaires dans les décisions à venir ?
Le CHU a bénéficié d’un redéploiement rapide sur tous les autres centres hospitaliers et autres Cliniques, mais imaginons un tel événement après un séisme ou pendant un ouragan ?
Notre interrogation n’est ni inopportune ni farfelue car cet événement vient de faire la démonstration, comme nous le disions dans une lettre ouverte à l’ancienne Ministre de la santé -Marisol TOURAINE, en date du 24 Février 2016 : " Rien ne peut être pensé comme en Ile-de-France, ce n’est pas de la spécificité, encore moins une vue de notre esprit, mais la réalité". Ainsi, l’ARS, ayant sa lettre de mission et dans une logique comptable et technocratique, n’a qu’une obsession : faire un GHT unique en Guadeloupe autour du CHU. Si le CHU est une nécessité sanitaire, et personne ne peut dire le contraire en dépit de toutes les critiques faites à l’encontre du personnel, nous ne devons pas nous cacher derrière cette nécessité pour faire évoluer la santé en bloc monolithique.
Heureusement que la maternité du CHBT a pu récupérer des nouveau-nés relevant de la néonatologie de niveau 3, et plus généralement 44 patients dont des pathologies cardiaques (les plus lourds étant orientés vers Fort-de-France). Heureusement que la polyclinique est à deux pas du CHU pour accueillir une partie de sa maternité. Or, nous avons pris coutume de n’entendre que l’argument économique pour fermer ces mêmes structures.
Heureusement qu’une collectivité a investi sur deux halles des sports qui servent d’hôpital de campagne, or la cour des comptes ne cesse de prétendre que les collectivités locales font du gaspillage sur ce genre d’investissement.
Heureusement que l’hôpital local de Capesterre-Belle-Eau a fini par ouvrir les portes de son nouveau siège pour accueillir près d’une cinquantaine de patients, or ce projet a failli être abandonné.
L’émotion passée, la réflexion sur le prochain PRS (Plan Régional de Santé) étant en cours, il serait judicieux pour les responsables (y compris politiques) de se mobiliser sur le dossier sanitaire Guadeloupéen qui mérite une réflexion plus profonde, tenant compte du fait que la zone la plus sécurisée est entre Deshaies et Vieux-habitants (BRGM 2012) et des risques naturels ou non mais divers.
L’ exigence est de faire place à la raison, de tenir compte des remontées des professionnels de la santé et de la réalité de terrain afin d’éviter qu’un tel événement ne tourne au drame par manque de vision politique au profit de l’économie qui est incapable de répondre aux questions humaines stricto sensu.
Le secrétaire général,
Philippe BELAIR