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Affaire Alstom : le festival continue…

La semaine dernière nous révélions comment s’étaient déroulées les négociations qui ont conduit au démantèlement d’Alstom au profit du groupe américain, General Electric. Entre corruption, suspicion de manipulations de cours boursiers, conflits d’intérêts, la barque était déjà bien chargée. De fil en aiguille, de Charybde en Sylla, chaque jour amène son lot de révélations.

Revue de détails des petits arrangements entre amis et autres réjouissances…

Patrick Kron, un homme heureux…

Depuis juillet 2013, le groupe Alstom est accusé de corruption par la justice américaine (voir HD 418). Le groupe risquait une amende d’1 milliard d’euros et son PDG, Patrick Kron, ainsi qu’une centaine de cadres, pouvait être personnellement inquiété. Mais l’orage passe, les épais nuages noirs qui flottent au dessus de la direction se dissipent miraculeusement grâce à un efficace tour de passe-passe. Petit décryptage de l’acrobatie juridique. Selon le communiqué de presse d’Alstom du 22 juin, au lieu de vendre 49,99% des trois co-entreprises, Alstom vendra 100% de ces entités à GE. En vendant la totalité de ces entreprises, Alstom cède surtout l’ensemble des risques juridiques liés à ces sociétés. Ensuite, Alstom rachète à GE les 49,99% des dites entreprises. Le mistigri reste dans les mains de GE puisque les risques juridiques, eux, ne sont pas rachetés. L’opération permet aux dirigeants d’Alstom de se débarrasser à la fois des menaces financières et des poursuites personnelles. Le tour est joué, Patrick Kron et les cadres du groupe qui ne pouvaient plus se rendre aux Etats-Unis pourront ainsi aller mettre un cierge devant la statue de la Liberté et dormir enfin tranquille…

300 000 euros d’augmentation…

Patrick Kron n’est pas le seul homme heureux, Alstom sait aussi soigner les membres de son Conseil d’Administration. Le PDG du groupe ne compte-t-il pas que des amis au sein de ce conseil  ? Amis qui se sont révélés forts coopératifs tout au long de ces négociations. Le premier d’entre eux est Jean-Martin Folz, mentor de Patrick Kron chez Pechiney où il a gravi tous les échelons. Celui-ci avait la lourde tâche de présider le comité indépendant en charge d’analyser les offres de GE, de Siemens et de Mitsubishi. Il faut ajouter que M. Folz est également en charge des questions d’éthique et de conformité au sein du Conseil d’administration, à savoir des contentieux juridiques notamment celui des Etats-Unis... Le second est M. Chaudron de Courcel, numéro deux de la BNP poussé à la retraite anticipée à la demande des autorités américaines pour cause de non respect de l’embargo sur l’Iran et Cuba. En plus de ses fonctions d’administrateur d’Alstom, il est également administrateur de Bouygues. Difficile de s’opposer au choix de son ami Martin... Le troisième se nomme Klaus Mangold, Vice-Président Europe de Rothshild. Une banque d’affaires qui conseille Alstom dans la transaction avec GE ! Sur proposition de la direction, le Conseil d’administration a donc décidé de s’octroyer une augmentation substantielle des jetons de présence, plus 300 000 euros, portant ainsi la rémunération annuelle de ses administrateurs à 1 million 300 000 euros. En ces temps d’austérité, il fallait oser. Ils l’ont fait et le justifient ainsi : « Cette augmentation de l’enveloppe fixée l’an dernier s’avère nécessaire compte tenu notamment de l’augmentation anticipée du nombre de réunions du Conseil et des Comités au cours de l’exercice en cours liée à la réception et à l’examen de l’offre ferme reçue de General Electric relative à l’acquisition des activités Energie d’Alstom. » Les administrateurs ont donc eu une surcharge de travail liée seulement à l’offre de GE. Cela signifie-t-il qu’ils n’ont pas travaillé sur l’offre concurrente proposée par l’allemand Siemens et le japonais Mitsubishi ? Les prétendants recalés apprécieront. Sans surprise, l’Assemblée Générale des actionnaires du groupe qui s’est tenue le 1er juillet a voté la nette progression du pouvoir d’achat des administrateurs.

La construction d’une usine à gaz

Le schéma retenu pour la nouvelle branche Energie du groupe Alstom est complexe. Mais l’affaire risque de se corser encore un peu plus, puisque la branche Transport d’Alstom, jusque là épargnée, s’apprête à ouvrir son capital. Le groupe Bouygues serait-il vendeur des 9% qui lui restent après avoir cédé, d’une manière peu orthodoxe (voir HD 418), 20% de ses actions Alstom à l’Etat ? Pour l’instant le patron de TF1, reste muet sur ses intentions et sa stratégie au sein du groupe. Son fidèle ami, par ailleurs, PDG d’Alstom Transport, Henri Poupart-Lafarge, a déclaré (les Echos 25/06) « certains partenaires pourraient être intéressés par prendre des participations chez Alstom. » Arnaud Montebourg adepte des formules lapidaires a répondu : « Nous sommes pour ! ». Quel intérêt de céder encore des participations ? Selon une personne qui a participé aux négociations du dossier Alstom-General Electric : « Les Américains n’étaient pas intéressés par l’activité transport ferroviaire de voyageurs, il était plus acceptable politiquement d’effectuer la vente d’Alstom en deux temps. En outre, cela permettait d’éviter le régime des OPA. » Un autre bon connaisseur du dossier pense lui : « en ouvrant le capital d’Alstom Transport on cherche à limiter l’influence de l’Etat dans cette branche. Ceci illustre bien que la solution retenue ne peut pas fonctionner. C’est une vision de technocrates, pas d’industriels, et la conséquence c’est que General Electric est le patron ! »

Plus dure sera la chute

D’ordinaire, lorsque les sociétés du CAC 40 se livrent à des fusions-acquisitions, les boursiers saluent l’opération et le cours s’envole. Dans le cas d’Alstom, il n’en n’a rien été, au contraire, le cours a chuté de près de 5% dans la première semaine suivant l’accord, preuve que cette usine à gaz ne rassure pas les financiers. L’impréparation, les gesticulations et les revirements du Gouvernement sur ce dossier ont contribué également à inquiéter la communauté financière. Cette situation détonne avec le soutien sans faille qu’apportent les USA à leurs entreprises stratégiques. Dans son dernier livre intitulé « Hard choices » Hillary Clinton révèle, que lorsqu’elle était secrétaire d’Etat, en octobre 2012, elle a fait du lobbying pour GE auprès du Président algérien Abdelaziz Bouteflika. Résultat : elle a obtenu un contrat de 2.5 milliards de dollars. Notre ministre des Affaires étrangères préfère poser en présentateur météo à la Une du parisien ou accueillir les touristes chinois à l’aéroport de Roissy pour leur souhaiter « bonne arrivée ». On a la politique industrielle que l’on mérite.

Leslie Varenne

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