RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Le bouclier étasunien anti-missile en Europe est un acte de guerre








Il manifesto, mercredi 30 mai 2007.


L’installation d’un système de défense anti-missiles en Europe orientale est pratiquement une déclaration de guerre. Essayez d’imaginer comment réagirait l’Amérique si la Russie, la Chine, l’Iran ou n’importe quelle autres puissance étrangère osait ne serait-ce que penser installer un système de défense anti-missiles sur les frontières des Etats-Unis ou dans leur voisinage, ou si ils exécutaient ce plan. Dans de telles circonstances inimaginables, une réaction américaine violente serait non seulement quasi certaine, mais aussi compréhensible, pour des raisons claires et simples.

Il est universellement notoire que la défense anti-missiles est une arme de première attaque. Des analystes militaires américains autorisés la décrivent ainsi : « Non seulement un bouclier, mais une habilitation à l’action ». Elle « facilitera une application plus efficace de la puissance militaire des Etats-Unis à l’étranger ».

«  En isolant le pays des représailles, la défense anti-missiles garantira la capacité et la disponibilité des Etats-Unis à « modeler » l’environnement dans d’autres régions du monde ». « La défense anti-missiles ne sert pas à protéger l’Amérique. C’est un outil visant à la domination mondiale ».

«  La défense anti-missiles sert à conserver la capacité américaine d’exercer son pouvoir à l’étranger. Elle ne concerne pas la défense : c’est une arme d’offensive et c’est pour cela que nous en avons besoin ». Toutes des citations viennent de sources libérales autorisées appartenant à la tendance dominante, qui voudraient développer le système et l’installer aux limites extrêmes de la domination mondiale des Etats-Unis.

La logique est simple et facile à comprendre : un système de défense anti-missiles fonctionnel informe les objectifs potentiels que « on vous attaquera si on veut et vous, vous ne serez pas en mesure de répondre, donc vous ne pourrez pas nous l’interdire ».

On est en train de vendre le système aux Européens comme défense contre les missiles iraniens. Même si l’Iran avait des armes nucléaires et des missiles à longue portée, les probabilités pour qu’il les utilise pour attaquer l’Europe sont inférieures à celles que l’Europe soit touchée par un astéroïde. S’il s’agissait donc vraiment de défense, la République Coréenne devrait installer un système pour se défendre des astéroïdes.

Si l’Iran donnait ne serait-ce que le plus petit signe de vouloir s’engager dans un tel acte, le pays serait pulvérisé. Le système est vraiment pointé contre l’Iran, mais comme arme de première attaque. Il fait partie des menaces étasuniennes croissantes en vue d’attaquer l’Iran, menaces qui constituent en elles-mêmes une violation grave de la Charte des Nation Unies, bien que ce sujet ne soit pas abordé.

Quand Mikhaïl Gorbatchev autorisa l’Allemagne unifiée à faire partie d’une alliance militaire hostile, il accepta que pèse une grave menace sur la sécurité de la Russie, pour des raisons trop connues pour les revoir à présent. En échange, le gouvernement des Etats-Unis s’engagea à ne pas élargir l’OTAN à l’est. Cet engagement a été violé quelques années plus tard, sans susciter beaucoup de commentaires en Occident, mais en augmentant le danger d’un affrontement militaire.

La défense dite anti-missiles augmente le risque qu’éclate une guerre. La « défense » consiste à augmenter les menaces d’agression au Moyen Orient, avec des conséquences incalculables, et le danger d’une guerre nucléaire définitive.

Il y a plus d’un demi siècle, Bertrand Russell et Albert Einstein lancèrent un appel aux peuples du monde pour qu’ils prennent conscience du fait que nous nous trouvons face à un choix « net, terrible et inévitable ». Devons-nous mettre fin à la race humaine, ou bien l’humanité est-elle disposée à renoncer à la guerre ? ».

Accepter le dit « système de défense anti-missiles » fait place au choix de la fin de la race humaine dans un avenir pas très lointain.

Noam Chomsky


- Source : il manifesto www.ilmanifesto.it

- Traduit de la version italienne par Marie-Ange Patrizio, pas de mention de la source ni de la traduction de l’article original (merci à Nadine Ghys pour son aide)


[Avram Noam Chomsky (7 décembre 1928), linguiste américain, est professeur au Massachussets Institute of Technology (MIT), l’un des principaux centres de recherches aux Etats-Unis. Ils est l’un des principaux critiques de la politique et des médias de son pays et a écrit plus de 60 livres, parmis lesquels 23 sur la politique des Etats-Unis.]



- Il n’y a pas de guerre contre le terrorisme, interview de Noam Chomsky, par Geov Parrish + dix sept articles de Noam Chomsky.




Les bases américaines de missiles prévues en Pologne et en République tchèque accroissent les tensions européennes, par Markus Salzmann et Cezar Komorovsky.

OTAN - Le grand jeu des bases militaires en terre européenne, par Manlio Dinucci


Samir Amin : les Etats-Unis sont dans une position d’extrême vulnérabilité, d’où l’arme militaire, par Giuliano Battiston.






- Dessin : Carlos Latuff http://latuff2.deviantart.com


URL de cet article 5100
  

Même Auteur
Autopsie des terrorismes - Les attentats du 11-septembre & l’ordre mondial
Noam CHOMSKY
Les États-Unis mènent ce qu’on appelle une « guerre de faible intensité ». C’est la doctrine officielle. Mais les définitions du conflit de faible intensité et celles du terrorisme sont presque semblables. Le terrorisme est l’utilisation de moyens coercitifs dirigés contre des populations civiles dans l’intention d’atteindre des visées politiques, religieuses ou autres. Le terrorisme n’est donc qu’une composante de l’action des États, c’est la doctrine officielle, et pas seulement celle des États-Unis. (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Ce que vous faites peut paraître insignifiant, mais il est très important que vous le fassiez.

Gandhi

Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.