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Allemagne. Le SPD ne veut plus des armes nucléaires étasuniennes

Se désolidarisant de la doctrine offensive de Donald Trump, les sociaux-démocrates allemands plaident le refus du transport et du stationnement de ses bombes.

La direction du Parti social-démocrate (SPD) revendique la fin de la « participation » (nukleare Teilhabe) de l’Allemagne au déploiement nucléaire étasunien sur son territoire et revendique un débat au Bundestag sur cette question. Cette « participation » est établie par un dit « contrat de fonctionnement » de l’Otan qui transforme automatiquement, en cas de conflit, les avions de la Bundeswehr en porteurs des armes atomiques étasuniennes stationnés outre-Rhin. La proposition a soulevé aussitôt des réactions indignées de la CDU/CSU, troublant quelque peu l’ambiance d’ « union sacrée face au coronavirus » qui semblait caractériser d’autant plus le climat politique dans le pays que la gestion des affaires relève déjà d’une « grande coalition » entre la CDU/CSU d’Angela Merkel et le SPD.

Dans le monde, près de 2 000 milliards de dollards sont dépensés pour les armes

Appuyé par les deux nouveaux coprésidents du parti, Saskia Esken et Norbert Walter-Borjans, le président du groupe parlementaire SPD au Bundestag, Rolf Mützenich, apparaît comme l’un des principaux protagonistes de cette initiative. Il la justifie au vu de la nouvelle doctrine nucléaire de Donald Trump qui envisage désormais l’emploi de la bombe atomique, « non plus sur un strict plan dissuasif », mais possiblement en lien avec une intervention militaire offensive.

Répondant à une interview du quotidien berlinois Tagesspiegel, Mützenich s’appuie sur ce changement de donnée stratégique pour réclamer en toute logique « la fin du stationnement des armes nucléaires états-uniennes sur le sol allemand ». Élu en 2019 à la tête du groupe SPD du Bundestag, le député, qui appartient à l’aile gauche du parti, relie aussi la démarche aux enseignements qu’il conviendrait de tirer de la crise du coronavirus. « Dans le monde, pointe Mützenich , près de 2 000 milliards de dollars sont dépensés pour les armes. N’est-il pas temps d’en consacrer au moins une partie pour combattre la pandémie et reconstruire l’économie ?  »

Trump insiste pour que l’Allemagne augmente son budget militaire

L’initiative a ravivé brusquement les fractures qui se dessinaient déjà avant la crise du Covid-19 au sein du pouvoir. La ministre de la Défense CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK), a choisi une orientation à l’exact opposé des demandes du SPD. Elle vient en effet de donner son accord à un très coûteux achat de 45 avions états-uniens F-18 fabriqués par Boeing, destinés à remplacer les Tornado vieillissants de la Bundeswehr, ceux-là mêmes qui sont censés transporter les bombes nucléaires états-uniennes. La démarche, qui lui a valu les félicitations du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, répond aux demandes réitérées de Trump à Berlin, à chaque réunion de l’Alliance atlantique pour que l’Allemagne augmente son budget militaire et le porte à 2 % de son PIB (contre 1,3 % aujourd’hui.)

Le débat pour le désarmement est lancé

Au sein du SPD, les débats risquent également d’être houleux. Une vieille garde schröderienne, à laquelle appartiennent plusieurs poids lourds du gouvernement, dont Olaf Scholz, le ministre des Finances, et Heiko Maas, celui des Affaires étrangères, a accueilli favorablement la démarche de la ministre de la Défense, et juge « inapproprié » de se mettre ainsi en froid avec Trump, en dépit de sa nouvelle stratégie nucléaire.

Le débat n’est pas près de s’éteindre. Même si les circonstances de la pandémie peuvent sans doute permettre à la chancelière, comme à l’aile droite du SPD, d’éviter un collapse gouvernemental immédiat. Il pourrait resurgir très rapidement au sein d’un SPD dont nombre de militants n’entendent plus avaler les couleuvres de la grande coalition. En particulier quand il s’agit de cet enjeu si crucial de la lutte pour le désarmement. On comprend combien ce combat-là aurait toutes les raisons d’être positivement relayé de ce côté-ci du Rhin et plus largement en Europe.

Bruno Odent, L’Humanité, lundi 11/05/2020

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